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Chapitre 45

Chapitre 45

Publicado el 29, may, 2025 Actualizado 29, may, 2025 New Romance
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Chapitre 45

Samuel


Je suis là. Devant chez elle. Et pour la première fois depuis longtemps, j’ai peur. Pas la peur d’être rejeté. Pas celle d’échouer. Une peur plus profonde, plus viscérale. Celle de tout foutre en l’air. Celle de ne plus pouvoir recoller ce que j’ai brisé.


Je suis resté planté devant sa porte. Peut-être cinq minutes. Peut-être plus. Le monde autour continue de tourner, les gens passent, les fenêtres s’allument, les vies avancent. Mais moi, je suis figé. Un homme debout dans la nuit, le cœur trop lourd, les mains vides, les entrailles nouées.


Je ne sais pas ce que je suis venu faire là. Je n’ai pas de discours. Pas d’argument. Je n’ai rien préparé. Je ne sais même pas si j’ai encore une place dans sa vie. Mais je sais que si je repars sans essayer, je ne m’en relèverai pas.


Je l’ai blessée. Délibérément. Et ce que j’ai vu dans ses yeux après coup… je ne m’en suis pas encore remis. Je ferme les yeux une seconde. Je revois son visage. Ses lèvres qui tremblaient. Ce silence qu’elle m’a jeté en pleine figure, plus violent que n’importe quel cri. Et malgré ça, malgré la honte, malgré la peur, je suis là. Parce que je ne veux pas la perdre.


Pas elle. Pas celle qui m’a regardé sans détour. Pas celle qui a vu mes failles, mes fêlures, mes ombres… et qui m’a accepté. Sans condition. Sans tentative de réparation. Elle ne m’a pas demandé de changer. Elle m’a offert un espace. Un espace pour respirer, pour tomber, pour me relever. Et moi ? J’ai profané ça. J’ai piétiné ce qu’elle m’a donné.


Et pourtant… me voilà. À bout de souffle. Pas pour implorer. Mais pour me rendre.


Je lève la main vers l’interphone. Je m’arrête. Non. Pas comme ça. Je veux qu’elle me voie. Pas un écho déformé par un haut-parleur. Je veux qu’elle voie l’homme, pas l’ombre. Alors je prends les escaliers.


Chaque marche est une épreuve. Je monte lentement, comme si le béton me tirait en arrière. Chaque pas me rappelle une phrase que je n’aurais jamais dû dire. Chaque palier est une gifle. Je revis tout. Et pourtant, j’avance.


Arrivé devant sa porte, je m’arrête. Un frisson me parcourt l’échine. Je suis vidé. Écrasé sous le poids de mes silences. Je n’ai que moi à offrir. Et ce n’est pas grand-chose. Mais c’est tout ce que j’ai.


Je frappe. Une fois. Puis une deuxième. Doucement. Avec ce tremblement que je ne parviens plus à cacher. J’attends. Mon cœur cogne si fort qu’il résonne jusque dans ma gorge. Je voudrais fuir. Je voudrais que la porte reste fermée, pour ne pas affronter ce que j’ai fait. Et en même temps, je crève d’envie qu’elle l’ouvre. Qu’elle m’ouvre. Qu’elle me sauve. Même si je sais que ce n’est pas son rôle.


La poignée tourne. Je retiens ma respiration. Elle apparaît. Ses yeux sont gonflés. Ses cernes tracent des lignes de fatigue et de douleur. Sa bouche est serrée, comme si elle se retenait de parler, ou de pleurer encore. Son corps est droit. Mais tout en elle crie l’épuisement. Et pourtant… elle m’ouvre. Elle ne me claque pas la porte au nez. Elle ne m’insulte pas. Elle est juste là. Et c’est ça, le plus violent.


Je baisse les yeux une seconde. Juste une. Parce que je ne veux pas imposer mon regard à quelqu’un que j’ai blessé. Et puis je la regarde. Vraiment. Et j’ose.


Ma voix est rauque. Comme si chaque mot devait traverser une gorge pleine d’échardes.


— Je sais pas comment réparer. Je sais même pas comment commencer.


Elle ne dit rien. Mais elle écoute. Et je continue, maladroitement, douloureusement.


— Mais je suis là. Et je veux plus fuir. Je veux plus me taire. Je veux plus être ce type qui détruit tout ce qu’il touche parce qu’il ne sait pas comment tenir.


Je m’arrête. Je ravale un sanglot que je ne comprends pas moi-même. Je continue. Parce que si je m’arrête, je tombe.


— Je veux pas finir comme lui. Je veux pas devenir mon père.


Elle tressaille. Presque imperceptiblement. Mais je le vois.


— Je veux briser ça. Ce truc en moi. Ce poison. Ce silence. Cette manière de fuir ou de frapper dès que j’ai peur.


Je me passe une main sur la nuque. J’ai chaud. Froid. Je suis en feu.


— Je vais aller le voir.


Elle fronce les sourcils. Je précise, doucement.


— Mon père. Je vais lui faire face. Pas pour lui. Pour moi. Pour nous. Parce que si je veux mériter d’exister à tes côtés, il faut que je commence par affronter celui qui m’a fait croire que je ne valais rien.


Je m’avance d’un demi-pas. Juste un.


— Mais j’ai besoin de toi. Pas pour que tu me sauves. Pas pour que tu me répares. Mais parce que… t’es la seule qui me rappelle qui je suis, quand je commence à me perdre.


Elle ne répond toujours pas. Alors je parle une dernière fois. Le plus simplement du monde.


— J’ai besoin de toi, Paule. Et je te demande pas de me pardonner maintenant. Je te demande juste de ne pas me laisser tout seul dans cette lutte-là.


Je la regarde. Et cette fois, je ne dis plus rien. Je suis là. Nu. Désarmé. Pas parfait. Pas sauvé. Mais prêt. Prêt à me battre pour elle. Et pour moi.


Paule


On frappe à la porte. Un son sec. Deux coups. Pas forts. Mais ils me traversent.


Mon cœur s’arrête. L’espace d’un souffle, tout se fige. Je ne bouge pas. Je reste au sol, contre le canapé, le coussin encore serré dans mes bras. Mes larmes se sont arrêtées depuis un moment, mais mes yeux me brûlent.


Je sais que c’est lui. Je le sais. Je le sens. Personne d’autre ne viendrait frapper à cette heure. Pas comme ça. Pas avec cette hésitation retenue dans le poing.


Je pourrais ne pas ouvrir. Je pourrais faire semblant de ne pas avoir entendu. Laisser le silence lui répondre à ma place. Mais je me lève. Doucement. Presque malgré moi. Chaque geste est lourd. Chaque pas, lent. J’avance comme on s’approche d’une blessure encore à vif.


Je m’arrête devant la porte. Je pose la main sur la poignée. Je sens mon pouls dans ma paume. Je ferme les yeux un instant. Je me demande ce que je vais trouver de l’autre côté. Je me demande si je suis prête. Et la réponse est non. Mais j’ouvre quand même.


Il est là. Debout. Silencieux. Les épaules un peu tombantes. Les traits tirés. Les yeux cernés. Et quelque chose dans son regard… Quelque chose que je ne lui ai jamais vu. Pas comme ça. Pas aussi nu.


Il ne parle pas tout de suite. Moi non plus. Je l’observe. Je prends le temps. Je veux me souvenir. De ce moment. De ce qu’il vaut. De ce qu’il dit, même dans le silence.


Et puis il parle.


Sa voix est rauque. Cassée. Comme s’il avait hurlé. Ou pleuré. Ou les deux. Il me dit qu’il ne sait pas comment réparer. Qu’il ne sait pas par où commencer. Mais qu’il est là. Qu’il ne veut plus fuir. Qu’il ne veut plus se taire.


Je l’écoute. Je me tiens droite. Mais je sens ma gorge se nouer. Il parle encore. De son père. De ce qu’il porte en lui comme une guerre. Il dit qu’il veut affronter. Briser. Changer.


Et puis il me regarde. Vraiment. Avec une intensité qui me transperce.


— J’ai besoin de toi, Paule.


Ses mots tombent comme une pluie lente. Pas une supplique. Pas une demande déguisée. Juste une vérité mise à nu.


Et moi… je reste là. Figée. Le cœur en vrac. Les bras ballants. Le souffle court.


Je voudrais le repousser. Je voudrais lui dire que ce n’est pas si simple. Que ses excuses n’effacent rien. Que les blessures, même reconnues, restent ouvertes.


Mais je ne le fais pas.


Parce que je le vois. Je vois l’homme. Pas le fauve. Pas le mur. L’homme.


Et il est là. Pas pour dominer. Pas pour se faire pardonner à coups de phrases bien ficelées. Il est là parce qu’il tremble. Parce qu’il ne sait pas faire mieux, mais qu’il veut essayer. Parce qu’il n’a plus rien d’autre que ça à offrir : sa volonté de ne plus être le même.


Je me déteste un peu de sentir cette tendresse me reprendre. Je me méfie de ce qu’il réveille en moi. Mais ce n’est pas une faiblesse. C’est un choix.


Alors je recule. D’un pas. Lentement. Et j’ouvre la porte un peu plus.


Je ne parle pas encore. Je n’ai pas les mots. Pas ce soir. Mais je lui laisse le passage. Je lui laisse l’espace. Pas pour qu’il s’installe. Pas pour qu’il oublie. Mais pour qu’il comprenne que je l’entends. Et que si j’ouvre, ce n’est pas pour lui… C’est pour nous. Peut-être.


Il entre. Sans bruit. Sans un mot. Je referme doucement la porte derrière lui. Et soudain, tout semble plus étroit. Plus dense. L’air entre nous est chargé de ce qui n’a pas été dit. De ce qui ne peut plus l’être.


Il reste là, immobile, à quelques pas de moi. Les mains dans les poches. Le regard baissé. Il ne cherche pas à m’approcher. Il ne me touche pas. Et c’est peut-être ce qui me bouleverse le plus. Cette retenue. Ce respect. Il sait. Il sait que ce soir, un seul geste de trop me ferait reculer pour de bon.


Le silence dure. Mais il n’est plus vide. Il est habité. Par lui. Par moi. Par cette douleur que nous portons à deux, sans avoir jamais su nous la tendre.


Je le contourne. Je vais jusqu’au salon. Je m’assieds au bout du canapé. Toujours droite. Toujours distante.


Il reste debout. Hésite. Puis finit par s’asseoir lui aussi. Loin. À l’autre extrémité.


Nous sommes deux corps sur le même meuble. Deux naufragés d’une tempête qu’ils ont eux-mêmes déclenchée.


Je garde les yeux rivés au sol. J’ai peur de le regarder. Peur de ce que je pourrais y lire. Ou de ce que je pourrais y retrouver.


Mon cœur bat trop fort. Ma respiration est saccadée.


Et lui, il parle. Pas fort. Pas pour expliquer. Pas pour convaincre.


— Je sais que j’ai déconné.


Il ne cherche pas à minimiser. Il ne tente pas de se justifier.


— Je t’ai dit des choses que je ne pensais pas. Mais je les ai dites. Et ça, je peux pas l’effacer.


Je relève lentement les yeux vers lui. Il ne me fuit pas. Il soutient. Et dans son regard, je vois autre chose. Pas du regret. De la douleur. Une lucidité nouvelle. Comme s’il découvrait, pour la première fois, ce qu’il a fait — vraiment.


— Je me bats contre quelque chose en moi. Un truc que je traîne depuis l’enfance. Un truc qui me bouffe. Qui me fait croire que je dois tout saboter avant qu’on m’abandonne.


Je serre les poings. Mes ongles s’enfoncent dans mes paumes.


— Et toi… Toi, t’as tenu. T’as rien demandé. T’as juste été là. Et moi, j’ai voulu tout détruire avant que tu partes. Comme un con.


Sa voix tremble. Mais il continue.


— Je veux pas que tu sois celle qui panse. Je veux pas que tu sois mon refuge ni ma rédemption. Je veux juste que tu restes. Pas pour moi. Pour nous. Parce que si je me relève, je veux le faire à tes côtés.


Je ferme les yeux. Je sens les larmes remonter. Mais je ne pleure pas. Pas encore.


Je tourne légèrement la tête vers lui.


— Tu m’as fait mal, Samuel.


Il hoche la tête. Lentement.


— Je sais.


Je prends une longue inspiration. Ma voix est basse. Mais claire.


— J’ai pas besoin que tu me promettes quoi que ce soit. J’ai besoin que tu comprennes. Que tu me voies. Que tu ne me transformes pas en terrain de guerre parce que tu ne sais pas quoi faire de ta douleur.


Il ferme les yeux, juste un instant. Et je sens que mes mots le traversent. Sans défense.


— Je veux pas te sauver. Je veux pas être ta solution. Mais si tu te bats pour toi… vraiment pour toi… alors peut-être que je pourrais rester.


Il rouvre les yeux. Et pour la première fois depuis des jours, je le vois respirer. Pas fuir. Pas se fermer. Juste… respirer.


Nous ne bougeons pas. Mais quelque chose a déjà changé. La nuit est encore là. Épaisse. Silencieuse. Mais elle ne nous enferme plus. Elle nous enveloppe. Pas comme un piège. Comme un abri.

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