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Je ne connais pas le grec, ni ancien, ni nouveau.

Je ne connais pas le grec, ni ancien, ni nouveau.

Publié le 28 avr. 2022 Mis à jour le 28 avr. 2022 Culture
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Je ne connais pas le grec, ni ancien, ni nouveau.

La photo est une capture d'écran d'un site internet sur lequel on peut trouver une traduction du Journals of Denton Wlech en grec, faite par George Manadis, disponible à cette adresse : https://dentonwelchjournals.blogspot.com/ 

Je crois que j'étais déjà tombé dessus il y a quelques semaines, mais je n'avais pas pris le temps de m'y arrêter. Aujourd'hui, ce matin, j'ai même pris le temps de contacter Mr George Manadis. Il m'a confirmé que, lui aussi, s'était senti fasciné par cet auteur. Par ce journal.

La poésie contemporaine ne chante plus elle rampe,

 

Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots malfamés, elle les ignore,

 

On ne prend les mots qu’avec des gants, à « menstruel » on préfère « périodique, et on va répétant qu’il est des mots qu’il ne faut pas sortir des laboratoires et du codex.

 

Le snobisme scolaire, qui consiste, en poésie, à n’employer de certains mots déterminés, à la priver de certains Zautres, me fait penser au prestige du rince-doigt et du baise-main.

 

Ce n’est rr ...ce n’est pas le rince-doigt qui fait les mains propres, ni le baise-main qui fait la tendresse, Ce n’est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot,

 

Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes,

 

Le poète d’aujourd’hui doit être d’une caste,

 

D’un parti,

 

Ou du Tout-Paris,

 

Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé,

 

La poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la musique,

 

Toute poésie destinée à n’être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas finie, elle ne prar…elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l’archer qui le touche,

 

L’embrigadement est un signe des temps, de notre temps !, les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes,

 

Les sociétés littéraires, c’est encore la société,

 

La pensée mise en commun est une pensée commune,

 

Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes,

 

Renoir avait les doigts crochus de rhumatisme,

 

Beethoven était sourd,

 

Ravel…avait dans la tête… une tumeur…qui lui suça d’un coup toute sa musique,

 

Il fallut quêter pour enterrer Belà Bartok,

Ruteboeuf avait faim,

 

Villon volait pour manger,

 

Tout le monde s’en fout.

 

L’art n’est pas un bureau d’anthropométrie. La lumière ne se fait que sur les tombes.

 

Nous vivons une éc…une époque épique, et nous n’avons plus rien d’épique

 

La musique se vend comme le savon à barbe,

 

Pour que le désespoir même se vende il ne reste plus qu’à en trouver la formule, tout est prêt, les capitaux,

 

La publicité,

 

La clientèle,

 

Qui donc inventera le désespoir ??? avec nos avions qui dament le bod…le pion au soleil, avec nos magnétophones qui se souviennent ces voix qui se sont tues, avec nos Zâmes Zen rade, au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions,

 

N’oubliez jamais que si y’a… ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des Zautres…

 

Les plus beaux chants sont des chants de revendication,

 

Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations, à l’école de la poésie, on n’apprend pas ! On se bat !

 

Léo Ferré Et Zoo - Préface et La Solitude (1972)

 

 

 

 

 

Mais quel est le lien? J'aime les textes de Léo Ferré. Ils résonnent en moi, à chaque fois. Mais depuis que je l'écoute, depuis ce qu'on appelle l'adolescence, un fossé se creuse à chaque écoute. Par exemple, cette introduction, belle n'est-ce-pas? Certes. Comment reconnaitre un artiste d'un faussaire? Qu'est ce qu'un faussaire? Qu'est ce que le Vrai? Le Vrai est-il l'Authentique? La sincérité peut-elle remplacer le Savoir? Le Savoir, c'est quoi? Et la langue? Ce véhicule de tout le reste et plus encore, qu'est ce que c'est? Qu'est ce qui se passe à chaque écoute des textes de Léo Ferré, qu'est ce que ce "fossé"? Pourquoi ai-je la sensation de ne pas avoir de langue maternelle?

C'est mon directeur de recherches de l'époque qui m'a fait rencontré les textes de Denton Welch, alors que j'avais été le voir parce que j'avais choisi de faire de la recherches en littérature, mais était bien en peine de citer aucun auteur pour ce faire. Car. Je ne lisais pas. Ou trop peu pour en citer un seul. Ou ceux que j'avais en tête (ex: James Joyce) ne méritaient pas de passer à la moulinette d'une artpentie mal défraichie...

J'ai même mis quelques années à lire l'article qu'il avait écrit sur lui:

Didier Girard. L'Hypnérotomachie de Denton Welch : ou, De la progression des images et du rêve.. Études britanniques contemporaines - Revue de la Société dʼétudes anglaises contemporaines, Presses universitaires de la Méditerranée, 2001. ⟨halshs-02568940⟩

Et aujourd'hui, je me prépare à n'être absolument pas prête pour faire ce que je veux faire. Cela commencera le 10 juillet 2022. Pourquoi cette date exactement? Parce que Denton Welch a commencé son Journals le 10 juillet 1942.

Ce que je vais faire? Je vais "traduire" ce Journals, avec mes moyens, en temps en en heure. Pourquoi? Justement, j'espère bien que le comment y répondra, ou le remplacera, ou.

Je me dois de préciser que, quand on lit Denton Welch, on peut s'attendre à tellement, qu'il est bien possible qu'il ne se passe "rien du tout". Ou presque.

Je veux "prouver" quelque chose. Absolument. Que j'y arrive n'est pas si important.

 

Vous voyez cette plume ? Eh bien, c'est une plume...d'ange. Mais rassurez vous, je ne vous demande pas de me croire, je ne vous le demande plus. Pourtant, écoutez encore une fois, une dernière fois, mon histoire. Une nuit, je faisais un rêve désopilant quand je fus réveillé par un frisson de l'air. J'ouvre les yeux, que vois-je ? Dans l'obscurité de la chambre, des myriades d'étincelles...Elles s'en allaient rejoindre, par tourbillonnements magnétiques, un point situé devant mon lit. Rapidement, de l'accumulation de ces flocons aimantés, phosphorescents, un corps se constituait. Quand les derniers flocons eurent terminé leur course, un ange était là, devant moi, un ange réglementaire avec les grandes ailes de lait. Comme une flèche d'un carquois, de son épaule il tire une plume, il me la tend et il me dit : " C'est une plume d'ange. Je te la donne. Montre-la autour de toi. Qu'un seul humain te croie et ce monde malheureux s'ouvrira au monde de la joie. Qu'un seul humain te croie avec ta plume d'ange. Adieu et souviens toi : la foi est plus belle que Dieu. "

Claude Nougaro, La Plume D'ange, Paris Olympia, 1994.

 

Oui, bien sûr, un peu de ça aussi...j'espère au moins en rire aussi. Je voudrais prouver que "l'hermétisme" n'est pas quelque chose qui enferme, mais qui entr'ouvre. Ou que le réalisme magique est un mouvement, et que l'observer agit sur notre perception, ou quelque part par là.

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Commentaires (2)

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Alexia Monrouzeau il y a 2 ans

Merci pour la réf, je cherchais quoi écouter en rangeant mon bord...bureau. Mais je n'ai (encore une fois) pas été au bout de ce que je voulais faire avec ce texte, je voulais lui répondre, peut être plus tard, quand j'aurai régler le niveau d'équilibre arrogance/confiance en soi...Moi la phrase qui ne me quitte pas de lui c'est "Le désespoir est une forme supérieure de la critique". Merci.

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Stéphane Hoegel il y a 2 ans

Ce texte de Léo Ferré est superbe, et j'ai très régulièrement en tête sa phrase "ce qu'il y a d'encombrant dans la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres", tellement, tellement vraie...
Pour ma part j'ai entendu ce texte pour la première fois par l'intermédiaire de Bernard Lavilliers qui l'a repris sous le titre "Préface", premier morceau de son album "Clair-obscur"... ce qui ne me rajeunit pas...
https://www.youtube.com/watch?v=WM067hgGJnI

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