Chapitre 8 : Retour à la Réalité

Alors que le groupe se préparait à quitter le lac, Nicolas s'adressa à Robin avec une préoccupation pratique. « Tu crois qu'on peut laisser la charrette ici sans risque qu'on nous la vole ? » demanda-t-il, regardant l'attelage avec une certaine appréhension.

Robin, toujours pragmatique et avec son sens de l'humour, répondit en souriant : « Ne t'inquiète pas, personne ne va voler une charrette de nos jours. » Son ton sérieux contrastait avec le petit sourire en coin qui éclairait son visage. Cette réponse rassura Nicolas et le reste du groupe, même si, alors qu'ils se dirigeaient vers la voiture, chacun jetait encore un coup d'œil à la charrette, comme s'ils n'étaient pas tout à fait sûrs. Ils tenaient à cet attelage, autant par respect pour Vérène que par attachement à cette expérience unique.

Avant de monter dans la voiture, ils se promirent tous de revenir dans la semaine pour ramener la charrette à sa propriétaire. Robin reprit sa place au volant de sa citadine, tandis que Nicolas s'installait à côté de lui. En s'asseyant, Nicolas fit une réflexion à voix haute : « En effet, quel changement… Dire que j'avais pris goût à la vie ancienne. Ça fait un choc ! » dit-il en repoussant quelques mèches de cheveux en arrière.

Clara, Joshua et Mélia s'installèrent à l'arrière. Clara, heureuse de retrouver le confort d'une voiture moderne, sourit en se calant contre le siège. Joshua, bien que satisfait de la parenthèse de déconnexion qu'ils venaient de vivre, partageait en partie le soulagement de Clara. 

Mais Mélia, elle, semblait déjà nostalgique. « J'ai vraiment aimé cette vie à la campagne, déconnectée du monde », déclara-t-elle en regardant par la fenêtre. « Au moins, on a pu vivre sans stress et sans obligations. Ça m'a fait un bien fou. Je crois que je vais m'accorder cette petite coupure de temps à autre. »


Nicolas, qui était d'accord avec elle, acquiesça en disant : « Je te rejoins là-dessus, Mélia. Je suis partant pour une détox digitale de temps en temps. Se mettre au vert, ça fait vraiment du bien. »

Robin, qui n'avait pas vécu l'expérience, mais en avait entendu parler au lac, lança un regard rapide à Nicolas avant de fixer de nouveau la route devant lui. « La prochaine fois que tu pars en virée au vert, fais-moi signe », dit-il. « Je voudrais bien découvrir ça moi aussi. »

Nicolas, avec un sourire amical, tapota l'épaule de Robin. « Avec plaisir, mon pote. Ce serait vraiment cool ! »

Alors qu'ils montaient une petite colline, Mélia continuait d'observer les paysages, un brin de nostalgie dans le regard, repensant à tout ce qu'ils avaient vécu ces dernières heures. Les collines laissèrent place à la route principale, et peu à peu, la ville d'à côté se dessina à l'horizon. Des villas perchées sur les collines environnantes commencèrent à apparaître, signalant leur retour vers une vie plus moderne, mais avec une nouvelle perspective et des souvenirs inoubliables en poche.

Cette transition, du cadre rural et rustique à l'environnement plus luxueux des villas, symbolisait le contraste entre deux modes de vie. Pour certains, la ville représentait le retour au confort et à la technologie, tandis que pour d'autres, elle marquait la fin d'une aventure simple et apaisante. Quoi qu'il en soit, ils savaient que ce qu'ils avaient partagé les avait transformés, et qu'ils emportaient avec eux une petite part de la tranquillité qu'ils avaient trouvée au bord de ce lac isolé.

La musique résonnait dans la voiture, créant une ambiance décontractée et rythmée alors que le groupe roulait en direction de la villa de Clovis. Certains membres du groupe étaient ravis de l’atmosphère joyeuse, tandis que d'autres, encore imprégnés de la tranquillité de la campagne, se montraient plus silencieux.

Robin, remarquant que ni lui ni Nicolas n'avaient encore parlé de la petite amie de Clovis, décida de leur en dire un peu plus pour les préparer. « Ne soyez pas surpris en rencontrant Estelle », dit-il en haussant légèrement le volume de sa voix pour se faire entendre par-dessus la musique. « Elle peut sembler un peu dure et froide au premier abord, mais quand on la connaît mieux, on comprend rapidement pourquoi elle est comme ça. »

Tous se tournèrent vers Robin, attentifs. « Pour être honnête avec vous, Estelle est comportementaliste humaine. Elle travaille dans une unité spécifique à la crime. Elle est hyper intelligente et pour couronner le tout, elle est aussi artiste. Vous verrez beaucoup de tableaux dans la villa – c'est elle qui les peint. »

Nicolas, qui écoutait avec intérêt, ajouta : « Merci pour l'information, Robin. Mais je suis sûr qu'Estelle aurait fini par se présenter elle-même. »

Robin haussa les épaules en souriant. « Pas certain », répondit-il. « Au moins, c'est fait. »

La conversation continua tandis que Robin quittait la route principale pour emprunter un chemin étroit bordé d’arbres. Quelques mètres plus loin, la route se transformait en un chemin de gravier qui menait à un grand portail métallique. Comme s'ils avaient été attendus, le portail s'ouvrit lentement à leur approche, probablement commandé par Estelle qui les avait vus arriver.

Mélia, qui avait écouté attentivement ce que Robin avait dit sur Estelle, réagit avec étonnement : « Sérieux ! Je n'aurais jamais pensé voir Clovis avec une nana comme ça. Je l'imaginais plutôt avec une danseuse ou une comique, mais une comportementaliste ? Waouh, j'étais vraiment très loin de la vérité ! »

Nicolas et Robin éclatèrent de rire, amusés par la surprise de Mélia. Pendant ce temps, la voiture se dirigeait vers le garage de la villa. Clara et Joshua, quant à eux, étaient subjugués par la vue qui s'offrait à eux. La villa était immense, perchée sur une petite pente de colline et s'étendant sur deux étages. Les murs blancs contrastant avec les volets sombres donnaient à la maison une allure à la fois moderne et élégante, tandis que les larges baies vitrées laissaient entrevoir un intérieur lumineux.

« C'est… énorme », murmura Clara, ses yeux écarquillés alors qu'elle essayait de prendre toute la scène en compte.

« On dirait un rêve », ajouta Joshua, tout aussi impressionné. « J'ai du mal à croire qu'on est vraiment ici. »

La voiture s'arrêta finalement devant le garage, et Robin coupa le moteur. Le groupe resta un moment assis en silence, absorbant la vue et l'idée de passer la soirée dans un tel lieu. L'excitation et la curiosité étaient palpables, chacun se demandant ce que cette nouvelle étape de leur aventure leur réservait.

Alors qu'ils descendaient de la voiture, Mélia, toujours intriguée par la personnalité d'Estelle, se dit qu'elle avait hâte de rencontrer cette femme qui semblait aussi complexe qu'impressionnante. Ils se dirigeaient vers l'entrée de la villa, prêts à découvrir ce que Clovis et Estelle avaient préparé pour eux, tout en réfléchissant à la transition soudaine du rustique au luxe.