Une rencontre
Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Une rencontre
07/04/2022
J’ai pas encore le vertige, mais ça ne saurait tarder…
Je viens d’essayer de remonter le temps pour trouver l’année exacte de ma rencontre avec Denton. Apparemment, selon les lois de la physique terrienne en cours et ses mesures actuelles, ce serait en septembre 2014.
Juste avant l’été, j’avais enfin réussi à ne pas avoir trop honte de moi en capitalisant une licence d’anglais, avec une moyenne de 10,2/20, mais sans aller aux rattrapages. C’était mon objectif médiant. Je ne dis pas que je n’aurais pas été satisfaite de l’avoir en allant aux rattrapages, mais je ne me serais certainement pas permis la suite de l’aventure comme je l’ai fait.
J’avais repris mes études, au bout d’une multitude d’expériences professionnelles réussies en termes d’objectifs, je pétais tous les records, à chaque fois. Je me souviens même d’un poste qui avait 15 clients différents, j’ai explosé les records sur 13 d’entre eux. Parce que je n’ai pas touché aux deux derniers, puis je suis partie. A mon habitude. J’étais lasse.
Et à chaque fois que je partais d’une de ces positions, que je faisais bien attention de prendre tout au bas de l’échelle, je voyais les Zyeux de mes « managers », ou autres « n+1 » s’embrouiller… « mais…pourquoi ? ». Je ne répondais même pas. Je partais en prenant soin de laisser la position physique dans le même état que celui dans lequel je l’avais trouvé. Quant aux positions morale ou autre…ben à eux de se débrouiller avec.
Sur les dernières positions, les quelques semaines précédant mon départ que j’annonçais toujours comme un écho perdu en plein désert, je précisais « si j’avais voulu gagner de l’argent, j’aurai fait autrement. »
Et je partais.
Je ne doute pas que ce genre de profil doit être bien renseigné dans les manuels de management…mais je n’ai jamais pris la peine de les lire.
Me voilà en septembre 2014. J’ose prendre rendez-vous avec le prof presti-litigieux du moment. Un grand dandy au regard bleu perçant et à la culture suffisante pour que je puisse le pomper quelques années. C’est que j’étais affamée.
Je pense que mon profil lui a plu également, sans fausse modestie.
Me voilà devant lui, les Zyeux écarquillés, voulant communiquer, mais ne sachant pas quoi ni comment…et le jeu a commencé.
« Je veux faire un Master Recherches en littérature. Le problème, c’est que je n’y connais rien. Mais tellement rien que je ne peux même pas vous donner le nom d’un auteur… ».
Le challenge…ça émoustille toujours.
Il m’a dressé une liste de noms, sur un papier, au café où nous nous étions arrêtés pour « parler ». Je regarde la liste en ne la touchant pas. Je pointe un nom du doigt. Le premier de la liste. Pourquoi ? Comment ? Sachant que je ne prends jamais les premiers de liste, jamais.
« Mais, vous le connaissez ?
-Pas du tout.
-Vous pouvez prendre d’autres noms, et les comparer…regar…
-Non. Lui. C’est tout. »
Et voilà. J’ai rencontré Denton Welch. Je me souviens à peine, mais un peu quand même, de ses Zyeux à lui quand je lui ai répondu. Je crois qu’il a vu…l’enfant. Les Zautres l’avaient vu aussi, mais ne l’avaient pas reconnu. Lui, si. Il a reconnu l’enfant.
Je suis partie presqu’en courant pour me renseigner sur l’auteur. Je n’en connaissais rien. Il aurait pu avoir écrit 167 romans, je m’en foutais. C’était lui. Heureusement pour moi, il n’en avait pas écrit autant.