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Histoire du Japon : le Moyen Âge

Histoire du Japon : le Moyen Âge

Publié le 6 déc. 2020 Mis à jour le 6 déc. 2020 Culture
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Histoire du Japon : le Moyen Âge

Dans la première partie, nous avons exploré ensemble la préhistoire et l'antiquité du Japon. Il est temps de s'intéresser au Moyen Âge japonais, une période riche en guerres et en intrigues politiques.

Petit rappel : la cour impériale était installée à Heian (actuelle Kyoto) et se complaisait dans le luxe pendant que le peuple était livré à lui-même. Les seigneurs locaux en profitèrent pour gagner en puissance jusqu'à s'affronter dans des guerres intestines. Après la guerre de Genpei en 1185, Minamoto no Yoritomo triomphe et reçoit le titre de Shogun de la part de l'empereur. Ce titre lui donne le pouvoir militaire et il règne alors sur le Japon depuis la ville de Kamakura. Ce type de gouvernance est appelé shogunat ou bakufu.

Représentation du shogun Minamoto no Yoritomo

Époque de Kamakura (1185 à 1333)

Si les shoguns dirigent officiellement au nom de l'empereur, dans les faits, ils s'approprient rapidement la toute-puissance. Le premier shogun est donc Minamoto no Yoritomo qui décède en 1199. Sa femme, Hojo Masako, nomme officiellement son fils aîné shogun, mais elle garde officieusement le pouvoir. Durant ce règne, plusieurs complots visant à renverser le gouvernement shogunal surviennent, mais elle n'hésite pas à tuer dans l’œuf toute rébellion, allant jusqu'à faire assassiner son propre fils qui fréquentait un clan "ennemi".

Ces actions contre des rivaux permettent au clan Hojo d'agrandir son domaine en s'appropriant leurs terres. Cette situation instaure un système féodal tel que nous l'avons connu en Europe avec une royauté, des seigneurs et des vassaux.

En 1219, le shogun est assassiné. Il était proche du pouvoir impérial et la cour de Heian y voit l'occasion d'une action contre le régime militaire afin de reprendre pleinement le pouvoir. La révolte de Jokyu a lieu et 1221, mais c'est le shogunat qui l'emporte et scelle ainsi définitivement la toute puissance de la force militaire. Ce régime met en place différentes institutions pour solidifier sa gouvernance à travers tout le pays. Mais cette centralisation du pouvoir n'est pas du goût de toutes les familles et les luttes entre les clans et le régime connaissent des hauts et des bas. Le bakufu, principalement basé sur la force militaire peine notamment à rémunérer correctement tous les soldats créant un certain mécontentement.

En 1318, un nouvel empereur arrive au pouvoir : Do-Daigo. Cette nouvelle figure parvient à unifier une partie des opposants au shogun et finalement en 1333 après des complots et des guerres, Go-Daigo met fin au régime de Kamakura.

Tombe de Minamoto no Yoritomo à Kamakura

 

La restauration de Kenmu

Après sa prise de pouvoir, l'empereur entend réunifier le militaire et l’administratif. Les clans guerriers étant toujours très puissants, Go-Daigo tente de les monter les uns contre les autres, mais en 1335, ils se révoltent. Le début de la restauration impériale avait été plutôt chaotique et les clans rallient ainsi à leur armée tous les mécontents de ce nouveau système et battent l'armée impériale. L'empereur doit fuir. Le clan qui se distingue lors de ces affrontements est celui de Ashikaga Takauji. Ainsi en 1336 et après plusieurs batailles, il prend le pouvoir à Kyoto et obtient le titre de shogun. 

Ashikaga Takauji cherche ensuite à réinstaurer le pouvoir militaire tel qu'il se présentait pendant le régime de Kamakura. Comme tout nouveau régime, il doit faire face à de nombreuses oppositions. En 1336, Go-Daigo qui avait fui Kyoto abdique et c’est Komyo qui devient empereur, soutenu par le shogun. Mais Go-Daigo avait emporté avec lui les insignes impériaux et décide de fonder une autre cour impériale, plus au sud. Les deux empereurs se font concurrence jusqu'en 1392 où le shogunat prend le dessus et impose la réunification des deux cours impériales.

Représentation de Go-Daigo

 

Époque de Muromachi (1336 à 1573)

Le pouvoir étatique du shogun est d'abord limité au centre du Japon, mais il s'étend rapidement et réunit l'aristocratie guerrière et la noblesse de la cour. En effet, Ashikaga Yoshimitsu épouse une fille du clan Hino qui est alors le plus puissant de Kyoto. Pour assurer sa gouvernance sur le pays, le shogun effectue également de nombreux voyages à travers les terres du Japon et rencontre les chefs provinciaux.

À sa mort en 1408, c'est son fils qui reprend le pouvoir. Son règne déplaît à la noblesse qui se sent moins considérée. En 1428, son successeur se conduit en dictateur et se fait de nombreux ennemis. Il est assassiné en 1441 lors de la rébellion de Kakitsu, une révolte paysanne. C'est l'occasion pour les seigneurs locaux de gagner en indépendance et en puissance. La population n'accorde plus sa confiance au gouvernement et se réorganise à des échelles locales. C'est l'apparition des ikki, des ligues regroupant des gens avec les mêmes intérêts. Elles peuvent être guerrières ou citoyennes et accentuent encore le morcellement du Japon. Elles entrent parfois en concurrence avec des seigneurs locaux (appelés Daimyo) qui s'érigent en véritables États indépendants et renoncent à toute soumission au shogunat. C'est durant cette période de Muromachi que de nombreux châteaux sont construits et qu'un commerce indépendant et ouvert voit le jour au Japon.

Château d'Aizuwakamatsu construit en 1384

 

L'époque Sengoku (1477 à 1577)

Cette montée en puissance des daimyo a donné lieu à un siècle de combats incessants. C'est la guerre d'Onin qui met définitivement à terre le pouvoir shogunal en 1477. Des classes guerrières moins nobles ont l'occasion de s'élever et de devenir indépendantes du gouvernement central. À tous les niveaux de la société, la population cherche à renverser le pouvoir. Les complots, guerres et révoltes se multiplient sans qu'une autorité, même locale, ne parviennent à imposer un semblant de stabilité. Les guildes de tous horizons, y compris religieux, cherchent à se faire une place de choix. Chacun aimerait tirer son épingle du jeu sans qu'aucun changement significatif ne perdure. Il faudra attendre 1560 pour que Oda Nobunaga commence le processus de réunification du Japon.

Pour en apprendre plus sur la période Sengoku, je vous conseille l'excellent podcast "les pires moments de l'histoire" par Charles Beauchesne. C'est drôle et intéressant ! 

 

Les trois unificateurs du Japon

En 1573, Oda Nobunaga, fin stratège militaire, parvient à expulser le shogun Ashikaga de Kyoto. Il met en place de nouvelles mesures et des campagnes agressives pour reprendre le contrôle. Mais il est trahi en 1582 par l'un de ses généraux et se donne volontairement la mort pour ne pas être pris vivant. Toyotomi Hideyoshi, un autre général d'Oda Nobunaga reprend alors son œuvre. Il interdit notamment la possession de sabre par les paysans afin de séparer clairement les classes guerrières et la population rurale. En 1585, il a unifié la majeure partie du pays jusqu'au sud du Japon où une importante communauté chrétienne s'était installée depuis 1542. Il fait expulser les missionnaires et se montre très agressif envers cette nouvelle religion.

À sa mort en 1598, le pays est unifié, mais il lui faut un successeur qui maintiendra l'ordre. C'est Tokugawa Ieyasu, l'un de ces généraux, qui s'en chargera au détriment de Hideyori, fils héritier du défunt shogun. L'avenir du pays se joue lors de la bataille de Sekigahara en 1600. Tokugawa Ieyasu la remporte et il est officiellement nommé shogun en 1603 par l'empereur.

Les opposants au clan Tokugawa étant défaits, le pays entre alors dans l'ère Edo, connue pour être une ère de paix et de stabilité politique. C'est avec cet événement que le pays entre dans la période moderne de son histoire.

Représentation de la bataille de Sekigahara

 

Au programme du prochain épisode : croissance du commerce avec l'étranger puis fermeture totale du pays au reste du monde, persécutions des chrétiens et peine de mort pour les Européens qui mettent le pied au Japon !

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