Le lendemain, les premières aéro-niches arrivent à destination : les Plaines de

l’Ouest. Spectror ne devrait plus être loin, désormais, mais il est impossible de savoir

où la base se situe précisément parmi ces immenses plaines et ces champs.

La première aéro-niche reçoit enfin les signaux de la base de repli. Tout le groupe suit le

guide, comme c’était le cas pour la flotte de félicoptères.

Après quelques minutes, le guide ralentit le rythme et se pose sur une parcelle,

semblable à toutes les autres. Le sol disparaît dès que l’appareil se pose dessus ; une

gigantesque plateforme descend de plusieurs dizaines de mètres sous terre, en

emportant avec elle les cultures qui s’y trouvent, ainsi que l’appareil volant. Un

énorme passage souterrain se présente à la première aéro-niche, qui s’empresse

d’avancer. Tour à tour, les appareils volants de la Révoltruffe empruntent le même

passage, qui débouche un peu plus loin sur des hangars.

Au bout de quelques heures, la dernière aéro-niche arrive sur les lieux, avec

l’Amiral Cabos à son bord. La plateforme se referme sans plus tarder. En descendant

de l’aéro-niche, le chef de la Révoltruffe est soulagé de voir que Spectror est toujours

intact. Cabos s’efforce de ne plus penser à son Quartier Général et se met à marcher

en direction du « cœur » de la base, où se trouvent les bâtiments principaux. « C’est

rassurant de se sentir en sécurité. » pense-t-il.

Après avoir marché avec Mentalos, Falcon rejoint les bâtiments principaux de la

base souterraine.

- Tu ne t’attendais pas à ce genre d’arrivée, n’est-ce pas ? l’interroge Mentalos.

- Sûrement pas ! s’exclame le golden retriever, encore sous le choc. En voyant

tous ces champs, je n’ai même pas pensé à une base souterraine ! (Puis le chiot

montre les bâtiments devant lui.) On dirait un peu notre QG, mais en plus petit.

- Je suis d’accord avec toi. Au fait, le passage secret souterrain que l’on vient

d’emprunter n’est pas le seul : il y en a plein d’autres autour du cœur de la base !

Quand je t’ai dit que Spectror était plus petit, je me suis mal exprimé…

En entrant dans les bâtiments principaux, Falcon a toujours l’impression que

Spectror est un modèle réduit du QG. Des soldalmatiens et des artilleurs courent

dans tous les sens et se croisent dans de grands couloirs. Chacun semble rejoindre

son équipage pour une mission. « Il y a de l’activité, ici aussi ! » pense le chiot.

- Nous sommes tous assez fatigués à cause du voyage, reprend Mentalos. Tu

peux aller te reposer, Falcon. Je vais te guider aux dortoirs.

- Je veux bien, accepte le golden retriever en suivant l’husky. Mais après, il

faudra que je reprenne mon entraînement !

Fier de lui, Mentalos esquisse un sourire et déclare :

- Bonne décision, super-chiot ! Il te suffira de rejoindre la salle d’entraînement,

juste par ici. (L’husky lui indique la direction.) Tu y trouveras sûrement Rétopin et

vous verrez le reste ensemble.

- D’accord, ça me va !

- Allons aux dortoirs. Tu as besoin de te reposer, avant de continuer ton

entraînement de super-chien !

Durant toute la matinée, Suprêmiaou compte dormir : il s’agit de son activité

suprême favorite. C’est celle qui lui demande le moins d’efforts. Après cette nuit

plutôt particulière, le chef suprême des félins a besoin de repos suprême. D’ailleurs,

pendant son sommeil, le félin fait un rêve suprême…

Dans le monde imaginaire de Suprêmiaou (qui ressemble beaucoup à un jeu),

tous les personnages le respectent énormément et l’admirent. Le félin peut également

faire tout ce qu’il veut (un peu comme dans la vraie vie, cela dit…) et il peut incarner

le personnage de son choix. Aujourd’hui, Suprêmiaou va incarner … Suprêmiaou.

C’est son personnage favori ! Le félin tout-puissant décide de faire apparaître

l’Amiral Cabos, mais deux fois plus petit que lui, afin de toujours se sentir supérieur.

Effrayé devant le chat géant, le berger allemand sort son sniper à croquette et tire sur

Suprêmiaou, ce qui n’a aucun effet. Bien évidemment, le chef suprême des félins

invoque ses troupes, car il n’a jamais combattu lui-même de sa vie. Plein de

félicoptères débarquent et tirent sur Cabos, qui se met aussitôt à fuir. Détail étrange :

le chef de la Révoltruffe parvient à s’échapper sans être atteint par les canons des

félicoptères ! Suprêmiaou a toujours l’habitude que ses rêves suprêmes se terminent

selon sa propre volonté, sans contrariété. Cependant, dans celui-ci, l’Amiral Cabos

parvient à lui échapper !

Extrêmement vexé, le chef suprême des félins sort de son sommeil et demande

un remontant à une servante : un bol de lait suprême. Pour la première fois de sa vie,

Suprêmiaou vient de faire un … cauchemar suprême !

Après une longue sieste, Falcon entre dans la salle d’entraînement. Comme

l’avait prévu Mentalos, Rétopin l’attend.

- Je suis content de te revoir, Falcon ! se réjouit le doberman, toujours en

uniforme et avec sa tablette numérique. Tu as pu te reposer un peu ?

- Oui et je suis prêt à reprendre les exercices ! s’exclame le golden retriever, très

heureux et impatient.

- Faisons le point. La dernière séance t’a permis de travailler ton atterrissage.

Comme d’habitude, tu t’es montré très talentueux et tu as encore pris de l’avance sur

le programme ! Les compétences de base sont déjà maîtrisées, ce qui veut dire que

dès maintenant, tu vas apprendre à utiliser…

- … mon souffle glacé ! complète Falcon.

- Exactement.

Encore plus motivé, le super-chiot saute de joie, littéralement. Grâce à ses

superpouvoirs, il atteint les dix mètres de haut et atterrit sans problème. Rétopin sort

une bouteille d’eau et propose :

- Pour commencer, faisons un test. Essaie de congeler de l’eau en mouvement.

Le doberman débouche la bouteille et la lance en l’air. Pris de vitesse, le golden

retriever fait ce qu’il peut pour congeler l’eau qui s’en échappe. Changée en glace,

elle retombe et se brise en plusieurs glaçons. Rétopin rattrape la bouteille au vol et

annonce :

- Elle est congelée aussi. Beau travail, Falcon ! (Il prend une autre bouteille.)

Nouvel essai. On va tester ton souffle glacé sur une plus grande surface.

Cette fois, le doberman verse de l’eau sur le sol, qui s’étale dans toutes les

directions. En prenant une grande inspiration, le super-chiot se concentre sur

l’énorme flaque et parvient à la congeler entièrement. Fasciné, Rétopin pose une

patte dessus et confirme :

- Tu as encore réussi ! Cette patinoire improvisée peut faire déraper les ennemis,

c’est plutôt pratique ! (Le doberman consulte sa montre numérique.) Nous allons

continuer pendant une heure, afin de trouver d’autres techniques.

- Génial ! se réjouit Falcon, affamé. J’ai un petit creux, moi…