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6. The early monday

6. The early monday

Publié le 5 avr. 2023 Mis à jour le 1 mars 2024 Policier
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6. The early monday

Me voici dans les bureaux du "Early Monday", le journal pour lequel j'écris. C'est ici que je plante mes pâquerettes, tous les lundis. Je passe la grande porte du hall et fais un signe de tête à Carl, le gardien, un vieillard incapable de se déplacer sans perdre un poumon. Je traverse le couloir et me dirige vers l'ascenseur. Direction le 6ième étage, "à une marche du 7ième ciel" diront les comiques de la rubrique sportive en manquant une nouvelle occasion de la fermer. Je croise la rédactrice en chef, Suzan Fleetwood, dis "la Baronne". Elle porte un chemisier synthétique, imprimé floral, fermé jusqu'au dernier bouton. Sa tignasse bouclée est encore plus violacée que la semaine dernière. Suzan est une femme trapue et ça la complexe. Elle s'impose des talons inconfortables pour grappiller quelques centimètres et se déplace, le menton haut, raide et droite comme un manche, s'étirant comme elle peut pour paraitre plus grande. J'évite de baisser les yeux lorsqu'elle me parle, pour ne pas la froisser :

"T'es en retard le Rimailleur ! On attend ton poème pour le bouclage ! Magne-toi et évite les coquilles, on vient de virer le correcteur intérimaire... question de budget. La ville nous a privé de subventions depuis le scandale Faulkner et Waters. Comme si on était responsable de la dépravation des élus. Tu mets la vérité en lumière et on te reproches de faire ton travail de journaliste. Quelle société d'merde! Qu'est-ce tu fais encore là, bouge-toi j'te dis!"

Suzan Fleetwood, une femme délicieuse qui se voit plus grande qu'elle ne l'est. La mise en lumière de l'affaire Faulkner et Waters n'est certainement pas le fruit d'un travail journalistique. Il n'y a pas eu de véritable enquête, aucun témoignage crédible et pas plus de preuves indiscutables. L'article n'est basé que sur des commérages de machine à café et des photomontages d'influenceuses sans filtre.

Je retrouve mon bureau là où je l'avais laissé, dans un coin de pièce, à deux pas des toilettes, sous une fenêtre avec vue sur que dalle. Il faut en avoir de l'imagination pour être inspiré dans ce bas fond. J'allume mon antique outil de travail, un power Macintosh 8100 datant des années 90 :

"Pas b'soin d'une bête de compèt' pour écrire tes conneries ! avait dit la Baronne. On n'a pas le budget, alors fais avec ou payes-t-en un autre !"

Et tandis que l'ordinateur préchauffe, je repense à mes divagations matinales. De quoi allais-je bien pouvoir parler? De mon quotidien sans couleur ? Du baiser fantasmé d'une femme habillée de rouge ? Des marins aux yeux bleus ? De Fowler le grisonnant et de sa tempête de fille ? Des bouquets de lâchetés roses et des taxis jaunes-soleil ? Quel thème choisir pour tenter d'embellir les pages noircies de ragots, de mensonges et de vulgarités...

Je suis une fleur

entre deux tas de merde.

Un relent de douceur

où les fragrances se perdent.

Je me tiens, tige haute,

la corolle grande ouverte,

parmi les amours mortes

et les rêves inertes.

Mais je me fane,

sur mon bout de terre

face à la misère qui se pavane.

Je suis une fleur

au bord de l'oubli,

et je meurs

de ne pas avoir été cueillie.

 

OLC

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