

Falcon-Dog 2 - Chapitre 6 ter
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Falcon-Dog 2 - Chapitre 6 ter
Une horde d’épagneuls a décidé de s’installer en bordure de la forêt. Leur village
se trouve à la frontière entre le Hurle-Bois et de vastes plaines. Ils n’ont presque
jamais rencontré de danger dans ces recoins.
Ces épagneuls savent pertinemment
qu’il est possible de survivre dans les profondeurs de la forêt mais les risques
encourus sont trop importants. Selon ces chiens de chasse, il faudrait être fou pour
vivre dans le Hurle-Bois, à moins d’être une bête sauvage.
À plusieurs kilomètres du village des épagneuls, à mi-chemin entre les plaines et
les tréfonds du Hurle-Bois, une petite louve se promène tranquillement, comme si
ces bois lui appartenaient. Elle marche en toute liberté, slalomant entre d’immenses
arbres, sautant sur des troncs morts, foulant le sol jonché de feuilles mortes. Son
regard, d’un violet aussi profond que celui de son pelage, a quelque chose de
malicieux et prouve une grande assurance. Rien ne peut freiner cette véritable petite
princesse du Hurle-Bois dans sa randonnée. Plutôt indépendante, cette louve ne
semble pas tout-à-fait comme les autres…
C’est l’aube. Le brouillard constant de cette forêt froide et humide est percé de
timides rayons, jusqu’à en devenir étincelant. La fraîcheur du matin ne décourage
pas ces sept vaillantes silhouettes, qui marchent depuis une heure, à peine
perceptibles tant l’air est chargé de brume.
L’équipe des Canins, accompagnée de deux soldalmatiens en renfort, s’enfonce
progressivement dans le Hurle-Bois avec une pointe d’inquiétude. Au moment de
partir, Billy hésitait fortement entre marcher dans le froid et rester blotti dans l’aéroniche. Nul ne sait qui a réussi à le convaincre de participer à cette première
exploration. Les demandes polies de Falcon-Dog ? Ou alors le regard noir de
l’Amiral Cabos … ? Toujours est-il que l’équipe de la Révoltruffe s’est mise en
marche le plus tôt possible, en laissant derrière elle ses deux aéro-niches sous la
surveillance du troisième soldalmatien, ainsi que des deux artilleurs. « En cas de
pépin, prévenez-nous vite par radio » a ordonné l’Amiral, en attachant un appareil
de communication à sa ceinture. À la tête du groupe, c’est lui-même qui mène la
marche, toujours avec sa fidèle arme en joue. En observant son sniper-à-croquette
de manière minutieuse, Mentalos remarque quelques singularités et interroge :
— Votre sniper a l’air différent, j’ai l’impression ?
— Tu as raison. Te souviens-tu, il y a deux ans, dans la Forteresse suprême,
pendant la bataille avec le Colonel Firat ?
Mentalos frissonne rien qu’en repensant à ce terrible tigre qu’ils avaient affronté
sans merci, ce jour-là. Le fameux bras droit de Suprêmiaou était assez effrayant pour
faire fuir toute une section de soldalmatiens. Un combattant redoutable, prêt à tout
pour terrasser sa proie. D’ailleurs, l’husky se demande si le Colonel Firat avait pu
vaincre une panthère dans un duel. Sans doute que oui. Aujourd’hui, en tout cas, il
est détenu dans la prison la plus sécurisée de tout Ethélys. Lui et les lieutenants félins
n’ont pas la moindre chance de s’en évader seuls.
— Firat était parvenu à briser en mille morceaux mon sniper-à-croquette, reprend
Cabos avec amertume. Avec le temps, l’Orfèvre a dû entreprendre la construction
d’un nouvel exemplaire, mais en a profité pour rajouter une fonction plutôt
intéressante.
L’artilleur tapote le second canon de son arme
et, avec satisfaction, retire de ses poches une
minuscule fléchette.
— Somnifère ? devine Mentalos. C’est vrai
que ça pourrait nous être utile, en cas de
confrontation.
L’Amiral Cabos s’est fait devancé par Lisa sans s’en apercevoir. Elle se retrouve
à mener la marche avec une fierté non dissimulée. À l’extrême opposé de Billy,
pétrifié et paralysé par la peur, la sabrador s’est montrée impatiente lors du départ.
Première à sortir de l’aéro-niche, première prête et équipée, première à ouvrir la
marche… Maintenant qu’elle est au-devant du danger, Lisa avance d’un pas assuré
avec la ferme intention de découvrir les tréfonds du Hurle-Bois et d’apercevoir des
loups.
Pour rassurer son ami Billy, Falcon-Dog reste toujours près de lui et avance
parfois quelques arguments, en espérant le calmer. Le chihuahua, néanmoins, craint
toujours le pire :
— J’ai l’impression qu’on nous observe à chaque instant, dis donc ! J’en suis sûr,
les loups nous voient !
— Avec cette épaisse brume ? dit Falcon-Dog en haussant le sourcil. Tu penses
vraiment que l’on peut nous apercevoir nettement ?
Billy garde le silence, un peu plus détendu. Difficile de les voir avancer à travers
le brouillard, certes. Mais il est aisé de les sentir. Surtout quand on possède un odorat
très développé, comme c’est le cas chez cette jeune louve, par exemple. Lentement,
elle se décide à jouer au prédateur sur la trace de ses proies. C’est à pas de loups,
naturellement, qu’elle se glisse au plus près de l’équipe, avec une telle discrétion que
personne ne l’entend arriver. La louve curieuse s’approche d’un buisson et se
dissimule pour scruter ces sept Canins, pleins d’odeurs étrangères.
Attentive au moindre son, au moindre mouvement et au moindre indice, Lisa fait
face au Hurle-Bois, qui les engloutit encore et toujours. Mais elle ne pense même
pas à regarder derrière. C’est pourtant à l’arrière que se trouve la petite louve furtive.
Un petit cri de la part de Billy suffit à mettre l’équipe en alerte. L’Amiral Cabos se
retourne. Il l’interroge aussitôt :
— Qu’y a-t-il, Billy ? Tu as vu quelque chose ?
Sans bouger, à cause de sa peur bleue sans doute, le chihuahua reste là, à scruter
d’un œil méfiant ce curieux buisson. Tous les yeux sont dorénavant fixés dessus,
tout comme le canon du sniper de Cabos. Soudain, la louve sort de sa cachette et
émet un petit grognement.
— Reculez et ne bougez plus ! ordonne Lisa, comme si elle pouvait commander
l’Amiral. Laissez-moi faire.
Les Canins lui font confiance et obéissent. Ils la regardent patiemment approcher
de la bête avec délicatesse. Lisa semble attirée et même hypnotisée par ses yeux
violets apeurés, puis murmure quelques phrases qui semblent apaiser ses craintes :
— Tout doux, ma belle. Je ne te ferai aucun mal, ne t’inquiète pas, et je pense
que toi non plus…
Petit à petit, les grognements de la louve
s’éteignent pour laisser place à un silence total. Une
première caresse la fait reculer. Au bout de la
troisième tentative, Lisa parvient à acquérir sa
confiance, sachant parfaitement qu’elle risquait la
morsure. Une graine d’amitié vient de germer,
semble-t-il. Curieusement, l’Amiral ne bronche pas.
Son sniper est posé au sol.
Caché derrière Falcon-Dog, Billy chuchote :
— Hé Lisa, tu n’es pas très prudente, dis donc ! Fais attention, on ne sait pas ce
qu’elle peut nous…
— Tais-toi un peu, Billy.
Cette phrase prononcée d’un ton ferme suffit à faire taire le chihuahua. Confiante,
Lisa ose même prendre la petite louve dans ses pattes, ce qui ne la dérange pas. Elle
est bien plus docile qu’elle n’y paraît. Avec Lisa, en tout cas… En lui grattant le
ventre, la sabrador donne l’impression qu’elle a toujours grandi avec la louve. Son
doux pelage l’attendrit, son profond regard violacé lui offre un voyage pour le HurleBois… mais il y a quelque chose d’encore plus puissant, chez cette créature unique.
Quelque chose qui dépasse les sens, qui dépasse l’apparence. Quelque chose qui est
très difficile à imaginer mais que Lisa parvient à ressentir, au contact de cette louve.
Les équipiers se regardent, tour à tour, et comprennent parfaitement ce que Lisa
s’apprête à leur demander. Pour anticiper, l’Amiral Cabos annonce :
— Elle peut t’accompagner, si tu le désires.
— V… vraiment ?! s’exclame Lisa, en liesse.
— Mais ne t’enflamme pas trop vite. Si ta louve essaie de s’en prendre à l’un de
nous, à tout moment, je t’ordonne de l’abandonner sur-le-champ. Ce ne sera pas
discutable. Tu en auras aussi l’entière responsabilité, donc assure-toi de la surveiller
de près pour qu’elle reste sage. C’est entendu, Lisa ?
— Entendu. À vos ordres, Amiral.
Sans quitter des yeux sa nouvelle amie, la sabrador murmure :
— Je dois lui trouver un nom, c’est obligé. Je vais l’appeler… hmmm, voyons…
Mauve ! Oui, ce sera Mauve !
La louve semble ravie de son petit nom. Elle remercie sa nouvelle amie d’une
léchouille affective, ce qui la fait sourire. Soudain, la ceinture de Cabos émet un son
strident. Celui-ci saisit aussitôt son appareil de communication radio :
— Amiral Cabos, j’écoute. Un danger ?
Toute l’équipe écoute attentivement la voix de l’un des artilleurs, qui semble un
peu paniqué :
— Nous voyons une gigantesque colonne de fumée, à quelques kilomètres d’ici,
dans le ciel. Impossible d’en dire plus, mais ça n’est pas rassurant... Mon acolyte
pense à un village incendié qui se fait attaquer par une panthère. C’est très probable,
on entend des coups de feu ! Nous nous occupons de préparer les aéro-niches, en
attendant votre retour.

