

Chapitre 19 : Chrysalide criblée
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Chapitre 19 : Chrysalide criblée
Ici, elle trouve un havre de paix et de bienveillance. Au début, elle emprunte la chambre de Clotilde, absente pendant quelques jours. Ses nuits sont hantées de violents cauchemars, alors, le plus souvent, elle dort avec Stella. Elle se sent bien ici, protégée comme dans un cocon même si elle sait qu’à un moment, il lui faudra partir et son ventre se serre à cette idée. Et puis comme par magie, ou sous l’impulsion de l’Univers, lorsque Clotilde revient de voyage et que Juliette s’apprête à replier bagage, le cœur lourd de ne savoir où aller ni à quoi se raccrocher, elle lui propose de rester ! La troisième coloc’ vient de partir et la petite chambre du fond se retrouve libre, pour un loyer dérisoire. Le poids qui encombrait la poitrine de Juliette s’évanouit à la seconde, elle en pleure de soulagement.
Les semaines suivantes, Juliette cicatrise ses plaies, dans cette chrysalide inespérée. Elle ne va plus au lycée, de crainte de n’y croiser Aurore flanquée de son petit roquet, Régis. Ce n’est pas vraiment de la peur, mais juste un besoin de sérénité, sans cris, menaces ou armes à feu. Elle se sent comme brisée par les évènements récents et a besoin de se régénérer, dans la quiétude douce de son nouveau foyer. Ici tout est simple, fluide comme si toutes trois s’étaient toujours connues. Juliette n’assiste plus aux cours et ne participe pas davantage à la vie du lycée, mais continue de fréquenter certains de ses condisciples, lors de fêtes et de soirées organisées ici et là. Ainsi, un soir, alors qu’elle se trouve aux Landettes chez deux copines, son portable sonne.
Etonnée de voir, ce prénom s’afficher, Juliette s’isole du bruit et de la foule pour prendre l’appel dans la salle de bains. Au bout du fil, Clémentine, sa copine du lycée professionnel. Des mois qu’elles ne s’étaient pas parlé, une éternité pour Juliette qui a perdu toute notion du temps, ces derniers mois lui semblant des années.
Après quelques minutes de discussion, Clémentine dévoile l’objet de son appel. Elle semble dépassée par les évènements de sa propre existence et a besoin d’être épaulée par une amie. Clem et Elsa sont toujours ensemble et habitent toutes deux dans un petit appartement à Nantes, seulement, le père d’Elsa est en train de s’éteindre d’un cancer du poumon en stade terminal. Elsa encaisse très mal la situation et la frêle Clémentine ne semble pas de taille à l’y aider. Alors Juliette, soucieuse de tendre la main à ses vieilles copines et, aussi, tentée de fuir son microcosme quelques jours décide de partir à Nantes dès le lendemain. Au téléphone, planquée dans une salle de bain, un doigt vissé sur l’oreille pour suivre la conversation, elle n’avait pas vraiment pris conscience de l’ambiance qui l’attendrait en arrivant.
Lorsque Juliette arrive à la gare de Nantes, Clémentine l’y attend, seule. Elsa est rentrée dans la grande maison bourgeoise de sa famille rue du Calvaire et Clem reste démunie dans leur vieil appartement défraichi. Juliette réalise que ce n’est pas à la demande d’Elsa qu’elle est ici, mais principalement parce que Clem ne sait pas se gérer sa vie sans celle qui contrôle chacun de ses battements de cils depuis plus de deux ans. Les journées s’organisent au rythme des appels d’Elsa qu’elles retrouvent à l’hôpital pour passer quelques heures ensemble, et tenter de la distraire ou de la soutenir comme elles le peuvent. L’atmosphère qui les enveloppe en permanence est lourde, opaque, tendue, on attend l’inéluctable délivrance.
Pour tromper cette attente sordide, Juliette se met à fumer des joints avec Clémentine, pour s’étourdir et ne plus subir toute cette noirceur. Du matin au soir. Mais très vite, les « provisions » viennent à manquer.
Clem annonce alors à Juliette qu’« un pote » (en réalité leur dealer) va passer à l’appartement plus tard dans la journée.
“mais t’inquiète pas Ju, on le connait depuis hyper longtemps, y’a vraiment aucun malaise !”
Dès qu’il arrive, Juliette est immédiatement sur la défensive. Un grand type asiatique, presque décharné, mais dont il semble pourtant émaner une violence intrinsèque, un sourire carnassier aux dents rongées probablement par autre chose que les bonbons. Elle ne le sent pas du tout et renifle derrière son sourire mielleux, l’odeur du prédateur. Elle espérait qu’il ne ferait que passer et se décompose lorsqu’elle le voit retirer son manteau et s’installer à la table de la cuisine. Elle cherche les yeux de Clem pour lui communiquer par télépathie, qu’il faut qu’il parte, ou qu’elle invente un départ pour l’hôpital, mais celle-ci ne semble pas capter ses ondes. Le type s’incruste et prend racine. Le temps s’étire en longueur dans ce petit T1 bis, transformé en aquarium. On y entre par une cuisine-salle à manger assez vieillotte, pour déboucher plus loin dans la chambre-salon avec une salle de bain entre les deux. Les pétards s’enchainent, Juliette tire dessus pour calmer l’angoisse qui lui enserre la gorge. Cette consommation de cannabis est toute nouvelle pour Juliette qui déteste, pourtant, perdre le contrôle.
Son cerveau s’embrume, la fumée et la fatigue lui brûlent les yeux. Clémentine et ce Wong décident d’aller se poser à côté pour regarder un vieux film – « Gazon maudit » sans commentaires… Juliette fatiguée, abrutie par toute cette fumée décide pourtant de ne pas laisser sa copine avec ce type vraiment louche et va s’assoir sur le lit, le dos bien appuyé sur les oreillers en se forçant à garder les yeux grands ouverts, pour le surveiller en coin, mais rapidement, elle n’arrive plus à lutter contre le sommeil et sombre ailleurs.
Soudain, comme la résurgence d’un cauchemar qui lui colle à la peau, une poigne féroce s’empare de ses chevilles et tirent dessus pour la faire glisser sur le matelas. Une main puissante arrache son baggy, sa culotte et la retourne de fo
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