

Conversation avec Abdellah à propos des exclusions en AT.
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Conversation avec Abdellah à propos des exclusions en AT.
J’ai reçu ce commentaire mon ex collègue et ami Abdellah Ben Mlih à propos de mon dernier billet sur les exclusions du point de vue de l’Analyse Transactionnelle :
https://panodyssey.com/fr/article/societe/vivons-entiers-pas-en-morceaux-3p4hcs8rstkk
Le commentaire d’Abdellah
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ton texte. Une démonstration brillante et originale de l’usage que l’on peut faire de l’analyse transactionnelle.
Aucun état du moi n’est disqualifié. Chacun remplit des fonctions permettant d’utiliser pleinement nos ressources, sans inhibition et sans excès.
Le tournant dans lequel se trouvent les sociétés démocratiques pose trois questions :
- Quelles figures de Parent peuvent servir de modèles? La sécularisation a produit une rupture avec le religieux. Le néolibéralisme a affaibli les institutions qui ont fondé la modernité : l’école, l’Etat …
Le numérique rend insignifiante la figure de l’intellectuel et du savant. L’économie de marché a besoin d’un état enfant surdéveloppé pour entretenir la croissance et la recherche du profit. L’état adulte est exposé à la montée en puissance de l’intelligence artificielle et aux technologies de contrôle. Un facteur non négligeable de la paresse intellectuelle qui se diffuse, y compris dans le monde de la recherche! Confère les travaux du sociologue Gérald Bronner et l’excellent ouvrage d’Alain Damasio : « la vallée du silicium ».
Ce que m’inspire le commentaire.
Abdellah Ben Mlih J’apprécie beaucoup ton approche societale du développement personnel. Subséquemment, je livre ici quelques hypothèses sur l’exacerbation du P et du E au détriment du A. Il me semble que nous vivons un choc frontal : d’un côté l’Enfant exacerbé, de l’autre le Parent exacerbé, et au milieu… l’Adulte expulsé, relégué, inaudible dans notre univers de post-vérité et de post-réalité. Le développement personnel, « comme par hasard », a fleuri dans les pays occidentaux de l’après-guerre qui voulaient asseoir leur prospérité sur la jouissance, le loisir et la consommation. Il fallait donc briser les carcans parentaux et balayer des valeurs jugées répressives, accusées de diaboliser l’hédonisme. Résultat : nous avons enfanté un Enfant gâté, capricieux et addictif. Les contraintes sont soit niées, soit transformées en excitants à transgresser. Les réseaux sociaux jouent les mégaphones de cet Enfant hystérisé. Les drogues, opioïdes et autres dépendances ne sont que les symptômes d’une infantilisation massive.
Pendant ce temps, d’autres sociétés, plus traditionnelles ou théocratiques, se sentent menacées et brandissent le Parent normatif persécuteur, étouffant toute velléité de libération, en particulier celle des femmes, jugée porteuse de chaos et de décomposition sociale.
Et voici que dans nos contrées « modernes », une nouvelle contradiction s’installe. Des dirigeants, souvent populistes et autoritaires, encouragent la consommation addictive tout en rejouant le refrain des « bonnes vieilles valeurs ». Ils s’appuient sur des foules paniquées par une société qu’elles estiment décadentes .
Nous vivons une époque « formidable » : entre l’Enfant capricieux et le Parent persécuteur, l’Adulte n’a plus qu’à se taire.
NB cette dernière phrase conclusive est une provocation de ma part. Ne la prenez pas au pied de la lettre

