Chapitre46: La faille médiatique.

Le serveur revint avec l’addition, un regard prudent jeté à la table encore tendue. Personne ne parlait vraiment. Marbella reprit la parole avec autorité, le ton posé mais ferme :

— « Écoutez… cette soirée est partie dans tous les sens. On va se calmer. On rentre, chacun chez soi. Et on verra demain, ok ? »

Aminata et Badou hochèrent la tête, reconnaissants du mot de la fin. Amélisse, elle, gardait les yeux rivés sur son collier désormais entre les mains de Yoann, qui le tenait du bout des doigts comme s’il s’agissait d’un artefact dangereux.

Yoann finit par lui tendre, sans dire un mot. Elle le récupéra, les doigts tremblants. Il baissa les yeux. La colère était retombée, mais le doute, lui, ne s’était pas dissipé.

Quelques minutes plus tard, tous sortirent du restaurant, chacun dans sa bulle, le cœur encore battant.

Quelques jours plus tard…

Un écran de télévision allumé dans la salle d’attente d’un cabinet médical à Guéret, dans la Creuse. L’inspecteur Martin y attendait son rendez-vous de contrôle de routine. Volume faible, ambiance calme.

Le présentateur, sérieux :

« Le présentateur, d'un ton sérieux : Nous interrompons nos programmes pour une édition spéciale sur notre chaîne. Une vidéo anonyme, reçue par France 24, relance l'enquête sur la mort de Félicia L, il y a un an dans un gîte du centre de la France... ».

L’inspecteur blêmit.

Il sortit aussitôt ses écouteurs et ouvrit le direct sur son téléphone, le son à fond.

Les images défilèrent. Le salon du logis. La cheminée. La chute.

Le moment exact.

Un appel entrant.

« Commissaire Vinci ? Oui, j’ai vu. On ouvre une procédure. Convocation immédiate de tous les participants du stage. Je commence par Marbella et Aminata. »

Il raccroche, mâchoire serrée.

— « Merde… Carl. »

Déjà une dizaine de notifications. Il savait que cette fois, le groupe n’aurait plus d’échappatoire.

Il soupira, le front contre la vitre.

« Carl veut que ça devienne public. Ok. Mais cette fois, ce sera moi qui mènera la danse. »

Quelques heures plus tard

Aéroport de Limoges – Tarmac.

(après une escale depuis Roissy)

Cyril descendit les marches de l’avion régional, les poumons emplis de l’air vif du Limousin. Le contraste avec Tokyo était brutal.

Il venait d’atterrir à Limoges après une escale à Roissy. Il n’avait averti personne, sauf Amélisse.

Il activa son téléphone.

Chargement des données…

Notifications :

• 10 messages non lus

• 2 appels manqués d’Amélisse

• 1 lien partagé par Badou

Il ouvrit l’article : Cyril resta figé, valise à la main.

« VIDÉO CHOC : Nous venons d’apprendre une nouvelle bouleversante concernant le décès de Félicia L, survenu il y a un an dans un gîte bien connu du centre de la France.

Jusqu’ici, aucun suspect n’avait été officiellement déclaré dans cette affaire, mais celle-ci est aujourd’hui remise en question.

Une vidéo anonyme, transmise à France 24, dévoile des images troublantes du moment de sa chute. Une enquête officielle vient d’être rouverte."

Akihio:

— « Allô ? Tu es bien arrivé ? »

— « Oui. Et apparemment, pile au mauvais moment… »

— « La vidéo ? »

— « Elle est diffusée sur France 24. Tout le monde va savoir maintenant, et Carl veut me forcer à rentrer dans la lumière. »

— « Alors fais-le, et tu sais ce qu’il te reste à faire.

Reprends le contrôle avant qu’on te l’arrache, mais à ta façon, et rappelle-toi : tu n’es plus seul. »

— « Merci Akihio. Je t’appelle plus tard.»

À l’extérieur, la Fiat 500 verte d’Amélisse freina sur le parking de l’aéroport. Elle descendit et lui fit signe.

Il s’approcha.

Ils se regardèrent, sans mot.

Un baiser bref. Un sourire forcé.

Puis elle baissa le son de la radio et murmura, en ouvrant la portière passager :

— « On y va ? »

Cyril hocha la tête.

Le retour n’avait jamais été aussi concret.

Image Canva

Écrit le 29 mai 2025

Barbara Wonder