Le corps de mon père
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Le corps de mon père
Et un jour son souffle ne s’est plus échappé de ses lèvres fines. Ce souffle chaud de vie qui me caressait le visage à son approche ou la peau de ma joue lorsqu’il posait un baiser sur ma joue. Je lui tenais la main encore et le relâchement de ses doigts m’a fait soudain frémir. Cette vie écoulée brusquement, dans le vide du temps et de l’espace. Ses yeux encore ouverts, dont j’ai pris soin, main tremblante, de refermer les paupières pour l’éternité. Mais comment peut-on parler d’éternité alors que ce corps encore chaud, sera tiède puis froid comme de la pierre sans soleil, alors que le sang ne s’écoulera plus jamais dans les veines bleues, que les organes ne serviront plus et que l’odeur de pourriture fera place à l’odeur de la vie et du sang chaud, alors que le cœur a cessé ses battements réguliers qui permettent les belles émotions humaines, l’amour comme la peine… ?
Il ne m’a jamais dit Je t’aime. Moi non plus. Le savait-il que je
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