Chapitre 29 : L’Œil Caché

Le soleil d’hiver jouait à cache-cache avec les nuages, projetant par intermittence des éclats de lumière sur la neige immaculée. Carl, dissimulé derrière la fenêtre du salon, observait chaque mouvement du groupe à l’intérieur.

La lumière dans la pièce révélait les visages tendus des participants. Marbella donnait des instructions rapides pour organiser la dissimulation du corps, tandis que Cyril, encore sous le choc, restait figé près de sa mère.

Carl, immobile, tenait son téléphone à hauteur de poitrine, filmant la scène avec une précision quasi professionnelle. Il zooma doucement sur Cyril, son regard s’arrêtant sur les expressions bouleversées des autres.

Un sourire mince se dessina sur ses lèvres.

— « C’est parfait… absolument parfait. »

Il murmura ces mots pour lui-même, savourant la tournure des événements. La neige scintillait autour de lui, et un rayon de soleil traversa les nuages pour frapper la fenêtre, illuminant brièvement son visage avant qu’il ne recule pour rester invisible.

Il arrêta l’enregistrement et se redressa légèrement, son dos appuyé contre le mur en pierre.

— « Pauvre Felicia… Je savais que ces révélations allaient mal tourner. Mais je ne m’attendais pas à un spectacle aussi grandiose. »

Il ouvrit la galerie de son téléphone pour visionner la vidéo. Le son était clair, les échanges de voix et les gestes nerveux du groupe capturés dans toute leur intensité.

— « Regardez-les, pensa-t-il. Si convaincus qu’ils peuvent échapper à leur passé. Si sûrs que ce pacte les sauvera. »

Il fit défiler les visages des participants sur l’écran : Cyril à genoux, Marbella dirigeant le groupe, Yoann manipulant le corps tremblant, Amélisse et Aminata en larmes, et Badou, immobile, le visage figé.

— « Vous croyez vraiment que je suis parti ? » murmura-t-il avec un rire étouffé.

En rangeant son téléphone, Carl fixa la maison d’un air pensif. Ses pensées s’emballaient, chaque scénario prenant forme dans son esprit.

— « Maintenant, quelle option choisir ? »

Option 1 : Faire exploser leurs vies.

— « Je pourrais envoyer cette vidéo à leurs chers parents. Bradley, Mathieu, Chiara… Imaginez leurs réactions en découvrant que leurs enfants répètent leurs erreurs. Ça serait… savoureux. »

Option 2 : Semer le chaos dans le groupe.

— « Une copie pour chacun d’eux ? Juste assez pour que le doute s’installe. Ils s’accuseraient, se retourneraient les uns contre les autres… Ça pourrait être encore plus amusant. »

Option 3 : Chantage direct.

— « Ou alors, je garde cette vidéo comme une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Avec ça, ils feront tout ce que je veux. »

Il éclata d’un rire sec, savourant chaque possibilité. Le froid mordant sur son visage ne semblait pas l’affecter.

— « Ah, la neige, le soleil… Un décor parfait pour ce petit drame familial. »

Carl jeta un dernier regard à l’intérieur de la maison. Marbella et Yoann discutaient en aparté, leurs expressions graves, tandis qu’Amélisse tentait de réconforter Cyril.

— « Vous avez scellé votre pacte. Vous croyez que c’est fini ? Oh non, mes chers. Ce n’est que le début. »

En contournant la maison, il passa près de sa vieille voiture garée à l’abri d’un bosquet. Il posa une main sur le toit enneigé, le regard fixé sur la propriété.

— « Le jeu est loin d’être terminé. »

Avant de monter dans son véhicule, il sortit son téléphone et ouvrit l’application de messagerie. Il hésita un instant, son pouce flottant au-dessus du bouton « envoyer ».

— « À qui montrer la vérité en premier ? Bradley… Mathieu… ou peut-être directement à Cyril et ses amis ? »

Un sourire étira ses lèvres.

— « Peu importe. Ils n’échapperont pas à leurs origines. »

Il remit son téléphone dans sa poche et s’installa derrière le volant, démarrant lentement. Le bruit du moteur se perdit dans le silence apaisant de la matinée enneigée.

Dans la maison, le groupe continuait de débattre, inconscient du regard pesant de Carl qui s’était éloigné. Marbella, debout près de la cheminée, regarda brièvement par la fenêtre. Le paysage semblait paisible, presque irréel sous la lumière douce du soleil d’hiver.

Mais une sensation d’inconfort ne la quittait pas.

— « Et si Carl n’était pas parti ? » murmura-t-elle pour elle-même, le regard perdu dans le lointain.

Yoann posa une main sur son épaule.

— « Marbella… Ça va ? »

Elle hocha la tête, mais son esprit restait en alerte. Elle ignorait que Carl, armé de sa vidéo, préparait déjà son prochain coup.