🐾 Fripouille a peur du métro .

Zazou court après Fripouille. Ce petit filou a plus d’énergie qu’une boîte de sardines à ressort. Ça lui rappelle quand lui-même était un jeune matou fougueux… sauf que là, il est essoufflé.

— J’vieillis ou quoi ? rouspète Zazou entre deux souffles.

Fripouille dévale les escaliers du métro. Zazou ne le quitte pas des yeux, jusqu’à ce qu’un flot de passants le ralentisse. Une demi-seconde d’inattention… et Fripouille a disparu.

— Mince ! Fripouille ? FRIPOUILLE !

Zazou panique. Il avance, recule, fait volte-face, contourne des pieds humains, tente de capter une trace du petit chaton apeuré.

— Si jamais il lui arrive quelque chose, je me le pardonnerai jamais… Et s’il se perdait ? Adopté par erreur, puis abandonné ? Non, pas Fripouille. Pas lui.

Alors qu’il fulmine, une souris surgit entre les jambes des voyageurs, zigzaguant comme une moto dans un embouteillage.

— Jamais vu un peureux pareil ! Balance-t-elle en courant. Un chaton flippé qui bloque devant le quai pour Versailles… quel boulet !

Zazou la rattrape à la volée.

— Attends, t’as dit quoi ?! Quai Versailles ?

— Yep. Une petite boule noire de poils, tremblotante comme une feuille de salade, juste avant le tunnel. T’as intérêt à le récupérer, ton p’tit copain !

Zazou hoche la tête, reconnaissant malgré tout.

— Merci, mini-fromage. T’as bon fond, même avec ton sale caractère.

— Et toi t’as du cran de t’le trimballer ! glousse la souris avant de disparaître dans un recoin.

Zazou file vers le quai. Il aperçoit Fripouille, recroquevillé, pattes sur les yeux. Il s’approche, le soulève délicatement par la peau du cou.

— Allez, mon minus. T’as assez joué les statues de la peur.

Ils sortent tous les deux et s’arrêtent à un petit café calme à l’angle de la rue. Zazou pose Fripouille dans une banquette douillette. Le silence tombe un instant.

Puis Fripouille murmure :

— T’étais en colère…?

— Non. Inquiet. C’est pas pareil. Mais t’as intérêt à pas me refaire le coup du métro fantôme, compris ?

Fripouille baisse les oreilles. Puis demande :

— Comment tu m’as retrouvé ?

Zazou sourit.

— Une souris avec un sens de l’humour piquant. Tu lui dois un chocolat… ou un bout de fromage.

Fripouille saute souplement de la banquette, s’étire, puis secoue ses pattes encore un peu engourdies.

— Elle était marrante, la souris, hein ? Même si elle avait une voix de dessin animé coincé dans une boîte à sardines.

— Oui, elle est comme ça, ricane Zazou. Ironique et rapide comme une ligne 14 à l’heure de pointe.

Ils passent la porte automatique du café, qui s’ouvre avec un pfft sonore. L’air du soir leur fouette les moustaches, et déjà, leur pas se synchronise. Zazou, queue haute, Fripouille, oreilles aux aguets.

Et voilà qu’ils se mettent à chantonner une mélodie bancale et joyeuse :

🎵 Croque fromage et museau fin,

Les souris dansent au petit matin,

Mais les chats, les vrais, les malins,

Font du ragoût en un festin ! 🎵

Les passants s’arrêtent un instant, sourient en les voyant passer. Un homme lève les yeux de son journal :

— Tu vois ça, Juliette ? Même les chats font des duos maintenant !

Fripouille glousse et accélère le pas.

— ont va au resto de chats .

— On va vraiment à un resto de chats ? Ça existe ?

Zazou lui lance un regard mystérieux.

— Bien sûr que ça existe. Le Chas-Croute. Rue des Ronrons. Réservé aux félins initiés. À condition de savoir miauler la formule magique à l’entrée.

— Une formule magique ?! T’es sérieux ?

— Toujours. C’est “Tuna, tonka et tendresse”.

Fripouille s’exerce en chuchotant :

— Touna… to-tonka… et tartiflette ?

— Non, non ! Tendresse, Fripouille. Pas fromage fondu. Sinon on t’envoie faire la plonge.

Ils éclatent de rire et tournent à l’angle d’une ruelle tranquille. L’enseigne d’un petit restaurant en forme de poisson illuminé clignote doucement.

Zazou s’arrête, se tourne vers Fripouille et lui dit :

— À toi l’honneur, p’tit chaton. C’est ton baptême gourmand.

Fripouille gonfle les poumons, se dresse sur ses pattes arrières comme un petit acteur de théâtre, et miaule avec tout son cœur :

— Tuna, tonka et tendresse !

Un grincement. Une trappe en forme de chatière s’ouvre doucement dans la porte… Et une délicieuse odeur de sardine grillée et de croquettes à la truffe s’échappe du seuil.

Fripouille écarquille les yeux.

— C’est… magique.

Zazou lui tape affectueusement la tête avec sa queue.

— Allez viens, Fripouille. Ce soir, c’est toi l’invité d’honneur.

Ils disparaissent dans l’ombre, moustaches brillantes, cœurs plus légers, l’un mentor, l’autre apprenti. Le monde peut bien être bruyant, lumineux, ou même flippant… à deux, il l’est toujours un peu moins.

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✍️Barbara Wonder

📸Image seeart.ai et Canva

🗞️Écrit le 05/08/25