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30. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry, Livre 1 : Les Diamants de Sarel-Jad, Chapitre XI, 3

30. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry, Livre 1 : Les Diamants de Sarel-Jad, Chapitre XI, 3

Veröffentlicht am 12, Juni, 2023 Aktualisiert am 12, Juni, 2023 Kultur
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30. La Légende de Nil, Jean-Marc Ferry, Livre 1 : Les Diamants de Sarel-Jad, Chapitre XI, 3

 

 

Nïmsâtt montra une fois encore son talent de navigatrice en menant sans encombre ses collègues depuis les Terres bleues jusqu’à Sarel-Jad. Elle avait simplement suivi une intuition : c’est auprès du petit peuple qu’elle trouvera l’inspiration propice à la réalisation du grand projet cartographique dont elle élabore un plan détaillé avec son équipe de scientifiques et d’ingénieurs. C’est parmi les Sils qu’elle se sent en sécurité. Mais pour ne pas troubler leur vie, elle établira ses quartiers à quelques lieues de leur village.

Une vaste cahute fut édifiée dans le style des fermettes que tout Nassug apprend à construire dès l’adolescence. Nïmsâtt avait demandé à Ygrem de faire convoyer les éléments industriels dont les ingénieurs et les techniciens auront besoin pour fabriquer l’aéronef suivant les principes révolutionnaires que les scientifiques s’attachent à mettre au point. Elle avait fait charger sur son navire les aéroglisseurs nécessaires à l’acheminement du matériel depuis la côte jusqu’au site marqué par la cahute, et elle avait aussi mis son équipée à profit pour instruire précisément le capitaine des pièges de navigation dans la région, ayant même établi à son intention une carte idoine de la route maritime. Plusieurs convois sont prévus, un technicien est chargé d’attendre l’arrivée des navires pour assurer la navette entre le lieu d’accostage de la cargaison et le camp. Cependant, c’est presque quotidiennement que Nïmsâtt se rend au village des Sils, ses amis. Elle les connaît tous et toutes, et les aime, mais une en particulier : Ôm. Nïmsâtt ne l’a pas encore vue et s’en inquiète. Enfin, Ôm apparut… en compagnie de Ferghan. Elle aperçoit Nïmsâtt et accourt vers elle, se blottit contre sa poitrine et y demeure longuement, comme éperdue d’amour et de bonheur. Puis elle se tourna en désignant Rus Ferghan :

— Voici Ferghan ! Lui et moi sommes Un.

Ferghan avance vers Nïmsâtt qui lui sourit. En un instant elle a capté l’image de cet adolescent. « La beauté du diable », se dit-elle, en apercevant la silhouette haute et mince, le velouté de sa peau, ses boucles platine, ses yeux couleur d’étain. Mais elle ne pouvait quitter Ôm du regard. Elle la voit heureuse, admire l’éclat de son visage, la vitalité de son corps. « C’est mon enfant, ma fille chérie ! ». De moi, Nil, qui vous conte ma légende, apprenez que Nïmsâtt avait vécu longtemps parmi les Sils. Leurs codes sont différents de ceux des races dites humaines. Ils recherchent sans cesse les contacts corporels, mêlent le jeu et l’amour, dorment les uns contre les autres, folâtrent en permanence, et Nïmsâtt finit par entrer dans ce monde, s’y fondant au point d’en oublier sa personnalité sociale, pour autant qu’il lui en restât. C’est ainsi qu’elle eut des rapports sexuels avec un Sils qu’elle affectionnait spécialement. Elle pensait qu’il y aurait peu de risque d’enfanter. Elle se trompait : de ce rapport naquit Ôm. Nïmsâtt invita les jeunes gens à visiter la grande cahute que son équipe venait de construire. Ôm et Ferghan la suivirent, firent connaissance des scientifiques, ingénieurs et techniciens. La cahute est circulaire avec une grande pièce centrale, circulaire également. À sa périphérie, des petites chambres individuelles. Dans la pièce centrale, une cheminée, un bar, des tabourets, des panneaux, une grande table ronde. Y sont étalées des feuilles de papier où figurent des dessins et des chiffres. Au fond de la pièce, on devine une porte qui donne sur un laboratoire. Nïmsâtt demanda aux jeunes gens de ne rien révéler de ce qu’ils allaient y voir. C’est un petit engin circulaire, entouré d’appareils que Ferghan n’avait jamais vus.

Il s’agit d’une maquette. Nous devrions être bientôt en mesure de la piloter à distance. Le modèle définitif nous servira à établir une carte complète et précise de Nil.

Ôm semblait indifférente. Mais Ferghan est, lui, fasciné. Il a compris que cet engin est destiné à voler. Depuis plusieurs années, il rêve de piloter un petit aéronef, ce qui n’était rien qu’un fruit de l’imagination. Et voilà qu’il prend réalité. Dans son enthousiasme, il ne put s’empêcher de demander à Nïmsâtt si elle n’aurait pas besoin d’un pilote. C’est qu’il se sent capable de prendre les commandes et de réussir la navigation. Nïmsâtt s’appliqua à garder son sérieux, réfléchissant à une façon de donner une bonne réponse, une réponse qui ne soit pas condescendante, ni dilatoire ni négative.

— Au fond, il ne sera pas nécessaire de construire un modèle à notre échelle. Du moment que nous pouvons piloter cet engin à distance et prendre les vues aériennes, nous aurons atteint notre objectif.

Nïmsâtt venait de lâcher ces paroles, alors même qu’elle n’avait pas auparavant envisagé clairement cette possibilité : envoyer un drone, plutôt que réaliser un appareil destiné à embarquer une équipe d’aéronautes. C’est moins coûteux, moins risqué. Subitement aperçue, l’idée du drone télécommandé plongea Nïmsâtt dans une méditation : pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Serait-ce trop simple ? À moins que cette simplicité ne dissimule quelque inconvénient. Mais Nïmsâtt n’en voit aucun, pour le moment.

 

 

Escorté de ses Aspalans, Zaref vient d’accoster Sarel-Jad par la mangrove, là où se marque la jonction entre les massifs Nord et Sud. Son père le conviait fréquemment à explorer l’espace sauvage en sa compagnie. À présent, Zaref regrette vaguement d’avoir refusé : la nature ne l’intéressait absolument pas, c’est toujours le cas, mais il aimerait pour la circonstance savoir se diriger avec la sûreté qu’il ne pouvait s’empêcher d’admirer chez son père et, il dut se l’avouer, chez Nïmsâtt. Cette fois-ci, en tout cas, il ne se laissera pas piéger. Lui revint en mémoire l’irruption des chauves-souris, le déferlement du torrent, l’odieux triom­phe des Sils, la pénible ironie de ce jeune Aspalan qu’il entend encore pérorer en exigeant la reddition. Zaref marmonna les mots qui lui venaient à l’esprit :

— Ne serait-ce pas le fils de Rus Nasrul… ? Peu importe ! Je sais à peu près où nous risquons de trouver nos animaux de compagnie. Ce sera à proximité de la rivière.

Zaref décida que, franchi le grand marécage, lui et ses hommes progresseraient de nuit. Une fois coupée l’extré­mité Sud de la grande plaine, ils ne longeraient pas la rivière, ce serait risqué. Mieux vaut, se dit-il, faire un détour par les collines de contrefort. Ainsi, on verra au loin et on évitera de se faire surprendre. Après cinq jours de marche, Zaref entreprit de gravir une hauteur et de poursuivre le périple sur la crête des collines. Les Aspalans le rejoignirent et il dépêcha deux d’entre eux en éclaireurs. Ils revinrent le lendemain soir pour annoncer ce que Zaref attendait : le village des Sils est repéré ! Zaref ordonna aux hommes d’établir le campement sur la hauteur et d’attendre son retour. Il désirait examiner seul la situation. C’est à l’aube qu’il parvint en vue du village. Il attendit que les Sils s’éveillent, afin de suivre attentivement le cours de leur activité matinale. Cela lui permettra d’agir en connaissance de cause, car il entend que l’opération soit menée ronde­ment. Il s’apprêtait à retourner au camp, lorsqu’il aperçut la silhouette de Nïmsâtt. Son cœur bondit dans sa poitrine.

— C’est un signe des dieux ! J’ai trop besoin d’elle, de sa science. Elle ne refusera pas de travailler pour moi, si je lui manifeste les meilleurs sentiments et lui offre de mettre à sa disposition tous les moyens nécessaires.

Zaref descendit de la colline, marcha jusqu’au village. Parvenu en vue de Nïmsâtt, il agite la main, laisse s’épanouir le charmant sourire dont il sait que c’est son atout auprès des femmes, adresse un « hallo ! » enjoué. Mais c’est sans compter avec les Sils. Leurs murmures montent comme un bruit de guerre. Nïmsâtt regarde Zaref dans les yeux :

— Je sais tout, Zaref, tes crimes, tes visées pernicieuses. Malgré mon amour pour ton père il m’est impossible de surmonter mon aversion pour ta vilenie. Je suis infiniment triste que tu te donnes ainsi au Mal. Laisse le petit peuple en paix ! Tu n’as rien à faire ici. Je ne veux pas te revoir.

Zaref s’avança vers Nïmsâtt, la rage au cœur, tenta d’argumenter, mais les Sils commençaient de faire cercle autour de lui, menaçants, et il dut tourner des talons. Il allait se venger de cette garce. Mais ce ne sera pas tout de suite, car, évidemment, les Sils sont sur leur garde. Il ira donc bien préparer le « coup de filet » avec le chef de la troupe. Les Aspalans interviendront dans une semaine franche. Lui, en attendant, se rendra au Nord pour aller quérir ses pierres. Cela demande plusieurs voyages. Il faudra les déposer un peu plus au Sud, à quelque distance de l’entrepôt mais à proximité de la côte. Ainsi pourra-t-on charger le stock sur le navire sans que les Aspalans aient connaissance du lieu de l’entrepôt. Ils ne verront que la nouvelle cachette, laquelle a vocation de ne servir qu’une seule fois. Quant à la capture des indigènes, Zaref s’en remet au chef de la troupe. Il les ramènera directement au navire, en passant donc par les marécages et la mangrove. De là, les Aspalans navigueront en contournant Sarel-Jad par le Sud, et ils remonteront vers le Nord en longeant la côte Est jusqu’à ce qu’ils aperçoivent le signal de Zaref. C’est cela que Zaref exposa au chef de la troupe. Il fallut la soirée pour s’entendre avec lui sur le détail des opérations, avant de partir, le lendemain matin, chercher les pierres.

Aussi désagréable qu’elle fût, la rencontre de Zaref est bien trop importante, aux yeux de Nïmsâtt, pour qu’elle ne prévienne pas fortement les deux jeunes gens contre lui, explications à l’appui. Le soir même, Ôm et Ferghan se rendirent avec elle au camp des scientifiques. Ils écoutaient, très attentifs, et leur retour au village se fit en silence. Ferghan n’est certes pas surpris, il connaît les mauvaises intentions de Zaref contre la famille d’Oramûn, et il a pu mesurer l’infamie du personnage, pour avoir, à Sarmande, secouru les femmes livrées aux soldats Aspalans. Mais Ôm est atterrée. C’est une fois dans leur case qu’ils échangèrent un regard, sans un mot : ils allaient retrouver la trace de Zaref. Ferghan est depuis l’enfance formé par son père à ce genre d’exercice. Quant à Ôm, la science du pistage n’a aucun secret pour elle, c’est, pour ainsi dire, de naissance.

 

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