

La méprise
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La méprise
Je sens que je dois conclure, les épisodes se succèdent et j’apprécie de les écrire dans mes carnets, mais je dois envisager ma vie différemment, la situation sur mon toit a atteint ses limites et une décision s’impose. Bien évidement, la procédure de divorce entamée par ma femme change la donne, me ramène doucement à la réalité et la question est désormais de savoir si je garde l’appartement ou si je le vends. À vrai dire, c’est un faux problème, je n’ai jamais eu l’intention de rester là, je sais, au fond de moi, et ce, depuis le début, que je dois partir, quitter ce lieu où les souvenirs se sont entassés, les bons comme les mauvais. Mon toit a été la conclusion de notre histoire, un interlude vers une autre vie, un autre moi, mais comme tout un chacun, lorsqu’il s’agit de changement, la peur s’installe.
J’ai apprécié ces semaines de bohème, d’errance, libéré de toutes contingences, il est temps de donner un sens à mon futur, car celui-ci n’est écrit nulle part, je ne crois pas à la destinée ni que mon sort soit établi par une puissance supérieure. Tout réside entre mes mains, j’ai le pouvoir de construire mon existence, de lui donner du sens, tout comme sur mon toit, mon navire affrontant les déferlantes sans destination précise, je suis le seul maître à bord, je suis le capitaine de cette expédition et il est temps de mettre le cap vers ce bonheur, jusqu’alors tant négligé.
Des rires proviennent de la soute, à cette heure-ci, je suis normalement seul, Agnès et Trésor sont parties travailler et ne rentreront que tard dans la soirée. D’ailleurs Pépette aussi, les a entendus, elle jappe et s’excite autour de la trappe qui mène à l’étage du dessous. Je tends l’oreille, oui, quelqu’un est bien dans mon appartement, mais je ne reconnais pas les voix. J’attrape la chienne, car les marches sont bien trop raides pour qu’elle puisse descendre toute seule et je pousse la porte d’entrée de mon logement.
C’est Paquita qui m’accueille, notre femme de ménage, je l’ai complètement oubliée et je réalise à cet instant qu’elle vient toujours ranger et nettoyer l’appartement comme c’était convenu avec ma femme. À ma vue, elle fait un bond, je lui ai fait peur, elle ne s’attendait pas à me voir, puis elle s’agenouille pour caresser Pépette en me souriant. C’est une belle femme, grande et élégante, toujours tirée à quatre épingles, à la voir rien ne suppose qu’elle gagne sa vie en faisant des ménages. Ensuite, c’est un homme qui apparait au bout du couloir, il a la chemise ouverte, la ceinture pendante. Lui aussi est surpris de me voir, la mine déconfite, il interroge du regard Paquita, essaye de comprendre la situation, il est mal à l’aise.
Moi, j’éclate de rire, oui, je ris comme un forcené, car tout s’éclaire, je reconnais le chauffeur de taxi, celui que j’ai cru être l’amant de ma femme et qui, en fait, prenait du bon temps avec la femme de ménage.
[À suivre…]
La version papier [ici], la version numérique [ici]

