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Chapitre 23

Chapitre 23

Publicado el 28, may, 2025 Actualizado 28, may, 2025 New Romance
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Chapitre 23

Addison m’a sortie de chez moi sans me laisser vraiment le choix. Elle a débarqué avec ce regard que je connais trop bien, celui qui dit « tu vas venir, même si tu n’en as pas envie ». Et j’ai cédé. Non pas parce qu’elle a insisté — elle n’en a pas eu besoin. Mais parce qu’une part de moi n’en pouvait plus du silence.


On est attablées en terrasse d’un petit bar à vin de la 5e avenue. Une terrasse étroite, pavée, où la lumière des réverbères donne aux verres un éclat doré. Le genre d’endroit où l’on parle bas, où les vérités se glissent entre deux gorgées. Addison a commandé un chardonnay, moi un rouge léger. Elle me regarde comme si elle attendait que je parle la première. Mais c’est elle qui brise le silence.


— Tu vas vraiment me dire que tu ne veux pas parler de Samuel ?


Je hausse les épaules, joue la carte du sourire en coin. Mais elle ne mord pas. Elle attend.


— C’est compliqué, je finis par souffler.


— Non, Paule. C’est lui qui est compliqué. Toi, tu veux juste comprendre. Et tu crois encore qu’il est possible de le faire.


Je la regarde, un peu prise au dépourvu.


— Tu insinues quoi, exactement ?


Elle tourne son verre doucement entre ses doigts, comme si elle mesurait ses mots. Puis elle se penche un peu, sa voix se fait plus basse.


— Tu crois que tu es la première à vivre ça avec lui ? Cette tension, cette façon qu’il a de t’entraîner quelque part pour mieux disparaître ensuite ?


Mon ventre se serre. Elle parle calmement, sans provocation. Juste avec ce ton qu’elle prend quand elle sait qu’il faut dire les choses, même si elles font mal.


— Tu parles d’une autre ? je demande, sans réussir à dissimuler l’inquiétude dans ma voix.


Elle hoche la tête.


— Une fille de la brigade avant toi. Camille. Puis une autre, extérieure. J’ai vu comment elles se sont fait happer. Comment elles ont cru, comme toi, qu’elles touchaient quelque chose de vrai. Et comment il s’est volatilisé aussitôt après. Toujours cette même intensité… suivie d’un silence.


Je me redresse un peu sur ma chaise, mon regard fixé sur la nappe blanche. Je me demande si elle exagère. Si elle veut me faire peur. Ou si elle est simplement honnête.


— Pourquoi tu me dis ça maintenant ?


Elle ne cligne pas des yeux.


— Parce que je t’aime bien. Et parce que je te sens vaciller.


Je ne réponds rien. Mon verre est plein, mais je n’ai pas soif. J’ai juste cette boule dans la gorge, ce goût d’amertume qui monte, lentement. Parce qu’elle touche juste. Parce qu’elle met des mots sur quelque chose que je ressens sans vouloir l’admettre.


Depuis cette nuit chez moi, je ne l’ai pas revu tel qu’il était alors. Ce n’est pas Samuel, l’homme, qui a disparu du laboratoire. Il est là. Il travaille. Il parle. Il me parle, même. On échange sur la Toque d’Or, on construit une base de travail. Tout semble fonctionnel.


Mais ce qu’il a tué, en quittant mon lit, c’est ce qu’il avait laissé entrevoir de lui. Ce qu’il avait osé déposer, un instant, contre moi.


Et cette absence-là, je la ressens de façon bien plus violente que s’il s’était réellement éloigné.


Il est revenu, oui. Mais il n’est plus tout à fait lui. Il a repris sa carapace, refermé chaque faille. Il parle avec justesse, il agit avec maîtrise. Et moi, je m’y perds. Je ne sais plus si j’ai rêvé cette nuit-là, ou si elle a bel et bien existé.


Alors j’ai reculé, moi aussi. Parce qu’il n’y avait plus rien à quoi me raccrocher. Parce que j’ai refusé de mendier un regard, une parole, un souffle. J’ai préféré m’éloigner que tendre la main pour la voir se refermer sur du vide.


— Tu crois qu’il est conscient de ce qu’il fait ? je murmure.


Addison m’observe. Elle semble réfléchir une seconde, puis elle hoche lentement la tête.


— Oui. Et non. Je pense qu’il sait qu’il fait mal, mais je pense aussi qu’il pense ne pas avoir le choix. Il vit avec un truc verrouillé. Peut-être un passé, peut-être une peur. Mais c’est à lui de le régler, pas à toi de le soigner.


Je hoche doucement la tête. Une brise légère traverse la terrasse. Les verres tintent à une autre table. Un éclat de rire monte, puis disparaît aussitôt.


Je me lève pour aller aux toilettes. Dans le miroir au-dessus du lavabo, mon reflet me fait face. Je ne suis pas triste. Pas vraiment. Mais quelque chose en moi s’est tu. Il y a comme une nappe de brouillard derrière mes yeux. Une lassitude. Une attente qui n’ose plus dire son nom.


Quand je reviens, Addison a rangé son téléphone. Elle me regarde, mais ne dit rien. Elle sent que c’est inutile. Elle a semé ce qu’elle avait à dire. Le reste, c’est à moi d’en faire quelque chose.


— Tu veux qu’on rentre ? dit-elle simplement.


Je hoche la tête. Et on s’éloigne en silence, côte à côte. Les rues sont calmes, les vitrines sombres, et les pas de notre marche résonnent doucement contre les pavés.


Les jours suivants, il n’y a plus rien à ajouter.


Samuel est là. Mais pas celui que j’ai vu cette nuit-là, penché sur moi, vulnérable, brûlant, à bout de souffle.


Celui-là, il s’est éteint dès que le jour s’est levé.


Et moi, je continue. Je travaille, je respire, je réponds à ses demandes. Je fais comme lui. Je referme. Je verrouille. Mais à l’intérieur, tout reste en tension.


Je le croise un soir, dans le couloir du labo. Il est seul, son manteau sur les épaules. Nos regards se croisent. Un instant. Trop court. Trop chargé.


Il détourne les yeux.


Il passe.


Il ne dit rien.


Et moi, je reste là. Figée. Envahie par l’odeur de son parfum, par ce silence qui hurle plus fort que tous les mots.


Le soir même, je m’imagine ses messages.


Ceux qu’il ne m’écrit pas.


Ceux qu’il pourrait envoyer, s’il osait.


Je m’invente des dialogues à moitié tendres, à moitié maladroits. Des mots qui me manquent. Des phrases qui ne viendront jamais.


Addison m’envoie un texto.


“Tu tiens le coup ? Il agit comme un con. Ne le laisse pas te rendre folle.”


Je ne réponds pas.


Pas tout de suite.


Parce qu’au fond, ce n’est pas seulement une histoire de tenir.


C’est une histoire d’attendre.


Et je déteste ce mot.


Mais c’est bien ce que je fais.


J’attends.


Qu’il tombe le masque.

Qu’il flanche.

Qu’il m’avoue ce qu’il a tu.

Ou qu’il ose enfin… me vouloir vraiment.

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