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29. La Légende de Nil - Jean-Marc Ferry - Livre I, Les Diamant de Sarel-Jad - Chapitre XI, 1, 2

29. La Légende de Nil - Jean-Marc Ferry - Livre I, Les Diamant de Sarel-Jad - Chapitre XI, 1, 2

Veröffentlicht am 12, Mai, 2023 Aktualisiert am 12, Mai, 2023 Kultur
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29. La Légende de Nil - Jean-Marc Ferry - Livre I, Les Diamant de Sarel-Jad - Chapitre XI, 1, 2

 

Oramûn débarqua, comme il l’avait projeté, sur l’île des Terres volcaniques. Il ne fut pas reçu par les forgerons, mais par Rus Nasrul qui avait aperçu la caravelle. Rus Nasrul tenait à annoncer lui-même au fils de Santem l’évasion du gros des Aspalans encore détenus sur l’île. À vrai dire, la détention a depuis longtemps cessé d’être effective pour n’être plus que de pure forme. Mais Rus Nasrul est sensible à la forme. Il s’apprêtait à présenter ses excuses à Oramûn qui l’interrompit d’un geste de la main :

— L'important est de savoir comment ils ont quitté l'île, car ils n'ont en principe aucun navire à disposition ; vers quelle destination ? Les Terres noires, j'imagine. Mais dans quelle intention ? Sous quelle influence ? Je soupçonne Zaref de recruter autant de vos compatriotes qu'il le peut, afin d'organiser une revanche éclatante depuis les Terres noires.

Oramûn n’a pas encore eu vent de l’échec de Zaref. Mais il estime avoir assez d’indices pour faire à Rus Nasrul un récit du projet de déstabilisation du royaume, que Zaref entend mener à bien. Il fit part à Nasrul de sa confiance dans la réactivité de Santem : il saura retourner la situation contre l’attaquant et mettre à mal le réseau de trafiquants, qui gangrène la capitale des Nassugs.

En écoutant ces paroles, Rus Nasrul changea lentement d’expression. Le regard de ses yeux gris, pour l'ordinaire déjà si froid, donnait à lire les scènes d'une guerre sans merci.

— Permettez-moi, Oramûn, de me rendre sans tarder sur les Terres des Aspalans. Je dois rallier les chefs qui me font confiance. En aucun cas nous ne laisserons Zaref s'emparer du pouvoir en Terres noires, ni ailleurs. Je tiens pour renégats ceux des nôtres qui ont pu le suivre, qu'il s'agisse des fugitifs des Terres volcaniques ou de ceux qui ont pu faire équipe avec lui pour ces infâmes expéditions sur Sarel Jad. 

Oramûn eut la présence d'esprit de retenir son premier geste qui est d’accéder sans condition à la demande du chef Aspalan. Il a un autre plan, et il n’entend d'ailleurs pas le dissimuler à son interlocuteur en qui il a confiance :

— Bien sûr ! Je vous considère depuis notre première rencontre comme un homme libre. Vous n'avez donc aucune autorisation à me demander. Il serait excellent pour nos peuples que vous repreniez la main sur vos Terres. Je pense cependant que Zaref ne saurait y préparer immédiatement un conflit ouvert et armé contre les Nassugs et les gens de l'Archipel, quel que soit son désir. Sans doute projette-t-il l'anéantissement de Santem et d'Ygrem, de leur famille, de leurs proches et de leurs alliés. Mais je n'imagine pas que des Aspalans, quel que soit leur parti, acceptent de se laisser conduire en guerre par un étranger. Zaref mènera l'agression sur une voie latérale ; par exemple, l'économie, la monnaie. Il ne prendra pas le risque de remettre le succès aux hasards de la guerre.

— Alors, que conseilles-tu, Oramûn ?

Ce dernier ne fut même pas surpris que Rus Nasrul fût revenu au tutoiement spontané de leur premier contact. Ce début de concertation en fait presque des frères de combat.

— Il importe au plus haut point que les chefs Aspalans qui ont ta confiance soient prévenus contre ce qui, selon la vraisemblance, est en train de se tramer. Sous le sceau du secret ils informeront à leur tour ceux qui leur sont loyaux. L'essentiel est que tu aies des oreilles partout en Terres noires ; que tu sois aussitôt avisé des manigances de Zaref. Si, comme je le suppose, Zaref prépare une attaque par la monnaie, il aura alors, tôt ou tard, besoin de se rendre en expédition sur Sarel-Jad. C'est là, dans un endroit tenu secret, qu'il détien­drait une réserve considérable de diamants et autres pierres précieuses...

Oramûn fit alors une pause comme pour conférer plus de poids aux paroles qu'il s'apprête maintenant à prononcer :

— Rus Nasrul, je te livre telle quelle ma conviction, et je sais que tu me diras avec la même confiance ce que tu en penses. Afin de déjouer le plan que je soupçonne chez Zaref, acceptes-tu de te rendre à Sarel-Jad avec tes meilleurs hommes ? Je t'accompagnerai. Il faut empêcher Zaref de débarquer sur ces Terres sauvages. C'est ce qu'il tentera, à n'en pas douter, car il aura besoin de s'assurer un ravitaillement régulier en ces cristaux qui représentent son maître-atout. Grâce à eux il peut espérer créer une crise des paiements dans le royaume des Nassugs et au-delà. Mon intuition me suggère que le danger se tient là. Ce qui à mon sens est décisif, c'est de bloquer l'accès aux diamants stockés. Je n'en connais pas la cache. Je suppose qu'ils se trouvent au Nord-Est. Ton fils a choisi de rester à Sarel-Jad. Il est ami du petit peuple, les Sils, qui furent eux-mêmes victimes de ce démon. Les Sils, maintenant, redoutent les Aspalans en qui ils voient des esclavagistes. Cependant, Rus Ferghan sera à même de les convaincre d'être vos alliés, voire vos amis. Leur concours vous sera précieux.

Nasrul et Oramûn ne mirent pas bien longtemps à établir ensemble leur périple : d’abord, le contact avec les chefs Aspalans des Terres noires, pour les prévenir contre Zaref et les persuader de se communiquer entre eux toutes informations utiles à la défense de leur liberté. Ensuite, une entrevue avec le roi des Nassugs, Ygrem, ainsi qu’avec son fils, Ols, dans la capitale des Terres bleues, à Syr-Massoug. Oramûn n'avait pas vu son père depuis bien longtemps. C'est l’occasion de lui rendre visite, à Mérov, et de lui présenter Rus Nasrul. De là, ils prendraient la route directe de Sarel-Jad. Oramûn songe à faire escale à Is, dans l'espoir d’y retrouver Yvi, sa bien-aimée. Mais sans doute n’est-ce pas là un motif que Rus Nasrul puisse comprendre...

C'est par la grande ville portuaire de Iésé, que les deux hommes prirent le premier contact avec les chefs Aspalans. Iésé est établie sur la rive occidentale de l’embouchure de la Nohr, un grand fleuve qui partage les Terres noires des Terres bleues, du Nord au Sud. Bien que le pays des Aspalans ne possède pas de ville-capitale à proprement parler, Iésé est de loin l'agglomération la plus importante, quant à sa population, et la plus riche, étant le principal, pour ne pas dire, l’unique carrefour commercial du pays. Rus Nasrul a hâte d’embarquer pour Sarel-Jad, afin de devancer Zaref et d’être prêt à l’arrêter, lui et sa bande, lorsqu’il accostera au Nord-Ouest. Il souhaite y accéder directement par le Nord, ce qui raccourcirait considérablement le trajet. Oramûn avait concentré toute son attention sur la navigation d’Asber, afin de retenir les passages délicats. Pourtant, il n’est pas encore certain, sans la présence du vieux pêcheur, d’assurer le voyage par cette voie. Rus Nasrul parvint toutefois à emporter la décision. Ils se rendirent successivement à Mérov et à Syr-Massoug, pour rendre visite à Santem puis à Ygrem. L’un et l’autre, ont approuvé l’expédition. Oramûn et Nasrul embarquèrent avec des hommes sûrs et bien entraînés, tous, des Aspalans sélectionnés pour leur bravoure, leur loyauté et leur endurance.

 

 

 

De son côté, Zaref était allé retrouver ses évadés là où il leur avait demandé de l’attendre. Entre temps, il a pu obtenir, à Syr-Massoug, des rencontres « intéressantes » avec des gros industriels. Ses nombreuses relations dans les milieux interlopes de la capitale des Nassugs lui ont finalement permis ces contacts après bien des détours. Il leur avait promis des fonds importants, presque illimités, même, pour mener à bien de grands projets d’infrastructures touchant aux réseaux de transport et de communication. Maintenant, il s’agit d’honorer… Pratiquement, cela signifie : gagner Sarel-Jad sans différer plus avant l’expédition. Celle-ci se fera en deux étapes : d’abord, réaliser avec ses hommes un vaste coup de filet sur les Sils, les amener, captifs, en nombre, aux confins des Terres noires, là où les attend une clientèle qu’il ne faut pas décevoir, des notables aspalans dont le soutien pourra, le moment venu, se révéler précieux. Ensuite, il remontera, seul, vers Sarel-Jad, pour en rapporter une cargaison de pierres précieuses qu’il monnaiera à Syr-Massoug. Un de ses navires à éoliennes, entreposé dans la caverne, y suffira. Le plus délicat sera d’écouler les pierres discrè­tement mais rapidement, afin de tenir en monnaie sonnante et trébuchante l’engagement de grand pourvoyeur de fonds, qu’il vient de prendre auprès des industriels.

Zaref embarqua depuis la côte méridionale des Terres noires, à proximité de l’embouchure de la Nohr. Ses Aspalans l’accompagnaient, une trentaine d’hommes, mais aussi des femmes pour leur compagnie. Parmi elles, deux lui sont réservées à titre personnel. Il les a choisies, non pour leur attrait physique particulier, mais parce qu’elles avaient contracté, l’une et l’autre, une dette d’argent envers lui. Elles avaient dû lui avouer leur insolvabilité. En contrepartie de la remise de dette Zaref exigea leur soumission sexuelle totale. Ce fut établi par écrit en forme de contrat : en échange de cette soumission les deux femmes seraient quittes de leur dette. Elles signèrent. Devant les hommes Zaref les fit mettre nues et donna libre cours à son humeur fielleuse.

— Vous allez, toutes deux, vous mettre en position de poulet à la broche. Oui, une position humiliante, propre à vous faire jouir, ridicules que vous êtes ; et les hommes pourront ainsi regarder à loisir vos parties intimes.

Il leur ordonna donc de s’allonger sur le dos et de replier sur elles leurs cuisses, en les écartant de façon à ce qu’appa­raisse leur sexe, bien ouvert à la vue de tous, et de se tenir ainsi, aussi longtemps qu’il lui plairait. Les hommes pouvaient venir regarder de près et faire leurs commentaires. Cependant, les Aspalans ont trop d’honneur pour s’abaisser à humilier des femmes. Ils ne sont pas fiers de leurs exactions de l’île de Sarmande, et ne vont pas réitérer ce genre d’offense. C’est pourquoi ils se détournèrent du « spectacle » que leur offrait Zaref. Celui-ci s’en sentit vexé. La colère monte en lui. Comme par défi, il s’applique à regarder longuement l’un et l’autre sexes féminins, exposés aux regards. Puis il s’adonne à la joie de les humilier davantage :

— Vous vous êtes cru respectables, et vous voilà volatiles, bonnes à consommer. Oserez-vous ensuite vous montrer en ville ? Des sarcasmes vous poursuivront partout où vous vous produirez, vaines petites poules ! La vérité est que vous aimez être assignées à des postures obscènes. Mais vous vous raconterez que je vous ai fait subir un calvaire. La contrainte sert d’excuse à votre vice. Aussi allez-vous payer cette hypocrisie en me rendant sans façons le plaisir que je vous donne.

Sitôt prononcées ces paroles, Zaref indiqua aux deux femmes la direction de sa cabine. Là, il leur intima l’ordre de le déshabiller et de le mettre dans la même position que celle qu’il venait d’exiger d’elles.

— Je vous demande de me pouponner, oui, me pouponner… comme un petit enfant ; de me tapoter, me chatouiller, me caresser partout, me couvrir de petits baisers en susurrant des mots doux, tendres, et pleins d’amour ; oui, d’amour, comme pour votre bébé.

Un mélange d’incrédulité et de répulsion se lit sur le visage des deux femmes.

— Une grosse émeraude pour celle qui comblera mon attente !

Zaref exhibe la pierre entre son pouce et son index, en la faisant légèrement tourner sur elle-même pour en faire valoir les reflets. Mais en dépit de leurs efforts, les deux femmes ne parvenaient pas à se rendre crédibles dans le rôle de mère aimante et caressante. Zaref en conçut une frustration qui tourna à la colère.

— Puisque vous n’êtes pas capables d’amour et n’en connaissez que le vice, vous allez être servies. Mais auparavant, vous méritez un châtiment pour votre manque d’enthousiasme. Juste le temps de trouver une lanière dont je vous ferai sentir la morsure.

Pour le coup, les femmes se rebellèrent :

— Ce n’est pas notre contrat ! Nous n’avons pas signé, Zaref, pour être frappées, ni d’ailleurs pour être insultées. Notre engagement de soumission ne concerne que le sexe. Entête-toi et le contrat est rompu !

Zaref songea, un moment, à argumenter : « la soumission sexuelle n’inclut-elle pas quelques scènes de flagellation ? Ou commence le sexe, et où s’arrête-t-il ? Qui saurait le dire ? etc. ». Mais devant l’air tout à fait déterminé des deux femmes manifestement résolues à marquer la limite, Zaref jugea sage de ne pas insister, ce qui eut pour effet d’accroître sa frustration et sa colère.

— Vous le prenez ainsi ? Vous voulez de la pure lubricité, n’est-ce pas ? Qu’à cela ne tienne !

 Elles durent s’agenouiller devant lui et le lécher, cela dura jusqu’à ce qu’il sente monter l’éjaculat. Alors, il ordonna à l’une des deux femmes de se mettre en posture de sodomisation, tandis que l’autre reçut la consigne de le caresser aux endroits intimes. Il était excité, mais la sodomisation le laissa à moitié satisfait. Il éprouva le besoin de se vider entièrement, demanda à la femme préposée aux attouchements de se coucher sur le dos, jambes écartées et bras croisés derrière la tête. Il vint en elle, lui demanda de maintenir sa langue sortie. En résulte un air de soumission qui rehaussa son plaisir d’humilier. Zaref entendait profiter au mieux de la sensation procurée par le contact de ce corps féminin et, pour ce faire, se raconta une petite histoire : il vient de conquérir une ville et, en tant que chef de guerre, va, en vainqueur, s’offrir en place publique la femme du notable… Puis le fantasme s’estompa pour laisser son désir se fixer sur le visage de la femme. Il regarde sa bouche entrouverte, sa langue offerte. Zaref agit son pénis en elle avec volupté et, à sa surprise, il la sentit jouir. La femme contracta son corps en lui serrant le dos. Lui, ressentait les spasmes de son vagin. Pour la première fois, il se sentit posséder une femme, il en fut submergé par une vague d’émotion, passion de fusion et gratitude incoercible au point qu’il faillit laisser échapper en un cri les mots qui, à sa confusion, lui venaient du ventre : « je t’aime ! »

Mots qui lui restèrent dans la gorge, mais la séance lui fit du bien. Il se sent à présent plein d’un optimisme qu’il n’avait plus ressenti depuis longtemps. Puis, sa bonne humeur tomba d’un coup, lorsqu’il pensa au périple qui l’attendait : la traversée de la mangrove fourmillante de crabes, avec ces odieux moustiques et le danger des marécages grouillant de serpents. Mais enfin, il n’a pas le choix. D’abord, il ne prendra pas le risque de naviguer par le Nord. Ensuite, il est clair que les Sils ont depuis longtemps émigré vers le centre et le Sud de Sarel-Jad, croyant qu’ainsi ils échapperont aux esclavagistes. 

 

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Hébreu
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Bernard Ducosson
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