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Etre ou ne pas être dans un bocal, that's the question.

Etre ou ne pas être dans un bocal, that's the question.

Publié le 15 avr. 2020 Mis à jour le 28 sept. 2020 Curiosités
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Etre ou ne pas être dans un bocal, that's the question.

Ma voisine qui n'est pas une poissarde et qui n'habite pas avec mon voisin rameur, vient de tirer brusquement les rideaux en dentelle de Calais de sa douillette chambre toute de soie rose tendue et je me demande si elle n'aspire pas à un nouveau repos ou si elle ne va pas se remettre à peindre une nouvelle toile, un peu comme si il fallait qu'elle reconstruise sa vie, avec un net désir de chef d'oeuvre d'une absolue beauté. 

Je la vois comme une déesse de la liberté auréolée du lyrisme ancien de nos gilets jaunes que je transforme, vous me pardonnerez cette impertinence et pour les besoins de ce pamphlet, en des contre-révolutionnaires de bon aloi, dégustant à tour de machoires déglinguées de la racine de ginseng sauvage de Sibérie pour améliorer leurs défenses imunitaires, craignant tous en un seul lot confondu, d'attraper l'atroce peste du Moyen-Age!

Ma voisine se prénomme d'un prénom fort porté au XVIII° siècle et qui est un peu passé de mode à savoir: Marie-Anne. Elle fait aussi pousser sur son balcon une plante qui doit remporter le palmarès de la plante adaptogène la plus puissante connue de par le monde puisqu'elle résite, l'incroyable, à un manque total d'eau et d'engrais. Elle doit certainement fournir soit les espions soviétiques, soit les cosmonautes, ou bien les troupes militaires d'élite confinées à l'Ecole Militaire dans mon quartier, soit mon althlète de voisin qui n'est pas de haut niveau, vous l'avez bien compris je crois, de la poudre de cette plante pour augmenter leur résistance à l'effort physique, à moins que cela ne fusse, pour les soignants des hôpitaux dont la fatigue ne résiste plus à la pression du covid-19 et calcine leur visage d'un trait rouge sang.

Il faudrait alors, et à des fins thérapeutiques, pouvoir réouvrir de temps à autre, les herboristeries pour se procurer des jouvances vertes ou bien feuilleter l'album de nos souvenirs de nos escapades fugitives d'antan, diurnes ou nocturnes, en réalité nos rêves, afin de na pas tourner en rond dans nos bocaux de préjugés et sortir de nos sujets sempiternellement répétés: il n'existe pas de remèdes valables pour l'instant pour enrayer le virus. Qu'on se le dise nom de Dieu mais il est interdit de jurer!

Alors, j'ai décidé de vous livrer un conte moderne pour cette escapade impossible et comme toutes les histoires féeriques conçues pour dormir debout avec un joli petit bonnet en coton doux sur la tête car les nuits en dépit du printemps naissant sont encore fraîches, cela commencera par le fameux:"Il était une fois...... et ils eurent beaucoup d'enfants de leur confinement"

Il était une fois, donc, des villes et des campagnes endormies, des rivages assoupis et des montagnes bleutées où des peuples fort instruits, réfléchissaient à la façon de sortir de leurs marasmes marécageux quotidiens. Mais comme ils étaient tous dépourvus de baguettes magiques ou n'avaient pas particulièrement de dons chamaniques, ils étaient en peine de vitesse. Un constat s'imposait aussi avec évidence, toutes les fées de ces royaumes de citrouile avait disparu depuis fort longtemps sur des carosses à lumière rouge, tirés par l'ombre d'un dénommé Peter Pan. Wendy leur avait bien dit de trouver un superfuge aux pouvoirs potentiellement surnaturels de ces bâtons à terminaison étoilée. Mais ils n'avaient pas écouté! Comme ils n'avaient pas entendu leur roi qui la veille tout bien bronzé, leur avait déclaré sur un ton docte ou théatral: Demeurez donc chez vous bandes de bougres mais laissez sortir vos lardons qui n'en peuvent plus de voir vos têtes de merlans fris! Ne pensez pas non plus, je vous prie à vous fournir en masques de tout acabit, la Divine Comédie est fermée jusqu'au 11 avril 2021. Il n'y a plus non plus des gants de velours pour protéger vos mains déjà bien trop lavées. Prenez donc vos appareils portables que le monde entier appelle d'un joli anglicisme: Smartphone. Bien tenu en laisse le joyeux fidèle, il peut vous permettre de communiquer dans toutes les langues. Apprenez donc le chinois! On vous le répète depuis la maternelle.C'est la langue du futur!

Yes my dear it's a smartphone! Mais qu'est ce donc? Une courge énorme et néamoins bienveillante qui s'est transformée en instrument à écouter d'une sourde feuille des voisins vociférants? Ou un truc qui espionne les déjà contaminés? Adieu Liberté! Smart voulait pourtant dire: gentil, doux, agréable, chic style costume-cravate de pinnguoins et phone: un appareil à écouter les méandres du cerveau du grand Autre à la manière de Lacan, c'est à dire avec un fil à couper le beurre. Ou est ce plutôt l'oeil du Cyclone qui nous regarde dans nos boîtes à sardines!

La libeté guide t' elle toujours nos pas derrière cet instument si curieux que c'est même pour certains un bureau ambulant?" Bien sûr que non!" a hurlé Eugène Delacroix furieux dans le tard de la nuit et il a ajouté ce qui suit :

"Moi, j'ai juste voulu peindre une magnifique femme dans une robe jaune moutarde qui imprime parfaitement les formes souples de sa nature généreuse et opulente, d'un débraillé et d'un décolletté si vertigineux qu'ils vous emmènent dans un tourbillon de folie romantique. Maintenant à cause de vos regards goguenards, elle s'est transformée en l'allégorie d'une amazone blessée! Qu'avez vous fait ainsi avec votre hardiesse insolente? Et son beau sein d'albâtre, l'avez vous remarqué? N'avez vous pas vu que c'était celui du souvenir que j'en ai gardé du temps où petit enfant assis sur les genoux de ma dame de compagnie, je réclamais ma mère à tout va! La populase affamée derrière la porte sale veillait aussi aux grains et réclamait des brioches, des croissants, du lait chaud. Je me souviens de leurs réclamations tonitruantes: Nous voulons des nourrices aux seins lourds et gonflés d'espoir de jours meilleurs! J'en ai encore des hauts de coeur rien que de l'évoquer! Bien entendu ce sont des pauvres insurgés mais qui n'avaient pas vos préjugés de cloîtrés et de confinés. Sans fourches ni bottes de foins, remonant gaillards les routes pavées d'Epinal, ils portaient fiers le sabot et la culotte à rayures et auraient certaiement empêché la cathédrale Notre Dame de brûler. Mais vous les avez fourrés dans une maison pour séniles et j'ai donc représenté pour compenser cette infamie, la cathédrale sur mon tableau apportant ainsi une belle touche historique. Regardez bien au milieu à droite,vous pouvez voir les tours de Notre Dame de Paris derrière toute la fumée! Oui je sais c'est une oeuvre prémonitoire que j'ai exécuté en 1830! Bon, en vrai, tout cela a bien mal tourné et j'en suis encore tout esbaudi. Vous auriez pu utilisé vos affinités coincées dans les profondeurs de vos réseaux téléphoniques, pour prévenir, mais en tournant sept fois votre langue dans la bouche, par extrême plasticité, la Mariane de l'Eysée! Vous savez celle qui tient le drapeau tricolore bleu, blanc, rouge sous un casque d'or! Moi ma Marie-Anne a un petit bonnet phrygien du plus bel effet et que j'ai collé sur son crâne d'ange. Bien sur ce n'est pas le même bonnet qui vous sert pour dormir. Le mien est d'un beau rouge profond de Corse et d'ailleurs, je vous le concède, j'ai piqué sa forme aux esclaves affranchis ou étais ce plutôt aux galériens voguants et méditants en Méditerranée? Ensuite, ils ont débarqué, je crois à Marseille comme des poissoniers. En fait je ne sais plus très bien mais au Palais, il y a toujours des amateurs d'art qui boivent le pastis m'a t-on dit et qui ont trouvé intéressant de retirer tous les petits bonnets car ils avaient une connotation trop sédietieuse et ils en ont fait des masques pour petits bustes! C'est malin les voilà tous vacillants et déchapeautés! En Angleterre, je sais, que la Reine a opté pour une couronne en diamant. Elle a raison la Queen, c'est tout de même plus glamour ce trop plein d'amour étincellant et cela convient mieux à ses ondulations qui frisettent par temps de pluie sous son Burberry ou à vos mirettes d'évaporées. Vous voyez de parler avec vous de ma jolie poupée qui trône au droit fil de mon tableau est l'occasion d'un dialogue sensible et poétique où je peux vous décrire le monde du XIX° siècle qui n'était ni radieux ni enjoué. Alors mes chers compatriotes misérables arretez de vous plaindre!"

En résonnance avec d'autres images, d'autres textures, je vous propose de réagir à l'auteur de ces lignes avec un like. La finalité que je poursuis dans ces déliriums étant de vous transporter dans mon univers pictural, non comme un miroir aux alouettes, mais comme une caisse de résonances humanitaires pour retrouver une certaine joie de vivre sur une planète lumineuse et sautillante. 

Jeanne Gabriel-Villeneuve 

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