Conversation sur les effets systémiques du travail à distance.
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Conversation sur les effets systémiques du travail à distance.
je viens de recevoir un commentaire de mon ami et ex collègue Bertrand Déroulède, leader de l’offre « management connecté » de Cegos à propos de mon dernier billet.
Jean Louis, attention à la fameuse fracture numérique qui existe encore : des personnes n’ayant pas de fibre ou du wifi médiocre. Il existe des pratiques low cost de travail à distance : des personnes cohabitent dans des petits logements, ce qui ne permet pas de bien travailler . Il faudrait que des tiers lieux ou espace de co working se multiplient pour accueillir les travailleurs nomades profitant ainsi de ressources numériques et de liens sociaux reconstitués.
Bertrand ajoute :
Paul Virilio, évoquant la dromosphère - alliance entre la technologie et la vitesse - disait : « quand l’homme a inventé la locomotive il a inventé le déraillement, quand l’homme a inventé l’avion, il a inventé le crash , et quand nous avons inventé le numérique et le digital, nous avons inventé la Cyber attaque. »
Ma réponse :
Oui, lors de la première année de pandémie , le télétravail , pour les entreprises et cadres ne s’y étant jamais frotté fut une solution « bricolée ». Comme s’il suffisait de posséder un serveur, des connexions, des outils digitaux et un ordinateur portable chez chaque collaborateur. Ceci étant dit, ces expériences ont permis de freiner la pénétration des virus dans les entreprises. Pour de nombreux cadres et salariés autonomes, ce fut aussi une possibilité d’évasion des grandes métropoles et une diminution drastique des coûts en stress, fatigue et en argent des transports. Certains ont pu installer un bureau face à un beau paysage et travaillèrent en musique aux horaires leur convenant le mieux.
Tel ne fut pas le cas de nombreux collaborateurs : absence de contacts « mammifères » avec leurs collègues, postes de travail restreints et non ergonomiques, liaisons internet aléatoires, enfants accaparants, sentiment d’abandon. Il en résulte une grande fatigue dépressive qui rend l’expérience amère.
Le professeur Laborit nous apprenait du temps de son vivant que l’arrivée d’une nouvelle espèce dans un système en change la nature et les liens entre ses éléments. Ce qui est fait est fait , néanmoins tirons les leçons de ce bricolage.
Il convient d’adopter une lecture et une démarche systémique pour promouvoir un management connecté. Cette problématique doit être intégrée dans l’alignement stratégique de chaque entreprise ou organisation publique. Le management connecté est certes créateur de valeurs : profit, qualité , satisfaction des clients, motivation et implication du personnel, préservation de la nature et de la bio diversité…Il porte en lui aussi des effets inquiétants pour de nombreuses personnes non préparées et non accompagnées à cette transformation du travail. Notons toutefois que cette mutation, comme d’autres, rencontre des résistances avant et pendant, puis ensuite chacun s’y habitue et ne peut plus s’en passer. J’invite les managers à penser l’après pandémie et en particulier comment traiter une nouvelle fracture entre celles et ceux qui y ont trouvé leurs comptes et celles et ceux qui ont vécu des « galères ».
Mon prochain billet portera justement sur les bonnes questions à se poser pour insérer et développer le travail connecté sachant que des entreprises agiles l’ont adopté avec succès. Entreprises susceptibles de concurrencer durement celles qui continuent à penser le travail comme avant.