

Chapitre 38 : La fin d'une longue journée (Fin : partie 2)
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Chapitre 38 : La fin d'une longue journée (Fin : partie 2)
Aaron s'éveilla en sentant une douceur chaleur sur son torse, chaleur inhabituelle pour lui qui a si longtemps vécu dans une cellule froide comme la mort. Quand il sentit quelque chose lui chatouiller le cou, il ouvrit les yeux, surpris.
Il crut mourir de bonheur quand il comprit qu'il ne se trouvait plus en prison, et que son ami d'enfance l'enlaçait tendrement contre lui. C'étaient les cheveux aux mèches grises de Morgan qui effleuraient le cou du prince à cause d'un léger courant marin.
Un drap simple les couvrait à moitié, allongés tous les deux dans un lit entouré d'eau.
Se trouvaient-ils encore au château des mers ?
Il glissa ses doigts sur la joue de Morgan, ce qui réveilla ce dernier.
- Aaron...? chuchota le triton, les yeux plissés.
- Oui ?
- C'est vraiment toi ?
- Bien sûr, répondit le prince en souriant.
- Je ne veux pas me réveiller. Tu vas encore disparaître...
- Mais tu l'es déjà.
- Réveillé ?
- Oui...
Étonné, Morgan se redressa lentement en gémissant.
- Ah, j'ai du mal à me rappeler... Qu'est-ce qu'on fait... ici ? demanda-t-il en regardant autour de lui.
- Je ne sais pas... murmura Aaron en l'observant.
Le prince s'arrêta un instant, remarquant enfin un détail qui lui avait échappé.
- Mais... ? Ton bras !
Morgan laissa échapper un cri de surprise : son épaule gauche pouvait bouger, mais la partie allant de son coude à sa main avait disparu !
- Ah, ça me revient, maintenant. Au moins, je peux enfin bouger mon épaule... Et il fallait bien avouer que c'était un poids mort sous l'eau, ce bras...
- Ne dis pas ça... Je ne pensais pas...
- Je te dégoûte...? s'enquit Morgan, détournant le regard.
Mais avant qu'il n'ait eu le temps d'ajouter quelque chose, Aaron l'enlaça par derrière, enfouissant son visage dans les cheveux de son amant.
- Dis pas n'importe quoi. Tu sais bien que je m'en moque. Seulement, je m'inquiète : tu n'as pas mal ? Est-ce que...
Morgan lui rendit son étreinte, posant sa main droite sur l'un des bras d'Aaron qui le serraient avec force.
- Je vais bien. Et même mieux que jamais. Oui. Je ne me suis jamais senti si bien qu'en cet instant.
- Que veux-tu dire par là...?
- C'est comme si le mal qui m'oppressait avait disparu avec mon bras. Je ne ressens plus la haine qui me rongeait : elle a été remplacée par mon amour pour toi. Cet amour que j'étouffais toutes ces années et que je cachais en détestant celui qui se faisait passer pour toi. Et voir mon bras ainsi me rappelle cet amour, comme si je l'avais sacrifié en échange de ta vie. Je... Ça va te paraître bête, mais tu n'imagines pas à quel point ça m'a rassuré de t'avoir vu au réveil...
Aaron mit ses lèvres sur l'épaule du garçon, puis y posa sa tête, le tenant toujours fermement contre lui. Il tressailli légèrement, sentant le dos de Morgan contre son torse.
- Ce n'est pas bête du tout. J'ai ressenti exactement la même chose en me réveillant... Ta chaleur avait remplacé le froid de ma cellule... Jamais je n'aurais cru un jour pouvoir m'échapper de là-bas : même si j'en rêvais, c'était un rêve impossible pour moi. Au lieu de me réveiller à cause du froid qui mordait ma peau, des ténèbres qui m'encerclaient et du bruit de mes chaînes, j'ai senti ton parfum, tes doux cheveux me caresser et ton corps me réchauffer... Es-tu un ange ? Dans l'un des livres que me lisait le garde, on y parlait de créatures célestes qui avaient le pouvoir de nous encercler de leur chaleur...
- Moi ? Un ange ? M'as-tu bien observé ? Je n'ai plus de bras, et même si mes cicatrices ont disparu, cela ne change rien à mon visage crispé et à mes mèches aux couleurs étranges...
- Je crois que c'est toi qui vois mal. Avec un sourire pareil, on ne peut dire qu'une seule chose : tu as le visage d'un ange, Morgan.
Aaron glissa l'une des mèches de son amant derrière son oreille, puis prit son visage de sa main, l'approchant du sien. Il surprit Morgan en train d'observer ses lèvres, les yeux à demi fermés et la bouche ouverte.
- Tu as envie de m'embrasser ? demanda le prince, la voix cassée.
- Oui...
Il n'attendit pas une seconde de plus et captura les lèvres de Morgan de sa bouche. Celui-ci gémit sous les lèvres d'Aaron, se laissant renverser sur le lit par le prince, presque écrasé par sa force.
- Ah, bon sang... C'est tellement mieux que dans cette affreuse cellule... murmura le prince en le regardant avec envie.
Morgan l'arrêta en posant sa main sur le torse de son amant.
- Attends, laisse-moi te regarder...
Aaron acquiesça sans rien dire en déglutissant, se passant une main sur la tête afin de retenir les mèches qui lui tombaient sur le visage.
- Tu me trouves beau en triton ? s'enquit-il.
- Je te trouve toujours beau... fit Morgan en caressant le torse du prince de ma main valide.
Celui-ci soupira de plaisir, attrapant la main de Morgan pour la placer sur son cœur.
- Tu vas me rendre fou, je ne plaisante pas, fit Aaron en se penchant vers lui, le souffle court.
Morgan frissonna en sentant le collier qu'il avait donné à son ami d'enfance lui effleurer le torse. Il leva les yeux vers le prince, et le regard que lui lança celui-ci finit par l'achever : il semblait le supplier de le laisser faire. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir cette pointe de désespération jusqu'au plus profond de son cœur, l'étouffant de son insistance. Cette chaleur le faisait rougir, il avait l'impression d'avoir de la fièvre, d'être incapable de refuser tant il voulait ressentir l'amour d'Aaron encore une fois.
- Fais ce que tu veux, murmura simplement Morgan en retour, détournant de nouveau le visage.
Son amant ne se fit pas prier et, faisant attention à ne pas le blesser, l'embrassa de partout, si bien qu'ils finirent encore une fois par aller jusqu'au bout, ne pouvant se libérer l'un de l'autre.
Ils décidèrent de ne pas se poser de questions sur pourquoi ils s'étaient retrouvés dans cette pièce ensemble, remerciant le destin qui avait enfin choisi de les rendre heureux. S'aimant de toutes leurs forces, ils ne pensèrent qu'au bonheur de leurs retrouvailles, car lorsqu'ils faisaient l'amour ainsi, ils liaient leurs âmes un peu plus à chaque fois.
Aaron repris son souffle, continuant de serrer Morgan encore très fort contre lui après l'avoir aimé de tout son cœur. Celui-ci lui rendit son étreinte et lui demanda :
- Ça ne te dérange pas de rester ici après tout ça...?
- C'est-à-dire...?
- J'ai l'impression que nous sommes restés au château du roi triton... Je ne sais comment nous avons atterri dans cette pièce, mais... tu as été enfermé ici, après tout...
- Avec toi à mes côtés, peu importe où nous nous trouvons. Et puis ma cellule n'avait rien à voir avec cette pièce lumineuse et ce lit confortable... J'ai peut-être été retenu ici, mais je ne suis presque jamais sorti de la prison. T'avoir à mes côtés au réveil est la plus belle chose qui me soit arrivée, ça me rappelle nos veillées du soir, quand enfant je t'emmenais dormir avec moi dans ma chambre en cachette... Tu t'en souviens ?
- Bien sûr que je m'en souviens... Pourquoi crois-tu que je n'arrive pas à dormir sans serrer quelque chose dans mes bras ? Ton étreinte m'aidait à m'endormir, et je n'ai pas pu m'en passer...
- Maintenant que je suis là, tu n'auras plus besoin de te contenter d'un vulgaire coussin, sourit Aaron en le serrant encore plus fort.
Il s'arrêta un instant, laissant la chaleur l'envahir, avant de demander :
- Et toi, alors... Est-ce que ça va ? C'est le palais de ton tyran de père... Je n'aimerais pas te forcer... s'inquiéta le prince en déposant quelques baisers sur la main de Morgan.
- Je vais bien... Comme tu l'as dit, c'est être avec toi qui compte le plus pour moi, et puis... Je préfère ma forme de triton.
Il ajouta, fixant les yeux d'Aaron avec douceur :
- Je ne comprends toujours pas comment tu as pu tomber amoureux d'un monstre tel que moi... L'instant où je t'ai avoué venir de la mer, tu n'as ressenti aucun dégoût, sinon de la fascination... Je ne te comprends pas.
- Je t'interdis de dire ça. Je n'ai jamais vu de monstre en toi. Le vrai monstre, c'est ce qui t'es arrivé. Et comment toi, qui détestais tant les humains, a pu t'intéresser à un garçon comme moi ? Tu m'as fait confiance, et tu m'as suivi au palais terrestre...
- Peut-être que j'étais juste un peu naïf...
- Je ne pense pas. Toi aussi, tu m'as aimé au premier regard. Ou du moins, je t'ai plu, ou intrigué.
- Qu-Quoi ? Tu m'as...
- As-tu oublié ? Il me semblait te l'avoir déjà dit. Oui, tu m'as bien entendu. J'avais beau être encore jeune, je n'ai pas pu me résoudre à te quitter, c'est pourquoi je t'ai si vite demandé de me suivre au palais, utilisant le prétexte que tu m'as toi-même offert : tu ne supportais pas cette ville et les gens qui y habitaient. S'il y a un monstre ici, c'est moi. Je voulais t'avoir pour moi seul, et j'ai utilisé le fait que tu voulais t'en aller. Je... Je t'ai trouvé si beau, assis dans le sable... Au début, j'ai pensé que tu étais une fille à cause de tes cheveux, puis j'ai vu ton visage briller en regardant l'océan, et... et je me suis approché inconsciemment de toi. On peut dire que j'étais simplement fasciné par toi, comme l'on est fasciné d'un personnage de roman, mais ce que j'ai ressenti, c'était différent. Je n'ai pas menti quand j'ai avoué être amoureux de toi depuis l'enfance. Je ne voulais pas te quitter, et je t'ai aimé immédiatement, puis je suis tombé de plus en plus amoureux de toi chaque jour. C'était un amour innocent, comme je n'étais qu'un enfant, mais plus je grandissais, et plus j'essayais d'imaginer à quoi tu ressemblerais quand je te reverrai, si je te revoyais un jour... Je n'ai pas voulu t'effrayer lors de nos retrouvailles, mais quand je ne savais pas encore que tu étais Morgan, j'ai senti quelque chose en toi qui me rappelais mon ami d'enfance, et ça m'a attiré plus qu'il ne le fallait.
- Mais si je n'étais pas ce Morgan que tu connaissais...?
- Peu importe. Je suis tombé sous le charme du Morgan que j'ai rencontré en prison, c'est pour toi que j'ai ressenti une passion dévorante, et pas simplement un amour de jeunesse. Mais savoir que tu es ce même Morgan n'a fait qu'accentuer mes sentiments, car j'attendais nos retrouvailles... Serais-tu jaloux de toi-même ?
- La façon dont tu parles de quand nous étions enfants...
- Ce sont des souvenirs précieux que je n'oublierai pour rien au monde. Ça m'a d'ailleurs étonné d'éprouver de l'amour pour quelqu'un d'autre que mon ami d'enfance, jusqu'à ce que je comprenne que cet ami, c'était bien toi. Il n'y a que toi pour faire ainsi battre mon cœur, arrête de t'inquiéter pour rien. Et tu oublies que toi-même, tu attendais mon retour... Dès que tu as su que j'étais le vrai Aaron, tu t'es complètement lâché, me laissant faire de toi tout ce que je voulais. Toi aussi, tu veux que je t'appartienne.
Morgan rougit vivement sous le regard insistant d'Aaron, mais ne répondit rien. Le prince ajouta en souriant :
- Je devrais être le seul à pouvoir voir cette expression, mais je vais devoir me retenir, sinon, je risque de t'enfermer pour t'avoir rien que pour moi. Je veux ton bonheur, et donc ta liberté. Je n'ai aucun droit de te forcer à quoi que ce soit, en revanche, si c'est toi qui souhaites m'enfermer, je ne suis pas contre. Tant que tu es là, peu m'importe, fais ce que tu veux de moi, Morgan. Tu sais que je t'obéis au doigt et à l'œil. Tu n'as rien à craindre...
- Avec de telles paroles, je devrais vraiment t'enfermer, mais je ne le ferai jamais. J'ai beau avoir envie de te garder pour moi, je suis incapable de te voler ta liberté comme l'a fait le roi triton, murmura Morgan en l'embrassant.
Ils s'arrêtèrent après un moment, essoufflés, et Aaron posa son front contre celui de son amant en fermant les yeux.
- Tu vas finir par me tuer avec tes belles phrases, sourit Morgan.
- Désolé, je ne peux pas m'en empêcher quand je te vois...
- Est-ce que ton frère sait à quel point tu es fou ?
- On dirait bien que non. Il se demande encore comment j'ai fini par tomber amoureux de toi. Il devrait s'en douter : qui se ressemble s'assemble.
- Tu as l'air d'un prince parfait vu de l'extérieur, personne ne se doute des folies que tu me racontes à longueur de journée...
- En parlant de prince, ne sommes-nous pas devenus les dirigeants, au moins temporairement, du royaume aquatique ? Est-ce la magie qui nous a transportés... dans cette chambre ?
- Allons-voir ce qu'il se passe... Et si tout va bien, j'enverrai un message à ton frère avec ma magie pour lui signifier que tout va bien...
- D'accord.
- Attends un peu, il faut que je trouve quelque chose à me mettre...
- Beaucoup de tritons nagent torse nu, tu sais... Nos écailles cachent en grande partie ce que les hommes cachent de leurs vêtements.
- Tu oublies toutes les marques que tu viens de me faire !
- Pourquoi les cacher ? Je veux qu'ils sachent ce que je t'ai...
Morgan le fit taire en plaçant sa main sur sa bouche.
- Aide-moi à nager vers cette armoire au lieu de dire des bêtises, je dois encore m'habituer à nager avec un bras et demi...
- Tout ce que tu voudras, mon amour.
- Tu n'as pas intérêt à m'appeler comme ça devant le peuple des mers !
- On verra ça plus tard. Ça n'a l'air d'être encore que le début de l'après-midi, nous pouvons prendre notre temps, fit Aaron en le prenant dans ses bras.
Il nagea vers l'armoire sous les protestations de Morgan, qui voulait simplement se faire aider et non porter, et en sortit des chemises.
- Ça fera l'affaire ? demanda le prince en riant.
- Oui... Aide-moi à fermer les boutons, s'il-te-plaît.
- Avec plaisir. Il faudra demanda à cet autre magicien comment tu peux faire avec un seul bras. J'aime t'aider, mais je ne veux pas que tu te sois dépendant de moi.
- Tu as raison, je ne maîtrise pas encore tout, mais pour toi, j'y arriverai.
- Mais ne me déteste pas si je t'avoue que ça ne me déplairait pas, que tu dépendes de moi...
- Oh, Aaron... Tu es infernal.
- Tout pour toi, mon ange.
Ils sortirent ensemble de la pièce, Morgan agrippé à Aaron, et descendirent dans la salle principale où de nombreux tritons et sirènes les attendaient.
- Il faudrait qu'on organise quelque chose au château pour tout expliquer au peuple... Peut-être que ton frère a une idée, s'il se trouve bien au palais terrestre...
- Je suis sûr qu'on trouvera quelque chose, acquiesça Aaron en serrant la main de Morgan dans la sienne.
- Mmm...
- Et je devrais aussi remercier ce garde qui m'a tant aidé quand j'étais enfermé dans cette cellule...
- Je suis bien d'accord. Je n'ose pas imaginer dans quel état je t'aurais trouvé si tu n'avais interagi avec personne durant toutes ces années... Je promets de ne plus jamais te laisser seul... murmura Morgan, les yeux brillants.
- Moi non plus, je ne te laisserai plus jamais. Tu as bien failli détruire le monde sans moi, fit le prince en riant, imité par son amant.
Ils étaient persuadés que tout allait enfin s'arranger. Certes, ça allait mettre du temps, mais maintenant qu'ils étaient enfin réunis, plus rien ne pouvait gâcher leur joie.
Leur rêve s'était réalisé, alors pourquoi pas les rêves des autres aussi ?
Les rêves, la lumière, l'espoir, le bonheur, l'amour...
Tout revenait petit à petit, et ce n'était encore que le début de ce magnifique changement qui rendait au royaume et au monde son éclat d'antan.
Et c'est ainsi que Blake et Morgan se mirent d'accord, en s'envoyant des lettres, d'organiser un grand bal sur terre pour célébrer la paix et donner des explications à leur grand peuple. Tout le monde était invité : mages, sirènes, humains.
Plus tard dans la nuit, Aaron eut une autre idée : organiser un second bal, mais cette fois-ci sous l'eau, le lendemain de la première fête. Après de si longues années de séparation, il fallait plus qu'un seul jour de fête pour remonter le moral d'un peuple épuisé !
Et c'est ce qu'ils firent, car deux fêtes pour deux couronnements officiels, ça faisait sens.
Mais revenons-en à cette première journée qui servit d'éveil à chaque habitant de ce grand royaume.
***
La journée se terminait et les étoiles éclairaient la plage de leur lumière iridescente, semblant envahir le cœur des habitants de leur douceur blanchâtre et enveloppant le royaume d'une atmosphère rêveuse.
Sentant un poids lui peser sur la poitrine, Serenn finit par se réveiller, encore sonné par son long sommeil. Il sentit avec surprise le sable sous lui et les vagues caresser ses pieds. Il ouvrit les yeux sur le ciel étoilé, et comprit qu'il se trouvait sur une plage isolée, sûrement au royaume terrestre à en juger les sons qui émanaient du marché un peu plus loin.
Il finit par baisser les yeux sur son propre torse, et un sourire se dessina sur son visage quand il vit Moonlight. En fait, il avait déjà compris bien avant que c'était son amant qui dormait contre lui, le ressentant dans son sommeil. Cette douce chaleur ne pouvait que lui appartenir, et seul le parfum de Moonlight avait le pouvoir de le rassurer : s'il s'agissait d'une autre personne, il n'aurait jamais aussi bien dormi.
Mais que faisaient-ils sur la plage, et pourquoi le soleil se couchait-il déjà ? Après tout ce qu'il s'est passé, serait-ce la magie qui les avait ramenés ici ? Et pourquoi ici, précisément ?
Serenn secoua doucement le bras de Moonlight, non pas que son amant le gênait – il serait encore resté longtemps dans cette position – seulement ils ne pouvaient pas continuer à dormir ici indéfiniment.
- Serenn...? marmonna Moonlight en ouvrant les yeux et en se relevant légèrement, parlant d'une voix bien plus grave que d'habitude.
- C'est moi, répondit simplement le concerné en rougissant.
Il fallait avouer qu'il adorait la voix de Moonlight quand ce dernier venait à peine de se lever, c'était à la voix mignon, et...
- Tu es tout rouge, rit l'esprit en le regardant.
- Ton imagination te joue des tours, et lâche-moi, s'il-te-plaît. Imagine si quelqu'un nous voit allongés ainsi l'un sur l'autre... fit Serenn en tournant la tête pour vérifier si personne ne les observait.
- J'ignore ce que nous faisons sur le sable, mais si nous avons dormi ici toute la journée, je crains que ce ne soit trop tard pour ne pas se faire remarquer. Après tout, nous nous trouvons au beau milieu d'une plage déserte, et exposés comme nous le sommes... rit le garçon en serrant son amour contre lui.
- Eh ! s'écria Serenn, surpris.
- Quoi ?
- Tu comptes rester ici encore longtemps ?
- Pourquoi pas ? Je me rappelle que tu ne souhaites pas retourner vivre dans la partie marine du royaume, n'est-ce pas ?
- Oui...
- Ça ne me dérange pas, mais… ça signifie que nous n’avons nulle part où aller, du moins pour le moment.
- Oh. Tu n'as pas tort...
Moonlight glissa sa main dans les courts cheveux blonds de Serenn, et le regarda dans les yeux, attendri.
- Tu sais que tu es adorable, quand tu te réveilles ? Avec tes mèches emmêlées et ton regard encore à demi endormi ?
- Arrête ces bêtises, murmura Serenn.
Cependant, disant cela, il ferma les yeux, et laissa son amant lui toucher les cheveux, soupirant de plaisir.
- Pourquoi me dire d'arrêter si c'est pour me laisser continuer ? Tu te contredis, mais ça ne me déplaît pas... Tu as abandonné l'idée de m'arrêter ? Est-ce si agréable que ça ? fit Moonlight en riant, caressant la joue de Serenn.
Il reçut pour toute réponse un "Mmm..." approbatif et un léger sourire de la part de Serenn. "Il est tellement mignon, on aurait dit un petit animal..." pensa-t-il en continuant à le caresser.
Après un certain moment, Serenn ouvrit de nouveau les yeux et repoussa doucement Moonlight.
- Hm... Nous devrions aller chercher un endroit où dormir ce soir... Je me demande où sont les autres, et si tout va bien pour eux.
- Tu as raison, acquiesça l'esprit en se relevant.
Il tendit sa main à Serenn, l'aidant à se lever.
- Tu sais... Je pensais à quelque chose, tout à l'heure. Je suis vraiment heureux d'avoir reçu ce corps dans cette vie, ça me permet d'expérimenter les deux. En fait... Oui, je préfère ce corps, mais les deux me vont, fit le garçon en acceptant la main de Moonlight.
- Rien ne t'empêche de changer comme bon te semble, les sentiments qu'on ressent peuvent varier, c'est normal. Comment veux-tu que je m'adresse à toi ? Pour moi, que tu sois une femme ou un homme ne change absolument rien, je te l'ai déjà expliqué. Que ressens-tu ?
- Comment dire... Je me sens plutôt neutre et masculin, c'est pourquoi me rappeler de cette "Serenna" que j'étais ne me plaît pas vraiment... Même si parfois, ça m'embête moins. En fait, mon ressenti change au fil du temps. Comme si... j'étais quelque chose entre les deux, ou les deux en même temps... Mais appelle-moi Serenn, c'est ce que je préfère. Je me sens plus homme que femme, si c'est ta question.
- Et bien tu me diras si ça change un jour.
- Ça ne te fait pas... bizarre ?
- Que ton genre se situe entre homme et femme ? Pas du tout. Au début, te voir en homme m'a surpris, mais j'ai compris que j'aimais tes deux formes, alors si tu changes encore une fois un jour, que ce soit un changement au niveau du ressenti, ou un changement physique, tout me va. Dis-le-moi, je m'adapterai à toi. Tu es toi, et c'est tout ce qui compte.
Serenn sourit, serrant la main de Moonlight dans la sienne.
- Je vois. Merci. Je suis donc tombé sur la bonne personne. Je suis vraiment chanceux.
- Ce n'est rien...
- Non, vraiment. Merci de m'accepter tel que je suis, Moonlight.
Ils s'enlacèrent tous les deux, puis se dirigèrent vers le marché du royaume terrestre, main dans la main.
Ils étaient les derniers réveillés de nos amis, et il se faisait tard, mais voir la gaieté du marché et sentir la délicieuse odeur du pain frais les attirait. Ils ne pouvaient pas chercher un abri tout de suite, car la faim se faisait sentir.
Quelqu'un offrait des petits pains et quelques desserts au gens, suite à l'arrivée des sirènes au royaume terrestre. Les deux amants en profitèrent avant de continuer à marcher d'étal en étal, curieux.
Soudain, Serenn vit une magnifique robe aux couleurs pâles. Il regardait la robe avec envie, et Moonlight le remarqua. Il fouilla dans ses poches, et heureusement, y trouva une pièce d'or qu'il lui restait de chez-lui.
- Cela suffira-t-il ? demanda-t-il à la vieille vendeuse.
- C'est même plus que nécessaire, je te rends la monnaie, sourit-elle en retour.
Les pièces dans les deux royaumes étaient quasi identiques, à la différence que celles des sirènes arboraient un portrait du roi triton, tandis que sur celles des hommes était gravé le visage de Blake, lorsqu'il était encore jeune.
- Qu'est-ce que tu fais ? s'enquit Serenn en tirant son amant par la manche.
- Je te l'achète.
- Quoi ?! Mais...
- Pas de mais qui tienne, j'ai vu avec quel regard tu fixais cette robe.
- Merci... Tu en fais toujours trop pour moi, comme d'habitude.
Serenn soupira, et embrassa Moonlight sur la joue. Puis il se tourna vers la vieille dame, et lui demanda :
- Par hasard, sauriez-vous où habitent les pirates ?
- Bien sûr ! Ce n'est pas loin du tout, ils tiennent une auberge, suivez cette route, vous trouverez.
- Merci !
Le garçon jeta sa robe par-dessus son épaule, puis entraîna Moonlight dans la direction qui leur avait été montrée, le tirant par la main.
- Les pirates... Je n'y avais même pas pensé. Heureusement que tu es là...
- Aurais-tu dormi dehors à cette heure si je n'étais pas là ?
- Je pense que oui... Tu vois, je ne peux rien faire sans toi, alors surtout, ne lâche jamais ma main, sourit Moonlight.
Il était déjà très tard quand les deux amis se retrouvèrent devant l'auberge des pirates.
Ils entrèrent sans attendre, et virent la mère de Jack se précipiter vers eux.
- Regardez qui est là ! s'écria-t-elle.
- Bonsoir, la saluèrent-ils.
- Bonsoir, mes enfants !
- Désolés de vous demander à nouveau de l'aide, nous ne voudrions pas abuser de votre hospitalité, mais auriez-vous un endroit où dormir ? l'interrogea Serenn.
- Mais bien sûr, entrez vite. Vous avez l'air très fatigués ! Nous tenons une auberge, pourquoi ne pas en profiter ? Nous avons beaucoup de chambres libres, et pour les amis, c'est toujours gratuit.
- Vous êtes sûre...? C'est vraiment très aimable, mais... commença l'esprit.
- Vous avez aidé mon fils, notre prince, et ce royaume, ne l'oubliez pas. Vous ne nous devez rien, au contraire. De plus, les parents de notre ami mage sont toujours avec nous, et ils vont bien mieux. Notre petit Lohan ne devrait pas tarder à venir leur rendre visite, et j'espère que leurs retrouvailles se passeront bien. Aider les gens fait partie de notre devoir de pirate. Et maintenant que Blake va régner sur ce royaume, nous serons enfin reconnus à notre juste valeur, j'en suis certaine. Avez-vous vu les affiches ?
- J'ai vu quelque chose à propos d'une fête... essaya de se rappeler Serenn.
- C'est cela, demain, notre prince organise une grande fête et tout le monde est invité. Je suppose qu'il doit des explications à son peuple, et qu'il souhaite fêter la paix.
Alors qu'ils parlaient, Élise les installa à table, et leur servit des bols de soupe chaude accompagnés par quelques galettes salées.
- Les autres sont presque tous en train de dormir, mangez vite et couchez-vous, demain, nous aurons plein de choses à faire. Prenez l'une des chambres au bout du couloir, elles sont vides.
- Merci... On n'a pourtant rien fait pour mériter tout ça, chuchota Serenn, ému par tant de gentillesse.
- Détrompez-vous, vous avez déjà fait bien plus que tous les autres habitants du royaume réunis, leur sourit-elle avant de partir, les laissant seuls.
Après avoir mangé, Serenn posa sa tête sur l'épaule de Moonlight.
- J'ai rencontré tellement de bonnes personnes grâce à toi...
- Et toi, tu as illuminé mon monde, j'ai l'impression que je ne voyais pas tout le bonheur autour de moi à cause de la solitude... Tu te rappelles ? J'étais enfermé dans un sablier durant des années... En sortant, j'ai à peine ressenti un sentiment de liberté, mais la solitude, elle, n'était pas partie.
- Tu as eu le même effet sur moi... Je me rappelle encore de comment je nageais, enfermé entre les murs du château aquatique, sans émotions. Je n'arrivais pas à ressentir quelque chose pour ces gens qui disaient m'aimer, car je savais qu'ils fantasmaient sur mon apparence sans rien savoir de ma véritable personnalité. C'était évident : quoi que je dise, ils m'admiraient, car ils s'imaginaient ce qu'ils voulaient en me regardant, et se moquaient éperdument de ce que moi je voulais. Toi, tu as d'abord voulu me connaître, me comprendre, tu as su voir en moi, lire en moi... Et ça, personne n'avait réussi à le faire auparavant.
- Et pourtant, moi aussi, je voyais en toi l'illusion de cette fille que j'aimais dans mon ancienne vie au lieu de voir celui que tu étais devenu... J'ai été déboussolé de te voir si changé par rapport à mes visions...
- Oui, mais tu as accepté la personne que je suis devenue. Tu as beau me dire avoir été attiré par moi à cause de notre vie antérieure commune, tu es de nouveau tombé amoureux de moi après mon changement. Tu es tombé amoureux de mon vrai moi, malgré le fait que je suis un homme et malgré le fait que je n'étais plus le même. C'est mon âme que tu aimes, tout simplement. Et tu m'as prouvé à quel point ton amour était beau, car le plus bel amour, c'est l'amour inconditionnel. Quand j'errais sans but, malmené par ces gens factices, amoureux d'une image irréelle, qui ne se souciaient pas de mes sentiments, j'ai été sorti de ce cauchemar grâce à toi. Toi qui étais si fidèle et dévoué à mon âme que même si je ne me rappelais pas de toi , tu ne m'as jamais abandonné et tu m'aurais cherché pendant des années s'il le fallait. C'est même ce que tu aurais fait si on ne t'avait pas enfermé dans le sablier maudit, j'en suis certain.
- Si seulement je n'avais pas été enfermé... Je t'aurais retrouvé bien plus vite ! Mais parfois, j'ai peur... Je me dis que je n'ai été capable de te retrouver que grâce à la magie... Qu'aurais-je fait, sans ?
- Ne vois-tu pas que nos vies sont liées ? Magie ou pas, nous sommes de nouveau ensemble, et je pense que nous réussirons à nous retrouver à chaque fois. Quand je vois ta détermination, je ne peux que croire en toi. Rien n'arrive par hasard, et j'ai voulu croire en cette personne qui m'avait sauvé de l'enfer que je vivais. Je n'ai pas eu tort : tu es une personne incroyable, Moonlight. Jamais je n'aurais cru que quelqu'un m'attendait, que quelqu'un pensait à moi. Je me croyais seul, mais j'occupais tes pensées. Tout comme toi, tu te croyais seul, bloqué par les parois de verre du sablier, mais en pensant à moi et à ton frère, tu es parvenu à tenir. Nous étions avec toi par la pensée. Je m'en voulais énormément de ne pas me souvenir de quelqu'un d'aussi gentil que toi, mais les visions que tu avais ont elles aussi fini par m'atteindre, et mon cœur s'est rappelé de toi. Tu n'étais pas seul, car même si je ne pensais pas à toi, mon cœur, lui, y pensait. J'ai toujours ressenti ce vide en moi. Et ce vide ne s'est comblé que grâce à toi. C'est pourquoi je suis certain qu'au fond, je me souvenais de toi, moi aussi. Peut-être est-ce à cause de toi que je ne parvenais pas à tomber amoureux. J'ignore pourquoi nos âmes sont si liées, mais cela ne peut signifier qu'une chose : tous nos voyages, que ce soit sur terre, dans la mer ou dans le ciel, nous les ferons ensemble.
Disant cela, Serenn prit la main de Moonlight entre les siennes, et ajouta :
- Je ne lâcherai pas ta main. Et je n'ai jamais été aussi sûr d'une chose de toute ma vie.
L'esprit ne répondit pas, mais cacha son visage de sa main libre, ému.
- Moonlight ? Tu... Tu pleures ?!
- Ne me dis pas des choses de ce genre sans prévenir ! Tu ne sais pas à quel point je t'ai attendu... Je... Non seulement je craignais que mes rêves ne se réalisent jamais, mais en plus, ce que tu m'as dit est bien supérieur à tout ce que j'avais imaginé... Je ne pensais pas un jour entendre de telles choses... On te dit que tu es froid, que tu n'as pas de cœur, mais moi, tout ce que je vois en te regardant, c'est de l'amour. Il y a tant d'amour qui se dégage de toi, c'est... Je ne peux pas croire qu'on te pense insensible, alors que tu fais preuve de tant d'amour pour moi... Tu ne pleures pas, mais je vois très clairement l'étendue de tes sentiments en regardant tes yeux. Je ne croyais pas être digne d'un tel amour. Moi qui pensais me satisfaire d'un amour à sens unique la première fois que je t'ai vu... Je ne pourrai plus jamais me priver de ton amour après ce que tu m'as dit. Je me sens aimé, et je ne veux pas que ce sentiment s'arrête.
- C'est exactement ce que je ressens en voyant ton amour si fort pour moi, alors que je n'ai rien fait pour mériter ça... C'est tellement bon de se sentir aimé, vraiment aimé et pas admiré... C'est si différent et nouveau pour moi, mais pour rien au monde je ne changerai ça même si j'ai peur de te perdre. Je veux vivre avec toi et ressentir ton amour, même si cela signifie que je risque de m'effondrer le jour où tu disparaitras. Je ne peux qu'accepter tes sentiments, même si plus je t'aime, et plus je serai blessé...
- Je t'interdis de dire ça ! Tu viens toi-même de me dire que nos âmes sont liées, et que nous ne serons jamais seuls ! Tu crois vraiment que je vais te laisser seul dans ce monde, surtout après ce qui t'es arrivé dans ce maudit château des mers ?!
- Je...
Le fixant des yeux, Moonlight se leva et se plaça devant lui, posant ses mains sur ses épaules.
- Tu as besoin que je te prouve l'authenticité de mes paroles avec... des gestes ? demanda-t-il en s'approchant du visage de Serenn.
Celui-ci fut incapable de répondre et de bouger, comme collé à sa chaise. Son cœur battait à tout rompre : Moonlight le regardait avec une telle envie qu'il se sentait piégé par ses bras qui tenaient fermement ses épaules. Dominé par la figure imposante de son amant, Serenn se contenta de regarder les lèvres de Moonlight, les siennes étant légèrement ouvertes, affalé sur sa chaise. Il voulut se reprendre, et tenta de se lever, mais l'esprit l'en empêcha.
- Reste ici, ordonna Moonlight en attrapant ses mains.
N'en pouvant plus de sentir le souffle de Serenn sur lui, l'esprit l'embrassa avec passion, oubliant complètement qu'ils se trouvaient encore dans la cuisine de l'auberge. Il passa ses mains sur le corps de son amant, touchant son torse sous sa chemise, avant de s'agenouiller devant lui.
- Qu-Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda Serenn, le souffle court, essayant de le repousser de ses bras.
- Quand tu me regardes comme ça, je ne peux pas m'en empêcher, murmura-t-il sans bouger d'un millimètre.
Quand son regard tomba sur le pantalon de Serenn, ce dernier comprit ce qu'il voulait faire, et tenta à nouveau de se dégager.
- Tu n'as pas envie...? demanda Moonlight en le regardant d'un air suppliant.
- Si mais...
- Alors laisse-moi faire... souffla-t-il en déposant des baisers sur ses jambes, remontant de plus en plus haut.
- Et si quelqu'un arrive...?
- Je fais vite, tu n'as pas besoin de t'inquiéter... Je n'aurais qu'à dire que j'ai fait tomber quelque chose par terre, ou que je t'aide à refermer ton pantalon...
- Pourquoi d'autre m'aiderais-tu à refermer... Ah !
Serenn ne put se retenir de gémir en sentant la chaleur de la bouche de son amant embrasser son point sensible, et ses jambes se mirent à trembler. Moonlight l'empêcha de crier en plaçant sa main sur sa bouche, tout en continuant à l'embrasser en bas.
- Moins fort... chuchota l'esprit en souriant.
- Mmm, fit Serenn en basculant la tête en arrière.
- Tu aimes ça ? Ah, oui... Tu ne peux pas me répondre à cause de ma main...
- Mmph ! marmonna-t-il en retour, fronçant les sourcils.
- Oh, pardon, j'arrête de parler...
Avoir son amant agenouillé devant lui mettait Serenn dans tous ses états, et il finit par se laisser aller complètement, fermant les yeux et s'abandonnant à la douce sensation que lui procuraient les baisers de Moonlight. Il sentit une vague de chaleur plus violente que les précédentes et finit par soupirer de plaisir.
L'esprit se redressa alors, s'approchant de Serenn qui avait encore les paupières closes.
- C'était comment ? lui souffla-t-il dans l'oreille, relâchant la pression de sa main afin de lui permettre de parler.
- Ah... Tu causeras ma perte, un jour, lui répondit Serenn, rouge de sueur.
Disant cela, il cacha son visage avec son coude, tentant de reprendre un rythme de respiration normal. Moonlight sentit un frisson parcourir son propre corps à la vue de Serenn, qui respirait bruyamment, le visage encore plus rouge qu'auparavant.
- Tu n'imagines pas ce que ça me fait de te voir dans cet état...
- Referme mon pantalon au lieu de dire n'importe quoi...
Son amant s'exécuta, puis le souleva sans prévenir.
- Qu'est-ce que tu fais encore ?! s'indigna Serenn.
- Je ne peux pas permettre que quelqu'un d'autre te voie comme ça. Accroche-toi, et allons dans notre chambre. Je ne peux plus attendre.
Il soupira en guise de réponse, mais se laissa faire, souriant en cachette alors que Moonlight le portait en montant les escaliers qui menaient aux chambres de l'auberge. L'esprit ouvrit de son pied l'une des portes où il était marqué "libre" au hasard, avant d'observer l'intérieur de la pièce.
- Que dis-tu de celle-ci ? s'enquit-il en replaçant d'une main l'une des mèches de cheveux de son amant, effleurant sa joue au passage.
- Peu importe, répondit Serenn en baissant le regard.
Moonlight le déposa au sol avant de refermer la porte, puis se tourna à nouveau vers son âme-sœur.
- Si j'ai bien compris, j'ai le droit de continuer ce que nous faisions juste avant ?
- Je...
- Je sais que tu m'en as donné l'autorisation plusieurs fois, mais j'aimerais l'entendre de ta bouche encore une fois. Je t'aime, Serenn, et je ne veux pas te forcer simplement parce que nous sommes ensemble. Je ne veux pas que tu te sentes obligé de faire ce que je te dis à cause de notre relation... Même si nous nous aimons, tu as le droit de...
Serenn s'approcha et posa son doigt sur la bouche de son amant avec tendresse, défaisant sa propre chemise de sa main libre.
- Je sais, c'est bien pour ça que je te fais confiance. Tu ne me blesseras jamais volontairement, et tu écoutes toujours mes désirs. Si un jour je n'en ai pas envie, je te le dirais, sois rassuré. Alors maintenant, tais-toi et continue. Ce que tu m'as fait tout à l'heure m'a donné envie de bien plus, alors tu n'as pas intérêt à t'arrêter après m'avoir rendu comme ça. C'est ta faute si mon visage est si rouge et si mon cœur bat si vite.
Moonlight tressaillit en voyant le torse nu de son amant, parsemé de plusieurs grains de beauté. Il ne s'en lassait pas. "Comment est-ce possible d'avoir autant de chance ? Qu'ai-je fait pour mériter cet homme ?" se dit l'esprit, passant doucement ses doigts sur la peau de son âme-sœur, l'air rêveur.
Serenn le prit par la main, le sourire aux lèvres. Quand il voyait la façon dont Moonlight s'occupait de lui, avec autant d'amour et de délicatesse, toute peur et gêne disparaissaient de son corps. Il savait que son amant essayait de se montrer confiant et sûr de lui, mais qu'il était en réalité angoissé au fond de lui à l'idée de faire une erreur. Le sachant aussi stressé que lui, Serenn prenait le rôle du guide afin de le rassurer. Il s'efforçait de lui prouver qu'il n'avait rien à craindre, qu'il pouvait être lui-même en sa compagnie, et qu'il n'avait pas besoin de s'inquiéter autant car il l'aimera quoi qu'il fasse.
Sans ajouter un mot, le jeune homme fit s'asseoir Moonlight près de lui sur leur lit.
Enfin, Serenn lui chuchota ceci à l'oreille :
"Ne sois pas si effrayé... Tu sais bien que je suis dans le même état que toi. Arrête de croire qu'une simple erreur pourrait tout gâcher car te voir faire des erreurs me prouve seulement une chose : que tu es humain. Ne pense à rien, et dépêche-toi de m'embrasser. Tu te retiens depuis trop longtemps..." souffla-t-il avant de s'allonger.
Moonlight rougit en le voyant ainsi, et malgré le fait que ce n'était pas la première fois, son amant parvenait toujours à faire chavirer son cœur. Quand il pensait qu'il ne pouvait pas l'aimer encore plus, Serenn lui prouvait le contraire, et ses sentiments augmentaient encore et encore, sans jamais s'arrêter.
- Je t'aime... murmura Moonlight en embrassant les mains de son âme-sœur.
- Moi aussi, je t'aime.
Ils passèrent la nuit à s'enlacer, à s'embrasser et à s'aimer, loin des autres, enfermés dans leur bulle d'amour. Bientôt, ils allaient enfin pouvoir construire leur vie ensemble sur terre. Tous deux ne savaient pas encore s'ils allaient partir en voyage ou s'installer définitivement au royaume terrestre, mais ce qui était sûr, c'est qu'ils le feraient ensemble.
Ensemble, sans avoir besoin de se cacher comme dans la légende de la Rose et de la Jacinthe bleue, sans avoir besoin de se protéger contre le mal (celui-ci avait aujourd'hui entièrement disparu de leurs vies mais laissait des traces qu'il fallait encore guérir).
Le lendemain, la première fête allait avoir lieu au palais de Blake, sur terre.
Ne refermez pas tout de suite ce livre, car maintenant que la paix est là, il faut la célébrer. Et je vais vous raconter toutes les belles choses qui ont suivi cette grande aventure...

