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34. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry. Livre 1, Les Diamants de Sarel-Jad, Chapitre XII, 3

34. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry. Livre 1, Les Diamants de Sarel-Jad, Chapitre XII, 3

Veröffentlicht am 5, Juli, 2023 Aktualisiert am 5, Juli, 2023 Kultur
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34. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry. Livre 1, Les Diamants de Sarel-Jad, Chapitre XII, 3

 

 

À la surprise de son entourage, et pour le bonheur d’Ols, son mari, Almira n’a pas accouché d’un enfant, mais de deux : Naej, la fille, Âsel, le garçon. Ygrem la reçut chez lui avec Ols, pour mettre à l’épreuve ses vues relatives à une politique de la culture, incluant l’instruction scolaire, les formations supérieures et la recherche scientifique.

— Nïmsâtt m’aide à créer les bases d’une Cité de la science. Nous nous accordons sur l’idée que la recherche n’y doit pas s’orienter en fonction des intérêts de l’industrie. Il n’empêche que nous aurons besoin de coopérer avec la recherche industrielle. L’industrie nous sera d’une grande aide pour tester des applications. Mais les retombées techniques de la science doivent pouvoir être reçues par une population formée, apte à comprendre l’environnement nouveau qui en résultera pour elle. Il n’est pas sain que la science et la technique se développent de façon indépendante, sans qu’il y ait un accompagnement par la culture du peuple. Il ne doit surtout pas se sentir étranger à son monde. Mon souci est donc d’assurer son progrès intellectuel. Nous devrons aider les gens à sortir de l’univers limité de la famille et du village. C’est un aspect des choses. L’autre aspect, c’est que notre nation a besoin d’assurer un niveau général de savoir, sans quoi l’Université manquera des ressources humaines indispensables à son maintien et à son développement. Dans l’Archipel de Mérode les académies foisonnent, tandis que dans le royaume nous n’avons que l’Académie royale de Syr-Massoug, et notre unique université est embryonnaire. Il nous faudra l’agrandir, elle devra pouvoir puiser dans des écoles. Il nous faut donc assurer une base sociale de culture aussi large que possible. Mais comment ? C’est la question que je vous soumets. La Couronne ne dispose pas de fonds bien conséquents. L’État n’a pas les moyens d’entretenir des écoles sur tout le territoire, de rémunérer les maîtres, de les former… Ou alors, notre État devra changer de nature. Il devra se doter de moyens considérables et à une échelle dont nous n’avons pas l’expérience. À moins de remettre aux communes la responsabilité de l’instruction publique. Pourquoi pas ? Mais comment pourront-elles réunir les fonds ? Devront-elles solliciter le concours des entreprises ? Celles-ci ne manque­ront alors pas de vouloir influencer les programmes… J’ai bien mon idée de solution à ce problème, mais j’aimerais d’abord vous entendre.

Ols ne sait vraiment que dire. Mais il admire son épouse, s’en remet à elle pour faire face à toute question, tant elle est calme, posée, réfléchie et vive à la fois, ouverte aux défis. Il aime son intelligence. Elle incarne la raison, pense-t-il. C’est ainsi qu’il nomme cet esprit qu’il juge « féminin », un sens qui excelle dans la saisie des situations, union de courage et de douceur dans l’abord des controverses. C’est ce qu’Ygrem aime et admire de même chez Nïmsâtt. Ols sait qu’Almira saura faire valoir son point de vue sans agressivité, quand bien même se positionnerait-elle aux antipodes de son père à lui, tout roi soit-il. Il se tourne vers sa jeune épouse comme pour lui signifier de parler en leur nom à tous deux. Saisissant le message, Almira assume avec simplicité le rôle de porte-voix du couple :

— Je pense que nous manquons d’académies. Mon père voit dans leur multiplication dans l’Archipel un atout majeur pour réaliser une prospérité équilibrée. Sur la rive orientale de la Nohr, au Nord de Iésé, là où le fleuve se sépare en deux bras qui entourent une île assez vaste, il y a trois bourgades situées à proximité les unes des autres ; et, plus à l’est, de nombreux villages émaillent des flancs des montagnes basses qui, de loin, surplombent la Nohr. Sur la rive occidentale, s’étend une immense plaine où les Aspalans font paître leurs troupeaux d’hémiones, de moutons et d’antilopes semi-sauvages. Ils descendent des forêts du Nord, au printemps, et y remontent à l’automne…

La jeune femme s’interrompit, un peu gênée par le regard qu’Ygrem fixe sur elle, incompréhensif. Cependant, le roi se garde d’interrompre sa belle-fille dont il sait qu’elle ne dit rien au hasard. Il n’empêche qu’il ne saisit pas où elle veut en venir, ni quel rapport existe entre le problème qu’il pose et l’évocation de cette contrée de villes frontières entre les Terres bleues et les Terres noires. Mais voyant que son expression avait pu déstabiliser Almira, il l’invite à poursuivre.

— … Je verrais bien à cet endroit l’installation d’une académie très ouverte. J’entends par là qu’elle dispenserait un enseignement gratuit depuis les bases premières jusqu’à un niveau de bonne maîtrise générale. En outre, elle s’ouvrirait à des formations artistiques et artisanales, en vue de stages d’apprentissage. Puis-je vous exprimer en quelques mots ce que j’imagine ?

— Bien sûr !

— On y enseignerait le savoir classique : lire, écrire, compter ; mais aussi, les langues de nos voisins des Terres noires et de l’Archipel. On initierait à la musique et aux arts, beaux-arts et arts utiles, sculpture, architecture, artisanats du bois, du métal, du textile. Les vieux artisans y formeraient des apprentis, du moins, pour le savoir-faire de base. Quant à la formation classique élémentaire, nos académiques peuvent certes l’assurer. Il serait excellent que cette formation se donne en plein air et en présence des familles, de même que le savoir plus élaboré sur les peuples, leur histoire, leurs croyances, leur civilisation ; mais aussi sur l’univers, la lumière, le son, les ondes et les vibrations, les champs d’énergie ; et encore, la nature vivante, le pouvoir des plantes…

Cette fois, Ygrem n’y tient plus :

— C’est là un beau programme, Almira, et je partage volontiers ta vision. Mais, hélas, je suis contraint à des considérations bien pragmatiques. Sache combien je suis acquis à ce que tu envisages. Je n’ai pour le présent d’autre souhait que d’en mettre les lignes en chantier. Cependant, le réel est là : comment réunir les ressources en argent et compétences ? Plus les projets sont beaux, plus ils nourrissent les rêves qui nous font agir, et ce sont justement ces rêves eux-mêmes, si nous les aimons, qui nous requièrent de réunir les moyens propres à leur donner réalité…

— … C’est pourquoi je mets l’accent sur les académies, Majesté…

— … « Majesté » ! Je t’en prie, Almira, tu es comme ma fille. Appelle moi Ygrem, tu veux bien ? Et dis-moi « tu », comme à ton père !

— Bien volontiers, Ygrem. Des académies ouvertes comme celles auxquelles je pense formeront les compétences dont le royaume a besoin. L’Académie dispense ses formations gratuitement. Parmi ses élèves, certains iront jusqu’au diplôme de maître. Eh bien, les maîtres ainsi diplômés pourraient, comme en gratitude pour la formation qu’ils ont reçue, aller enseigner quelques années dans les écoles, et cela, gratuitement, à charge pour les villages de pourvoir à leur entretien de gîte et de couvert. La Couronne pourrait mettre à leur disposition de ces jouets que les gens nomment « tapis volants ». Oui, ces aéroglisseurs. Les maîtres d’école pourraient ainsi se transporter avec biens et famille d’un village à l’autre, couvrir une aire importante de scolarisation. Ils feraient connaître les académies à la population, contribuant par là au développement d’une demande plus massive de savoir. L’installation d’ateliers dans les académies pour un apprentissage élémentaire — notamment, des métiers du métal, du bois et des textiles — pourrait donner lieu à des fabrications que l’académie se chargerait d’exposer, voire de promouvoir et vendre dans des villes éloignées. Enfin, les industriels doivent trouver leur part avec la formation de techniciens et d’ingénieurs. Dans ce cas, les programmes d’étude seraient concertés avec eux, moyennant quoi ils participeraient financièrement aux dépenses de fonctionnement…

— J’entends bien, Almira. Mais, vois-tu, Nïmsâtt m’a persuadé de ne pas subordonner les cursus d’étude aux impératifs de l’économie, c’est-à-dire, pratiquement, aux besoins en qualification des industriels.

— … Aussi faut-il distinguer les niveaux et objectifs de l’enseignement au sein des académies. Il y a d’abord la culture et le savoir de base. C’est une formation générale et fondamentale qui sert le Bien commun de la nation. Il y aurait ensuite un niveau, si l’on veut, intermédiaire, qui répond, lui aussi, au souci de formation générale, mais dans des domaines que seul un savoir scientifique est à même de contrôler. Il importe que des femmes et des hommes apprennent à se servir des techniques, y compris les plus sophistiquées, que la science a permis de réaliser. C’est seulement là que les industriels pourraient avoir une influence sur la définition des programmes. Toutefois, le but ultime de cette formation technique ne serait pas de servir l’industrie mais d’assurer à ces hommes et ces femmes — idéalement, à l’ensemble de la population — un savoir et un savoir-faire qui mettent le monde technique à leur portée. Il est bon d’ailleurs de les former aussi dans les domaines de réalité non physique, non matérielle, afin de savoir ce qui fut pensé par d’autres avant nous, ce qu’ils ont compris, découvert, comment, etc. C’est alors aux professeurs de notre université, de nos universités à venir, d’enseigner cela à des étudiants, mais toujours au sein des académies, lesquelles auraient vocation de s’occuper de ce niveau intermédiaire. Quant à l’Université proprement dite, elle serait destinée à ne former, elle, que les professeurs des académies ainsi que les chercheurs de la Cité des sciences. Pour le reste, elle se consacrerait au développement de la science, et donc, à la recherche fondamentale et à la recherche pure. Elle représenterait la pépinière des scientifiques, et ceux-ci auraient aussi pour mission d’assurer des conférences dans le cadre des académies, en liaison régulière avec les professeurs et leurs assistants. C’est ainsi que la Cité des sciences pourra s’approvisionner en compétences nouvelles : les scientifiques de haut niveau seront au contact des jeunes assistants, ce qui est pour eux un gage de discernement quant au recrutement. Ces scientifiques sont des fonctionnaires d’État, n’est-ce pas ? Il est normal qu’ils assument des charges académiques. Au surplus, les conférences qu’ils donneraient dans les académies seraient ouvertes, de sorte que les industriels pourront y voir une occasion d’être maintenus au fait des avancées de la recherche : leurs ingénieurs et leurs techniciens y seraient les bienvenus.

Ygrem paraissait écouter encore, alors même que sa belle-fille avait terminé son intervention. Non pas qu’il fût spécialement en accord avec elle, mais il est impressionné par la maturité de l’analyse et cette autorité du discours que renforce la modestie de l’attitude. Or, d’où cette jeune femme tient-elle donc un tel « sens » touchant à une réalité professionnelle qui lui est quand même étrangère ? Un silence tomba entre eux trois, qui risquait de peser, et c’est ce qui incita Ols à prendre la parole à son tour.

— Il y a aussi au Nord-Est des Terres bleues le pays de Mohên, une région peu peuplée, mais qui offre à mon avis de vastes possibilités pour l’avenir. Depuis sa côte on pourrait ouvrir une voie maritime pour Sarel-Jad. Il faudra établir une carte exacte des îlots et récifs qui prolongent sa presqu’île septentrionale. Les eaux sont là exceptionnellement riches en poissons, oiseaux et mammifères marins. Pêcheurs et biologistes y trouveraient un site unique pour leurs activités. Dans ces régions, les populations sont disséminées. Leur existence est monotone. Une réplique des Quatre Cités prévues à Syr-Massoug y serait attractive pour des migrants. Un pôle urbain portuaire contribuerait à équilibrer le territoire national et situerait les Nassugs comme les candidats naturels à une colonisation des Grandes Terres de Sarel-jad…

Le roi hocha lentement la tête en signe d’approbation.

— Je vous remercie tous deux, vivement, du fond du cœur. Je me sentais un peu désemparé face à l’ampleur des défis, et vous m’avez rasséréné. Je dois aussi vous dire que Santem non seulement m’a ouvert les yeux, mais il m’a donné, une fois encore, de vraies pistes d’action concrète. Il ne me reste plus qu’à transmettre les consignes à mes ministres. En ce qui concerne cependant les avis que vous m’avez prodigués maintenant, il me faut encore les élaborer dans ma tête, bien peser les enjeux et conséquences. Il faut dire que ce dont nous avons parlé ensemble est un sujet d’une autre nature que celui pour lequel je dois à Santem ses éclairages. Vos suggestions « géographiques » m’ont séduit : la tienne, Almira, sur les bords de la Nohr, face à l’île du fleuve, sans parler, bien sûr, de ta vision stimulante des académies et de leurs missions. Je regrette que ton père n’ait pas été présent pour t’entendre ; et la tienne aussi, Ols, avec ton idée d’une métropole portuaire ouvrant par le Nord sur Sarel-Jad. Votre intelligence m’est précieuse et, plus encore, parce qu’elle est pénétrée de bienveillance. Je retiens ce que vous m’avez conseillé, y compris dans des détails qui n’ont pas été explicitement évoqués. Je garde de cela une mémoire fidèle. Elle me sera utile pour rapporter nos propos à Nïmsâtt, afin de connaître ses réactions. En ce qui concerne la Cité des sciences, vous le savez, je ne fais rien sans son approbation.

Ygrem s’entretint ensuite avec Almira et Ols au sujet des enfants. Il ne les avait encore qu’entrevus à la naissance. Almira fut touchée de ce que son beau-père se montrât timide malgré lui, en osant à peine demander quand il pourrait les revoir. Justement, elle et Ols ont prévu la demande. Avec un sourire, elle posa un doigt sur sa bouche, une invitation au silence, tandis qu’elle ouvrait la porte à deux battants qui sépare le bureau du roi d’une grande véranda donnant sur le parc ; et, là, Ygrem vit le berceau bien « garni », occupé par deux bébés, Âsel et Naej qui n’attendent que d’être pris dans les bras du grand-père.

 

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