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Mai-Ling

Mai-Ling

Publié le 14 juil. 2024 Mis à jour le 3 nov. 2024 Poésie et chanson
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Mai-Ling

Parce qu’ENFance et ENFer ont la même racine, parce que je n’ai pas la même définition « d’évolué » que vous, parce qu’il y aura toujours des Mai-Ling...

J’ai pris un train ligne Z.

J’ai pris un train pas zen.

Direction la zone, la vraie.

C’est pas chez toi, c’est pas tout près.

Au terminus j’y retrouve nos patrons,

Loin de leur bureau et de leur maison.

Sortie Station Manille, ou quai Saïgon,

Mais eux sont venus en classe affaires, par avion.

Ils sont lâchés dans les bas quartiers,

Avec rien à commander, rien à gérer.

Dans leur agenda, il y a juste une adresse.

Ils cherchent sur leur plan cette maison pleine de promesses.

 

Moi ? J’étais venu pour oublier,

Ou je sais plus, peut-être pour me retrouver.

Eux ? Ils sont venus libérer leur stress,

À la recherche de narcotiques et de fesses.

Moi, en bateau, en train et à pied.

Je faisais le beau, le malin, je voyageais.

Eux, ils ont casé ça entre deux rendez-vous :

De 10 à 12, baiser une gamine pour quelques sous.

Moi, sur la route j’avais donné un peu d’argent

Pour qu’une famille n’ait pas à vendre son enfant.

Eux, avec leur penchant pervers et leurs dollars

Font perdurer ce trafic de salopards.

 

Mai-Ling tu t’occupais des cochons quand je t’ai vu.

Et malgré ta crasse et les haillons dont tu étais vêtu,

Tu avais encore l’espièglerie d’une gamine et la grâce d’un ange,

Et à tes parents j’ai versé le coût d’une carte orange,

Assez pour qu’ils puissent s’occuper de toi,

Assez pour qu’ils te gardent sous leur toit.

Mais quand je suis repassé dans ton canton,

Il n’y avait plus personne qui jouait avec les cochons.

Je n’ai pas eu besoin de demander ce que tu étais devenu,

Je savais qu’en ville, d’autres porcs jouaient avec ton corps nu.

Que même avec suffisamment d’argent,

Tu avais été vendue par tes propres parents.

 

J’aimerais dire que c’est inhumain.

Mais rendons-nous à l’évidence, il le faut bien,

Il n’y a en fait rien de plus humain,

Je connais pas d’autres mammifères qui prostituent leurs gamins.

Non, c’est le propre de l’homme tant de laideur,

Dans le règne animal, il n’y a pas de place pour cette horreur.

Prouvez-moi que j’ai tort s’il vous plait

Redonnez-moi espoir en notre espèce que je hais.

Donnez-moi de beaux arguments,

Que je puisse expliquer à Mai-Ling, dix ans,

Que si ses parents ont vendu son corps aux patrons,

Quelque part ça fait du sens, quelque part il y a une raison.

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Commentaire (1)

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Jackie H il y a 3 mois

Horreur et pauvreté, misère et horreur... vous avez fait ce que vous avez pu mais vous ne pouviez pas grand-chose et si les parents de Mai-Ling étaient soulagés aujourd'hui, ils pensaient à demain... ils avaient certainement l'habitude de s'endurcir mais je crois que personne ne fait ça de gaieté de cœur.

C'est tout un système qu'il faut changer en profondeur... et dans lequel les individus isolés ne sont guère plus que des pions... le système les dépasse...

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