Conversation systémique - Approchons l'approche systémique .
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Conversation systémique - Approchons l'approche systémique .
J’ai reçu ce commentaire sur Messenger de la part de Sabrina Zorzetto, artiste et formatrice à propos de mon dernier article « Approchons l’approche systémique ». Je le publie ici ainsi que ma réponse.
Le lien avec l’article de référence : https://panodyssey.com/fr/article/environnement/approchons-nous-de-l-approche-systemique-neq2e6ufvfqj
Sabrina ayant lu mon commentaire, elle m’en adresse un autre que je publie aussi.
Premier ommentaire de Sabrina :
Depuis longtemps je m’intéresse et j’étudie l’approche systémique. Virginia Satir, pionnière en thérapie familiale démarrait ses ateliers par une démonstration des liens invisibles qui agissaient au sein de la famille pour produire un « patient identifié ». Elle nous donnait à chacun un rôle ( père, mère, frère sœur, grands-parents et autres membres) et, en déambulant elle nous reliait avec une corde en relatant la qualité des liens qui unissaient les membres les uns aux autres. Au final elle demandait à l’un de nous de bouger dans une direction ou de sortir de cet enchevêtrement de liens. L’on voyait ainsi les forces à l’œuvre qui mettaient certains membres en difficulté de bouger. Cette corde était la métaphore des relations entre les membres du système familial. Le « patient identifié » devenait l’émergence d’un jeu de relations aussi indirectes que directes entre les membres du système. L’approche systémique offrait un nouveau cadre pour intervenir auprès des familles en s’attardant aux communications, aux structures des liens, aux règles d’échange, à l’organisation homéostatique. Comprendre l’organisation des relations nous offrait ainsi une modélisation pour aborder la complexité familiale.
Par exemple, le fugueur de la famille, « le patient identifié », n’était que le symptôme d’une organisation de liens de ce système. Concrètement cela voulait dire que l’intervention visait la modification des règles de l’échange de ce système. Il pouvait m’arriver de remercier « le fugueur » pour avoir réussi à amener ses parents en thérapie. Cette lecture perturbait le système et provoquait une brèche pour amener des modifications dans les échanges relationnels.
Aujourd’hui je m’appuie sur cette approche pour modéliser mes interventions dans les organisations apprenantes. Mon rôle consiste à mettre en exergue les conditions pour favoriser la redéfinition des règles de l’échange.
Pour avoir expérimenté l’efficience de cette lecture du monde dans différents contextes, je partage avec vous le paradigme que le tout est autre que la somme de ses parties.
Réponse :
Une approche classique en psychologie, relayée dans de nombreuses publications, consiste à se focaliser sur les personnes « problèmes ». Des parents s’inquiétant des résultats scolaires insuffisants d’un de leurs enfants vont commencer par manier la carotte et le bâton pour le « motiver », quitte ensuite à lui faire passer des tests d’intelligence. Un manager en proie avec une « brebis galeuse » dans son équipe qui s’épuise à la convaincre de changer de comportements. Et en cas d’échec, s’en sépare pour constater trois mois après qu’un autre équipier, au demeurant exemplaire auparavant se mue en nouvelle « brebis galeuse ». C’est aussi l’idiot, voire le « fou » dans la famille que les autres membres veulent faire soigner à tout prix, qui lors de son décès génère sans le savoir une sourde inquiétude : « qui va prendre la place du fou maintenant? »
Le systémicien que je suis, a appris, parfois à ses dépends, que vouloir changer la personnalité des autres est une vaine quête. De surcroît , c’est épuisant.
Prenons du recul en élargissant notre regard. Une bonne question d’entrée dans la démarche systémique est : « en quoi, ce qui apparait être un problème, contribue à l’équilibre du système ? » , suivie d’une autre : « quelle est la fonction utile de ce problème répétitif ? »
Par exemple, l’enfant « cancre » assure l’alliance entre ses deux parents, la « brebis galeuse » est l’indicateur désigné des contestations et résistances non exprimées des autres équipiers, le « fou » signale aux autres membres de la famille qu’ils ne le sont pas.
Lorsque je pose ces questions à des amis , des collègues et des clients, ils me disent que je suis fataliste, voire « aquoiboniste ». Cette posture heurte en effet celles et ceux qui estiment qu’il faut s’atteler d’urgence grâce à des actions ciblées à la mise en oeuvre de solutions. Néanmoins ils se « cassent les dents » et dépensent une énergie folle à vouloir changer les autres.
La démarche systémique consiste à agir sur d’autres paramètres que la personnalité et le caractère des parties prenantes.
Au choix, vous pouvez changer :
- Le contexte - lieu, mobilier, organisation des espaces, clarification des rôles…
- Les liens et relations dans le couple, groupe ou organisation.
- Votre regard sur le problème - en quoi ce problème accapare mon attention ? y aurait-il des inconvénients à résoudre ce problème ?
Cette démarche n’efface, ni ne remplace les approches psychologiques et psychanalytiques , offrant des atténuations, voire des disparitions de troubles affectifs et mentaux. De nombreuses, névroses, obsessions, psychoses, dépressions sont contenues et traitées par des psychologues et psychiatres s’affranchissant des molécules chimiques.
Prenez la systémique en tant qu’option supplémentaire, en particulier si vous n’êtes pas certifié en psychologie et psychiatrie.
Vous aurez probablement lu entre les lignes que l’approche systémique contribue à limiter le stress dans des situations relationnelles problématiques.
Commentaire du commentaire par Sabrina :
J'apprécie ton commentaire sur le patient identifié, l'approche systémique apportant un éclairage utile sur la résolution des souffrances. Quand j'étudiais en psychologie, l'approche systémique était un courant de pensée au même titre que le béhaviorisme, le cognitivisme, la psychanalyse, la psychiatrie, etc. L'approche systémique offre une autre façon de lire la souffrance et donc une autre façon d'intervenir. La lecture linéaire est utile si elle fonctionne. Quand j'intervenais je commençais d'abord par ce type d'approche. A une personne qui présentait un problème avec la consommation d'alcool, la ligne droite consistait à dire "Arrêtez de boire" Rarement cela fonctionnait. La lecture systémique est utile si elle fonctionne aussi. Par exemple en adressant le champs relationnel dans une séance familiale avec la question "à quoi vous sert l'alcoolisme de votre conjoint ou parent? ». On ouvrait alors d'autres voies de résolution, ce qui amenait des résultats différents que ceux de l'impasse linéaire. Cela suppose donc une conception de la santé en intervention auprès des individus qui souffrent. Ma vision repose sur l'élargissement du champs de la liberté des humains et cela fonde mon agir thérapeutique.