Pourquoi les Japonais ne parlent-ils pas bien anglais ?
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Pourquoi les Japonais ne parlent-ils pas bien anglais ?
Si vous avez déjà voyagé au Japon, vous avez pu remarquer que beaucoup de Japonais ne parlent pas très bien anglais. Entre leur système éducatif et leur langue maternelle, les Japonais ne sont pas vraiment avantagés. Mais décryptons tout cela plus en détail.
Un système éducatif peu créatif
Au Japon, les évaluations sont très souvent des QCM. Dans le cadre d’une langue, cela signifie que l’expression libre est peu encouragée. Les questions porteront plutôt sur la connaissance des formes give, gave, given que sur la capacité à former des phrases avec ce verbe.
Les étudiants apprennent donc généralement une langue comme un catalogue de vocabulaire et de grammaire pour avoir de bonnes notes aux tests. S’il existe des cours de conversation, ils restent basiques et marginaux dans la scolarité obligatoire.
D’autre part, hors du cadre de l’école, les Japonais sont très peu exposés à l’anglais. Ils ont souvent leurs propres outils conçus spécialement pour le Japon (comme la messagerie Line) et à l’exception de quelques secteurs, le monde du travail communique en japonais. Connaître l’anglais n’est donc pas vraiment un avantage déterminant sur un CV.
Pour qu’un Japonais apprenne l’anglais, il faut qu’il ait un réel intérêt personnel pour les langues et décide soit de s’y intéresser en autodidacte, à l’université ou dans une école privée.
Le conditionnement de la langue maternelle
De base, les Japonais ne sont pas vraiment encouragés à apprendre des langues étrangères, mais il ne faut pas non plus oublier l’importance de sa propre langue maternelle. Elle conditionne notre oreille, les sons que l’on reconnaît ou non et notre prononciation.
Le japonais possède des sons plutôt limités :
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5 sons voyelles (a, i, u, e, o)
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15 sons consonnes (k, g, s, z, t, d, n, h, b, p, m, y, r, w, n)
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quelques variations
Et surtout, une consonne est (presque) toujours suivie par une voyelle. “K” seul n’existe pas, ce sera toujours ka, ki, ku, ke ou ko. Cela signifie que pour les Japonais, prononcer n’importe quel mot avec deux consonnes qui se suivent est un défi.
Si vous avez étudié l’anglais, vous vous rappelez sûrement de ce fameux “th” qui ne se prononce ni “se” ni “ze” et qui demande une position bien spéciale de la langue. On a tous eu du mal à bien le dire et beaucoup ont même totalement renoncé. Eh bien imaginez maintenant que pour les Japonais, cette difficulté de prononciation est présente presque à chaque mot.
Bien prononcer l’anglais est, de base, bien plus dur pour un Japonais que pour un Français et beaucoup choisissent de garder “l’accent japonais” tout comme nous avons notre “accent français” en anglais.
Et puis, il ne faut pas oublier d’ajouter à cela que la grammaire japonaise est aussi TRÈS DIFFÉRENTE de l’anglais !
Mais en fait, les Japonais sont-ils vraiment mauvais en langues étrangères ?
De manière générale, c’est vrai que beaucoup de Japonais ne sont pas très bons en anglais ou n’aiment pas parler anglais parce qu’ils ne sont pas à l’aise.
Pourtant, lorsqu’ils se lancent, j’ai toujours rencontré des gens qui parlaient extrêmement bien ! Notamment grâce à leur culture scolaire rigoureuse, ils n’ont pas peur d’apprendre par cœur les conjugaisons, les exceptions et de travailler dur pour bien parler. Au final, les Japonais avec qui j’ai échangé en anglais ou même en français parlent souvent mieux les langues étrangères que les Français, tout simplement parce qu’ils s'appliquent vraiment.
Sur un site d’échange linguistique, j’ai rencontré un Japonais apprenant le français qui prévoyait de faire des études en Suisse allemande. Quand je lui ai demandé s’il parlait allemand, il m’a répondu “Non, mais comme je parle déjà néerlandais, je devrais apprendre assez vite l’allemand.” Il se trouve qu’il parlait déjà japonais, anglais, français, néerlandais, mandarin et qu’il étudiait le droit international.
La conclusion de toute cette histoire ? Les Japonais ne sont pas intrinsèquement mauvais en langues étrangères et quand ils se lancent, ils parlent même très bien. Mais entre le pays presque unilingue et les difficultés linguistiques, ils n’ont tout simplement qu’un intérêt restreint pour l’anglais. Un peu comme nous en cours de math quand on se dit “Mais je ne vais jamais utiliser ça dans la vie !” et qu’on oublie dès qu’on a quitté l’école.