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Épilogue

Épilogue

Pubblicato 29 mar 2023 Aggiornato 29 mar 2023 Cultura
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Épilogue

J’habite désormais au pied d’un volcan, perdu en mer Tyrrhénienne. Ses éruptions rythment ma vie ainsi que les arrivées des ferrys, deux fois par semaine, qui jettent l’ancre à une centaine de mètres de la côte. Quelques habitants patientent sur le ponton, d’où une embarcation légère fait la navette pour y décharger de la nourriture, des colis et quelques passagers. Nul besoin de se presser, j’occupe une maison face à la mer et j’ai suivi la lente progression du bateau depuis ma terrasse. Ce n’est que lorsque j’ai entendu le moteur de la navette que j’ai pris mon chapeau de paille et je suis descendu rejoindre les autres à l’embarcadère.

Nous nous connaissons tous, en arrivant, j’avais quelques notions d’italien, les habitants m’ont rapidement adoptés, je n’étais pas un touriste comme les autres, puisque je passais l’hiver sur l’île. Nous partageons la même vie, nous subissons les mêmes problèmes d’approvisionnement, on s’entraide, on rit, on rêve et chacun se respecte. Je sais qu’ils me surnomment le Français, je les intrigue et même s’ils sont conscients que leur île est un paradis sur terre, ils ont du mal à comprendre les raisons de ma venue, alors que beaucoup rêvent d’une vie meilleure en ville.

Je dévale les escaliers, ici, les rues ne sont qu’un long chemin de marches, plus ou moins hautes et j’arrive sur la place du village accroché à flanc de falaise. C’est le lieu où tout le monde se rencontre parce que c’est aussi là que se trouve l’unique épicerie. Anita, l’épicière, me salue et me souhaite bonne chance, elle m’envie, car ses enfants ne viennent pas souvent la voir, ils ont beaucoup à faire sur le continent. Roberto, son mari, est à l’embarcadère, il doit réceptionner des marchandises pour le magasin, elle croise les doigts pour qu’il y ait des tomates, sur cette île, le volcan a brulé la terre, rien ne pousse.

Trois hivers que je suis ici, de mon ancienne vie, je crois qu’il ne me reste que le souvenir de mon toit, de ma lente métamorphose… rien de plus. Aujourd’hui, est un jour particulier, je retrouve quelqu’un qui m’est cher, j’appréhende un peu ce moment. La navette est sur le chemin du retour, le ferry lève l’ancre, poursuit sa route vers l’île suivante. Du ponton, je peux voir des cageots de tomate, Anita sera ravie, je devine également la silhouette d’une jeune femme, assise à l’arrière de la barque, aux côtés de Roberto qui tient le gouvernail. Je souris, c’est elle, mon cœur s’emballe, son image se précise. Elle me fait des signes de la main, l’accostage est délicat, mais Roberto est habitué, il lance la corde d’amarrage à un gamin puis aide la jeune femme à débarquer.

Une gamine, de quelques années à peine, court vers moi, les bras ouverts, le sourire aux lèvres. C’est Joséphine, une jolie petite fille, belle à croquer, tout le portrait de sa mère. Arrive Trésor, suivie de Pépette, elle m’enlace et me susurre :

— Tu m'as manqué.

[Fin]

Initialement publié sur Medium le 23 février 2023 [ici]

Pour ceux que ça intéresse, la version papier est [ici] et la version numérique [ici].

Merci à tous ceux qui ont pris la peine de me lire, à bientôt pour de nouvelles aventures.

Hervé

 

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