La famille impériale japonaise
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La famille impériale japonaise
Le Japon est officiellement le dernier pays gouverné par un empereur. Si le rôle de ce dernier est plus honorifique et cérémonial que politique, il n'en demeure pas moins une figure importante au pays du soleil levant. Tout comme les Anglais qui suivent la vie de leur famille royale, les Japonais continuent d'honorer leur empereur. Cela est particulièrement visible lors du Tennō Tanjōbi, le jour anniversaire de l'empereur où il se présente à la foule depuis un balcon du palais impérial protégé par du verre pare-balles. Mais comment s'organise la vie de la famille impériale japonaise ?
(crédits : tokyoweekender)
Les empereurs japonais avant la Seconde Guerre mondiale
D'après la légende (que je vous détaille ici), les empereurs du Japon descendent tous de Jinmun, premier empereur mythique et fils de la déesse du soleil Amaterasu. Selon les périodes historiques, ils avaient plus ou moins de pouvoir effectif, mais ils sont toujours restés officiellement à la tête du pays. De par son ascendance divine, le culte de la personne de l'empereur était également très répandu et il a notamment servi d'outil de propagande durant l'ère Shōwa (1926-1989). Avant la Seconde Guerre Mondiale, l'empereur avait notamment un très grand pouvoir militaire et le pays était considéré comme un régime totalitaire.
Désireux de ne pas reproduire cette situation qui a mené à de nombreux massacres (et surtout sous la pression des États-Unis), le Japon se dote d'une nouvelle constitution après la guerre.
Le statut de l'empereur dans la constitution de 1947
Après sa défaite, l'empereur du Japon est forcé par les Américains de reconnaître publiquement qu'il n'est pas un être divin. Cela a pour conséquence que le culte impérial qui entourait directement la personne de l'empereur n'a plus lieu d'être. D'autres articles de la constitution se chargent de réguler son rôle.
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L'article 1 le reconnaît comme un symbole, celui de l'État et de l'unité du peuple japonais.
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L'article 3 stipule que quelles que soient ses actions dans le domaine étatique, le Gouvernement doit les avoir validées préalablement.
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L'article 4 précise ainsi qu'il n'a aucun rôle à jouer en matière de gouvernance du pays.
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L'article 6 stipule qu'il est chargé de l’accréditation du Premier ministre et du chef de la Cour suprême qui ont été préalablement nommés par le gouvernement.
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L'article 7 lui accorde le droit d'agir en chef de l'État si le gouvernement l'y autorise.
Comme on peut le comprendre, le rôle de l'empereur du Japon est complètement dépendant du gouvernement et réduit à des fonctions honorifiques et symboliques.
Malgré tout, il garde une place importante dans le cœur de la population japonaise.
L'Agence Impériale
Il s'agit d'une agence gouvernementale qui est chargée de veiller à la gestion de la Maison Impériale. Elle s'occupe ainsi de tout ce qui concerne la santé, la protection et les divers besoins de la famille impériale japonaise, y compris les résidences et les tombes. Pour ce faire, elle dispose d'un budget d'environs 140 millions d'euros voté par le gouvernement dont près de la moitié sert à assurer le bon fonctionnement de l’agence.
C'est aussi cette agence qui est garante de la tradition impériale. Elle organise les activités traditionnelles liées au rôle de l'empereur et s'assure que le protocole est respecté en toute occasion. Cette rigidité a d'ailleurs valu de nombreuses critiques y compris de la part de la famille impériale. L'actuel empereur Naruhito lui-même a déclaré que les règles imposées par l'agence impériale à sa femme l'avaient grandement affectée.
L'agence impériale est également au centre de l'attention pour ce qui concerne les conditions de transmission du titre d'empereur. Actuellement, seuls les hommes peuvent devenir empereurs (alors que par le passé, le Japon a connu des impératrices) et pendant plusieurs décennies, les membres de la famille impériale n'ont eu que des filles. Si la situation a été "réglée" en 2006 avec la naissance d'un potentiel héritier du côté du frère de l'actuel empereur, l'agence impériale se devra probablement de statuer sur de nouvelles règles de succession.
L'empereur Naruhito et sa femme l'impératrice Masako sont les parents de la princesse Aiko de Toshi, mais ils n'ont pas de fils.
Les règles de successions impériales
Seuls les hommes peuvent devenir empereurs, mais les héritiers doivent en plus descendre d'un membre masculin de la famille impériale. En effet, une ancienne loi est toujours en vigueur : si une femme de la maison impériale veut se marier et conserver son statut au sein de famille, elle doit impérativement épouser un noble. Seul problème, la constitution de 1947 a aboli les titres de noblesse en dehors de ceux de la famille impériale. Les femmes ont donc le choix entre rester célibataires toute leur vie ou se marier, mais renoncer à leur titre et tous leurs avantages. Si elles ont des enfants, ils ne seront donc pas considérés comme des héritiers potentiels. À noter tout de même que l'agence impériale leur verse une importante somme d'argent comme "dot" si elles décident de se marier.
L'ancienne princesse Ayako s'est mariée en 2018 avec un roturier, perdant ainsi son rang. L'agence impériale lui a tout de même versé près d'un milion d'euros pour commencer sa nouvelle vie.
La famille impériale japonaise est donc encore profondément régie par des règles traditionnelles. Outre les cérémonies auxquelles elle participe, cela se traduit aussi par une gestion qui semble archaïque et soulève de plus en plus de questions au sein du pays. Le Japon semble ainsi pris entre une volonté de modernité et un devoir de tradition solidement ancré.
crédits photo de couverture : Voice of America