

Chapitre 12 : Tablier blanc et escarpins noirs
You cannot read any more publications this month without being logged in.
To enjoy unlimited access and take full advantage of new features, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
Chapitre 12 : Tablier blanc et escarpins noirs
Les mois s’écoulent en une douce routine avec pour seule tâche sombre dans leur tableau coloré, le stage d’été de Juliette. Elle appréhende ces longues semaines, séparée de lui et doute de plus en plus de cette orientation choisie par dépit, par rage que par réelle envie. Elle n’aime pas être serveuse, son expérience, passée à Angers, avait mis cette évidence en exergue. Elle déteste porter des talons hauts, se mouler dans des uniformes, rester debout à regarder des gens manger, devoir sourire sur commande et par-dessus tout, elle exècre le comportement de certains clients. C’est quoi cette façon de claquer des doigts pour faire venir une serveuse ? Elle ne supporte pas qu’on la siffle comme un clébard, qu’on claque des doigts comme si elle était la docile servante d’un seigneur médiéval. Ça lui donne envie de mordre, de griffer et de cracher dans les cafés. Mais si elle veut rester au Lycée avec lui et ce qu’elle y était devenue, alors elle n’aura pas d’autres choix que de s’y plier.
Son prof de service en salle lui trouve une « bonne maison » à La Baule, un restaurant gastronomique qui prend des stagiaires tous les étés. Elle doit y faire toute la saison, de juin à septembre. Les premiers temps se passent assez bien, malgré les journées à rallonge et la sensation d’être exploitée.
Elle est la petite stagiaire à qui on donne les tâches les plus ingrates comme nettoyer les toilettes, aider à la plonge, préparer les rince-doigts ou encore à qui on confie les tables les moins susceptibles d’octroyer des pourboires, en fonction du prix du menu choisi. De surcroît, la patronne, une grande tige brune asséchée, le visage pincé, semble la détester cordialement et passe son temps à lui chercher des noises, à lui hurler dessus à l’office ou à la ridiculiser devant ses collègues ou en salle, pendant le service.
À la première seconde de leur rencontre, Juliette perçoit dans son regard, la haine de ce qu’elle n’était plus, ou plus probablement de ce qu’elle n’avait jamais été. Une fille bien dans ses baskets, mais un peu moins dans des escarpins, jolie, fraiche, insoumise et qui éveille l’appétit des hommes, au moins autant que leurs plats sophistiqués et hors de prix. À cette minute, Juliette sait qu’elle va lui en faire baver, cette harpie. Qu’elle a envie de la rabaisser pour asseoir son autorité et peut-être ainsi rallumer un désir fugace dans les yeux de fouine alcoolique de son chef de mari, comme dans un jeu de pouvoir malsain. C’est souvent comme ça chez les personnes frustrées…
Sans compter les clients qui, pour certains, ressemblent à des loups affamés de chair fraiche, dans leurs costards sur mesure, la babine frétillante et l’œil grivois.
Des mains se baladent sur son genou, derrière sa cuisse ou au creux de son dos, quand elle se faufile entre les tables pour apporter les plats ou desservir.
Mais Juliette n’est pas le genre à courber l’échine sans broncher, elle peut être une teigne quand la situation l’impose…
Alors, elle joue aussi, avec son statut de débutante et sa candeur.
Quand on la pelote, elle « glisse » sur la moquette et renverse du vin, rouge de préférence, sur la cravate et la chemise du gougnafier.
Elle sert de « vrais » cafés à la place des fameux « décas », de toute façon, elle ne comprend pas le principe du café sans le shoot de caféine associé.
Elle met l’eau brûlante du percolateur dans les rince-doigts au citron pour qu’ils s’ébouillantent les paluches et voir leurs visages se décomposer et les factures de teinturier s’accumuler vengent les petites vexations du quotidien.
Elle loge dans l’hôtel au-dessus du restaurant, dans une des plus petites chambres. Elle n’a le droit d'y recevoir personne, mais par chance, celle-ci donne sur le toit d’une pergola disposant d’une échelle de secours, ainsi, Gael, peut se glisser à la faveur de la nuit près de Juliette, pour y dormir chaque soir. Seul Damien, stagiaire en cuisine est au courant de l’imposture puisqu’il occupe la chambre à côté et comprend leur petit manège dès le premier so
This is a Prime publication
To access, subscribe to the Creative Room Une anonyme au bout du fil by Juliette Norel
Membership benefits:
Full access to exclusive content and archives
Early access to new content
Comment on the author's publications and join the community of subscribers
Get a notification for each new publication
Subscribing is a way of supporting an author in the long run
Subscribe to the Creative Room

You cannot read any more publications this month without being logged in.
To enjoy unlimited access and take full advantage of new features, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
Le bloc commentaire est réservé aux abonnés.
Subscribing is a way of supporting an author in the long run
Subscribe to the Creative Room