

"L'aide active à mourir" = suicide assisté/euthanasie en débat a l'Assemblée Nationale
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"L'aide active à mourir" = suicide assisté/euthanasie en débat a l'Assemblée Nationale
Peut on parler de véritable démocratie, quand à peine 1/5 de la représentation nationale est présente sur les bancs de l'assemblée pour voter la loi sur l'aide (active) à mourir, qui ne nomme pas les choses et ne dit pas son nom ?
Les mêmes proportions ont caractérisé il y a quelques semaines tout juste une autre loi visant à lutter contre les déserts médicaux, et ayant en fait pour but de supprimer la liberté d'installation des médecins.
Quelle hypocrisie de parler des déseŕts médicaux quand les bancs de l'assemblée sont désertés, par ceux-la mêmes qui les ont créé, ces déserts médicaux, qui représentent aujourd'hui 85% du territoire, centre ville de Paris compris !
Et ces déserts tout court finalement, car ayant vidé de ces territoires tout accès aux services publics, poste/ école/ maternité/ transports /services d'urgence et hôpitaux de proximité, et demandant aux médecins libéraux de venir pallier à la carence qu'ils ont eux-mêmes créé ?
L'accessibilité aux soins par carence de médecins et soignants est LE problème majeur aujourd'hui, et il touche l'ensemble du territoire pour toute une génération du baby-boom devenue papy boomers.
La question de la fin de vie est de ce fait pleinement concernée, car moins de 50% des personnes qui le nécessitent ont accès à un accompagnement en soins palliatifs.
Comment ne pas voir alors la possibilité que de plus en plus de personnes demandent à mourir, non pas parce qu'elles veulent mourir, mais parce qu'elles ne supportent pas les souffrances que cette carence d'accès aux soins n'aura pas eu la possibilité de soulager?
LE risque majeur est la, qu'un handicapé, une personne atteinte de troubles psychiatriques, une personne âgée dépendante, un malade atteint d'une maladie difficile à supporter, un douloureux chronique, ou même un enfant nécessitant des soins de pédopsychiatrie, demande à mourir parce qu'il ne bénéficie pas des soins nécessaires pour l'accompagner dans sa souffrance et sa vulnérabilité.
Tous ces secteurs de la médecine qui sont précisément les plus malades dans notre système de soins, les plus carencés en termes d'offre de soins et de capacité à les accueillir quand ils en ont le plus besoin !
Alors, si un tel projet de loi devait franchir cet interdit absolu, celui de provoquer délibérément la mort, il devrait être strictement encadré, pour que ce droit à l'autonomie ne se fasse pas sur le dos de la solidarité, mission première qui incombe a notre société.
Tel est l'avis du CCNE, le comite consultatif national d'éthique, dans son avis 139.
Et force est de constater que tous ces verrous visant à encadrer cette loi et éviter ses écueils, sont tous remis en cause dans un projet de loi très libertariste.
Projet qui crée le délit d'entrave à l'accès à l'aide active à mourir, qui remplace le délit de non-assistance à personne en danger.
En clair, celui qui vient vous voir et vous demande de l'aider à mourir, vous n'êtes plus sanctionnable si vous l'aidez dans ce projet, vous l'êtes si vous essayez de l'en dissuader. Vous devrez l'informer de ses droits et l'orienter vers une structure en mesure de répondre à ce qu'il vient d'exprimer.
Mais cette personne âgée, ce jeune handicapé par un AVP, ce patient dépressif ou psychiatrique, cet ado qui ne va pas bien, ce douloureux chronique, ou celui qui est atteint d'une maladie lourde, douloureuse et invalidante... Mais c'est tous les jours qu'il a des moments de ras le bol et de désespoir au cours desquels il nous demande, parfois, à mourir!
Et c'est notre cœur de métier que de vouloir l'accompagner pour soulager au mieux sa souffrance, physique et psychologique ! Sauf que là, son envie de mourir, qui ne fait que déguiser sa souffrance première sous jacente, il va VRAIMENT falloir l'entendre et l'orienter en ce sens, au risque sinon d'être sanctionné....
C'est un tournant majeur qui est en train de se jouer. Celui d'une société élitiste qui ne se donne plus les moyens d'accompagner correctement les plus vulnérables, mais qui lui ouvre, avec le moins de restrictions possibles, le droit de mettre fin à ses jours.
C'est à ce titre qu'on se scandalise et qu'on proteste, nous soignants. Quelles que soient nos convictions sur la nécessité ou non de légiférer pour ces situations, d'exception, où nous n'arriverions pas à soulager et accompagner la souffrance du patient, le but est d'abord de s'assurer qu'on a tout fait pour le soulager.
Mais avec un système de santé aussi carencé aujourd'hui, ce droit d'accès à des soins tout court, et a des soins palliatifs qui plus est, n'est qu'un vœu pieux impossible à réaliser.
Et c'est 1/5 de l'assemblée nationale qui se permet de faire passer des lois venant sanctionner des soignants, pour un défaut d'accès aux soins qu'ils ont eux-memes organisé et créé, en estimant que c'est l'offre qui crée la demande, et en restreignant drastiquement le nombre de médecins et soignants formés !
Quelle hypocrisie...
Il est en tout cas de mon devoir, moi soignant, de vous encourager à vous informer de ce qui est en train de se jouer en ce moment à l'Assemblée Nationale, et de vous alerter de ce qu'il en est en parallèle dans les faits de la réalité du terrain.
Que cette idée de l'aide active à mourir ne soit pas qu'une idée conceptuelle et séduisante de la seule liberté de choisir sa propre mort, mais qu'elle soit ancrée dans sa réalité des situations que nous rencontrons tous les jours, et de ce qu'elle implique concrètement en termes de projet de société.
Merci d'avoir pris le temps de me lire jusqu'au bout.
Renseignez-vous et faîtes- vous votre propre idée de ce sujet EMINEMMENT éthique, suscitant donc par essence le dilemme et la controverse, et nécessitant un débat parlementaire national à la haureur de ses enjeux. Pas d'1/5 de l'hémicyclique.

