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Comment le théâtre nô a failli disparaitre

Comment le théâtre nô a failli disparaitre

Publié le 7 mars 2021 Mis à jour le 7 mars 2021 Curiosités
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Comment le théâtre nô a failli disparaitre

Comme de nombreux éléments contemporains de la culture japonaise, le théâtre nô est intimement lié à la religion shinto. Aujourd'hui connus même en dehors du Japon, ces spectacles ont pourtant bien failli disparaître au XIXe siècle ! 

 

Les origines du théâtre nô

Cet art dramatique a eu une longue évolution. Déjà au VIIIe siècle, le Japon célébrait la nature et rendait hommage à ses divinités par des danses et des spectacles. Au départ plutôt campagnardes, ces performances se sont de plus en plus orientées vers l'esthétique. Les représentations n’étaient plus uniquement destinées aux kami, les divinités du shintoïsme, mais aussi aux êtres humains. La noblesse était particulièrement friande de ces spectacles et ils se sont ainsi progressivement défaits de leur aura religieuse. On les appelait alors dengaku.

En 1350, le sarugaku (littéralement “musique de singe”) fait son entrée au Japon. Il s’agit de spectacles de foire en tout genre qui mêlent danse, musique, acrobatie et théâtre. Ces nouvelles formes d’art plus libres rencontrent un grand succès populaire. On retrouve des troupes de sarugaku dans de nombreux festivals religieux.

Les deux formes de théâtre ont donc chacune leur public respectif et ne se mélangent pas réellement. Mais en 1374, l’acteur Kan’ami a l’idée de combiner l’esthétique du dengaku avec la vitalité du sarugaku. Il s’affranchit des dernières contraintes religieuses pour proposer un spectacle avant tout basé sur l’art dramatique. Le succès est immédiat et le shogun (chef militaire) accueille Kan’ami et son fils Zeami à sa cour. Ils peuvent ainsi librement développer leur art : c’est la naissance du théâtre nô que nous connaissons aujourd’hui.

Le genre est resté très lié à la cour du shogun. Au fil des siècles, le peuple s’est désintéressé de cet art devenu trop raffiné. Avec la restauration Meiji au XIXe siècle et la fin du système féodal, le nô a bien failli disparaître. Les seigneurs qui étaient aussi mécènes n’existant plus, les acteurs ont dû trouver un autre gagne-pain. Seuls quelques passionnés ont perpétué la tradition tant bien que mal. C’est finalement la maison impériale qui y a reconnu une forme théâtrale typiquement japonaise devant être préservée. Aujourd’hui encore, les visiteurs diplomatiques sont régulièrement conviés à des représentations de nô, théâtre à la fois noble et représentatif du Japon.

 

Les particularités du théâtre nô

Les masques du nô

Cet art dramatique est notamment célèbre pour ses masques. Portés généralement par l’acteur principal, ils représentent toutes sortes de personnages, du jeune enfant au démon vengeur. À noter que comme dans le théâtre kabuki, seuls les hommes peuvent se produire sur scène. Plus petits qu’un visage d’adulte, les masques du nô diminuent grandement la vision. Les acteurs peuvent ainsi être pleinement concentrés sur leur rôle et s’en imprégner. 

Les masques du nô sont toujours fabriqués avec un grand soin. Ils captent la lumière de différente manière selon leur orientation et permettent ainsi de faire varier les émotions. Pour le comédien, une part importante de la préparation d’une pièce consiste à observer le masque pour se familiariser avec les différentes expressions.


Les arts du nô

Les acteurs reçoivent une formation complète : chant, danse, musique, diction, gestuelle… tout est pensé dans le théâtre nô. Le comédien principal est toujours accompagné par des musiciens et des chœurs qui viennent rythmer le spectacle. Les pièces sont souvent des dialogues où le personnage principal subit un changement. Il peut s’agir de s’élever à un statut divin, de se changer en démon ou plus simplement d’une transformation morale. Le personnage secondaire est là pour poser des questions et permettre ainsi au héros de s’exprimer, par la parole ou par la danse.

La musique du nô est surtout rythmique et les danses accordent une place particulière à la frappe des pieds sur le bois de la scène. Chaque geste se doit d’être précis et s’inscrit dans ce que les Japonais appellent le yūgen, c'est-à-dire l’expression de la beauté profonde du monde.

L'agencement de la scène

Toutes les scènes de nô sont conçues selon le même schéma. Traditionnellement, les théâtres accueillant du nô étaient situés en extérieur. On retrouve donc des pierres blanches tout autour qui servaient à refléter la lumière du soleil sur les acteurs. Une peinture de pin est toujours présente sur la paroi du fond et sert d’unique décor. 

Le chemin couvert sur la gauche sert à l’arrivée des acteurs. 3 petits pins de taille croissante y sont disposés : ils recréent ainsi une perspective et donnent le sentiment que le personnage arrive de loin.

Sous la scène, des gros pots de céramique sont disposés et orientés de manière à amplifier les bruits des pas de danse de l’acteur principal.

Sur le côté et au fond de la scène, les musiciens et chanteurs prennent place. La vision d’un acteur de nô étant très réduite par son masque, il se fie généralement à sa connaissance de la scène. En tout temps, il sait combien de pas faire pour placer correctement son personnage sur scène. On estime qu’il y a actuellement 1’500 professionnels du nô au Japon.

Aujourd’hui, le nô est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Moins populaire que le théâtre kabuki, il est tout de même bien ancré dans le paysage culturel japonais et même au-delà. Bertolt Brecht a par exemple adapté une pièce de nô dans son oeuvre Der Ja-sager  et les pièces plus modernes de Yukio Mishima sont régulièrement adaptées en Europe.


Photo de couverture : Roger Walch

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