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Chapitre 8 - Tu me fatigues !

Chapitre 8 - Tu me fatigues !

Publié le 29 févr. 2024 Mis à jour le 1 avr. 2024 Policier
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Chapitre 8 - Tu me fatigues !

Sur le trajet du retour, Alexander s’autorisa à marcher à une allure plus modérée. Une fois revenu à l’appartement et débarrassé de sa veste, il se laissa tomber dans son fauteuil avec un long soupir de satisfaction. Au matin, il pensait qu’il allait encore passer une journée à ne rien faire, à se morfondre dans sa chambre. Et seulement quelques heures après, au début d’après-midi, il était allé sur les lieux d’un crime et son compagnon avait sollicité son aide pour inspecter l’arme. Pour la première fois depuis des semaines, le soldat avait l’impression d’avoir fait quelque chose d’utile.

Après toute l’agitation de la matinée, l’immeuble lui semblait très tranquille et silencieux. Alexander en profita pour se détendre quelques minutes. Jetant un regard autour de lui, il soupira en repensant à la demande de Strange. Retrouver le nom de la victime parmi tous les journaux qui trainaient dans le studio allait être une tâche titanesque.

Plus vite je commencerai, plus vite j’aurai terminé !

Le soldat attrapa une première pile de journaux et commença à l’examiner. Pour que Strange se souvienne avoir vu cet homme dans le Times, Pembroke avait sûrement été sur la première page.

Plongé dans ses documents, le blond ne vit pas le temps passer. Strange n’était toujours pas revenu, et Alexander avait cessé de compter le nombre de quotidiens qu’il avait parcourus. Annie n’apparut qu’à seize heures, pour monter le thé et fut surprise de ne pas trouver les deux hommes.

— Je ne sais pas quand il rentrera exactement, soupira le militaire avec un sourire. Cependant, Annie, il a demandé que vous lui montiez son repas à son retour.

— Merci de m’avoir prévenue, M. Wilson, répondit simplement la jeune fille avant de ressortir aussi vite qu’elle était arrivée.

Son colocataire demeura absent durant la soirée, et Alexander dîna seul. Après avoir épluché des centaines de journaux, il finit par enfin trouver l’article qui parlait de Lord Pembroke. Il se faisait tard, et s’étant levé assez tôt, la fatigue le gagnait lentement bien qu’il ne soit que dix heures du soir. Strange, lui, n’était toujours pas revenu.

Je vais lui laisser un mot…

Le blond ramassa un stylo sur la table basse, un morceau de papier et lui écrivit un court message :

« J’ai retrouvé le journal qui parle de Pembroke. Étant donné que vous n’êtes pas encore revenu, je vous en parlerai demain matin.

Wilson »

Il le laissa sur la table à manger, bien visible, avant de retourner vers sa chambre pour aller se coucher.

 

Le lendemain, Alexander se réveilla vers sept heures. Il resta quelques minutes dans son lit, immobile, et savoura le calme qui régnait dans l’appartement. Du moins, ce fut avant de constater que le studio n’était pas aussi silencieux qu’il le pensait.

Strange serait-il déjà réveillé ?

Le blond se décida à se lever, s’habiller et rejoindre la pièce de vie. Les rideaux étaient ouverts, laissant entrer la lumière du soleil qui se levait. Le repas du soir de Strange était toujours sur la table. Comme il s’en doutait, son colocataire était bien là, sur le canapé, réveillé. Mais contrairement au soldat, il n’avait pas l’air très en forme. Son visage était marqué par quelques coups, et quelques gouttes de sang étaient tombées le col de sa chemise. Il avait le teint pâle, et des traces légèrement plus sombres sous les yeux. Entre ses doigts, il tenait une cigarette allumée qui se consumait lentement.

— Bonjour, Strange, salua Alexander en s’asseyant en face de lui. Qu’est-ce qui vous est arrivé ?

— Bonjour Wilson, répondit le noiraud dans un marmonnement. C’est une simple bagarre avec un ivrogne…

— C’était donc là que vous étiez hier, s’amusa son interlocuteur avec un rictus. Vous êtes allé boire et vous battre dans un pub… Ça explique votre état…

— Je ne suis allé boire qu’un seul verre, répliqua l’ancien enquêteur. Un idiot a voulu me faire partir, et ça a légèrement dégénéré.

Il montra son mouchoir en tissu sur lequel se trouvait un peu de sang séché. Comprenant que ce sujet était plutôt sensible, le blond décida de parler d’autre chose.

— Comment s’est passée votre entrevue chez le notaire de Lord Pembroke ? interrogea-t-il.

— C’était affreux ! gronda Strange en passant une main dans ses cheveux en bataille. Vous n’avez pas idée du temps et de l’énergie que j’ai dû lui consacrer pour obtenir ce que je voulais ! Il m’a fallu plusieurs heures pour récupérer une copie du dernier testament de notre cadavre ! Et vous, qu’avez-vous fait hier ?

— Avez-vous vu mon message ? demanda Alexander.

— Oui, je l’ai vu…

Le noiraud s’interrompit, avant de lâcher un bâillement qu’il cacha de sa main. Ses traits étaient tirés, et il semblait très fatigué.

— Vous n’avez pas l’air très en forme, Strange, constata le militaire en le fixant. Vous devriez peut-être aller vous reposer un peu…

— Je n’ai pas le temps de me reposer, l’interrompit l’ex-inspecteur d’un ton brusque. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. J’ai réfléchi à cette affaire de meurtre pendant des heures.

— Vous n’avez pas dormi ? s’étonna le blond en haussant les sourcils.

En tournant la tête, Alexander remarqua également que le repas qu’Annie avait monté pour l’enquêteur était toujours là : il n’avait pas touché à son assiette à son retour.

— Et vous n’avez rien mangé depuis hier midi ? s’insurgea le soldat en se levant brusquement. Comment Diable voulez-vous résoudre ce cas sans prendre un minimum soin de vous-même ?

— Je vous en prie, Wilson ! s’impatienta Strange en croisant les jambes. Je ne vais pas mourir si je ne mange pas pendant un jour ou deux ! Pouvons-nous revenir à notre enquête, à présent ?

— Si vous pensez que je vais vous laisser malmener votre corps, vous pouvez toujours danser sur votre tête ! répliqua son compagnon. Je n’écouterai rien de vos découvertes tant que vous n’aurez pas pris au moins un petit-déjeuner !

Avant que son colocataire puisse l’arrêter, Alexander partit vers la porte de l’appartement et l’ouvrit brutalement. Au même moment, la cuisinière apparaissait sur le palier du dessous, en provenance de l’habitation de miss Withmore.

— Bonjour Annie, lança-t-il. Pourriez-vous nous apporter le petit-déjeuner pour deux ?

Elle acquiesça d’un signe de tête et redescendit les escaliers. Le blond referma la porte avant de se tourner vers Strange. Ce dernier avait repris un visage maussade, presque boudeur.

— Wilson, qu’est-ce que vous avez fait du journal qui parle de la victime ? demanda-t-il d’un ton glacial.

— Ah ! Je vous le donnerai après ! rétorqua le soldat avec un rictus machiavélique. Vraiment, c’est à se demander comment vous avez pu survivre dans cet état ! Si à chaque fois que vous enquêtez, vous vous laissez mourir de faim, c’est un miracle que vous soyez toujours en vie !

— Je n’ai pas besoin que vous me materniez !

— Ce n’est pas l’impression que vous me donnez ! Si vous souhaitez que j’arrête, comportez-vous en adulte !

La cuisinière entra silencieusement dans le studio et déposa sur la table deux assiettes substantielles ainsi que du thé et du café avant de repartir rapidement. Strange fixa son colocataire dans les yeux, et Alexander en fit de même. Après quelques secondes, l’ex-inspecteur poussa un soupir exaspéré en se levant du canapé et s’installa sur sa chaise.

Le blond s’assit en face de lui et se servit une tasse de café fumante. Il ne pouvait pas nier au plus profond de lui-même qu’il avait hâte de savoir ce que Strange avait pu apprendre de sa visite chez le notaire. Il avait tout aussi envie de lui partager sa propre découverte. Mais il lui semblait presque impossible que son compagnon puisse travailler sans se reposer, manger ou boire.

— Au fait, n’aviez-vous pas parlé de quelqu’un qui aurait été présent à la soirée de Lord Pembroke ? se souvint brutalement le soldat en redressant la tête. Cette personne a-t-elle répondu à votre télégraphe ?

— Non, répondit le noiraud en tournant sa cuillère dans sa tasse de thé. Et je n’aurai pas de réponse. Il viendra ici directement… sûrement dans quelques heures…

Quelqu’un toqua à la porte de l’appartement, le coupant dans sa phrase. Il esquissa un sourire.

— Ou maintenant. Entre ! lança-t-il à l’adresse de l’invité en se tournant vers lui, une tranche de pain grillée à la main.

La personne qui pénétra dans le studio n’était pas inconnue à Alexander. Un costume élégant, des cheveux noirs et un air particulièrement exaspéré sur le visage, il aurait reconnu le frère de son compagnon sans difficulté. Et Kieran Strange n’avait apparemment pas oublié son visage non plus.

— Sullivan, que Diable fait cet homme ici ? interrogea-t-il à l’adresse de son cadet, les sourcils froncés.

— Wilson et moi sommes colocataires, à présent, rétorqua l’intéressé avec un rictus. Il m’aide sur l’affaire de meurtre dont je t’ai parlé.

— Oui, cette enquête, parlons-en ! s’exclama l’aîné avec un sourire glacial en récupérant un papier dans sa poche. Peux-tu m’expliquer ce télégraphe ?

Il montra le message qu’il avait reçu, sur lequel Alexander put lire :

« Tu étais avec les gens de la haute hier, non ? Bonne nouvelle ! Tu es suspecté de meurtre, mon cher frère ! On se retrouve demain chez moi. »

Le papier n’était pas signé, et il était probable que Kieran reçoive ce genre de télégraphe. Le plus jeune esquissa un sourire amusé.

— C’est un message clair et concis, déclara-t-il en feignant l’innocence. Te connaissant, tu y étais, à cette soirée. Tu es donc un suspect potentiel, ce qui est une piste très intéressante.

— Alors là, je n’en reviens pas ! pesta son interlocuteur, visiblement furieux. Un membre de ma propre famille m’accuse d’être un meurtrier ! Oui, j’étais chez Lord Pembroke, oui, je sais qu’il a été assassiné ! Mais en aucun cas tu ne peux m’accuser sur base de ces informations !

Kieran semblait presque inarrêtable, comme son cadet lorsqu’il expliquait ses déductions.

Ça tient de famille, visiblement…

— Sais-tu seulement que j’ai reporté une entrevue avec le ministre de l’Intérieur pour venir te voir ? continua le plus âgé, véritablement ulcéré. Tout cela pour t’entendre dire des absurdités ! Après tout ce que j’ai fait pour toi, tu en as du toupet ! Tu-me-fatigues-Sullivan !

— Ooouuuh, doucement, tempéra l’intéressé avec un sourire ravi sur les lèvres. Calme-toi un peu. Tu vas finir par attirer miss Withmore ici. Je sais bien que tu n’es pas l’assassin. Tu n’as pas le courage de tenir un revolver qui n’est même pas chargé, alors poignarder au stylet un homme, n’espérons même pas !

— Mais pourquoi est-ce que je perds encore mon temps avec toi ? s’impatienta Kieran avec impatience. N’as-tu pas mieux à faire comme… attends un instant… depuis quand prends-tu un petit-déjeuner ?

Le noiraud leva les yeux au ciel avec un soupir exaspéré. D’un geste signe de tête, il désigna son colocataire.

— C’est sa faute, répliqua-t-il, l’air presque enfantin. Il refuse de me communiquer des informations sur la victime tant que je n’ai pas pris un repas.

L’aîné de la fratrie considéra Alexander d’un air surpris. Le soldat comprenait aisément ce sentiment. Un mois plus tôt, son jeune frère était en garde à vue à cause de lui, et à présent, il s’assurait qu’il mange assez.

— Au fait, Wilson, reprit Strange en se tournant vers le blond, puis-je en savoir plus sur vos découvertes, à présent ?

En guise de réponse, le militaire attrapa le journal qu’il avait trouvé la veille et le déposa devant lui. Le noiraud le parcourut rapidement des yeux.

— Tiens donc… il investissait dans les chemins de fer, murmura le noiraud en haussant un sourcil.

— Et apparemment, il ne faisait pas toujours l’unanimité, compléta Alexander après une longue gorgée de café. Son associé, David Cooper, craignait ses décisions impétueuses et parfois irrationnelles. Malgré cela, Lord Pembroke a contribué à la construction de voies ferrées en Europe et en Amérique.

— C’est une piste qui mériterait d’être approfondie, s’enthousiasma l’ex-inspecteur avec un sourire satisfait.

— Sullivan, peux-tu m’expliquer ce que tu me veux ? interrompit Kieran en croisant les bras. Je n’ai pas toute la journée à t’accorder.

— C’est simple, j’aimerais que tu me racontes la soirée d’hier, plus principalement les mouvements des proches de Lord…

— Pembroke, compléta Alexander.

— Oui, lui. Dis-moi tout ce dont tu te souviens ! Tu as bonne mémoire ! Dis-moi tout, même le détail le plus insignifiant.

— As-tu la moindre idée du nombre de personnes qui sont présentes dans ces soirées ? se désespéra son frère en le regardant de travers. Il y en a beaucoup, et les surveiller n’était pas ma priorité ! Mais soit, je vais faire ce que je peux.

— Wilson, pouvez-vous me donner votre stylo ? demanda l’enquêteur en tendant la main vers lui, paume vers le haut.

Le militaire le retira de sa poche et le déposa dans sa main. Strange attrapa un papier vierge sur le rebord de la table tandis que son frère commençait.

— Cette réception avait pour but de montrer que le vieux Lord Pembroke était encore capable d’assumer ses responsabilités malgré son âge. Il avait invité beaucoup de monde, dont moi. Je connaissais Pembroke de nom, grâce à la presse et à ses affaires bancales. Mais il était dynamique lors de sa soirée, j’ai rarement vu un homme ayant sa sagesse aussi en forme. Étant l’hôte, il me semble qu’il a passé son temps à passer d’invité en invité…

— Et toi, que faisais-tu ? interrogea son cadet en griffonnant quelques notes sur sa feuille.

— Rien, répondit Kieran sans détour. J’ai brièvement échangé quelques mots avec quelques personnes, mais je ne suis pas resté très longtemps… en revanche, je me rappelle bien une chose ! Lord Pembroke s’est absenté un moment, sans prévenir, en compagnie de son fils. Ils sont sortis plusieurs minutes, et à leur retour, ils avaient tous les deux l’air énervés.

— Vous pensez à une dispute entre père et fils ? supposa Alexander en joignant ses mains sur la table.

— Quoi d’autre ? répondit le plus âgé en haussant les épaules avec une nonchalance élégante. En revanche, il me semble que son fils cadet était absent… il serait intéressant d’en connaître la raison.

— Intéressant… murmura son frère pour lui-même en écrivant quelques mots rapidement. Autre chose ?

— Sa fille était là, et elle s’est contentée de danser tout le temps où j’étais là. C’était probablement une des rares personnes à réellement apprécier cette soirée.

— Et est-ce que tu sais quelque chose à propos de… l’autre, là ?!

Ses deux interlocuteurs le fixèrent longuement, sans savoir de qui il parlait.

— J’ai oublié son nom, s’impatienta l’ex-inspecteur.

— Pourquoi ne suis-je pas surpris ? soupira Kieran.

— Son associé !

— David Cooper, compléta Alexander.

— Oui, lui ! Merci ! Est-ce que tu le connais ?

— Pas très bien, grommela l’aîné avec une légère grimace. Je sais seulement qu’il travaillait avec Pembroke sur leurs affaires de chemins de fers. Il n’était qu’un bourgeois à l’origine, et quand il a fait fortune, il s’est immiscé parmi les nobles, sans pour autant avoir leurs bonnes manières !

— Qu’a-t-il fait, pendant la soirée ?

— Boire, répondit immédiatement Kieran.

Sa façon parfois brusque de parler rappelait à Alexander le franc-parler du plus jeune des frères. Cela tenait de famille, sûrement.

— Il buvait tellement qu’il titubait, il ne parlait pas clairement, c’est à peine s’il arrivait à attraper son verre. Ce spectacle était vraiment pitoyable à voir. J’ai préféré partir assez rapidement. Pour le moment, c’est tout ce dont je me rappelle…

— Excellent… murmura Strange en achevant ses notes. Nous avons donc quelques pistes à explorer… Si quelque chose te revient en mémoire, préviens-moi. Nous y allons !

— Nous ? releva son frère en haussant un sourcil suspicieux.

— Oui, Wilson et moi. Nous allons repartir à Grosvenor Square immédiatement !

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