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13 février 1947 / 17 septembre 2022

13 février 1947 / 17 septembre 2022

Publié le 18 sept. 2022 Mis à jour le 21 sept. 2022 Culture
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13 février 1947 / 17 septembre 2022

Avant propos:

Peler les pommes et/ou traduire. Je n'aime pas les gens. Le secret, c'est que je m'aime encore moins. Et la semaine dernière, j'avais même du mal à aimer quoi que ce soit d'autre que fuir. Puis, un fil de pêche envoyé il y a quelques mois a bougé soudainement. Quelqu'un, aussi fasciné que moi par le JODW (Journals of Denton Welch) m'a lancé un fil à son tour. Et ce fil est probablement le premier d'autres. Il m'a proposé de choisir une entrée du journal et de la traduire ensemble et séparément. Lui en grec de son côté, et moi en français du mien. Le calendrier que ce petit exercice a nécessité est très intéressant. Lui aussi révèle le début de quelque chose, voire de plusieurs. En attendant, voici le lien de sa traduction:

https://dentonwelchjournals.blogspot.com/2022/09/13-1947.html

Puis ma traduction, enjoy!

 

13 February, 11.20 a.m.

A few days ago I had a letter, and when I opened it, I found it was from Rose Macaulay, and she had bought my "Coffin House" picture With the rabbits in front.[1] I was very delighted and surprised and wrote back at once. Yesterday I had another letter describing very acutely the spirit that I had wanted my picture to have.

“l find the picture more and more fascinating," she writes, "as I knew Ishould when I failed to resist it at the Leicester. The detail is so exquisitely mortal and corrupt, the robin singing against it with such brave, larger-than-life protest. I especially Iike the blind white hare pawing the toadstool; and the clawing tree-trunks, like dendrofied ghosts or dragons reaching for theirprey. Your penwork is so beautifully precise and strong; and all the colour so good."

Then later: “ The picture almost smells of fungus and a damp wood; Iknow the smell so well." And later still: "There is some poem of de la Mare's about a wood, that your picture suggests to me. It seems to me unusual to be able to do two things so well as you do, writing and picture-making." At the end: "Anyhow, thank you very much for the Coffin House, and the pleasure and interest it gives me; it is precise yet ghostly, like an Odd and beautiful and frightening dream. You really must come and see it when you can.

Yours sincerely,

Rose Macaulay."

I sold the other little woman-faced bird picture too, but I don't yet know who has bought it.

The bitter weather, the snow and ice, never disappear. If there is a thaw, it freezes all the more afterwards to make up for it. All the bathroom taps and plugs are frozen now, in spite of our having the electric fire on all night. And now with the electricity cuts, we have no current between nine and twelve, two and four. Eric is sawing wood in the snow. Evie is bumbling about in the kitchen, waiting for the current to go on so that she can cook lunch. My hands are so cold I can't write smoothly or easily.

Joan Waymark, who used to be at the Art School and whom I haven't seen since 1940, came to tea the other day. Her New Zealand husband has bought a dentist's practice in Tonbridge, and is making money "hand over fist" as she puts it gaily. She has a little boy of five, who is still naughty about wetting the bed, and they are going to buy a new Riley car for £800 at the end of the year. But it was not nearly as bad as I have made it sound. Joan was gay and flighty and good-natured, just as I knew her, and we talked of the time when several of us rented a house at Brixham for the summer (we were none of us over twenty) and of all the little things that happened.

Joan's hair has gone prematurely grey in front — she can only be thirty-one — and she is plumper, but these things don 't prevent her from looking young and bouncing still; in fact, the grey coxcomb in front I first mistook for one of those blondy wigs that some women favour.

It was strange to have Joan here. W hen we were very young we saw so much of each other. She was always driving down. Then we would go to the coast or to Windsor or to some other castle, mansion or ruin. We would sometimes take food, sometimes search greedily for the tastiest-looking tea- shop or café. She was always good-natured and gay, so that one forgave her for anything else she lacked. Eric said she seemed silly. Perhaps it is that very birdlike quality I found so easy.

Silly but shrewd, flighty but sane, conventional but unjudging and not to be horrified. There is the mimic in her too — not the professional mimic who embarrasses with too much acting, but the slight imperfect mimic who just, in a fit of levity, lifts a shoulder, twists a lip, tries to produce an accent, so makes one laugh at the sheer grotesqueness of mimicry and mimicked.

 

[1] Reproduced in A Last Sheaf.

17 septembre 2022, 7h14

Il y a quelques jours j’ai reçu une lettre. Et quand je l’ai ouvert, j’ai vu qu’elle était de Rose Macaulay et qu’elle avait acheté ma peinture « Maison Cercueil » avec les lapins devant. J’étais enchanté et surpris et je lui ai répondu dans la foulée. Hier j’ai reçu une autre lettre décrivant si précisément l’esprit que j’avais voulu que ma peinture ait.

"Je trouve la peinture de plus en plus fascinante », écrit-elle, « tout comme je pensais que ça arriverait quand je n’ai pu lui résister au Leicester. Les détails sont si exquisément mortels et corrompus, le rouge-gorge chantant en contrepoint pour témoignage si brave, plus grand la vie elle-même. J’aime particulièrement le lièvre aveugle tapotant de la patte le champignon vénéneux. Et les troncs d’arbres griffants, tel des fantômes ou des dragons arbrifiés recherchant leurs proies. Votre travail au pinceau est si merveilleusement précis et fort. Et les couleurs si justes. »

Puis plus loin: “La peinture sent presque le champignon et le bois humide. Je connais si bien cette odeur. » Et toujours plus loin :  « Il y a un poème de de la Mare à propos d’un bois que votre peinture me suggère. Ca me semble improbable de faire aussi bien que vous deux choses, écrire et produire des images. » Pour finir :  « Quoi qu’il en soit, merci beaucoup pour cette Maison Cercueil, pour le plaisir et l’intérêt qu’elle me suscite. Elle est tout à la fois évanescente et précise, comme un cauchemar étrange et merveilleux à la fois. Vous devez vraiment venir la voir dès que vous pourrez.

Sincèrement vôtre,

Rose Macaulay."

J’ai vendu l’autre peinture avec l’oiseau à visage de femme aussi, mais je ne sais pas encore qui l’a acheté.

Le temps glacial, la neige et la glace, ne disparaissent jamais. S’il y a un dégel, ça gèle d’autant plus fort pour le recouvrir. Tous les robinets et les bondes de la salle de bains sont gelés maintenant, en dépit du radiateur électrique que nous avons laissé marcher toute la nuit. Et en plus les coupures d’électricité, nous n’avons plus de courant entre neuf et douze, deux et quatre. Eric découpe du bois dans la neige. Evie bourdonne dans la cuisine, attendant que le courant revienne pour qu’elle puisse cuisiner le déjeuner. Mes mains sont si froides que je ne peux écrire avec fluidité ou sans à-coups.

Joan Waymark, qui était à la Art School et que je n’avais pas vu depuis 1940, est venue prendre le thé l’autre jour. Son néo-zélandais de mari s’est acheté un cabinet de dentiste à Tonbridge, et il fait de l’argent « à tour de bras » comme elle l’exprime si gaiment. Elle a un petit garçon de cinq ou six ans qui ose encore mouiller son lit, et ils vont s’acheter une nouvelle Riley pour 8OO livres à la fin de l’année. Mais ce n’était pas aussi terrible que je le fais résonner en l’écrivant. Joan était gaie et légère et généreuse, comme je l’avais toujours connue, et nous avons parlé de cette fois où plusieurs d’entre nous avions loué une maison à Brixham pour l’été (aucun de nous n’avait plus de vingt ans) et de toutes les petites choses qui sont arrivées.

Les cheveux de Joan se sont prématurément grisés sur le devant—elle ne doit pas avoir trente-et-un ans—et elle est grassouillette, mais tout cela ne l’empêche pas de paraître encore jeune et impertinente. En fait la crête grise en face de moi s’est fourvoyée une fois pour une de ces perruques blondes qui ont les faveurs de quelques femmes.

C’était étrange d’avoir Joan à la maison. Quand nous étions très jeune on pouvait tellement voir à travers l’un l’autre. Elle tempérait toujours. Puis nous allions sur la côte ou voir tel autre château, grande maison ou ruine. Parfois nous prenions de la nourriture, et parfois nous recherchions goulument le salon de thé ou café qui avait l’apparence la plus appétissante. Elle était toujours généreuse et gaie, de sorte qu’on lui pardonnait quoi que ce soit d’autre qui lui ait manqué. Eric a dit qu’elle avait l’air idiote. Peut être est-ce cette qualité toute volatile que je trouve si apaisante.

Idiote mais rusée, légère mais sensé, conventionnelle mais pas jugeante et inneffrayable. Il y a cette mimique en elle aussi – pas la mimique professionnelle qui embarrasse par trop de « je », mais la légère et imparfaite mimique qui, dans une mesure parfaite de légèreté, fait se relever une épaule, rouler une lèvre, produire un accent de sorte qu’on ne peut que rire au grotesque de la mimiquerie et du mimiqué.

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