Comment l'Etat français assassine t'il ses lanceurs d'alerte ? (Treizième partie)
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Comment l'Etat français assassine t'il ses lanceurs d'alerte ? (Treizième partie)
Les professions réglementées ne sont pas en reste. Le cas Jérôme Margulis, ou quand des états coopèrent sciemment en vue de l’assassinat d’un lanceur d’alerte, serait-il un cas isolé ? Commissaire aux Comptes près la Cour d’Appel de Paris, il a prêté serment en 2007 et y est régulièrement inscrit depuis. À ce titre, il peut légitimement revendiquer d’être un acteur de l’appareil judiciaire. Victime d’une escroquerie en bande organisée impliquant @com Audit, le sixième réseau français de la profession, il alerte en 2014 les instances ordinales avant d’engager des poursuites judiciaires. Selon Jérôme Margulis : « Stéphane Cohen, président en fonction de l’ordre des experts-comptables de Paris à l’époque, au mépris de la déontologie et des lois, décide de couvrir le groupe @com, confrères “voyous”. Stéphane Cohen traque les illégaux de la profession (ceux qui exercent sans avoir le diplôme) et à ce titre entretient des relations extrêmement étroites avec le pôle de lutte contre la délinquance financière de Nanterre. Il est aussi impliqué dans une grosse affaire concernant une vaste escroquerie (panneaux solaires) ».
Plaque du Commissaire aux Comptes Jérôme Margulis - Collection personnelle
Jérôme Margulis était alors en position de faiblesse pour faire valoir ses droits avec crédibilité, son « assurance professionnelle, la même que ses confrères, ayant même pris partie, Verspieren faisant en sorte que son sinistre ne soit pas recevable, ce qui est faux bien évidemment », assure t’il. Mais contre toute attente, William Nahum, pilier de ces professions et président d’honneur du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables et de la Compagnie des Commissaires aux Comptes a fait preuve d’une droiture et d’un courage inattendus en décidant d’être aux côtés de Jérôme Margulis dans ce qui pourrait s’avérer une atteinte très grave à l’intégrité de toute la profession. À partir de ce moment là, son cas devenait extrêmement sensible et potentiellement dangereux pour des personnes corrompues. On ne sait comment le Canard Enchaîné eu écho de l’affaire et Nicolas Brimo, directeur de l’hebdomadaire, a alors pris contact avec Jérôme Margulis par le biais de communications via des téléphones portables. Un rendez-vous fut alors prévu le 10 juin 2015, après une réunion organisée en huis clos à l’Ordre des Experts-Comptables de Paris entre Stéphane Cohen, M. Tholas, William Nahum et Jérôme Margulis pour publier un article. À la demande de William Nahum et par loyauté, Jérôme Margulis ne donnera pas la possibilité au Canard Enchaîné de publier les faits. William Nahum avait alors assuré à Jérôme Margulis que Stéphane Cohen allait “arranger les choses”.
Avec William Nahum et l’intérêt du Canard Enchaîné, le Commissaire aux Comptes déclare qu’il « convenait alors ou de trouver “un accord”, à savoir de reconnaître la responsabilité du groupe @com et prendre les mesures qui en découleraient ou de perséverer à couvrir ce groupe @com, qui contrôlait sans que cela soit rendu public le cabinet Viou et Gouron, complice de cette escroquerie, en déployant “les grands moyens” ». Cette solution fut malheureusement retenue et des stratégies de gangstalking (harcèlement criminel en réseau) allaient alors se déployer pour détruire Jérôme Margulis.
C’est alors que réapparut un ancien client du cabinet de Jérôme Margulis, expert en e-réputation, homme de l’ombre de Valérie Pecresse : « Matthieu Creux se présente comme un sauveur pour rapidement revêtir sa casquette de professionnel de la destruction de quiconque pourrait déranger ses intérêts mais aussi ceux de son cercle professionnel, entre autres, plusieurs familles incluant les Dassier et même Xavier Niel, dont il est très proche et associé, notamment au sein de la société AlloMedia. Tous ont eu un rôle dans de nombreuses campagnes politiques » confie le Commissaire aux Comptes, qui ajoute : « Il ira même jusqu’à me dire, dans ses somptueux bureaux rue de Presbourg avec vue sur l’Arc de Triomphe, qu’il avait des liens de parenté avec le dirigeant du groupe @com audit et qu’une balle dans la tête était vite arrivée. » Rapidement, il menacera Jérôme Margulis mais aussi son père médecin, par SMS, montrant ainsi le degré d’impunité dont il jouissait : « Son père, Antoine Creux, associé dans sa société, était alors numéro 2 de l’armée de l’air et dirigeait les services de renseignement français ».
Mais coup de théâtre en juin 2015 : En préparant minutieusement et discrètement son action, Jérôme Margulis, exilé en Espagne depuis 2014, arrive à piéger, avec l’appui d’un serveur surpuissant à Barcelone, les outils de services de renseignement français qui s’étaient introduits dans tous ses ordinateurs. Ce serveur espagnol a fait l’objet d’une attaque d’une intensité sans précédent au moment de l’analyse de ses machines mais a tenu suffisamment longtemps pour permettre que l’on retire toutes les batteries de ses ordinateurs, afin d’analyser les détails de ces attaques. C’est ainsi qu’en retraçant le labyrinthe utilisé pour ce hacking, les outils officiels français ont été identifiés ainsi que l’IP d’origine. « N’est-ce pas un acte caractérisé d’incident diplomatique ? » demande l’intéressé. À partir de cet incident, la technique du gangstalking a été intensément utilisée pour détruire Jérôme Margulis, victime en janvier 2014 d’une escroquerie, qui n’a fait qu’alerter les autorités compétentes.
La défense aux enfers de Jérôme Margulis s’est alors accélérée, « perpétrée par une corruption en col blanc qui contrôle tout l’appareil étatique », assure t’il. Le Commissaire aux Comptes ne pouvait plus que compter sur l’ouverture d’une instruction judiciaire pour sortir de ce tunnel infernal. Il affirme qu’un déni judiciaire criminel se serait alors instauré, « s’est retrouvant seul contre un système bien organisé, trahi par des avocats, victime de machinations rendues possible par des faux en écritures publiques d’huissier, des procédures judiciaires aberrantes et sans contradictoire etc. »
Mais le Français exilé n’a pas baissé les bras, s’engageant seul dans un combat contre la corruption et prenant tout de même ses précautions en sécurisant beaucoup d’informations très sensibles, notamment envers l’appareil judiciaire et politique, de comptes de campagnes politiques ayant été audités par le cabinet. Il subit violences et vols à répétition : le vendredi 21 avril 2017, avant-veille du premier tour des élections présidentielles allait donner naissance à ce que l'on appellera ensuite la « Macronie », Jérôme Margulis - qui avait élu domicile à Medina de Pomar en Espagne - se trouve convoqué au Tribunal Civil Local, où il se rend pour remettre un acte. A son retour, la juge de ce même tribunal, agissant dans le cadre d’une action civile dont il ignorait tout, avait investi son domicile, encadrée par des services d’intervention venus de Burgos. Sans même la présence des services appropriés, les trois chiens de Jérôme Margulis avaient été mis force dans la rue, livrés à eux-mêmes, sans aucune surveillance. La plaque de CAC apposée sur la porte avait été arrachée et dissimulée. Il pensa alors que c’était sans aucun doute un quiproquo, mais on ne l’écoutait pas. Il lui aurait été dit : « Dégage avec tes chiens ; nous déclarons cette maison abandonnée et tout le contenu devient la propriété du propriétaire du bien ici présent ». Jérôme Margulis déclare alors avoir appelé le service d’urgence du Consulat de France, qui ne semblait pas étonné et répondit : « Pas de blessés ? Pas de morts? Donc ce n’est pas une urgence ». Cet appel a fait l’objet d’un enregistrement. Aucun inventaire du contenu de son domicile, ni aucun séquestre judiciaire n’ont été dressés. Toute sa vie, tant professionnelle que personnelle, lui était spoliée au profit d’un citoyen espagnol. Comme défini par la Convention de Genève, cela constitue un crime contre l’humanité en tant de paix ; ces pratiques étant ainsi qualifiées suite aux pratiques de l’Allemagne nazie. Ainsi disparaissaient dans la nature dossiers, archives, données de ses anciens clients. Le secret professionnel était violé.
Le Commissaire aux Comptes Jérôme Margulis - Collection personnelle
Depuis, il vit sur un terrain situé à 3 km de Médina, seul bien qui reste en sa possession, acquis auprès de la banque Ibercaja qu’il déclare l’avoir « escroqué avec des pratiques dignes de la mafia » (tromperie sur le bien vendu). Il survit avec ses chiens dans l'insalubrité, privé de tous ses droits, y compris le droit à l'eau et à l’électricité, sans assistance, aide sociale ni soutien, le vide ayant été fait autour de lui par des procédés de chantage, de peur ou de menaces. En parallèle, l’appartement parisien du Commissaire aux Comptes avait fait l’objet d’une vente aux enchères publiques sans même qu’il ait été au courant de la procédure. A ce jour, il n’a obtenu aucune pièce du dossier relatif à la procédure de saisie immobilière malgré ses nombreuses demandes au Juge des Exécutions (JEX) du Tribunal de Grande Instance de Paris en charge des saisies immobilières et Me Roberte Martin, l'avocate à Paris 6ème ayant fait la procédure. Il dit ne rien savoir du devenir de ses biens immobiliers, personne ne lui répondrait.
Pourquoi un silence terrible du Juge des Exécutions (JEX) du TGI de PARIS, en charge des saisies immobilières et du Procureur de la République de Paris ? Jérôme Margulis est persuadé que « des acteurs de l’état profond » se trouvent avoir été ses clients. Il disposait de nombreuses données les concernant, cela aurait permis de perpétrer ces crimes et délits en totale impunité. Bloqué à Medina de Pomar depuis le 21 avril 2017, il reste dans l’attente d’être «délivré » par une justice ayant légitimité et indépendante.
Jamais je n'ai entendu les défenseurs de la loi Sapin s'indigner du sort de Jérôme Margulis, demander des comptes à l'Etat alors que cette loi affiche l'ambition de "porter la législation française aux meilleurs standards européens et internationaux en matière de lutte contre la corruption, et contribuer ainsi à une image positive de la France à l’international". Tout comme pour les affaires de Marc Fiévet et de Frédéric Pierucci, celle-ci contribue à ne pas véhiculer une image positive du pays des droits de l'homme à l'international. Sans aucun doute possible, notre pays manque sérieusement d’éthique au plus haut niveau étatique.
Jusqu'à présent, il semble que l'on ait accepté individuellement et collectivement de faire porter la démocratie et l’éthique sur les fragiles épaules de quelques uns, assassinés d'un côté sur l'autel de l'indifférence des masses et de l'autre avec l'application des lois à géométrie variable. Julian Assange payant un prix insupportable sa quête de vérité, sa volonté d'informer les citoyens, il me vient naturellement à l'esprit le titre d'un article du Financial Times publié en janvier dernier, qui pourrait être l'une de ses citations : "Silence isn't golden, whistleblowers are" (le silence n'est pas d'or, ce sont les lanceurs d'alerte qui le sont).
En effet, depuis des années, avec un immense courage, les lanceurs d'alerte ont transmis des clefs de vérité à ceux qui ont bien voulu les écouter. Peut-être le temps est-il venu pour tous les citoyens de s'en emparer afin d'ouvrir les portes d'un monde meilleur ? Pour en finir avec les lanceurs d'alerte.