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Publié le 28 août 2024 Mis à jour le 29 août 2024 Policier
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23 avril 2009, Strasbourg, 11h34

 

Sarah est installée sur le fauteuil sur le petit balcon de l’appartement de Max. Elle observe la ville du haut du quatrième et dernier étage de cet immeuble. Au loin, elle peut apercevoir la piscine municipale, le supermarché, le Rhin caché derrière une rangée de chênes et bien sûr la grande place de la ville où est installé en hiver le marché de Noël, là où sa vie à changé, là où Max l’a demandé en mariage. Aujourd’hui, c’est jeudi : son jour de repos et elle compte bien en profiter.

Elle a rendez-vous à quatorze heures avec sa meilleure amie, Victoria. Elles vont aller en ville faire un peu les boutiques puis discuter dans un café de l’organisation du mariage puisque, oui : c’est pour bientôt !

Max et elle se sont mis d’accord pour le premier juillet. C’est le jour de son anniversaire. Quel cadeau peur être mieux que son propre mariage le jour de son anniversaire après tout ?

Elle a tellement hâte. Ils ont réussi à trouver rapidement un lieu, ce qui, d’habitude n’est pas une mince affaire. Ils ont beaucoup de travail en ce moment pour tout prévoir dans le temps imparti. D’habitude les couples se donnent au moins un an. Cependant, Max et elle veulent partir en Guadeloupe à la rentrée, ils vont s’installer là-bas. Max va y être muté pour son travail. En fait c’est plutôt lui qui l’a choisi. Il en avait la possibilité. Et puis que rêver de mieux que de s’installer sur une île paradisiaque avec son mari pendant un an ?

C’est comme un voyage de noces qui dure une année entière.

Sa vie en ce moment est vraiment géniale. Bien sûr qu’elle a des problèmes avec l’organisation du mariage, qu’elle est un peu stressée… Mais au final, ces efforts vaudront et valent déjà le coup. Elle s’apprête à vivre la vie dont elle rêvait et rien ne pourra jamais l’arrêter.

Elle observe le Rhin et voit défiler des péniches. Elle s’imagine en Guadeloupe sur un bateau en train d’observer l’eau turquoise et les dauphins. Max et elle se tiennent la main. Il lui sourit.

Alors seule sur son balcon, elle sourit.

 

29 juin 2018, Cargèse, 10h30

 

Plus qu’un jour…

Il les attend. Assis sur le sable, il regarde l’horizon. Va-t-elle vraiment venir ? Ou va-t-elle prendre le risque ? Après tout contrairement à ce qu’il pensait au début, cette femme s’est montrée très forte et elle a failli céder, plusieurs fois. Mais elle n’abandonnera pas. Elle aime trop son petit garçon pour ça. Après ce qu’il lui est arrivé…

Il a tellement hâte de le revoir. Il est là, il vit en lui. Il va enfin pouvoir lui parler, le serrer dans ses bras. Il sourit en pensant à leurs retrouvailles. En attendant, il faut qu’il se concentre sur ce qu’il a à faire. Il ne doit pas céder ou tout tombera à l'eau. Il ne le retrouvera plus, il sera derrière des barreaux, seuls, comme il l’a toujours été.

Le sable est chaud, il lui brûle les mains. Il aime cette sensation. Il sent l’écume lui caresser les pieds en faisant des allers retours.

Il y a beaucoup de personnes autour de lui. Tous sont des vacanciers qui profitent du début des vacances qu’ils ont tant attendu.

Deux minutes plus tard, il tourne la tête et il les voit. Ils sont là. Elle, semble stressée, elle a des cernes sous les yeux, son teint est pâle. Il peut même apercevoir ses jambes trembler.

Il est là… elle le tient par la main et serre très fort. Il est si différent et si semblable à la fois.

Il faut qu’elle se calme ou leur plan tomberait à l’eau. Alors, il se lève et commence son jeu d’acteur.

Salut ma chérie ! S’exclame-t-il en marchant vers elle. Il fait mine de l’embrasser. Elle recule. Elle n’est pas du tout à l’aise. Si quelqu’un les voit, il risque de se douter de quelque chose. Il lui lance un regard noir pour qu’elle comprenne.

Effrayée, elle resserre sa main sur celle de son fils qui semble perturbé par la situation.

-Maman ! C’est lui oncle Brice ? Demande Ezéckiel d’une voix enfantine.

Elle a dû lui raconter des mensonges pour qu’il se laisse faire. Bien joué… Elle l’impressionnerait presque.

-oui, répond elle d’une voix frêle et tremblante.

-Salut mon chéri comment tu vas ? Demande-t-il en se retenant de le prendre dans ses bras et de le serrer le plus fort possible.

-ça va ! S’exclame-t-il en souriant.

Son sourire s’efface lorsqu’il se tourne vers sa mère qui semble dorénavant déconnectée de la réalité.

Tout va bien pour le moment, se rassure-t-il. Mais il faut qu’elle se calme. Des gens vont remarquer et ça sera fini.

-Très bien ! S’exclame-t-il en souriant. Je nous ai réservé une place dit-il en désignant de l’index le petit espace de plage où il était assis deux minutes plus tôt.

Le petit garçon tire sur la main de sa mère qui est toujours inerte.

-Viens maman tonton Brice nous a réservé la place tu as entendu ?

On peut apercevoir une larme dans l’œil de la mère.

Elle tient son fils par la main et marche lentement, comme déconnectée, les yeux rivés vers la mer. Une fois qu'ils arrivent à côté de lui, il aperçoit les larmes dans les yeux de Jeanne. Il ne faut pas que quelqu’un les remarque…. Alors, il enlève ses lunettes de soleil et les lui tend. Elle les attrape maladroitement et les pose sur son nez.

-On va se baigner ? Demande le petit garçon. Tout excité de rencontrer son « tonton » pour la première fois.

Il le regarde, il sourit.

-Non mon grand attend un peu. Avant, tonton a une surprise pour toi…

Alors, il sort sa caméra.

 

30 juin 2018, commissariat central d'Ajaccio, 19h05

 

-Mais pourquoi ? Quel mobile ? Demande L’inspecteur qui depuis une demi-heure, lorsqu'il a appris que Marcellin était l’homme de la vidéo, est assis à son bureau et se masse les tempes en essayant de trouver un lien logique à tout cela.

Braun est aussi dans la pièce avec les agents Mathieu et Sauvage.

Tous se remuent les méninges pour trouver un sens à toute cette histoire.

-Quel lien y a-t-il entre ce Marcellin, informaticien au SITEC et cette famille normande et leur fils Ezéckiel ?

Personne ne répond. L'inspecteur s’est à présent levé et fait des ronds autour de la pièce, la main sur les yeux.

-Cet homme, il nous a déclaré avoir vu le petit Ezéckiel se noyer sur la vidéo. Il ne connaissait pas la famille. Alors pourquoi s’en prendrait-il à la mère de l’enfant ? Reprend-il.

-Peut-être que ce n’est qu’une coïncidence, déclare Marion Sauvage. Sur la vidéo on le voit juste faire du canoë, rien de grave. Il ne vit pas loin. Peut être que c’est un adepte pour être là au mauvais endroit au mauvais moment après tout ?

-Ce serait quand même une sacré coïncidence, répond l’inspecteur. Le seul témoin de la noyade, d’ailleurs sorti de nulle part qui se retrouve maintenant sur les lieux du meurtre… Non, il y a un lien, forcément…

-Monsieur, vous savez…. à propos de la vidéo de Marcellin, commence Braun, peu serein.

Tous se tournent vers lui. C’est la première fois qu’il prend la parole depuis une demi-heure.

-Je vous avais dit qu’un détail m’avait perturbé. Une histoire de voiliers…

L’inspecteur enlève sa main de ses yeux et relève la tête.

-Êtes vous bien sûr de vous Braun à propos de ces bateaux ?

-Sûr et certain. J’en mettrai ma langue à couper.

-Bon alors puisque c’est notre seule piste pour le moment nous allons voir ça… Dit l'inspecteur, en regrettant de ne pas l’avoir écouté plus tôt.

-Sauvage, analysez la vidéo, qui sait, on est peut être bel et bien passés à côté d’un élément crucial…

 

19 juin 2018, Cargèse, 10h35

 

C’est bon. Il a réussi.

Il n’y aura plus qu’à faire un petit montage et ce sera bon.

Demain…

Il a tellement hâte d’être demain. Ce sera enfin la fin de cette attente insoutenable.

Il observe l’horizon. Il y voit deux voiliers. Au loin, il aperçoit le petit port de Cargèse ainsi que la petite ville avec ses deux églises qui se font face. Il est heureux.

Lorsqu’il se retourne, il voit le petit garçon qui creuse le sable et crée un trou. Ensuite, il court vers la mer, prend de l’eau au creux de ses petites mains et la déverse dans le trou. Il est déçu lorsqu’il remarque qu’elle s’enfonce et disparaît au lieu de rester et créer une piscine comme il le voudrait.

Jeanne est assise en tailleur. Il doit faire trente-huit degrés et pourtant elle est blanche comme la neige. Elle observe son petit garçon, le dos penché, la tête basse.

-Bon alors sœurette on va pouvoir se dire au revoir… Et à demain bien sûr, dit-il en ricanant.

Elle, ne rit pas. Sa tête est lourde, elle commence à voir flou. Son cœur bat la chamade. Serait-elle en train de craquer ?

Soudain, le petit garçon s’approche d'elle et se met à lui tirer le bras en disant :

-Maman viens voir, j’arrive pas à mettre de l’eau dans ma piscine.

Voyant qu’elle ne réagit pas il demande :

-Maman ça va ?

Alors, elle se penche en avant et vomit.

« L’oncle » accourt vers elle pour la cacher. Elle va tout gâcher.

Malheureusement une dame assise à côté à remarqué.

-ça va aller madame ? Demande-t-elle, concernée.

Il se retourne brutalement. Non ! Pas ça pas maintenant…

-J’ai de l’eau si vous voulez ? Propose la vieille dame.

Jeanne enlève alors ses lunettes et la vieille dame voit qu’elle à pleuré. Elle semble surprise.

-Ne vous inquiétez pas, lance-t-il dans son meilleur jeu d’acteur, ma sœur a dû faire une insolation.

Il la soulève en la prenant par les aisselles. Elle se laisse faire.

-Oui c’et vrai qu’avec ces châleurs ! S’exclame la vieille dame.

Il fait semblant de sourire puis ils partent tous les trois de la plage. Jeanne ressemble à un zombie, elle a perdu toute forme de vie. Elle ne semble plus présente dans la réalité. Elle avance à l’aveugle, guidée par l’homme qu’elle craint le plus.

Le petit Ezéckiel les suit à la trace. Son sourire s’est effacé, il a peur pour sa maman.

Lorsqu’il pense être assez loin, il s’arrête.

-Allez-y maintenant, ordonne-t-il à Jeanne. Je vous rappelle, demain, même endroit 10h30.

Alors elle prend son petit garçon par la main, les yeux dans le vague, elle avance vers sa voiture.

Ça y est il est tiré d’affaire.

Ou peut être pas.

Lorsqu’il se retourne vers la plage, la vieille dame est toujours là. Elle l'observe…

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