Arrivées au bord du ruisseau, les cavalières laissent leur cheval se désaltérer à grandes gorgées. Gwen, collée au cheval, l’observe le regard vide, plongée dans ses pensées. Tandis que Ay, solitaire contre l'arbre et les mains dans les poches, affiche une froide indifférence.

Une fois le destrier requinqué, Gwen prend la parole, rompant le silence.

_ Gwen : “ Il faut recommencer à trouver des pistes. “

_ Ay : “ Pas de problème. Contrairement à la Zone sud, les recherches seront bien plus rapides. “

_ Gwen : “ Pourquoi ? “

_ Ay : “ Je connais par coeur les recoins cachés de cette Zone ainsi que les secteurs à risque. “ dit-elle, se rapprochant du cheval tout en fouillant l’une de ses poches

Un comprimé se profile. Arrivée au pied d’eux, la docteure pose sa main sur le museau, sous le regard de sa partenaire.

_ Ay : “ Il est prêt. Ne m’en empêche pas. “ dit-elle, guettant du coin de l’oeil cette dernière

_ Gwen : “... “

Le cheval s’agite suite à la tentative de Ay, fermant sa bouche avec force. Sans réussite après plusieurs essais, elle tente une nouvelle approche. Elle avance vers le ruisseau, joint ses deux mains pour les remplir d’eau, puis avec sa Source, modifie la teinte de l’eau pour éliminer la transparence de l’eau, et ainsi, dissimuler la présence du comprimé. Elle se rapproche une nouvelle fois du cheval, qui après plusieurs secondes, ouvre enfin sa mâchoire, mordant à l’hameçon.

_ Gwen : “ Au fait, pourquoi tu n'as pas directement utilisé ta Source pour l’hydrater ? “

_ Ay : “ Mon eau n’est pas potable. J’ai essayé autrefois de boire avec ma propre Source et encore aujourd’hui j’ai en mémoire ce goût de pisse.”

_ Gwen : “ Quoi tu as déjà bu de la pisse ? “

_ Ay : “ C’est une expression idiote. Bref, les chevaux sont très méfiants de l’eau qui boivent. Ils réclament seulement de l’eau propre. “

_ Gwen : “ Et ce ruisseau en fait partie ? “

_ Ay : “ Oui, l’eau est claire et ne présente aucune substance toxique. “

_ Gwen : “ Je vois. “

Les jeunes filles montent à tour de rôle à cheval, reprenant de nouveau leur parcours.

_ Ay : “ Vous avez un cheval au village et tu n'es même pas au courant de ça ? “

_ Gwen : “ Je n’étais pas au village pendant des années. “

_ Ay : “ Comment ça ? “

_ Gwen : “ Je suis nouvelle également. Tu es arrivée 3 jours après moi. “

Ce commentaire la laisse perplexe.

_ Ay : “ Quoi ?? Tu me raconte quoi encore là ? Je commence à ne plus comprendre. “

_ Gwen : “ En 1310, mon frère et moi avons quitté le Village Maudit juste avant la guerre. Nous sommes revenus seulement cette année. “

_ Ay : “ Attends… Tu es restée 8 ans dehors ?? “

_ Gwen : “ Oui. “

D'une tonalité de voix neutre, comme à son habitude, Gwen donne une information qui soulève une nouvelle interrogation.

_ Ay : “ Alors vous avez fait comment pour survivre durant tout ce temps ? “

_ Gwen : “ Grâce aux ressources de la nature. “

_ Ay : “ Tu m'énerves. Je parle des Reclus. Même avec ta puissance c’est dur de tenir longtemps, surtout que tu devais gérer ton petit frère en prime. Vous aviez un campement au moins ? “

_ Gwen : “ Non. On changeait de position toute les demi-journées. “

Non satisfait des informations fournies, Ay adopte une nouvelle approche.

_ Ay : “ D’accord et pourquoi avez-vous quitté votre village si jeune ? “

_ Gwen : “ C’est long à expliquer. On en reparlera plus tard. Concentrons-nous plutôt sur les enfants. “

Face à l'obstacle évident, Ay, placée juste derrière la cavalière, renonce à insister et se contente de la fixer d'un air neutre.

Il est 17h.

Nous continuons notre marche.

_ Ayden : “ J’ignore si c’est car on est encore à l’entrée de cette Zone, mais visuellement je ne vois pas de différence dans l’écosystème avec la Zone médiane. “

Derrière les arbres, un secret se dévoile. L'air humide et frais nous enveloppe tandis que nous découvrons un miroir d’eau cristallines, où se reflète le ciel d'un bleu profond.

_ Son : “ Regardez ! Un lac ! “

_ Hazel : “ Non, c’est trop petit pour être un lac. Je pense plutôt à un étang. “

_ Son : “ On s’en fout nan ? C’est la même chose. “

_ Hazel : “ Si on veut. “

_ Shailly : “ Il y a même un arbre de fruit par là ! “

_ Kona : “ Oh c’est un manguier ! “ dit-elle, enjouée

Suite à cette belle surprise, je me retourne.

_ Ayden : “ Faisons une pause. “

_ Son : “ T’es sûr ? Le vieux nous a mis en garde, on ne doit pas traîner. “

_ Hazel : “ Ne t’inquiète pas on a de la marge il avait raison. Et puis, c’est juste une courte pause. “

Le bruit des béquilles se fait entendre.

_ Shailly : “ Ça m’arrange, j’étais encore d’attaque il y a peu mais une pause ne serait pas de refus. “

_ Maïko : “ Ça m’arrange aussi je vais profiter pour remplir mes gourdes d’eau. “

_ Ayden : “ Parfait, profitons-en pour faire le plein de ravitaillement alors. “

_ Son : “ Ok ça marche. “

Chacun se disperse, chacun à sa tâche. Maïko s'attèle aux gourdes, Shailly se rafraîchit au pied d’un arbre non loin d’elle, Kona et Hazel récoltent des mangues, enfin Kaya les imite de l'autre côté.

Non loin d’ici, j’aperçois une quantité importante de bois et de pierres au sol. Je m’en approche accompagné de Son, dans l'idée d’un éventuel feu de camp.

Son : “ Du bois sec ? Tu comptes rester dehors cette nuit ? “

Ayden : “ Simple précaution. On ignore la position exacte du Village Lunaire, donc si on rencontre des imprévus, mieux vaut se préparer tant qu’il fait encore jour. “

Son : “ C’est pas faux. “

Ayden : “ Plus important, on doit parler stratégie. “

Son : “ Comment ça ? “

Mes bois récoltés, je commence ma marche en sens inverse.

Ayden : Suis-moi. “

Suivis de près par Son, on s’approche de Hazel et Kona.

_ Ayden : “ Eh. “

_ Hazel & Kona : “ Oui ? “

_ Ayden : “ Nous devons élaborer une stratégie pour la suite de notre périple. “

_ Hazel : “ Par rapport à quoi ? Aux Reclus ? “

_ Son : “ Si c’est le cas, gardons la même formation que tout à l’heure. On s’en est plutôt bien sorti. “

_ Ayden : “ C’est vrai, mais je ne pensais pas à ça. “

_ Kona : “ Quoi donc ? “

_ Ayden : “ Les animaux sauvages. “

Des yeux s’écarquillent de manière respectif.

_ Ayden : “ Trouvons un moyen de nous échapper s’ils nous traquent. “

_ Son : “ Mais… Vous venez de dire il y a un instant qu’on a de la marge. Vous êtes vraiment sûr ?? “

_ Hazel : “ Oui, sûr. Tu n’as qu’à regarder la position du Soleil si tu nous crois pas. “

_ Ayden : “ En observant bien on a encore du temps avant le crépuscule. “

Malgré le doute persistant à travers son regard, il ne rechigne pas, préférant nous faire confiance.

Parallèlement, Kona, en pleine réflexion, connecte peu après ses pupilles avec nous.

_ Kona : “ Le problème est que nous n’avons pas d’info sûr eux. “

_ Hazel : “ On sait simplement qu’ils sont trois. “

_ Kona : “ Et encore une fois on ignore leur espèce. “

_ Son : “ Si on tombe sûr un ours on est mal … dit-il, se prenant la tête

_ Ayden : “ Ça m'étonnerait. C’est peu probable qu’un ours soit dans une forêt tropicale. Bien que cette Zone soit atypique. “

_ Son : “ Alors un lion ?? “

_ Ayden : “ Moins de chance. Ils vivent principalement dans la savane. “

Puis je scrute le sol avec agacement.

_ Ayden : “ Nan ce qui m'inquiète le plus, c'est la probabilité d'un jaguar.“

Mes mots les transpercent, les laissant muets et pétrifiés.

_ Ayden : “ Si le lion est le roi de la savane, le jaguar est le roi des forêts tropicales. “

Puis je les guette en retour.

_ Ayden : “ Et très sincèrement, si on tombe dessus, c’est la mort assurée. “

Chacun avale sa salive, les mains devenant moites.

_ Son : “ Fais… Ne fais pas peur comme ça mec !” dit-il, en tremblant

_ Kona : “ Bordel… Quand est-ce que ce calvaire va s'arrêter ? “ dit-elle, en se recroquevillant

_ Hazel : “ Attendez. “

Intrigués, Son et Kona lèvent les yeux.

_ Hazel : “ Rien n’est encore sûr. Ça peut très bien être un autre animal. Sinon je ne vois pas pourquoi M.Blaike n'a rien dit à ce sujet. “

_ Son : “ Pff tu fais vraiment confiance au vieux ? Il nous a laché par surprise et laissé en plan ! “

_ Ayden : “ Non je pense pareil que Hazel. Et puis, il était relativement serein quand il en a parlé. Même s’il est fort, je doute qu’il puisse faire quoi que ce soit contre un tel animal. “

Voyant l’atmosphère palpable, j’enchaine voulant désamorcer cette tension.

_ Ayden : “ Désolé, je ne voulais pas vous faire peur. “

_ Kona : “ Ouai bah c’est raté ! “

_ Ayden : “... “

Malgré le stress présent, une interrogation bourdonne parmi l’équipe.

_ Son : “ Au fait… Comment t’es au courant de tout ça mec ? “

_ Ayden : “ A notre première rencontre dans la cabane du village, il y avait des livres à l’étagère et l'un d'eux était consacré au monde animal. Je l'ai emprunté. “

_ Son : “ Ohh je vois. “

Je regarde à l’horizon, le visage neutre.

_ Ayden : “ De toute façon peu importe sûr qui on tombe. “

_ Son : “ Hein ? Et pourquoi ? “

_ Ayden : “ Prédateur ou non, dans l’ensemble ils ont un point commun. “

_ Kona : “ Lequel ? “

_ Ayden : “ L’odorat. “

Chacun saisit rapidement mes intentions.

_ Ayden : “ Vous l’avez deviné, si on neutralise leur odorat, on a une chance de survie. “

_ Son : “ D’accord mais comment ? “

_ Ayden : “ C’est là que tu entre en scène. “

Mon regard se porte sur un autre camarade.

_ Hazel : “ Moi ? “

_ Ayden : “ Avec ta Source, tu peux dissimuler l’odeur corporelle ? “

_ Hazel : “ Tu veux… que j'imbibe tout le groupe de boue ? “

_ Ayden : “ Exact. Ça ne va pas neutraliser leur odorat mais au moins ils auront plus de difficultés à nous repérer. “

Après une courte réflexion, le concerné me fixe.

_ Hazel : “ C’est bien vu, mais ça va être plus complexe que tu le penses. “

_ Ayden : “ Pourquoi ? “

_ Hazel : “ J’active ma Source à partir du sol et non de mon corps. Qui plus est, à faible quantité. Je n’ai pas la capacité de vous asperger instantanément et en grande quantité. “

_ Ayden : “ Donc la seule façon est de tous s’étaler au sol dans ton champ d’activation ? “

_ Hazel : “ Éventuellement. “

_ Kona : “ Quand bien même, ce n’est pas raisonnable, on perdrait trop de temps pour étaler tout notre corps. “

_ Son : “ C’est clair. Les animaux ne vont pas attendre sagement qu’on s’étale avant de nous bouffer. “

_ Ayden : “ Hmmm. “

Suite à cette faille, une solution alternative me traverse l’esprit.

_ Ayden : “ Gardons tout de même cette idée de côté. Si nous savons précisément à quel instant ils débarquent, au moins on sera préparé. “

_ Hazel : “ Compte sûr moi. “

Puis je détourne mon regard.

_ Ayden : “ Il y a un autre problème. “

_ Son : “ Encore !? “

Intrigués, leurs yeux suivent les miens cherchant à comprendre ce que je vois.

_ Ayden : “ Avec Shailly en béquille, ça va être très dur. C’est un véritable frein. “

Mes mots crus crispent un orphelin.

_ Kona : “ Comment tu peux dire ça !? “

_ Ayden : “ Détends-toi, je vais tout faire pour trouver une solution. “

Les sourcils froncés, la jumelle n’insiste pas pour autant.

_ Kona : “ Ok je te fais confiance. Bon, dépêchons-nous maintenant. Je vais chercher Kaya. “

_ Hazel : “ Je préviens les filles et je t’accompagne. “

Ils s'éloignent progressivement, disparaissant lentement de notre vue.

_ Son : “ On devrait y aller aussi. “

_ Ayden : “ Attends, j’ai vu un endroit intéressant tout à l’heure, j’en ai pour quelques secondes. “

_ Son : “ Hein ? Tu vas où encore ? “ dit-il, le suivant malgré tout

Arrivé à destination, j’entrevois pas très loin des bois récoltés, au pied d’un arbre, un perroquet au sol.

_ Ayden : “ Donc j’ai bien vu un oiseau tout à l’heure. “

Je regarde autour de moi et aperçois un nid d'oiseaux.

_ Ayden : “ Il est probablement tombé de son nid. Cependant, il ne s’envole pas, il n’a pas l’air d'être blessé pourtant. “

Je l’analyse en profondeur.

_ Ayden : “ Il a à peine du plumage, c’est encore un bébé ? Étonnant vu sa taille. “

En effet, un perroquet mesure environ 20 centimètres à l'âge adulte. Or, ce bébé atteint déjà cette taille.

_ Son : “ C’est bon je le vois. Qu'est-ce qu'il fabrique ? “

Peu de temps après.

_ Kona : “ Rhaah mais où elle a bien pu aller ? Elle sait pourtant qu’on ne doit pas s’éloigner ! “

_ Hazel : “ Ne t’inquiète pas, elle n’est sûrement pas loin. “

_ Kona : “ J’espère qu'elle n’est pas en danger. “

A peine sa phrase finie, les feuilles poussées par les mouvements de corps s'écartent, dévoilant une présence furtive, tapie dans l'attente.

_ Kona : “ Ah bah voilà tu étais là ! Arrête de bouger sans arrêt on doit y all…“

_ Kaya : “ Chut. “ dit-elle, son index plaqué contre sa bouche

D’un signe de main, la concernée invite en retour Hazel et sa jumelle à s’accroupir également.

_ Hazel : “ Qu’il y a t-il ? “

_ Kaya : “ Il y a du monde. “

_ Kona : “ T’en es sûr ? Je ne vois pers…”

Des sourcils se haussent. Trois individus avec un accoutrement atypique sortent de l’ombre. Le premier individu possède une armure de chevalier. Le deuxième possède une tenue militaire camouflée par des feuillages. Enfin le troisième n'a aucun équipement, hormis une arme en métal perforée dans laquelle ses doigts s'insèrent.

_ Individu 1 : “ Quand je retrouverai ce con de marchand, je lui ferai la peau ! “

_ Individu 2 : “ Une longue épée cassée au bout de quelque impact, c’est une première. “

_ Individu 1 : “ J’aurai dû garder le bout restant pour le poignarder avec, quel idiot ! “

_ Individu 2 : “ J’ai encore un peu d’écu, on achètera une nouvelle épée, alors détends toi. “

Ces paroles éveillent des inquiétudes parmi les jeunes enfants, croisant mutuellement leur regard.

_ Kona : “ Ils n’ont pas de brassard, j’ai pas confiance. “

_ Kaya : “ Même avec, mon avis serait identique. “

_ Hazel : “ Il n’y a rien à en tirer d’eux. Partons. “

À peine les orphelins relevés des buissons, Kaya, la plus excentrée du groupe, perçoit du coin de l’œil une silhouette noire munie d’une capuche descendre d’un arbre brusquement en direction des individus.

Le capuchonné s’écrase net sur l’individu en armure. Cette irruption surprise choque ses collègues ainsi que les orphelins.

Malgré l’armure qui protège son corps, l’absence de casque ne l’empêche pas de heurter violemment le sol avec sa tête.

_ Individu 2 : “ T’es qui ?! “

Dans le feu de l’action, le capuchonné se redresse avec une furtivité spectaculaire, puis tente un énorme crochet en plein visage de son nouveau vis-à-vis.

Une esquive de justesse se profile, mais le capuchonné, dans un réflexe vif, bloque le pied d’appui de l’assaillant et lui assène un coup de genou dans l’abdomen.

Il assène ensuite coup sur coup une pluie de poings sur le corps de sa victime, sans lui laisser de répit. Mais sa fureur s'interrompt par l'intervention brutale du dernier allié, dont l'arme métallique s'abat avec une force implacable dans un élan fulgurant. Ce dernier bloque sa tentative directement avec ses mains. L'impact lui cause une douleur progressive, le faisant grimacer. Il recule alors de quelques pas pour se repositionner et constater les dégâts sur la paume de ses mains. La peau, lacérée et rougie, laisse perler des gouttes de sang.

_ Le capuchonné : “ Un poing américain ? “

Cette brève perturbation profite à l'assaillant pour lancer une nouvelle offensive que le capuchonné pare difficilement au vu des dégâts subis.

Sous le regard troublé des orphelins, témoins d'une violence inouïe, le capuchonné esquive habilement quelques assauts. Mais, pris à revers par l'individu en armure, il s’immobilise par une clé de cou brutale.

Sa taille légèrement supérieure facilite sa tentative. Par la pression et l’inclinaison de la tête, il dévoile peu à peu le visage du capuchonné.

_ Kona : “ Mais c’est… “

_ Kaya : “ Edna ?? “

Son collègue armé fonce droit sur elle, pendant que l’individu en armure la tient toujours.

Se débattant de toutes ses forces, elle change de stratégie et, d’un pivot arrière avec son crâne, fracasse le crâne en retour de son assaillant, la délivrant de l'emprise, malgré la douleur. S’ensuit une nouvelle frappe au poing, bien centrée qui le met à terre.

Cependant, ce faible moment d’avantage se transforme en une faille, bien exploitée par l'adversaire armé qui projette un crochet en plein visage de Edna, la projetant au sol.

La blessure à la joue, rouge stigmate de l'affront, attise sa fureur. Elle constate le sang qui coule, le lèche à mesure qu'il s'échappe, puis se dresse vivement, prête à en découdre. Mais de nouveau prise pour cible par l’individu en tenue militaire, une énorme liane, créée artificiellement, enroule l’avant-bras de Edna, tirant avec force pour la déséquilibrer.

_ Edna : “ Encore un connard avec un pouvoir ! “

Dans ce laps de temps infime, Edna devient à la merci de son adversaire, qui la frappe sans pitié sur tout le corps.

_ Hazel : “ Si ça continue comme ça, elle ne va pas tenir. “

_ Kona : “ Elle a beau être forte, trois contre un, ce n’est pas possible… “

_ Kaya : “ De toute façon, ce n’est pas notre combat. “

Subitement, du granite se forme autour des jambes de l'assaillant armé.

_ Hazel : “ Mais ! “

L'incompréhension dans le regard des deux individus offre une opportunité à Edna. Elle assène un coup de coude sur l'os de l'avant-bras, le forçant à lâcher l'arme en métal. Dans un mouvement fluide, elle envoie un uppercut bien placé, mettant son adversaire KO sur-le-champ.

L'autre individu, à quelques pas seulement, tente une attaque discrètement, mais est également surpris de sentir du granite sur ses jambes.

_ Individu 2 : “ À quel moment… “

Tel un fauve, Edna se rapproche, le déséquilibre d'un croc-en-jambe et le plaque au sol, l'immobilisant d'une main de fer.

Simultanément, Hazel, Kona et Kaya sont stupéfaits par l'apparition soudaine de Ayden, une apparition aussi furtive qu'inexplicable.

Edna, reprenant alors son souffle, exténuée de l’affrontement enfin fini, distingue peu à peu des visages familiers.

_ Edna : “ Vous êtes… “

Un à un, les orphelins émergent de leurs refuges, leurs visages exprimant leur indignation.

_ Kaya : “ Mais qu’est-ce-qui te prends tu es malade ?? Pourquoi tu aides notre ennemie ?? “

L’information, pourtant bien reçue, me sort de l’oreille aussitôt. Concentré uniquement sûr ma cible, je continue ma marche sans prêter attention à ses divagations, le regard rivé sûr les individus.

_ Kaya : “ Eh je te parle ! “

_ Ayden : “ Ne te méprends pas. J’ai des questions à poser à ces hommes. “

_ Kaya : “ Hein ? “

_ Individu 2 : “ Hum, je n’ai rien à te dire vermine. “

Ignorant également son propos, j’avance encore d’un pas, tandis que Edna, agrippée à l'assaillant, fouille ses poches.

_ Ayden : “ Que savez vous sûr le Village Lunaire ? Et où se situe t-il exactement ? “

_ Individu 2 : “ Tu es sourd ? Je n’ai rien à te dire j’ai dit ! “

Le sac d'écus tombe des mains de Edna, révélant un butin ridicule. Une grimace de dégoût déforme son visage, puis une veine pulse à sa tempe.

_ Edna : “ Dans ce cas réponds à la mienne. Où j’peux choper de la monnaie ? “

_ Individu 2 : “ Ça vaut pareil pour toi gamine. “

Sans hésitation et d'un geste précis et brutal, Edna s'empare de l'épaule de son assaillant et, d'une clé de bras, se prépare à lui infliger une fracture nette.

_ Individu 2 : “ Qu’est-ce-que !? “

_ Edna : “ Ma patience à des limites. Je te laisse trois secondes. “

_ Individu 2 : “ Attends attends on peut s’arran… “

_ Edna : “ Trois. “

_ Individu 2 : “ Putain elle est vraiment sérieuse ! “

_ Individu 1 : “ Ne dit rien ! “

_ Edna : “ Deux. “

La sueur perle sur le front de l’individu. L’étau se resserre, l’hésitation le ronge. Il se débat en vain, la prise trop forte, le précipitant vers l'inévitable.

_ Individu 1 : “ Tu as conscience de tes actes, gamine ? Tu ne t’en tireras pas comme ça ! “

Ignorant ce propos, elle poursuit son compte à rebours, le visage impassible.

_ Edna : “ Un. “

Sentant rapidement son épaule se tirer, une pression intense, aussi physique que morale, l’enveloppe. Sa mâchoire se crispe, ses dents se serrent, puis un cri de peur jaillit de sa bouche.

_ Individu 2 : “ D’ACCORD D’ACCORD… Le Village Lunaire se situe à une quinzaine de kilomètres d’ici. “

_ Individu 1 : “ Mais ?? “ dit-il, subjugué par la non-loyauté de son camarade

_ Individu 2 : “ Si vous voulez plus d’information, renseignez vous auprès du camp Khalos. “

_ Ayden : “ Le camp Khalos ? “

_ Individu 2 : “ Vous ne pouvez pas les louper. Chaque membre possède un tatouage en forme de symbole astrologique au visa… AARRH “

_ Edna : “ Tu te fous de moi ? Réponds d’abord à ma question ! “

_ Individu 2 : “Le camp Khalos possède également de l’argent… beaucoup d’argent… Tu trouveras ton bonheur là bas… “

Relâchant peu à peu sa prise, Edna se redresse légèrement et attrape les cheveux de sa victime.

_ Edna : “ T'as pas intérêt à avoir menti. La prochaine fois, il y aura aucun décompte. “

Puis, lâche sa prise et se redresse totalement.

Dans le même instant, quelque orphelin se rapproche de moi. J’échange un regard avec l’un d’entre eux.

_ Shailly : “ Tu penses qu’il dit la vérité ? “

_ Ayden : “ Je ne sais pas. Mais d’abord, assurons nous de la position de ce camp. “

Puis, je guette de nouveau l’assaillant.

_ Ayden : “ Il est vulnérable. Profitons-en pour lui soutirer encore des inf… “

Soudain, une forte odeur émane de mon corps.

_ Kona : “ C’est quoi cette odeur ?? “

_ Shailly : “ Je la ressens aussi sur mon corps ! “

_ Hazel : “ On dirait une odeur de viande. “

_ Son : “ De viande ? Mais il n’y a rien sur nous. “

Peu après, des minuscules granulés rouges s'échappent du sol.

_ Ayden : “ Ça ne provient pas de notre corps, ça vient du sol. “

_ Kaya : “ Du sol ? “

_ Hazel : “ Tu as raison. Mais pourquoi subitement ? “

_ Maïko : “ Peu importe, ça empeste et c’est chiant ! “

Guettant minutieusement notre périmètre, rien ne me saute aux yeux. Soudain, une idée sombre me traverse l’esprit. Mes yeux se rivent furtivement sur l’un des individus au sol, copié par Edna, ayant probablement deviné le fautif.

Par la suite, un énorme coup de pied s'abat sur le visage de l’assaillant.

_ Edna : “ Enfoiré, c’est toi pas vrai ?? “

Malgré la bouche en sang, un petit rire moqueur jaillit.

_ Individu 1 : “J’ai bien prévenu… qu’il fallait se taire. “

_ Individu 2 : “ T’es malade ? Tu veux tous nous condamner ?? “

_ Individu 1 : “ Ferme la poucave de merde ! “

_ Edna : “ Eh ! “

Le regard perçant, Edna se rapproche du coupable.

_ Edna : “ Je me fiche de vos querelles, dis moi seulement ce que tu viens de foutre. “

_ Individu 1 : “ Mais avec plaisir. Je viens à l’instant de propager avec ma Source un odorant à saveur de chair dans un périmètre bien défini. “ dit-il, avec fierté

_ Edna : “ Hein ? C’est quoi ce pouvoir de merde ? T'as pas honte ? “

Légèrement plus détendu, Son tente de nous rassurer.

_ Son : “ C’est tout ? En gros il peut simuler n’importe quelle odeur ? Pourquoi son collègue s'excite alors haha. “

_ Ayden : “ Non, nous sommes pris au piège. “

Chacun me regarde, l’air perturbé.

_ Son : “ Comment ça mec ? “

_ Ayden : Si nous sommes imbibés d’une odeur de chair, cela attirera les animaux sauvages. “

Mes mots leur glacent le sang.

_ Individu 1 : “ Tu as tout compris morveux ! Si je coule… alors coulons tous ensemble ! “

_ Edna : “ Fils de… “

Pris au dépourvu, je tourne immédiatement mon regard vers mes camarades, déjà stressés.

_ Ayden : “ Quittons tout de suite ce secteur ! “

_ Hazel : “ Et notre stratégie ?? “

_ Ayden : “ Nan on a pas le temps ! “

De manière précipitée, nous commençons notre course vers une issue encore inexplorée. Cependant, avant même de nous engouffrer dans la végétation, trois silhouettes gigantesques se dressent face à nous. À plusieurs mètres de notre position et d'Edna, trois hyènes sauvages très costaudes apparaissent, avoisinant les deux mètres, et nous fixent avec pour seul objectif de nous charcuter.

_ Kona : “ C’est une blague… Ils sont… déjà là ? “

_ Ayden : “ Là, c’est vraiment la merde ! “