

Chapitres 3 et 4
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Chapitres 3 et 4
3.
Depuis déjà quelques semaines, son emploi et parallèlement sa formation au sein de l’entreprise Craspien et Fils occupaient tout le temps de Maxime. Le jeune homme était réellement passionné par ce qu’il apprenait et appliquait dans la foulée. Chaque jour lui offrait de nouvelles opportunités et connaissances et il se refusait de galvauder cet incroyable tremplin vers une destinée au diapason de ses rêves les plus fous. Aussi mettait-il un point d’honneur à respecter toutes les règles et obligations qui lui étaient imposées même s’il les trouvait inutiles ou par trop contraignantes comme celle lui interdisant de fréquenter certains établissements de débit de boisson, dont plusieurs de ceux qu’il affectionnait. Il parvenait à se surprendre lui-même tant il devenait rigoureux. À ces moments-là, il pensait à Jacky avec qui, selon la volonté de son ami, il n’avait plus eu de contacts depuis leur dernière conversation. Nul doute qu’il en serait demeuré sans voix en constatant à quel point son attitude avait changé, passant de forban sans foi ni loi à un employé modèle, révérencieux et… considéré.
Contrairement aux autres jours, Maxime était nerveux en arrivant au travail ce matin. La veille au soir, un hologramme provenant du directeur des opérations scientifiques l’avait informé qu’il devrait se présenter, dès sa venue, dans l’aile sud des bâtiments de l’entreprise afin d’y entamer une formation virtuelle. Deux indications dans ce court message avaient retenu son attention. D’une part, connaissant maintenant la topographie des lieux, il savait que le hangar où les jeunes recrues pouvaient mettre en pratique leur tout récent enseignement se trouvait dans le pavillon nord. La nouvelle étape qu’il allait amorcer semblait donc être celle qu’il n’espérait pas intégrer avant quelques mois. D’autre part, le module d’apprentissage à l’aide de la réalité virtuelle l’intriguait et il n’avait de cesse de le comparer à ses jeux dans lesquels, grâce à l’électronique, il était projeté au cœur de l’action.
— Bienvenue monsieur Téhorat. L’accueillit tout sourire un androïde aux caractéristiques féminines.
Comme à l’accoutumée, Max venait de présenter son œil devant le dispositif de balayage rétinien afin de déverrouiller la porte accessible uniquement aux employés de l’entreprise. Habituellement, dès après l’ouverture du sas, un hologramme lui souhaitait la bienvenue. La surprise aidant, le jeune homme dut y regarder à deux fois pour déterminer s’il s’agissait d’un être humain. Seuls le sourire trop figé et un mouvement légèrement saccadé lui indiquèrent qu’il se trouvait en face d’un androïde dont la ressemblance avec une femme était sidérante.
— Vous pouvez me prénommer Max. S’amusa-t-il tout en sachant que sa proposition ne pourrait être suivie.
— C’est très aimable à vous, mais vous savez que toute familiarité est interdite au sein de l’entreprise.
— Excusez-moi, je vous taquinais, répondit le jeune homme qui appréciait le jeu du dialogue avec une machine d’autant que celle-ci arborait des caractéristiques humaines très réussies. Me ferez-vous l’honneur de m’indiquer votre nom ?
— Je suis l’hôtesse d’accueil Clara. Vous êtes en avance ce matin.
— Voilà donc ce que vous vérifiez ! murmura Max qui avait remarqué une intensité de la coloration des yeux du robot pendant un court instant.
— Il me faut vous rappeler que vous êtes attendu dans l’aile sud dans trente minutes, souligna la jeune femme sans donner suite à la réflexion de l’arrivant. Afin de vous y rendre, vous pouvez prendre une des navettes qui se trouve dans la cour interne. Je vous souhaite une bonne journée.
— À vous aussi, merci. Termina le jeune homme.
Excité par la nouvelle formation qu’il allait recevoir, Max avait peu dormi et s’était levé aux aurores. Il avait bien tenté quelques exercices physiques pour passer le temps et se détendre, mais sans succès. Finalement, n’y tenant plus, il s’était engouffré dans une nacelle de transport individuel pour se rendre à son travail. La météo était grise et venteuse. Le gel et la neige avaient disparu depuis quelques jours et les premiers effluves du printemps l’entouraient. Mais il n’en avait cure !
Pénétrant dans la cour intérieure, il se dirigea vers le véhicule stationné en tête de file. Lorsque l’androïde l’avait invité à utiliser une navette, ignorant si l’entreprise s’était dotée des dernières inventions en la matière proposant une autonomie complète, il avait redouté devoir occuper un antique modèle n’en ayant piloté que rarement. De prime abord, il lui sembla que l’escadrille était d’une toute récente génération. Dès qu’il se trouva à hauteur de la voiture dont la forme était oblongue, le nez de celui-ci bascula lui donnant accès à l’intérieur. Contrairement à l’extérieur qui affichait une carrosserie irisée et sans fenêtres apparentes, les quatre sièges tout comme l’habitacle dans son ensemble exposaient une couleur bleu soutenu. À n’en pas douter, il s’agissait du tout nouveau modèle fonctionnant à l’énergie solaire.
Max avait toujours aimé les véhicules et avait suivi avec joie les différentes conférences et autres présentations quant aux innovations installées à bord. En considérant l’exemplaire qu’il avait sous les yeux, il ne pouvait que féliciter l’ingéniosité des concepteurs dont l’habilité avait réduit au maximum les cellules photovoltaïques tout en leur accordant un pouvoir accru. Ces micros capteurs, élégamment disposés, absorbaient une énorme quantité d’énergie solaire pour la transformer en électrons. Ceux-ci étaient directement stockés dans des batteries à charge rapide permettant au moteur de produire ses effets. Accouplé à une turbine de 3000 hp, le véhicule se déplaçait sur un coussin d’air grâce à la présence très discrète de ventilateurs latéraux aspirant puis rejetant l’air vers le sol pour le surélever et vers l’arrière pour lui donnant la possibilité d’atteindre la vitesse voulue sans toutefois pouvoir dépasser deux cents kilomètres par heure.
À peine installé dans l’habitacle, l’engin reprit sa forme initiale tandis que la moitié supérieure de la nacelle se désopacifiait permettant une vue panoramique exceptionnelle. Puis, du centre du plafond, une tablette virtuelle se déroula. Alors qu’il s’attendait également à l’apparition d’un hologramme, le jeune homme n’entendit qu’une voix mélodieuse l’invitant à sélectionner son itinéraire. Il lut les propositions indiquées sur l’écran et hésita. Devait-il exprimer son choix oralement ou en actionnant une commande directement sur le terminal ?
— Je désire aller dans l’aile sud, murmura-t-il n’étant pas certain d’avoir sélectionné la bonne option.
— Merci de préciser le service dans lequel vous devez vous rendre, reprit la voix douce et chaude à la fois.
Le jeune homme examina de nouveau le moniteur et compléta, sur un ton mieux assuré :
— Bureau des opérations scientifiques, je vous prie.
— Merci. Votre trajet va débuter dans quelques instants. Il aura une durée de quatre minutes et vingt-neuf secondes. La compagnie vous souhaite un agréable voyage.
Cette dernière précision provoqua un sourire sur le visage de Max qui la trouvait hors de propos, sa présence à bord de l’automobile n’étant prévue que pour un laps de temps restreint.
Il sembla au jeune homme que le parcours était plus court qu’annoncé tant il avait été plaisant. Mais vérification faite par le terminal qu’il portait au bras, le temps indiqué avait été respecté à la seconde près. C’est avec une légère nostalgie qu’il sortit du véhicule même si ce qui l’attendait l’excitait de plus en plus lui faisant grimper les marches quatre à quatre.
Preuve qu’il était attendu, la numérisation rétinienne lui ouvrit grand l’accès au vestibule. Il se présenta à l’accueil où une hôtesse l’invita, tout sourire, à décliner son identité. Lors de son entrée, il lui avait été impossible de déterminer si elle était ou non humaine, maintenant en face d’elle, Maxime constatait qu’il s’agissait bien d’une congénère. Certes, il appréciait la robotisation, mais il affectionnait tout autant les contacts humains.
— Voyons… Téhorat Maxime, chercha la jeune femme.
— Max pour les intimes.
L’hôtesse ne releva pas le mot et resta concentrée sur son écran, mais son sourire prouva qu’elle avait aimé la remarque. Une imprimante que Maxime ne pouvait apercevoir émit un léger bruit et quelques secondes plus tard, il obtenait des mains de la jeune femme, un badge d’accès aux différents modules auxquels il devrait participer dans la journée. La dernière consigne qu’il reçut lui indiquait d’attendre dans les fauteuils installés à cet effet non loin des larges baies vitrées.
Pour se donner une contenance, le jeune homme saisit un des magazines scientifiques disposés sur la table basse. Il le feuilleta sans pour autant prêter attention à sa teneur, tout excité qu’il était de démarrer la session de formation virtuelle. Après un moment qui parut une éternité à Maxime, à l’aide de son micro, l’hôtesse l’invita à se rendre à la porte H3. En prenant soin de ne pas courir, il se dirigea promptement vers le lieu indiqué. Alors qu’il n’était encore qu’à quelques pas, la porte s’ouvrit automatiquement. Maxime soupçonna son badge d’être à l’origine de ce phénomène. Sans doute était-il, outre une présentation de sa personne, un capteur/émetteur radio.
Le couloir blanc immaculé dans lequel il pénétra n’était constitué que de portes que le jeune homme n’eut pas le temps de dénombrer, une voix masculine le conviant à se rendre à la porte cinq. Tout en parcourant le court trajet qui le séparait de cette ouverture, Maxime examina les lieux et ne perçut pas le haut-parleur d’où il venait de recevoir les instructions. Force était de constater, une fois de plus et pour le plus grand plaisir du jeune homme, que cette entreprise était à la pointe de toutes les technologies existantes.
Grâce de nouveau à son badge, il entra dans une petite pièce dans laquelle ne figurait qu’un seul siège adossé au mur. La porte se referma sur lui et la même voix l’invita à s’asseoir. L’hologramme d’un chercheur d’une cinquantaine d’années surgit.
— Cher monsieur Téhorat, au nom des membres du module des opérations scientifiques, je vous souhaite la bienvenue. Je me présente : professeur Bodegit. Je vous accompagnerais tout au long de la journée. Avant de pouvoir débuter l’enseignement au travers de la réalité virtuelle, il est indispensable que vous receviez un cours accéléré sur les fonctions du cerveau qui seront sollicitées dans ce cadre. Cela permettra également de vous détendre, les capteurs décèlent une grande émotivité dans votre chef.
— Ravi de vous rencontrer, professeur. J’avoue que je suis quelque peu excité à l’idée d’intégrer un module de réalité virtuelle grandeur nature. Il me tarde d’y pénétrer… Mais où sont les diodes dont vous parlez ?
— Chaque chose en son temps. Ne vous inquiétez pas, la majorité de la journée sera consacrée à l’enseignement virtuel. Pour ce qui est des biodétecteurs, le rythme cardiaque est analysé par votre badge tandis que les autres constantes sont reçues par le siège dans lequel vous êtes installé. Au fur et à mesure que vous pourrez vous détendre, celui-ci s’inclinera pour vous donner plus de confort.
— Je vais donc faire de mon mieux pour patienter et profiter des informations que vous allez me dispenser, s’amusa Max qui appréciait la nouveauté du fauteuil qu’il avait testée pour la première fois dans l’avion le ramenant de Longoeil.
Avant que la vidéo interactive ne soit projetée, voici quelques indications de base. Continua le professeur. Soyez attentif, elles vous seront utiles pour réaliser les exercices qui suivront. Sur votre droite, vous avez un carnet virtuel dans lequel vous pouvez prendre des notes.
Le jeune homme tourna la tête et constata qu’un petit cahier lumineux semblait flotter à hauteur de sa main. Pour en avoir déjà entendu parler, il savait que nul stylet n’était nécessaire, seul le doigt permettait d’y écrire. Confortablement installé et se détendant peu à peu, Max écouta les explications données, illustrées par différents dessins colorés.
— Votre cerveau est composé de deux hémisphères, le droit et le gauche. Le cortex cérébral est divisé en cinq lobes : le lobe frontal, siège du raisonnement, du langage et de la coordination motrice, le lobe pariétal, lieu de la conscience corporelle et de l’espace l’environnant, le lobe occipital donnant accès à l’intégration des messages et le lobe temporal, lieu de l’audition, de la mémoire et des émotions. Dans le cadre de l’apprentissage, c’est ce dernier qui sera le centre de notre attention ce matin.
Le jeune homme tentait de prendre des notes synthétiques, mais toutefois complètes. Il devait reconnaître qu’il n’avait que très peu de connaissances en la matière. Cumulées à la rapidité à laquelle les informations étaient données, il ressentait une angoisse grandissante à l’idée de ne pas se montrer à la hauteur des exercices pratiques qu’il aurait à effectuer par la suite.
— Rassurez-vous, s’interrompit le professeur. Même un ingénieur aguerri n’a pas plus de notions quant à la constitution du cerveau et de son fonctionnement. Détendez-vous, votre méconnaissance en la matière est normale et ne saurait être un handicap pour l’étape suivante.
— Ah oui… les capteurs ! sourit Maxime dont l’étonnement face à cette considération n’avait été que passager. Ils s’avèrent être de terribles espions.
— Vous devriez les voir comme des coéquipiers ! Pouvons-nous poursuivre ou désirez-vous faire une pause ?
— Quoi qu’en disent mes coéquipiers, je vais bien. Reprenons, je vous prie.
— Comme je vous l’indiquais, ce qui nous concerne plus particulièrement ce matin se rapporte à la mémoire. Vous n’ignorez pas qu’elle peut être définie en deux types différents : la mémoire à court terme et la mémoire à long terme. L’apprentissage effectué de manière ludique est, tout comme le souvenir, dans un premier temps, stocké dans le lobe temporal pour être consolidé pendant le sommeil. Le lobe frontal viendra ensuite les récupérer par les neurones. Pour qu’elle soit construite, la matière assimilée empruntera le circuit formé par l’hippocampe, le thalamus, l’amygdale, les corps mamillaires et le fornix.
Après cet exposé par trop théorique pour Maxime, le professeur indiqua qu’il était temps de visionner la vidéo interactive. Le stress du jeune homme augmenta quelque peu dans la crainte de ne pas réussir l’exercice. La pièce plongea dans l’obscurité permettant au film de démarrer. Lorsqu’il arriva à son terme, Max le regretta presque tant il était amusant et bien structuré. Sans même s’en rendre compte, il était quasiment allongé, preuve que ces moments avaient pu le détendre au maximum.
— Félicitations ! intervint le scientifique avant même que la luminosité ne soit entièrement rétablie. Votre score est impressionnant. Si je n’avais la certitude du contraire, je vous soupçonnerais presque d’avoir piraté nos données durant la nuit dans le but de vous faciliter la tâche ! Nous pouvons passer à l’étape suivante. Pour ce faire, je vous inviterais à me rejoindre.
Sans autre explication, l’hologramme disparut et une porte que le jeune homme n’avait pas remarquée s’ouvrit. Il s’y engouffra et pénétra dans un long couloir étroit au bout duquel le scientifique qui ne s’était présenté que sous forme holographique lui fit un signe de la main, le conviant à le retrouver. Il paraissait plus grand que l’image projetée par l’hologramme. Sa chevelure blond fade ne pouvait atténuer l’impétuosité de ses yeux dont la couleur oscillait entre bleu et gris. Tout en se dirigeant vers lui, Maxime observait les différentes pièces situées du côté opposé à celle d’où il venait de sortir. Elles semblaient toutes être similaires, constituées d’une porte et d’une baie entièrement vitrées. Le jeune homme put constater que la technologie propre aux verres opacifiant était communément répandue dans cette portion de l’entreprise également, certains intérieurs étant cachés à la vue par un filtre blanchâtre dissimulant la surface vitrée dans son ensemble. De ce qu’il avait pu apercevoir, il s’agissait de différents laboratoires. Il supposa que les salles occultées étaient occupées par des chercheurs puisque celles qui ne l’étaient pas n’affichaient que du mobilier de laboratoire, sans aucun humain présent.
— Ravi de vous rencontrer en chair et en os, Professeur Bodegit, sourit Maxime en tendant la main.
Le scientifique répondit joyeusement à la salutation en enserrant celle du jeune homme et en la secouant vigoureusement. Puis d’une petite tape sur l’épaule, il l’enjoignit à pénétrer dans la pièce. Les déductions de Maxime se révélèrent fondées lorsque le professeur ferma la porte. Les vitres se teintèrent de blanc automatiquement, les séparant visuellement de toute personne qui viendrait à traverser le couloir.
Sans dissimuler sa curiosité, le jeune homme observa les lieux avec attention. Un entrelacs de câbles tenait un exosquelette en suspension lui donnant une allure fantomatique. Il se trouvait près d’une enceinte rectangulaire délimitée par une borne postée à chaque coin. Pou
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