

Chapitre 16 : Tempêtes et turbulences
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Chapitre 16 : Tempêtes et turbulences
Quelques semaines plus tard, un samedi soir qui ressemble à beaucoup d’autres, alors que le souvenir de son visage est presque effacé, les deux Dalton débarquent, sans crier gare et glissent à Juliette en train de préparer le diner que Nelson était rentré et qu’il demande à la voir. Gaël est absent, comme souvent puisque depuis leur emménagement ici de toute façon, on dirait qu’il cherche à fuir l’appartement aussi souvent que possible. Elle ignore ce qu’il fait vraiment, mais il rentre de plus en plus tard, complétement ivre pour se coucher, lubrique, contre elle.
Juliette est encore furieuse contre Nelson et sa façon de l’avoir plantée la nuit du 15 août. Elle lui en veut de ne lui avoir donné aucune nouvelle depuis et puis surtout elle éprouve énormément de dégout face à ce qu’elle a fait dans le dos de Gaël. Pas seulement de l’avoir trompé physiquement, mais d’être tombée ainsi sous le charme d’un autre, d’entretenir une relation émotionnelle en secret, de penser à un autre, de rêver à cet autre, à son corps, à ses caresses interdites. Elle se sait, se sent infidèle et se fait horreur, pourtant dès que l’on prononce son nom, son cœur de midinette danse une salsa endiablée dans sa poitrine. Elle a envie de tout envoyer valdinguer pour se précipiter à sa rencontre, de se jeter à son cou, comme si c’était plus fort qu’elle-même et qu’il lui était impossible de lutter contre les forces telluriques qui la poussaient dans ses bras. Elle compte lui faire payer l’affront, se tourne vers Gwen, et rétorque, méprisante :
“Et ben, tant mieux pour lui, c’est bien, et puis tant mieux, pour toi, parce que je me demande bien comment tu pouvais respirer sans ton patron, mais moi, merci, je n'ai pas envie de le voir, t’as qu’à te servir des pâtes si tu veux...”
Elle laisse tout en plan dans la cuisine et file dans sa chambre écouter Lynda Lemay, en boucle. Juliette n’a envie de voir personne, ni les garçons ni Aurélie, qu’elle laisse en leur compagnie, en train de minauder devant Régis. Elle griffonne des mots sur un cahier, s’abîme dans ses songes et s’assoupit un moment, puis elle entend un bruit dans l’entrée de l’appartement, se redresse pour tendre l’oreille, voit sa porte s’ouvrir et le visage souriant de celui qu’elle aime s’inscrire dans l’encadrement. Prise de court, elle lui jette son oreiller au visage, il l’esquive, rigole, traverse la distance qui les sépare en quelques enjambées et s’empare de ses lèvres, comme en terrain conquis. Sa langue glisse, suave, entre ses lèvres faisant fondre l’armure de Juliette en une fraction de seconde. Elle sent son corps s’alanguir, devenir douceur puis passion pour cet homme qu’elle aurait juré haïr, il y a seulement une demi-heure. Elle trouve la force de se lever, lui prend la main et l’emmène dans la troisième chambre inoccupée, celle qui juste au fond du couloir fait face à la porte d’entrée.
Elle ne préfère pas rester dans sa chambre « officielle » parce que c’est celle qu’elle partage avec Gaël. Il ne dit rien, comme si sans un mot, il comprenait.
La porte se referme sur eux, et sans avoir le temps d’allumer, ils se dévorent les lèvres, s’effeuillent mutuellement puis dans une mélodie qui n’appartient qu’à eux fusionnent leurs corps et assouvissent leur manque de l’autre.
Bien plus tard, Juliette se pose, apaisée sur l’épiderme doux du torse de Nel et s’endort, bercée par sa respiration sereine, se réchauffant de sa peau.
Et puis au bout d’une minute d’éternité, la porte s’ouvre à la volée, la lumière crue du plafonnier lui crève les yeux, Gaël déboule en trombe dans la chambre, pas très frais.
Il titube, les regarde brièvement et fait mine de fouiller dans les tiroirs du bureau.
Juliette embarrassée d’être trouvée au lit avec Nelson, encore étourdie par le sommeil et par l’ubuesque de la situation, trouve seulement un :
“Tu cherches quoi ?
─ J’avais laissé une boulette par ici, je m’en vais ! Va falloir qu’on parle, Juliette”
Et il claque la porte en sortant aussi vite qu’il n’était entré. Nelson ne dit pas un mot. Juliette est assise dans le lit et regarde la porte par laquelle Gaël est entré puis s’est enfui. Elle se sent sale et laide de lui avoir imposé ça, de l’avoir trompé sous son propre toit, ce soir, le 15 août et surtout d’avoir caché la vérité pendant tout ce temps par crainte de poser des actes irrémédiables et de briser cette relation qui lui avait apporté tant de bonheur avant que tout ne s’érode il y a quelques mois seulement. Elle savait que la fin qu’elle retardait depuis des mois était désormais consommée. Même si Gaël aurait probablement pu lui pardonner son incartade, elle prend clairement conscience qu’elle ne l’aime plus de
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