A la Moldue - Chapitre 29 : Bifröst
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A la Moldue - Chapitre 29 : Bifröst
« PAN-PAN-PAN !!
— Mamaaaan ! Dylan il arrête pas de tuer Cindy !
— Dylan arrête, s'il te plaît, maman conduit.
— PAN-PAN-PAN !
— Mais arrêêêêêt-heu !! MAMAN !!!
— Bon, STOP ! Je suis au volant je vous dis ! Dylan, tu baisse ton pistolet, ça suffit, maintenant ! »
Leur voiture stoppée sur le Hungerford Bridge, Laura jeta un regard à son fils à l'aide du rétroviseur, lui faisant les gros yeux pour qu'il cesse d'embêter sa soeur. Prenant son petit pistolet en plastique rutilant, celui de cowboy offert à son anniversaire, l’enfant le pointa en direction de sa mère, et avec un sourire insolant s'écria :
« BOUM ! T'es morte maman ! »
La voiture fut projetée en l'air, sur une bonne dizaine de mètres. Laura n'eut pas le temps de hurler. Elle entraperçut la tête de la poupée Barbie passer sous ses yeux, et se ficher brutalement dans le cadre digital qui indiquait l'heure : trop tôt pour mourir.
Dylan avait perdu son sourire et tentait vainement d'attraper la main de sa petite soeur qui fut séparée de lui lorsque la portière de son côté s'ouvrit, pour l'aspirer dans le chaos extérieur.
En contrebas, le sol se dérobait sous une vingtaine de véhicules, le bitume se fissurant et se craquant, avant d'ouvrir une bouche béante qui avalait tout ce qui avait eu le malheur de se trouver là. Le grincement plaintif des câbles en acier s'éleva par-dessus les hurlements des différents Moldus coincés sur ce pont. Puis une énorme vibration fit exploser quelques vitres çà et là, et un câble se détacha, puis deux, puis trois, et le pont s'abaissa sur une bonne longueur.
Les voyageurs sortis de leur voiture se figèrent soudainement. Autour d'eux, des ombres menaçantes volaient en cercles comme des monstres cauchemardesques prêts à fondre sur eux. Une femme, blessée à l'épaule, le veston déchiré, entendit distinctement une des ombres éclater d'un rire sinistre, un rire désagréablement moqueur. Comme si ce qui était en train de se passer était un spectacle hilarant. Elle voulut hurler à cette forme de se taire, mais l'asphalte céda sous ses pieds, et un pan entier du pont suspendu se détacha, l'emportant.
Plus loin, un bus à deux étages était renversé en équilibre sur le bord de la route, et menaçait de basculer dans le vide. À deux mètres de lui, un homme tremblait en tenant fermement son smartphone braqué sur les gens coincés derrière les vitres. Il les filmait, sans mot dire, pendant que les usagers s'époumonaient dans une cacophonie incroyable. Une créature inconnue frôla le bus, et celui-ci se mit à vaciller plus encore. L'homme au téléphone ne bougea toujours pas. Dans la lentille de sa machine, une dizaine de personnes regardaient une scène de mort en direct. Un trait de lumière verte le frôla, et l'homme braqua l'objectif en direction de l'ombre l'ayant lancé. Les voyageurs coincés dans le bus lui hurlèrent des choses, entre insultes et mises en garde, avant que le bus ne bascule totalement. L'ombre s'étendit dans sa direction, et l'homme glapit en sentant un liquide brûlant couler le long de sa cuisse pour goutter dans ses chaussettes.
Les dix personnes qui n'avaient rien d'autre à faire ce jour-là que de le suivre sur son live entendirent son hurlement, et la dernière image captée par la lentille fut rouge sang.
« Bien entendu, Monsieur le Premier Ministre, vous pouvez tout à fait compter sur le soutien de ma famille. Comme toujours. »
Lucius Malefoy se fendit d'un sourire convaincant, tout en faisant tournoyer sa canne. Le pommeau, en forme de serpent argenté, étincela sous la lumière magique qui baignait les jardins du Manoir des Malefoys. Confortablement installés sous un magnifique patio décoré avec tout le goût de Narcissa Malefoy, Lucius et le nouveau Premier Ministre de la Magie, Rufus Scrimgeour, buvaient un thé. Le fait que l'austère sorcier ait accepté l'invitation de Malefoy Senior était déjà en soi une petite victoire à ne pas négliger. En effet, l'homme n'était pas aussi affable que son prédécesseur, et peu porté sur les discussions entre gens de l’Élite. Néanmoins, à l'occasion de son investiture, et en sa qualité de membre de la Chambre Haute, Lucius avait tenu à rencontrer Scrimgeour, afin de tisser des premiers liens de confiance. Nécessaires en cette période. Et après des semaines de vaines invitations, il avait eu gain de cause.
« Je me doute, Lord Malefoy, acquiesça le Premier Ministre en remuant à peine les lèvres. Et j'apprécie votre patriotisme.
— Bien, bien. »
Cela faisait environ une heure et demie que tous deux conversaient de cette manière : Lucius faisait un compliment, ou lançait une évidence sur la Politique actuelle, et le Premier Ministre acquiesçait vaguement, se contentant de ce que certains qualifieraient de « service minimum ». Une visite diplomatique gênante, en somme. Et malheureusement pour le blond, son charisme semblait tout à fait inefficace sur son supérieur. Lucius inspira pour ajouter une autre banalité, lorsqu'il se tut, au moment même où sa femme vint à les rejoindre d'un pas précipité :
« Messieurs, pardonnez-moi. Monsieur le Premier Ministre, votre Secrétaire vous fait mander à notre cheminée. Il s'agit d'une affaire très grave, m'a-t-il dit.
— Merci, Lady Malefoy ! s'empressa l'homme, apparemment soulagé d'avoir une échappatoire à cette rencontre grotesque. Lord Malefoy, cela ne vous dérange pas si...
— Nullement, Monsieur le Premier Ministre, allons-y immédiatement. »
Ils se précipitèrent dans un petit salon qui comportait une immense cheminée et dans l'âtre, les cheveux roux qui semblaient avoir pris feu, Percy Weasley transpirait à grosses gouttes et s'écria lorsque Scrimgeour entra.
« Monsieur le Premier Ministre ! Par Merlin, merci ! Il y a eu une attaque, à Londres, contre des Moldus ! Il y a de nombreuses morts, un pont dévasté, et nous avons dépêché un groupe d'Aurors sur place. Je ne sais pas si ce sont les Mangemorts, encore, mais tout porte à croire que...
— Monsieur Weasley, calmez-vous et respirez ! » Ordonna l'Ancien chef du Bureau des Aurors d'un air grave. Puis, se tournant vers son hôte, il ajouta : « Lord Malefoy, puis-je reporter cette discussion à...
— Évidemment ! coupa le blond. Prenez la cheminée directement, si vous le désirez.
— Parfait. Milady, votre thé était délicieux. Lord Malefoy, merci de l'invitation... Monsieur Weasley, préparez-moi le rapport. »
Et sans plus de cérémonie, il sortit de sa poche une sorte de blague à tabac dans laquelle il piocha une poignée de poudre de cheminette qu'il jeta d'un geste ferme, avant d'entrer dans le brasier devenu émeraude, et de disparaître.
Les époux Malefoys restèrent un court instant silencieux, puis, Lucius jetant un regard entendu à sa femme, tourna des talons, et se dirigea droit vers son bureau personnel pour transplaner. Restée seule, Narcissa inspira longuement pour se détendre. Elle n'avait pas aimé la lueur de surprise et de crainte dans l'œil de son mari.
Severus manqua de faire exploser la serrure avec son coup de baguette trop vif. Sa colère et son stress intensifiaient sa magie, et la pauvre porte déglinguée de la dernière maison de Spinner's End, trembla au retour de son propriétaire. S'engouffrant avec hâte, il la fit claquer, et une écharde s'échappa pour se ficher dans le paillasson. Snape ne vit jamais cette tentative de rébellion muette de la part du mobilier, trop occupé à jeter sa veste sur son portemanteau, et à se faire bouillir un café en vitesse.
Il se cogna à sa table basse, insulta son fauteuil préféré en réponse à la douleur, renversa de l'eau sur son plan de travail, et manqua de déchirer la page de la Gazette du Sorcier qu'il venait d'ouvrir au hasard. L'homme s'arrêta, fermant les yeux, cherchant à reprendre contenance. La baguette toujours fermement serrée dans la main, il se rendit compte qu'il tremblait légèrement. Sans doute le contrecoup de l'enchaînement de scènes et d'images qu'il venait d'encaisser. Il se rendit compte qu’il portait encore des vêtements Moldus, et agita le bout de bois pour changer ça.
Son cœur battait la chamade, malgré sa petite voix interne qui lui soufflait de se calmer, car, il était « trop parano et qu’il n’y avait aucune raison qu’un Mangemort vienne chez lui suite à cette histoire ». Snape grimaça, et versa en hâte son café avant de retourner s'asseoir dans son fauteuil.
« C'est parce que je suis parano que je suis encore en vie » Se murmura-t-il à la voix haute.
Sa conscience haussa les épaules, et s'apprêta à répliquer quelque chose, lorsque deux coups métalliques frappèrent à la porte pour l'interrompre. Les muscles de l'espion se contractèrent, en même temps que sa mâchoire, et pendant que son orgueil formulait la pensée victorieuse qu'il avait toujours raison, Severus se leva et alla ouvrir.
Devant lui, enserré dans son manteau long et élégant, Lucius Malefoy le regardait avec gravité.
« Bonjour Severus. Puis-je entrer ? »
L'espion ne répondit pas, se contentant de s'écarter, et de recomposer mentalement une attitude adéquate. Il était plutôt rare que le chef de la famille Malefoy se rende directement chez lui. De façon générale, il était rare qu'un Mangemort prenne la peine de le fréquenter. Étrangement, le fait d'avoir eu l'intuition que l'attaque allait influer sur ce fait rassura Severus sur ses compétences.
Lucius resta planté dans le salon, retirant lentement ses gants en balayant la pièce d'un regard amusé. C'était un endroit minuscule entièrement meublé de livres. Ce détail, cependant, était parfaitement compris de la part du blond. Il était probablement le seul Mangemort à aimer assez la lecture et le savoir pour comprendre une telle collection.
« Installe-toi, Lucius, l'invita l'espion. Thé, café ?
— Peu importe, je ne suis pas là pour ça. Est-ce que tu sais qu'il y a eu une attaque pas loin de chez toi ?
— Oui. »
Snape conjura un autre fauteuil et ordonna à sa vaisselle de préparer quelque chose à boire, il prit place lentement, le temps de créer une justification parfaite à cette connaissance.
« Je viens seulement de rentrer : j'étais à l'épicerie pour prendre du café, j'ai entendu les informations à la radio. »
L'attaque avait dû passablement ébranler l'aristocrate, car, contrairement à d'habitude, il ne fit aucun commentaire sur le fait que Snape continue de boire un café Moldu. Lucius se contenta de renifler de dédain pour la forme, avant de fixer l'espion avec insistance. Il ne dit rien, pendant une ou deux minutes, comme cherchant à jauger son interlocuteur.
« Lucius... Si tu as pris la peine de te déplacer, c'est que tu as déjà estimé que tu souhaitais me parler.
— Je t'interdis de...
— Je n'ai pas besoin d'user de Légilimancie pour savoir que tu hésites devant moi. Je te connais : même avec Narcissa tu fais de la rétention d'information.
— Soit. Le Seigneur des Ténèbres n'a jamais ordonné cette attaque. Du moins... Pas à ma connaissance.
— Ah. »
« Ah. » En effet. C'était une nouvelle passablement inquiétante. Lors de la précédente guerre, aucune opération n'était menée sans l'ordre — ou l'accord — explicite de Lord Voldemort. Le fait que des Mangemorts, sans le concours de Lucius qui plus est, se permettent une telle chose en pleine journée, était novateur. Pour le pas dire déroutant.
« ... Et comment as-tu eu l'information ?
— J'étais avec Scrimgeour. Oui, j'ai obtenu sa visite. Le gosse Weasley nous a interrompus pour le prévenir de l'attaque.
— Et qu'est-ce qui te fait croire que le Seigneur des Ténèbres ne l'a pas ordonné, sans te tenir informé, au juste ?
— Par les Moires, Severus ! Épargne-moi ton fiel, aucune mission ne nous est inconnue, tu le sais parfaitement !
— Qui te dit que moi je l'ignorais ?
— Le fait qu'elle ait eu lieu : cette attaque est stupide. »
Malgré lui, Severus esquissa un rictus appréciateur. Pas seulement pour le compliment, également pour le fait que le blond répugne au massacre gratuit. De tous, Snape et Malefoy étaient les Mangemorts les plus sobres. Le premier, car il trouvait le meurtre gratuit puéril, et le second, car il l'estimait vulgaire. L'un et l'autre avaient déjà tué des personnes avec un sang-froid remarquable, torturé avec beaucoup de raffinement cruel, mais aucun n’aimait les boucheries. Et la paix dans laquelle ils avaient vécu ces dernières années n'avait fait que renforcer cette mentalité. Après tout : Lucius était devenu père, et il semblait que plus le temps passait, plus il se refusait à prendre des risques.
« Et tu viens me rendre visite pour me complimenter, ou tu souhaitais autre chose de ma part ? rebondit Severus.
— D'une part je voulais confirmer mon intuition...
— Et d'autre part ? »
Lucius inspira, préférant gagner une miette de temps en buvant une gorgée de café, qui, à sa micro-expression, s'avéra être à son goût.
« Je pense que c'est Bellatrix qui a mené cette petite opération, répondit-il. Le meurtre de Moldus en masse, c'est son style.
— En pleine journée, c'est peu commun, et sans l'aval du Maître...
— C'est ÇA qui m'inquiète ! »
Le blond avait haussé le ton, et ses yeux gris acier avaient, le temps d'une fraction de seconde, exprimé de la peur mêlée à de l'indignation. Severus fronça les sourcils, ni lui ni Lucius n'avaient jamais trop aimé cette femme, mais jusqu'ici, le Mangemort faisait de remarquables efforts, eut égard au fait que Lestrange était sa belle-soeur. Mais depuis sa libération, il fallait reconnaître qu'elle était plus instable et difficile à suivre. Même pour un Malefoy, apparemment.
« Elle est très agitée, continua Lucius.
— C'est un euphémisme.
— Non, maintenant, elle est complètement...
— Folle ? Dangereuse ?
— Incontrôlable. Si elle se permet de passer outre le Seigneur des Ténèbres, c'est grave. Très grave. Severus, et si elle n'était plus capable d'attendre ?
— Attendre quoi ? De pouvoir tuer et torturer ? La guerre reprend, elle pourra...
— Non. Justement. La guerre ne reprend pas. »
Il fallut à Snape tout son self-control pour réprimer une posture interrogative. Et le fait de n'avoir aucune idée de ce que Malefoy voulait dire l'inquiéta grandement. Cette inattention était-elle liée à ses activités « extrascolaires » ?
« Ça doit te sembler étrange que je dise ça, poursuivit Lucius de façon salutaire. Mais Bellatrix se comporte comme ça, je crois à cause du Maître.
— Elle cherche encore son affection ?
— ... Non, NON ! Par Merlin, Severus, ce que tu dis n'a aucun sens ! Elle est folle, mais de là à croire qu'elle et Lui... Non ! Elle était de plus en plus intenable. Depuis qu'on a récupéré cette Prophétie, le Maître est... »
Lucius eut un pauvre sourire penaud. Il était évident qu'il avait conscience de jouer gros en parlant à Snape, son rival de toujours.
« J'ai peut-être tort de dire une telle chose à voix haute, mais...
— C'est exact, tu n'as pas à critiquer ouvertement le Maître, coupa Snape en déclenchant un mouvement de crainte de la part de son interlocuteur. Cependant, je crois qu'un serviteur avisé sait également qualifier les choses avec lucidité.
— Il est inactif. Et... Je ne le comprends plus. »
Severus, qui était passé maître dans l'art de la dissimulation, ne put s'empêcher d'inspirer longuement, pensif. Voldemort n'avait, en effet, plus rien à voir avec le leader qu'ils avaient connu avant sa précédente défaite. Et que Malefoy en soit gêné était...
« Je suis toujours fidèle à la Cause ! se précipita de répliquer l'aristocrate. Seulement, je ne comprends pas ce qu'il attend de nous. Il a voulu récupérer cette prophétie. Soit, nous l'avons fait. Et maintenant ? Et que dit-elle ? Et que compte-t-il faire ? »
En ça, Snape n'avait aucune réponse. La « Cause », comme l’appelait Lucius, était morte pour l'espion en même temps que Lily. Si tant est qu'elle ait jamais vécu. Snape n'avait aucun problème avec les Moldus. La seule chose qui ne supportait pas était effectivement la déliquescence de la Société Sorcière, et jeune, il pensait que seul Lord Voldemort cherchait à changer cela. Lucius, quant à lui, était très attaché aux valeurs fondamentales de son microcosme, et était, comme de nombreux Sorciers, particulièrement xénophobe. Il ne prônait pas nécessairement leur éradication, comme beaucoup de Mangemorts, mais simplement qu'ils soient mis à l'écart de leur société.
« Tu sais ce que la prophétie dit, Lucius. Que quelqu'un peut vaincre le Seigneur des Ténèbres, et il pense que c'est Potter...
— Je n'ai jamais cru à la divination, Severus, tu le sais bien. Mais depuis la nuit du 31 octobre... »
Jamais le blond n'avait abordé la question. C'était de la trahison, pure et simple. Pour que Malefoy s'ouvre autant, son inquiétude devait être grande. Celle de Severus monta encore d'un cran.
« J'ai Potter en classe de potions. Crois-moi, tant qu'il ne saura pas faire infuser du thé correctement, il ne risque pas d'être une menace.
— Et si... Et s'il ne l'était pas directement ? Et si c'était... Eh bien... À force d'être une obsession pour le Seigneur des Ténèbres, qu'il finissait par le pousser à s'autodétruire ? »
Même l'espion qu'il était ne put s'empêcher de garder grande la bouche ouverte, sans qu'aucun mot n'en sorte. Lucius le regardait en hochant la tête, comme pour lui dire « Je sais, je sais ! ». Et le blond se permit même de remuer la baguette pour faire sortir du placard une belle bouteille de Whisky qu'il avait offert à son hôte, pour le remercier d'une aide apportée à Draco. Avant même qu'il ne put répliquer, Severus avait en main un verre, en plein après-midi.
« Tu as peur que le Seigneur des Ténèbres ne soit plus capable de distinguer les priorités... ?
— Je ne suis de toute évidence pas le seul ! se défendit Lucius avec force. Cette attaque n'est pas seulement un divertissement : c'est aussi le début de la rébellion de Bellatrix. Je pense... Je pense qu'elle le trouve faible.
— Elle a toujours été la plus fanatique de nous tous, jamais elle n’émettrait une telle critique.
— Tu crois ? Je pense au contraire qu'elle pourrait presque penser que Potter a poussé le Seigneur des Ténèbres à nous « trahir ». Elle serait fichue de s'imaginer une telle chose.
— Hmm. Oui. Oui, c'est bien son genre. » Dû reconnaître à contrecœur Snape.
Severus sentait grandir en lui une inquiétude énorme : Bellatrix était bien plus difficile à contrer que Voldemort. Du moins, depuis son retour, il fallait l'admettre. Devoir gérer une « simili Seigneur des Ténèbres » en puissance n'était pas pour le rassurer.
« Je ne veux pas que l'on retombe dans la même psychose, Severus. La dernière fois, nous avons perdu la guerre inutilement parce qu'un marmot a vu sa maman se sacrifier pour lui. Et elle n'aurait pas eu à le faire si le Seigneur des Ténèbres n'avait pas décidé de s'occuper d'un bébé, D'UN BÉBÉ ! En priorité. Severus, les temps changent. Les guerres ne se gagnent plus par le bout de la baguette. Presque, nous aurions pu avoir Dumbledore et Potter, avec l'aval entier de la Communauté Sorcière s’Il ne s’était pas montré au... »
Malefoy se tut. Il était allé trop loin, il le savait. Et Snape sentit son angoisse monter d'un cran encore. Avoir une scission chez les Mangemorts aurait pu être intéressant si cela n'était pas pour les séparer en deux groupes plus difficiles à contrer encore : des bouchers livrés à eux-mêmes et des politiciens autrement plus dangereux. Qu'avait Lucius en tête au juste ?
« J'ai parfaitement compris ta position, Lucius. Tu as trop à perdre aujourd'hui, et tu désires toute autre chose. Et je te remercie pour ta confiance, ajouta l'espion en déclenchant un rougissement de honte chez le blond. Tu joues à un jeu très dangereux. Contrairement à toi, je n'ai rien, je pourrais très bien estimer qu'au contraire, ta position est une trahison, et qu'il est nécessaire d'appliquer à la lettre les ordres de...
— Mais, Severus, tu es quelqu’un de rationnel, tu dois bien te rendre compte que la situation ne peut plus…
— Nous allons ignorer ta dernière remarque, Lucius. Tes ambitions et tes craintes pourraient être très mal interprétées. »
Sirius posa la tasse de chocolat chaud fumant devant Jane, et après un regard vers la Moldue sonnée, il s'éclipsa prévenir l'Ordre. Restés seuls, Harry et elle gardaient le silence. Le jeune garçon se mâchouillait la lèvre pour contenir ses questions, les yeux alternants les mains tremblantes de la jeune femme, et son regard perdu qui fixait une saleté sur la table. Depuis que Snape l'avait déposée chez eux, elle ne bougeait plus. Sirius avait appliqué sur son front une sorte de potion épaisse, et lui avait fait le chocolat habituel en cas de choc.
Harry finit par rompre le silence, d'une voix timide :
« Est-ce que ça va aller, Professeur... ? »
Jane cilla, comme si elle ne comprenait pas à qui il s'adressait, et son regard vaseux redevint lucide en quelques secondes. Elle sembla puiser dans ses dernières forces morales pour lui répondre avec aplomb, celui-là même qu'utilisent tous les adultes pour rassurer les enfants :
« Oui, ne vous en faites pas Monsieur Potter, je suis juste un peu secouée. »
Un peu. La tasse manquait de déborder à force d'avoir les mains tremblantes. Harry fit une moue peinée, mais avant même qu'il ne puisse lui poser la moindre question, la sonnette tinta et on entendit Sirius passer de la bibliothèque à l'entrée. Différentes voix s'élevèrent dans le corridor. Harry reconnu la diction parfaite de McGonagall, la voix douce de Rémus, on entendit le bruit sourd d'un tibia se cognant à la porte, et un juron, signe que Tonks était là aussi. Un raclement leur fit comprendre que Maugrey venait d'arriver, et Harry se demanda si on allait encore le faire rater une réunion de l'Ordre. Lorsque les Weasley débarquèrent, le corridor résonnait de cette cacophonie de voix, et plus personne ne pouvait ignorer leur conciliabule.
« Potter est là ? demanda la voix bourrue de Fol’œil.
— Et est-ce que la...
— Chut. Oui, ils sont là tous les deux, coupa Sirius.
— Ah bon, mais elle aussi ? sembla être la voix de Molly
— Oui, Snape nous l'a déposée, un peu blessée.
— Mais qu'est-ce qui s'est passé ? s'inquiéta McGonagall.
— Harry ne peut pas rester, Sirius, tu sais bien qu'il n'a pas...
— Molly, merci de ton inquiétude, mais c'est maintenant à moi de décider.
— Black, est-ce que Dumbledore est prévenu ?
— Oui, évidemment, il arrive dès que...
— J'insiste, il est trop petit pour...
— Molly, c'est à son tuteur légal de décider, tu sais, intervint doucement Monsieur Weasley.
— Mais je trouve que...
— Dites, on ne pourrait pas faire ça dans la cuisine, plutôt ? J'pense qu'ils nous entendent parfaitement, et j'aimerais bien sortir d'ici, Maugrey a planté sa canne dans ma botte, ça commence à me faire mal. »
Harry pouffa de rire en imaginant Tonks n'osant rien dire à son mentor, et il reprit vite sa place. Pendant leur petite discussion, le garçon était collé à la porte de la cuisine. Jane n'avait toujours pas daigné s'animer. Mais, lorsque les sorciers déboulèrent en masse dans la pièce, jetant des regards réprobateurs à l'un et à l'autre, elle releva le nez de son mug, et soutint le regard de Maugrey. Le Gryffondor cilla en voyant la scène : que lui n'ait pas le droit d'être ici l'agaçait, mais il en connaissait les raisons, mais qu'ils semblent estimer que Smith ne soit pas à sa place était...
« Potter ne devrait pas assister à cette réunion. Effectivement. »
Sans un salut, sans autre forme de procès, Maugrey venait de se caler dans son coin habituel, et regardait d'un air entendu Sirius.
« Et pourquoi ça... ? s'agaça immédiatement son parrain.
— Parce qu'il y a des choses qu'il ne peut pas entendre.
— Oui, tout à fait, Maugrey a raison, il est trop petit et...
— Ça n'est pas une question d'âge ! tonna l'Auror. Il y a des secrets que nous nous devons de garder.
— Et tu suggères quoi ? Que je l'enferme dans sa chambre ? Harry est grand, il peut garder un secret, merde !
— Sirius, tu confonds encore Harry avec...
— « Mother do you think they'll drop the bomb ? » »
Le silence se fit, lorsque ce petit chant, entrecoupé de grésillements, et de notes de guitare les interrompit de façon incongrue. Les sorciers tirèrent leur baguette dans un geste de crainte unanime, comme des animaux apeurés devant une magie dangereuse.
« Mother should I trust the government ? »
Jane sursauta, le visage se décomposant, avant de s'ébrouer. Elle ouvrit son sac à main qu'elle avait gardé à ses pieds. La musique continuait d'en sortir, et sans même un regard en direction des Sorciers, tira son smartphone, et décrocha :
« Allô, maman ? Oui, t'en fais pas, je n'ai rien. Je suis en sécurité. Je n'ai rien.
— Ben merde... Tu parles d'un secret. » Souffla Harry choqué.
« Et je pense que les Anglais ne sont pas dupes : ils savent que cette union est nécessaire afin de redresser le pays et...
— Ah, excusez-nous Monsieur Lancer, mais nous venons d'avoir une information de la plus haute importance, SkyNews fait la priorité au direct, nous retrouvons immédiatement notre reporter sur place, proche du Hungerford Bridge. Nadia, vous nous recevez ?
— ... Oui... C'est difficile de vous entendre John... Ici, c'est une véritable scène de guerre... Une scène d'apocalypse qui se déroule en direct sur SkyNews... Il y a des cris, du sang, des explosions... C'est très compliqué de savoir ce qu'il se passe...
— Nadia ? Est-ce que vous avez des informations, déjà ? Que se passe-t-il ?
— ... Non, c'est... Il semblerait que cela soit une attaque... Le pont est ciblé... Il y a des centaines de familles qui sont prises au piège... On a vu des voitures exploser...
— Nadia ? Est-ce que l'on sait si c'est un attentat ?
— ... A l'heure actuelle, c'est difficile à dire... C'est le chaos... Une véritable scène de guerre... Je n'ai pas beaucoup d'informations...
— Nadia ? Est-ce que vous pouvez chercher à en savoir plus ?
— ... Oui... Je vais tenter de me rapprocher pour en savoir plus... Je vous recontacte.
— Hmm... Voilà, chers téléspectateurs, nous retrouverons bientôt notre reporter lorsque nous aurons davantage d'éléments, mais je rappelle qu'il y aurait une attaque en cours au Hungerford Bridge, il s'agirait — potentiellement, je dis bien possiblement — d'un attentat terroriste, peut-être de la branche radicale des indépendantistes irlandais, mais à ce stade, nous devons être prudents. Pour en parler, tout de suite, notre expert sur le plateau : Romain Petterson, Rédacteur en Chef du département sécurité pour SkyNews. Monsieur Petterson, dites-nous, que peut-on en conclure ?
— Alors, au vu des éléments, pas grand-chose, mais... »
Élisabeth s'arrêta dans son geste, son vaporisateur d'eau figé en l'air, les feuilles de son ibiscus tendues vers elle. Avait-elle bien entendu ? Elle s'approcha du poste, toujours son vaporisateur en main, et monta le son de la télévision. Sur le plateau télé, John Wolff interviewait son invité avec un calme incroyable, compte tenu de la situation. Tous deux conversaient comme s'il s'agissait d'un événement relativement banal, digne des gros titres, mais certainement pas d'une quelconque émotion de leur part. Si ce n'est la peur, peut-être.
Et la peur, Élisabeth commençait à la ressentir. Le Hungerford Bridge... C'était justement pas... ?
« COLIN !! appela-t-elle d'une voix inquiète. Est-ce que Jane et Severus ne devaient pas venir en voiture nous retrouver ?
— ... Si, il me semble, répliqua son compagnon depuis la cuisine. Tu ne vas pas commencer à t'inquiéter de l'heure, ils ont le droit de prendre leur temps... Tu... »
Mais il fut coupé par le bruit d'une énorme explosion et d'un grincement sinistre provenant du poste. Colin sortit de la cuisine d'un pas précipité et rejoint sa femme, figée dans le salon. Sur l'écran, l'image vacillait, comme pour une caméra à l'épaule, et on voyait les cheveux bruns d'une femme virevolter. Elle s'arrêta finalement de courir, et se retournant de trois-quarts, micro en main, commenta :
« ... Je... Le pont s'est effondré à des endroits... Il y a des morts... Beaucoup de morts... J'ai vu une... J'ai vu une petite fille tomber dans le vide... C'était, oh mon Dieu, c'est horrible !
— Heu... Nadia... ? Est-ce qu'on sait qui a fait ça... ? Nadia ?
— Il y a des ombres de partout, comme des fumées... On ne voit rien... Je ne crois pas que ça soit les indépendantistes, je... NON ! NON LAISSEZ-LE !! »
La caméra se coupa brutalement sur le regard terrifié de la jeune journaliste, avant que le micro intégré ne capte son propre hurlement. La chaîne retourna très vite en plateau, où le présentateur et l'expert semblaient gênés de cette séquence. Après un raclement de gorge, et une collaboratrice qui venait de passer glisser un mot dans l'oreille du présentateur, ce dernier sembla retrouver un semblant de contenance, et annonça presque rassuré :
« Information de dernière minute : le groupe « PW » des terroristes irlandais vient de revendiquer l'attentat. Nous attendons une réaction du Premier Ministre d'une minute à l'autre. »
Élisabeth lâcha son vaporisateur pour se précipiter sur son téléphone, et composa le seul numéro qui s'imposait. Une sonnerie. Une deuxième... La troisième commença à l'angoisser au plus haut point, lorsque que :
« Allô Maman ?
— MA CHÉRIE ! Tu vas bien ? Dis-moi que tu vas bien, je t'en prie !!
— Oui, ne t'en fais pas, je n'ai rien. Je suis en sécurité. Je n'ai rien.
— Tu as vu ce qui s'est passé ? Tu... Dis-moi, s'il te plaît !!
— Oui, j'ai vu, mais t'en fais pas, j'étais pas sur le pont. T'en fais pas, tout va bien.
— Et Severus ? Ça va aussi ?
— Mais oui ! T'en fais pas maman, Severus n'a rien non plus. Je... krrrrrk.
— Quoi ? Attends, j'entends mal. Il y a des parasites, t'es où ?
— Krrrk. En sécurité, tenta de rassurer Jane prise d'une peur panique. T'en fais pas maman, krrk. On a rebroussé chemin et tout, et on est chez des amis de Severus.
— Non, mais tu es où ? Tu veux que je vienne te chercher ?
— NON ! KrrrrK. Non, maman, s'il te plaît, fais-moi confiance, ça va. »
Colin s'était rapproché de sa femme en la voyant poser de telles questions, s'inquiétant à son tour. Élisabeth semblait à deux doigts de craquer, elle était blême et sa voix tremblait quand elle insista :
« Je... Jane, tu me caches quelque chose, j'aime pas ça.
— Oui, mais pas ma sécurité, je te promets. Je n'ai rien, et je ne risque rien. Maman, c'est compliqué pour moi de parler ici... Krrrk. L'un des amis de Severus a été touché indirectement par l'attaque...
— Mon Dieu ! Oui, je comprends. Je te rappellerai alors.
— Je risque de ne plus capter maman, tu sais que c'est compliqué...
— C'est pas normal, Jane, je sais que tu es grande, mais ça ne me plaît pas.
— Je sais, mais fais-moi confiance. J'te promets que si quelque chose de grave m'arrivait, je te le dirais. Je t'aime maman, bisou et merci de t'être inquiétée. »
Élisabeth releva les yeux vers Colin, hébétée, et peut-être plus confuse qu'avant son appel.
La cuisine était silencieuse. Tous avaient écouté l'échange avec une attention particulière, et Harry, qui avait fini par reprendre contenance, sentit une vague de peine l'étreindre quand il vit que la Moldue avait les yeux brillants de larmes. Molly Weasley faisait une moue profondément triste, et amorçait déjà un geste de réconfort en direction de Jane. Les autres étaient comme sonnés, à la fois par l’appel et par cette conversation délicate.
« Vous mentez presque aussi mal que Potter, mais vous avez bien fait. »
Les membres de l'Ordre du Phénix sursautèrent à l'arrivée silencieuse de Snape. Sirius allait s'étonner qu'il ait pu ouvrir lui-même la porte d'entrée, quand Dumbledore apparut derrière l'espion, avant d'entrer dans la pièce d'une démarche volontaire. Jane jeta un regard un peu perdu à l'un et à l'autre, avant d'esquiver un sourire rassuré en direction de l'homme en noir. Leurs regards se croisèrent, et l'ébauche de sourire mourut immédiatement sur son visage, et la Moldue se contenta d'abaisser la tête. Avant même qu'elle ne pût bredouiller une excuse pour le coup de téléphone, Dumbledore s'exprima d'une voix étonnamment douce :
« Vous n'avez pas à vous inquiéter, Miss Smith : je ne vous tiens pas rigueur de cet appel. Votre téléphone peut en effet marcher relativement bien dans les parages : après tout, c’est un quartier Moldus… C'était une chose à laquelle je n'avais pas pensé. »
Le silence qui s'étira par la suite était particulièrement éloquent. Jamais Albus n'admettait se tromper, ou pire : n'admettait ne pas avoir pensé à ce genre de choses. Mais hélas, il n'était pas confronté tous les jours à la question de la technologie Moldue, et il se rendit bien compte qu'il avait fait une grave erreur en oubliant ce « détail ».
« Par ailleurs, reprit-il. J'ai toute confiance en Harry pour tenir sa langue. Et toute confiance en Severus pour l'aider dans ce sens. »
Les deux susnommés s'observèrent un instant, l'aîné pour confirmer que cette phrase était aussi terrible qu'elle le présupposait, et le cadet pour tenir tête au premier, dans un vain espoir de lui dire silencieusement qu'il ne le craignait pas.
« Ouais, c'est bien beau. Mais on est en guerre, Albus. Est-ce qu'on ne devrait pas plutôt régler ça autrement ? intervint Maugrey après un raclement de gorge.
— Que voulez-vous dire, Alastor ? demanda Minerva.
— Une solution simple, et je pense ici que vous me comprenez, voire m'approuvez parfaitement : le sortilège d'oubliettes.
— QUOI ?!? »
De nombreuses voix s'étaient élevées : Harry, pour commencer. Sirius, ensuite, Molly, Minerva, Arthur... Mais ni Snape, ni Rémus ou Tonks, ni Jane ne dirent quoi que ce soit. Dumbledore invita d'un simple geste de la main l'Auror à poursuivre.
« Il ne s'agit pas d'un petit secret d'école, Albus. Nous parlons d'une information qui ne doit pas aller à l'ennemi. OU s'ébruiter dans les couloirs de Poudlard, en effet. Et après ce qui vient de se passer, il semble évident que le statuquo est brisé. La guerre reprend, nous n’avons donc plus le temps pour les leçons particulières entre deux verres de jus de citrouille.
— De quoi parlons-nous exactement ? demanda Sirius.
— Du fait qu'Harry sait que Jane est une Moldue, c'est ça ? intervint Tonks.
— C'est exact, gamine ! Et s'il faut intervenir auprès de ses parents, histoire d'éviter toutes questions futures, on interviendra aussi. Mais l'heure n'est pas à la confiance, je le répète.
— C'est la base de notre rassemblement, Alastor , rectifia doucement Dumbledore.
— Et ça n'a rien d'intéressant pour nos ennemis de savoir une telle chose ! ajouta Harry en se levant. Non, mais c'est vrai : j'dirai rien. Et même si ça filtrait, qu'est-ce que ça change ?
— Toujours à poser les questions les plus stupides, Potter, le changement de cadre ne vous réussit pas.
— Non, ne commencez pas, soupira la Moldue plaintive, en se tenant la tête, en proie à une migraine d'enfer. Ça change, Harry, qu'à moins que je n'ai rien compris à vos lois, il est strictement interdit d'inclure des Moldus dans le monde Sorcier sans l'aval du Ministère. Ça serait une trahison de la part de l'école.
— J'ai peine à vous le dire, Potter, mais en un an, elle a mieux appris ses leçons que vous... Mais est-ce surprenant avec un parrain comme...
— Severus, ce n'est pas le moment, coupa Sirius qui ne mordit pas à l'hameçon. Je n'aime pas cette idée, mais... » Reprit-il après un moment de réflexion.
Que Black ne refuse pas une seconde fois sembla choquer l’assistance, le jeune homme plus encore. Sirius se grattait la barbe d'un air soucieux, jetant tour à tour des regards à Harry, à Rémus et à Dumbledore.
« Qu'en pensez-vous ? lui demanda-t-il enfin.
— ... Je pense qu'Alastor soulève une solution, efficace. À laquelle je répugne, mais efficace.
— Mais... Monsieur le Directeur, avec beaucoup de travail et l'aide de Sna... Du Professeur Snape, on devrait pouvoir...
— Potter, vous progressez, ça me peine de l’admettre. Mais si on pouvait éviter la destitution d'Albus à son poste, ainsi que son possible enfermement en prison — sans parler des conséquences pour Smith — si on pouvait éviter ça, je pense qu'on est tous d'accord pour mettre en œuvre les moyens pour ce faire.
— Je le suis, en tout cas, murmura Jane. J'parle pas pour vous condamner Harry. Je donne mon accord pour ma mère et son compagnon, aussi. Je préfère ça plutôt que...
— Mais... C'est injuste, c'est arbitraire, c'est dur ! protesta Harry. Vous leur enlevez une partie de leur mémoire, c'est brutal !
— La guerre EST brutale, Monsieur Potter, lui répliqua la jeune femme avec une rare froideur. Et pas seulement pour les Sorciers. »
Il y eut consensus. Et Harry, à contrecœur, finit par se plier à l'exercice. Ce fut Dumbledore en personne qui s'en chargea. Et le jeune homme fut amené dans sa chambre, avec la promesse que la discussion de son adhésion aurait lieu. La suite de la réunion s'orienta sur les informations inquiétantes récupérées par Severus. L'Ordre n'aima pas apprendre qu'une scission était en cours chez les Mangemorts, et qu'elle risquait de provoquer la répétition de ce genre d'attaques.
Pendant que Dumbledore et Maugrey discutaient des différentes possibilités d'actions pour surveiller et limiter ce genre d'opération, Severus posa délicatement sa main sur l'épaule de Jane et se pencha discrètement pour lui murmurer : « Je me chargerai moi-même d'Élisabeth et Colin, ne vous en faites pas. »