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Chapitre 69

Chapitre 69

Publicado el 31, may, 2025 Actualizado 31, may, 2025 New Romance
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Chapitre 69

Je n’aurais jamais cru qu’on puisse entendre son propre corps céder. Ni que le monde puisse s’écrouler dans un instant aussi bref. Mais quand mon ventre a heurté le coin du buffet, le choc n’a pas seulement traversé ma chair. Il a traversé tout ce que je croyais solide, tout ce que j’avais reconstruit, tout ce que je tenais pour acquis. Et dans cette chute, dans ce souffle arraché à mes poumons, j’ai su. J’ai su qu’il se passait quelque chose qu’on ne pourrait pas effacer.


Le sang, d’abord, est venu en silence. Comme un chagrin qu’on ne peut pas encore nommer. Puis la peur. Une peur animale, viscérale, qui m’a saisie au ventre et au cœur dans un même élan. Une peur qui m’a coupée du reste du monde.


Et Samuel… Samuel était déjà là, à genoux près de moi, ses mains tremblantes tâchées de rouge, ses yeux écarquillés comme s’il regardait l’irréparable. Je l’ai vu basculer en une seconde de la colère à la terreur. De l’homme blessé au futur père qui voit tout vaciller.


L’ambulance est arrivée dans un vacarme assourdi. Tout allait trop vite. Je ne comprenais plus rien, je ne sentais que ses doigts serrés contre les miens, sa voix qui murmurait mon prénom avec une intensité qui me faisait mal.


Et maintenant, allongée sur ce brancard, secouée par les virages et les arrêts du véhicule, je n’entends plus que le bruit sourd de mon propre sang qui cogne à mes tempes. Mes yeux refusent de se fermer. J’ai peur de ce que je pourrais y voir. J’ai peur de ce que je ne sentirai plus.


Je sens que mon corps est là, mais j’ai quitté quelque chose. Une partie de moi s’est repliée. Pour se protéger. Pour survivre.


À côté de moi, il est là. Samuel. Assis, tendu, immobile. Je n’ai jamais vu son visage aussi figé, ses mâchoires aussi serrées. Il me parle, je crois. Mais les mots sont noyés dans le tumulte intérieur. Je voudrais lui répondre, lui dire que je tiens, que je sens encore ce petit poids en moi, que ce n’est peut-être pas fini. Mais rien ne sort. Je ne suis qu’un souffle, une attente, un appel muet.


Et ce sang qui continue.


Quand les portes s’ouvrent, la lumière des néons me frappe en plein visage. On me sort. On me pousse à travers les couloirs blancs de l’hôpital, Samuel court derrière nous mais on l’arrête. « Pas ici, monsieur. » Il proteste, j’entends sa voix, mais déjà, je suis emportée. Arrachée à lui une deuxième fois.


Je hurle en silence.


Ils me déshabillent, m’installent, posent des électrodes, des perfusions, parlent vite, entre eux. Une sage-femme me prend la main. Elle me regarde droit dans les yeux. Et d’un ton doux mais ferme, elle me dit :


— Respirez, madame. Ne bougez pas. On va vérifier tout de suite.


Je hoche la tête sans y croire. Je suis ailleurs. À la frontière de tout. Mon cœur bat trop vite. J’ai envie de vomir. J’ai envie de hurler.


L’échographe arrive. Le gel est froid. La sonde glisse. Mon ventre se contracte. Je fixe l’écran, le souffle suspendu.


Il ne se passe rien.


Et puis, au bout de quelques secondes, un battement. Léger. Irrégulier. Faible. Mais là.


— Il est vivant, dit-elle.


Je ferme les yeux. Des larmes chaudes roulent le long de mes tempes. Mon bébé est vivant.


Mais la médecin ne sourit pas. Son regard est grave. Elle reste concentrée. Elle observe longtemps. Trop longtemps. Puis elle soupire, doucement.


— Il y a un décollement. Il va falloir surveiller. Le moindre faux mouvement, et…


Elle ne termine pas sa phrase.


Et je comprends.


Je suis suspendue à un fil.


Samuel


Je ne sens plus mes mains. J’ai froid. Assis là, dans ce couloir glacial, je n’arrive pas à m’arracher à l’image de son corps allongé, sa peau si pâle, ce sang sur mes doigts. Je ne sais pas comment je suis encore capable de tenir debout. De respirer. D’attendre.


Chaque seconde est un supplice. Je repasse la scène. Encore. Et encore. Les mots de mon frère. Mon corps qui explose. La violence. Le bruit. Le sang. Le cri de Paule.


Je me lève. Je fais les cent pas. Je m’assieds. Je me lève encore. Les murs rétrécissent. Le temps se dilate. Il n’y a plus de monde. Il n’y a qu’elle. Et le bébé. Et ce que j’ai peut-être détruit.


Quand une femme s’approche enfin, blouse blanche, cheveux attachés, regard calme, je me fige.


— Vous pouvez aller la voir. Elle est en chambre.


Je ne pose pas de question. Je me lève. Je marche droit. J’ai l’impression que mon cœur va lâcher à chaque pas.


Quand j’entre, elle est là. Dans ce lit trop blanc, trop net. Les rideaux sont tirés. Un filet de lumière filtre par le haut. Elle ne me voit pas tout de suite.


Je referme doucement la porte. Je m’approche.


Nos yeux se croisent. Elle est vivante. Et pourtant, elle me semble si loin.


Je m’assieds à côté. Je prends sa main. Elle ne la retire pas.


Je ne dis rien. Je n’en ai pas la force. Et parce que je sais que rien, aucun mot, ne serait juste.


Elle fixe le plafond. Son regard est perdu. Mais ses doigts se referment lentement sur les miens.


Je reste là.


Longtemps.


La médecin revient. Elle ferme la porte derrière elle, cette fois. Elle nous regarde tous les deux.


Elle parle calmement, mais sans détour. Elle explique. Le décollement placentaire. Les risques. L’alitement. Le repos total. Pas de marche. Pas d’effort. Une surveillance constante. Une échographie tous les dix jours. Une hospitalisation si le moindre symptôme revient.


— Si vous voulez que cet enfant naisse, dit-elle à Paule, il va falloir tout arrêter. Absolument tout.


Elle se tourne vers moi.


— Et vous, monsieur. Vous devrez l’aider. Être là. Tout le temps.


Je hoche la tête. Je ne sais pas ce que je dis. Mais je dis oui.


Et dans ce moment, malgré la peur, malgré la gravité, il y a cette lumière. Ce battement. Il est là. Il est encore là.


Et il faudra maintenant tout repenser autour de ce fragile miracle.


Quand elle sort, je me retourne vers elle. Paule ne dit rien. Ses yeux sont ouverts. Elle regarde le plafond. Ou peut-être au-delà.


Alors je m’approche. Je m’assieds au bord du lit. Je prends sa main. Je la garde contre ma joue.


Et je lui dis, tout bas :


— Je suis là. Je ne bougerai pas.


Elle ne répond pas.


Mais ses doigts se referment plus fort.


Et je comprends.


On n’est pas encore tombés.


On est juste en train de se battre.


Pour trois.

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