21 juillet 2022
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21 juillet 2022
1942
21 july
21 July
Today I walked by the river and saw a man and boy working in the cornfield at the water's edge. They had taken their shirts off and their skin was beautiful and pale, like nacre, in the sunlight. Their brown throats and arms, grafted to their pearly bodies, were surprising.
Aujourd’hui je me suis baladé près de la rivière, j’ai vu un homme et un garçon qui travaillaient dans le champ de blé au bord de l’eau. Ils avaient enlevé leurs chemises, leurs peaux, belles et pâles, qui luisaient comme de la nacre sous les rayons du soleil. Leurs gorges et bras brunis, greffés à leurs corps de nacre, étaient surprenant.
I spoke to them shyly, asking where I could bathe. The man answered me. I saw that he had something blue and green tattooed on his arm. He said, "Don't go in here because there's a whirlpool!" It looked as calm as ice. The boy looked into me with that deep, sulky, suspicious, adolescent look. His biceps and shoulders were like silky balls melting together. How I longed to be strong and lusty, not ill![1]
Je leur parlais d’une voix timide, leur demandant où je pourrais me baigner. L’homme me répondit. Je voyais quelque chose de bleu et vert tatoué sur son bras. Il me dit : « Ne va pas là parce qu’il y a une baïne ! », ça semblait aussi calme que de la glace. Le garçon me regarda avec ce regard profond, suspicieux, adolescent. Ses biceps et ses épaules semblaient se mélanger comme des boules de soie. Comme j’aimerais être fort et vigoureux, pas malade![2]
And being ill made me think of being great and famous. They are always linked together in my mind. I must not be so ill that I cannot be famous. I walked on down the river with the hot sun on my shoulders, thinking of my first proof-reading which took place yesterday. When I tore open the envelope marked "Immediate" and saw the long roll lying like a Chinese scroll in front of me, I just had a feeling of easy confidence, almost indifference, which is quite alien to me. I saw that my name (in such large letters at the head of the article) had been spelt wrong. Then I had a flood of excitement and called to Eve[3] to come and see.
Puis être malade me fit penser à être un grand homme reconnu. Ils sont toujours reliés dans mon esprit. Je ne peux pas être si malade que je ne sois pas reconnu. Je continuais ma balade le long de la rivière avec le soleil chaud sur mes épaules, en pensant à ma première relecture qui avait eu lieu la veille. Quand j’ai déchiré l’enveloppe marquée « urgent » pour l’ouvrir et que j’ai vu le long rouleau s’étalant comme un parchemin[4] chinois en face de moi, j’ai tout de suite eu confiance, j’étais presque indifférent même, ce qui est m’est assez étranger comme sensation. J’ai vu que mon nom (écrit avec de si grosses lettres tout en haut de l’article) avait été mal orthographié. Puis un flot d’excitation me submergea, j’ai appelé Eve[5] pour qu’elle vienne voir.
All that morning we read and re-read, although there were only two mistakes[6]. There was also a letter from Sacheverell Sitwell thanking me for the photograph of my Berners picture which I had sent him. He had addressed the envelope to Mr Denton Welch. I wondered why; and also Why I should mind.
Toute la matinée nous avons lu et relu, bien qu’il n’y ait que deux erreurs[7]. Il y avait aussi une lettre de Sacheverell Sitwell qu me remerciait de lui avoir envoyé la photographie des Berners. Il avait adressé la lettre à Mr Denton Welch. Je me demandais pourquoi ; et aussi pourquoi je devrais m’en soucier.
[1] Denton's illness referred to throughout the Journals was caused initially by his road accident; on 7 June 1935, when he was twenty, he was knocked off his bicycle by a motorist. His spine was fractured, his bladder became infected, his kidneys failed, partial impotence resulted, he had to wear a catheter, and haemorrhaging, prolonged feverish attacks and eventually tuberculosis of the spine developed. It was against this background of appalling ill-health that everything he wrote, including the Journals, was achieved.
[2] La maladie à laquelle se réfère Denton à travers tout le journal fut causé initialement par un accident. Le 7 juin 1935, il avait 20 ans, il fut percuté par l’arrière par une voiture alors qu’il était sur son vélo. Sa colonne vertébrale fut fracturée, sa vessie infectée, ses reins rendus infonctionnels, il en résultat une impotence partielle. Il a dû porter un cathéter, et les hémorragies, les montées de fièvre prolongées, engendrèrent le développement du Mal de Pott. C’est dans ce contexte d’état de santé épouvantable que tout ce qu’il écrivit, y compris son Journals, fut conduit.
[3] Evelyn Sinclair, twenty-two years Older than Denton, who was his landlady from 1933-5 when he had lodgings as an art student at 34 Croom's Hill, Greenwich. When Denton left the Southcourt Nursing Home in Broadstairs to live in a flat at 54 Hadlow Road, Tonbridge, Miss Sinclair went with him as his housekeeper, and except for two short periods she remained With him until he died. He called her Eve or Evie, nicknamed her Lydia, and libelled her in letters as the Harlot and the Whore. She called him Puss. She appears as Miss Hellier in A Voice Through a Cloud, as Mrs Legatt in ' 'The Fire in the Wood", published in Brave and Cruel, and as Miss Middlesborough in t 'A Novel Fragment", published posthumously in A Last Sheaf.
[4] J’ai eu beaucoup de mal à trouver l’équivalent de la musicalité du morceau de phrase « the long roll lying like a Chinese scroll », j’ai du me résoudre à perdre l’écho sonore de la version initiale.
[5] Evelyn Sinclair, aînée de 22 ans de Denton, avait été sa propriétaire de 1933 à 1935, alors qu’il était logé comme étudiant en arts au 34 Croom’s Hill, à Greenwich. Quand Denton quitta l’hôpital de Southcourt à Broadstairs pour vivre au 54 Hadlow Road à Tornbridge, Miss Sinclair le suivit et devint sa maîtresse de maison, et à l’exception de deux courtes périodes elle resta avec lui jusqu’à sa mort. Il ‘appelait Eve ou Evie, la surnommait Lydia ; et la traitait de Pute et de Prostituée dans ses lettres. Elle l’appelait Chaton. Elle apparait sous les traits de Miss Hellier dans A voice Through a Cloud, sous les traits de Mrs Legatt dans « Fire in the wood », publié dans le recueil de nouvelles à titre posthume « A last sheaf ».
[6] These were the proofs of the Horizon article on Sickert, the article that launched Denton's literary career (see 1942, note 4 in the article 10 juillet)). His name had been misspelt Welsh.
[7] L’article dont il parle est l’article sur Sickert dans Horizon, qui lancera la carrière littéraire de Denton (voir note (voir note 5 dans l’article du 10 juillet).