Congratulazioni! Il tuo sostegno è stato inviato con successo all'autore
Lettre de Rose ~ 1er Février

Lettre de Rose ~ 1er Février

Pubblicato 1 feb 2025 Aggiornato 1 feb 2025 Romance
time 3 min
1
Adoro
0
Solidarietà
0
Wow
thumb commento
lecture lettura
3
reazione

Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 9 articles da scoprire questo mese.

Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis! Accedi

Lettre de Rose ~ 1er Février

Mon cher amour,


Je sais que cela fait déjà plusieurs semaines que je ne t’ai pas écrit.


Ce n’est pas que je ne pense pas à toi, je sais que tu le sais, j’espère que tu le sais, mais je ne suis même pas vraiment certaine que mes missives te parviennent.


Je les adresse à l’état-major comme tu me l’as expliqué, mais j’ignore ce qu’ils en font ensuite. Sont-elles vraiment expédiées dans ce pays dont je ne connais que le nom et qui pourtant me fait trembler de terreur à sa simple évocation ? Cette incertitude ronge chaque parcelle de mon être et parfois, je me demande si mes paroles d’amour ne se perdent pas quelque part, comme un cri dans le vide, un hurlement au-dessus de l’abîme.


Chaque jour qui passe sans nouvelle de toi est un supplice. Je me raccroche aux souvenirs de nos moments partagés, aux promesses murmurées avant ton départ, mais c’est un peu comme si les contours de ton visage s’estompaient dans le brouillard, comme si lentement, je perdais les nuances de ta voix, le toucher de ta peau, la douceur de tes baisers. Nantes semble si désertée de toi que les rues que nous arpentions main dans la main sont désormais des labyrinthes de solitude. Souvent, je laisse mes pas me guider vers le port, où je me perds pendant des heures, enivrée par l’espoir d’y voir apparaître le bateau qui t’a arraché à moi, opérer un demi-tour et te ramener à quai, indemne, souriant et exempt des horreurs d’une humanité qui se déchire en luttes intestines. Sans cesse, je revis en pensée cet instant maudit où tu m’as enlacé pour la toute dernière fois avant d’embarquer et où tu as chuchoté à la naissance de mes cheveux :

“On se retrouvera, mon amour... dans cette vie ou celle d’après”.

Je ne veux pas que ce soit dans la prochaine. Pas seulement dans la prochaine. Je veux que tu reviennes et je me convaincs que si j’espère suffisamment fort, alors Dieu ou les anges n’auront pas d’autre choix que de m’écouter.


Tout autour de moi, les gens continuent à vaquer à leurs occupations, mais il me semble que tout a perdu de son éclat, de sa vivacité, de son essence. Les soirées mondaines n'ont plus la même saveur ; ces mêmes visages autrefois accueillants paraissent maintenant si distants, presque froids, presque vides. Pourquoi eux sont-ils là ? À discourir sur la guerre sans la faire, planqués derrière leur rhétorique et leurs cols savamment amidonnés, alors que toi, tu te débats au cœur de l’enfer.


Je me tiens informée des nouvelles par les journaux et la radio, mais ils ne parlent que de batailles, de pertes et de souffrances. Pas un mot sur toi, sur tes camarades, sur la vie que vous menez là-bas. Hier, j'ai rencontré Madeleine, une amie dont le fiancé est également parti au front. Elle partage mes angoisses et mes doutes, et cela m'a un peu réconfortée de savoir que je ne suis pas seule dans cette épreuve. Pourtant, cela n'apaise en rien ma peine de ne pas entendre ta voix, de ne pas lire tes mots. Que deviens-tu, mon amour ? Es-tu seulement en sécurité ? Ces questions tourmentent mes nuits sans sommeil.


Mes parents essaient de me distraire avec des sorties et des activités, mais leur sollicitude ne fait qu’accentuer ce manque qui me dévore. Mère fait préparer des repas somptueux par les cuisines dans l’espoir de me redonner le sourire, mais chaque bouchée me rappelle que tu n’es pas là pour partager ces moments. J’ai même eu droit à la fameuse Charlotte au caramel d’Eugénie, tu sais, celle dont tu raffoles et que tu prétends être divine à se damner? Eh bien, sans toi, elle n’a pas la même saveur et se mue en amertume d’un cœur dépossédé.


Rien n’a plus le même goût, la même lumière. Je vois la vie en noir et blanc et même Père, qui d’ordinaire est si pragmatique, tente de masquer son inquiétude derrière des discussions sur l'actualité, mais je perçois la même anxiété dans ses yeux fatigués.


La nuit, le silence de la maison est parfois si assourdissant que je crois entendre des échos de ta voix. Je m’allonge dans notre jardin, et je regarde les étoiles, espérant que quelque part, à des milliers de kilomètres de là, tu les observes aussi, qu’elles dardent leur éclat sur toi pour te protéger de l’infamie. De mon côté de la planète, je garde l'espoir que cette lettre, comme les précédentes, te trouvera en bonne santé et te rappellera combien je t'aime et combien j'ai hâte de te revoir. Que cette guerre finisse bientôt, que tu reviennes sain et sauf. En attendant ce jour, je continuerai d'écrire, d'espérer, de t'aimer de tout mon cœur.


Avec tout mon amour,


lecture 10 letture
thumb commento
3
reazione

Commento (0)

Devi effettuare l'accesso per commentare Accedi

Puoi sostenere i tuoi scrittori indipendenti preferiti donando loro

Proseguire l'esplorazione dell'universo Romance
Je voulais pas y aller
Je voulais pas y aller

J’ai bien reçu ta carte. J’ai vu que tu avais choisi celle qui me faisa...

Oren Le Conteur
1 min

donate Puoi sostenere i tuoi scrittori preferiti

promo

Download the Panodyssey mobile app