Chapitre 30
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Chapitre 30
Mercredi 22 mai 2022
Il est dix-huit heures quarante et je redescends l’escalier pour rejoindre Rick dans la cuisine.
— Je vais terminer, dis-je en le poussant doucement pour prendre sa place devant le plan de travail.
Rick me prend la main et me fait tourner sur moi-même.
— Tu es magnifique.
— Vraiment ? je fais innocemment en passant mes mains sur ma robe. C’est la grande fête de Surimi et Tarama, il faut marquer le coup. D’ailleurs j’espère que tu as prévu un joli nœud papillon pour l’occasion.
Il me toise, sans savoir si je plaisante ou non.
— Je rigole ! Une belle chemise suffira largement.
— Me voilà rassuré. Je n’ai même pas emmené de cravate.
Je ris en prenant le plateau pour aligner les petites quiches au jambon déjà cuite.
— Allez, ouste, va te préparer je m’occupe de terminer, je lui lance en le forçant à quitter la cuisine.
Pour Rick, j’ai fait quelques mini-quiches aux épinards et chèvre. Je sais qu’il a énormément de mal avec la viande et le poisson. Et il est primordial qu’il passe une bonne soirée lui aussi. Il va se retrouver entre mes parents et ma meilleure amie. Inutile de lui rajouter du stress.
Je dresse la table lorsqu’il revient dans le salon avec une chemise blanche impeccable et un jean qui lui donne une allure élégante.
— Est-ce j’ajoute une veste ? Des boutons de manchette ?
— Tu es parfait. Enfin, attends une seconde…
Je remue ses cheveux grossièrement avec mes deux mains pour accentuer le côté décoiffé.
— Tu veux que je ressemble à un balais brosse ?
— Mais non. Voilà. Comme ça, tu es vraiment parfait.
— Ouf, fait-il en essayant de détendre ses épaules. Je suis prêt à rencontrer la grande Lili. Je t’avoue que je suis nerveux.
— Tu n’as aucune raison. Elle est géniale. Tu vas l’adorer j’en suis sûre.
— Ouais… Tu m’as quand même dit qu’elle était très sportive. Qu’elle a fait de la boxe et du karaté pendant plusieurs années. Je n’ai pas envie d’avoir un cocard demain parce que j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas.
— Ne dis que du bien de moi et elle ne risque pas de te tabasser.
— Entendu. Je retiens. Ne dire que du bien de toi, mémorise Rick l’air très sérieux.
— Et complimente Surimi, c’est son filleul et elle l’aime beaucoup.
— Compris. Surimi est le plus beau et c’est un champion en nage libre.
— Oui, enfin n’en fais pas trop non plus. Où elle pourrait te mettre un pain dans la figure et tu verrais des cloches pendant trois jours.
Dix-neuf heures quarante-cinq, l’interphone sonne et je me dépêche d’aller ouvrir à Aurélie qui est toujours d’une ponctualité exemplaire.
— Je suis la première, devine-t-elle en me faisant la bise.
— Comme d’habitude.
Elle retire ses ballerines et entre dans le salon où Rick est resté devant l’aquarium de Tarama.
— Bon bah ça y est, c’est le moment. Rick, je te présente ma Lili chérie.
Je la serre dans mes bras en parlant et elle me frotte les cheveux.
— Enchanté, répond Rick poliment.
— Il est un peu stressé depuis qu’il sait que tu as menacé d’éclater la tête de mon ex et que tu prévois d’assassiner ta stagiaire.
— Hein ? Attends c’est cette réputation là que tu me fais ?
— Non mais, je ne dis que la vérité…
— C’était censé rester entre nous, me chuchote Aurélie. Ohh mais qui est-ce que je vois là ?
Elle avance jusqu’à la table.
— Mais c’est ma petite princesse à écailles ! Bonjour Tarama, je suis tata Lili, celle du petit écran que te montre maman. Je te rencontre enfin, en vrai. Oh mais toi aussi mon petit roi, tu es toujours aussi beau. Dites, il n’a pas grandi depuis la dernière fois que je l’ai vu ?
Aurélie analyse plus longuement Surimi en gardant ses mains sur ses hanches.
— Si il a grandi, j’en suis sûre. Au moins deux millimètres, soutient-elle en se rapprochant de lui.
L’interphone sonne de nouveau. Cette fois-ci ce sont mes parents. Je leur ouvre et ils entrent avec un grand pot emballé dans les mains.
— Mais qu’est-ce que c’est que ça ? j’interroge en récupérant le paquet.
— Un cadeau. On voulait acheter quelque chose à Tarama mais on ne savait pas quoi, alors… Bonsoir Rick, enchaine ma mère en le voyant.
J’enlève le papier autour et découvre un grand cactus dans un pot.
— Mais… fait Aurélie en me voyant avec la plante dans les mains. Ah non, là je ne suis pas d’accord. C’est moi qui suis arrivée la première et c’est mon cadeau qui devait être ouvert en premier.
Elle va chercher le sac en carton qu’elle avait laissé sur le canapé et me le tend en me faisant son plus beau sourire.
— Surprise ma louloute.
Rick récupère le pot avec le grand cactus et le pose sur le buffet.
— Mais ce n’est pas mon anniversaire, je réponds de plus en plus étonnée.
J’ouvre le sac et vois plusieurs petits pots les uns à côté des autres.
— Vous avez fait exprès ? je demande en regardant Lili et mes parents.
— Pas du tout. Ce sont eux qui m’ont copié à leur insu !
— Aurélie tu lui as aussi acheté un cactus ? s’amuse ma mère.
— Alors j’ai noté les noms, dit-elle en récupérant un papier dans sa poche. Le premier c’est un mélocactus. Le deuxième un sulcorebutia. Et le dernier c’est un cylindropuntia.
— Moi aussi mon cactus porte un joli nom. Un monvillea, articule ma mère qui a dû se répéter le nom sans cesse pour ne pas l’oublier.
— Je ne sais même pas quoi dire. Je ne pensais pas recevoir des cadeaux. Merci beaucoup.
Alors que nous mettons autour de la table basse, je remarque que mes parents se sont fait tout beau. Mon père a même sorti la cravate.
— Loulou t’a raconté que j’étais une boxeuse, mais elle t’a listé toutes mes qualités j’espère.
— Bien-sûr. En sachant qu’être boxeuse est déjà une qualité. C’est important de pouvoir se défendre.
— Mais oui, réagit Lili en souriant à Rick. Je l’aime bien, me murmure-t-elle.
Elle est si peu discrète qu’il l’entend et rit.
— Tes petites quiches sont délicieuses, me complimente mon père.
— Merci Papa. J’ai trouvé la recette sur marmiton.
— Et quand est-ce que Tarama va rejoindre Surimi ? Je ne sais pas vous, mais moi j’ai hâte.
Aurélie n’est pas la seule à être impatiente. Et je profite qu’elle en a parlé pour me remettre sur mes jambes.
— Justement, maintenant que vous êtes tous là, on n’a plus de raisons d’attendre.
Rick se charge de prendre l’éprouvette pour pêcher Tarama qui gigote dans tous les sens. De mon côté, j’ai ouvert le couvercle de l’aquarium de Surimi.
— Nous allons assister à une grande rencontre amoureuse. C’est très excitant.
Ma mère trépigne sur place. Elle attrape le bras de mon père et se met sur la pointe des pieds comme si elle ne voyait pas bien.
— Ca se trouve ils vont pas s’aimer. Ils sont capables de se détester et de s’étriper les nageoires juste pour contrarier leur maman, lance Aurélie.
Je lui réponds en lui envoyant des éclairs avec mes yeux. En quelques secondes Tarama se retrouve piégée dans le filet et Rick fait quelques pas pour la libérer dans son nouvel aquarium.
— Et voilà, dit-il simplement.
— Bravooo, s’écrie Lili en tapant dans ses mains. Ils n’ont plus qu’à faire connaissance.
Je me penche un peu pour regarder par la vitre. Surimi nage comme d’habitude et Tarama a l’air d’observer son nouvel environnement.
— Laissons-leur un peu d’intimité, je décide en retournant m’asseoir.
Rick et Aurélie me suivent mais mes parents gardent les yeux sur l’aquarium, ne voulant rien manquer de la rencontre du siècle.
— Papa, Maman, éloignez-vous. Ils ne vont peut-être pas oser se rapprocher s’ils voient vos yeux d’humains qui les fixent.
Depuis le canapé, je les vois qui tente d’apercevoir l’aquarium de loin. Sur la chaise, Aurélie aussi se retourne régulièrement pour jeter un coup d’œil.
— J’ai comme l’impression que le futur couple est espionné, je chuchote à Rick.
— Non, tu crois ? fait-il semblant de s’étonner.
— Qu’est-ce que c’est que ces messes basses ? Vous complotez quoi tous les deux ?
Je me redresse et affiche un air innocent en regardant Aurélie.
— Rien du tout, pourquoi ?
— Hmm, c’est ça, dit-elle avec une mine septique.
— Vous croyez qu’ils se sont vus ? Ils sont loin l’un de l’autre, c’est normal ? Surimi aurait déjà dû s’approcher de Tarama, non ? Pourquoi elle reste dans le coin en bas sans s’aventurer plus en surface ?
— Maman, arrête de les surveiller comme ça. Ils vont bien finir par se croiser. Leur océan n’est pas si grand que ça.
— Bébé Tarama est sans doute timide, analyse mon père. Et Surimi n’ose pas se jeter sur elle. C’est un bon garçon, très bien élevé.
— Je trouve aussi, dis-je fièrement. Ca se voit que je me suis chargée de son éducation. Mon p’tit chat est un poisson exemplaire je trouve.
J’apporte le dessert, un fraisier fait maison et Rick a l’idée de mettre une des balles de ping pong à la surface de l’eau. Sous nos yeux curieux, Surimi monte à la surface immédiatement, comme chaque fois qu’il voit son jouet. Et contre toute attente, nous voyons Tarama monter doucement elle aussi. Elle reste quelques instants à distance de Surimi et de la balle, puis ose s’avancer et étudier l’objet.
— Ca y est, ils se sont vu, murmure Lili en me tapant doucement sur la cuisse.
— Surimi l’ignore. Pourquoi il l’ignore ? Il devrait lui faire ses plus beaux yeux non ? m’interroge ma mère.
— Je ne sais pas. Il est peut-être timide lui aussi. Ou il craint qu’elle lui pique son jouet ?
— Qu’est-ce que vous en pensez Rick ? Vous qui êtes un connaisseur, demande mon père.
— Je ne suis pas un expert en comportement animalier, mais je dirais que ce premier contact est encourageant.
— Je vais ajouter une deuxième balle. On ne sait jamais, s’il a peur qu’elle lui vole, ils pourraient se bagarrer.
Je me lève tout de suite et ouvre le couvercle pour mettre la deuxième petite boule très proche de la première.
— Voilà, ni vu ni connu, je dis en revenant m’asseoir.
Nous sommes tous les cinq à l’affût du moindre comportement qu’ils pourraient avoir l’un envers l’autre.
— Ils vont s’éviter encore longtemps ? Quand même, il n’y en a pas pour dix ans à faire connaissance, ils devraient déjà se faire des câlins.
— Ne les presse pas, ils sont tous innocents mes petits chéris, il faut leur laisser le temps, je réponds à Aurélie.
Elle croise les jambes en soupirant doucement, impatiente.
— Et si nous mangions le gâteau en attendant qu’ils se décident à se rapprocher ?
Rick joint le geste à la parole et coupe les parts.
Nos petites assiettes dans les mains, nous avons tous les yeux rivés à l’aquarium. En nous imaginant tous les cinq, impatients qu’il se passe quelque chose, un fou rire me prend.
— J’ai loupé quelque chose ? interroge Aurélie en me voyant.
— On est en train de tous devenir complètement gaga, j’ironise. C’est tellement drôle.
— Gaga ? Je ne suis absolument pas gaga ! Je suis juste à l’affût de leur coup de foudre. Je ne veux pas louper l’instant où la magie de l’amour va opérer.
— C’est bien ce que je dis, tu es gaga.
Aurélie fait celle qui réfléchit puis rit avec moi.
— Bon, ok, peut-être un peu.
— Mais ils sont tellement mignons aussi, ajoute ma mère. Ils jouent à cours après moi que je t’attrape.
— Heu, je n’en vois pas un qui court après l’autre, lui fait remarquer Rick.
— Ils sont timides, mais ils vont bientôt se courir après j’en suis certaine.
— Peut-être attendent-ils juste un peu d’intimité, suggère mon père.
— Effectivement, ce n’est pas comme s’ils avaient cinq paires de yeux humains qui les fixent depuis plus d’une heure…
Je regarde Rick. Il a sûrement raison, peut-être que Surimi et Tarama ont besoin d’être seuls, d’avoir un moment rien que tous les deux. Sans humains vicieux pour observer chacun de leur coup de nageoire.
A vingt-trois heures, Aurélie et mes parents remettent leurs manteaux.
— Ca a été un vrai plaisir de te rencontrer. Même si j’avais déjà l’impression de te connaître grâce à ma louloute.
Lili fait la bise à Rick et lui promet de revenir manger avec nous très bientôt.
— Surtout Bichette tu nous dis s’ils commencent à se rapprocher. Nous ne voulons rien louper du début de leur idylle.
— Oui Maman, je te tiens au courant à la minute près.
— Merci pour cette soirée et ce très bon dîner, ajoute mon père en serrant la main de Rick.
Ils quittent mon appartement tous les trois en même temps. Avec Rick nous les saluons encore du pas de la porte.
Leurs voitures partent sur la route et je referme la porte en souriant. Cette soirée m’a fait un bien fou. Rick m’enlace et je passe les bras autour de son cou en posant ma tête sur son épaule. Comment j’ai pu avoir la chance de croiser sa route ? Tout est tellement simple avec lui. Il dénoue tous les nœuds qui causaient des blocages dans ma vie. Un par un, en prenant le temps qu’il faut, il trouve des solutions à mes problèmes. Des réponses à toutes les questions qui me turlupinent.
Après avoir débarrassé la vaisselle, main dans la main, nous revenons vers l’aquarium où Surimi et Tarama nagent aux deux opposés.
— Bon et bah le coup de foudre n’aura pas été immédiat, je constate. En même temps je suis rassurée que Tarama ne soit pas une fille facile. Mais Surimi est un séducteur, il finira par se la mettre dans la poche. Ma p’tite sardine a raison d’être distante, il faut savoir se faire désirer. Ce serait trop facile sinon et mon p’tit chat prendrait la grosse tête s’il s’apercevait que c’est un tombeur.
J’éteins les néons de l’aquarium en leur souhaitant une bonne nuit.
— Bonne nuit les requins, ajoute Rick.
Jeudi 23 mai 2022
Rick me réveille. Il passe doucement une main sur ma joue en me disant que « je dois absolument voir ça. » Ensommeillée, les yeux encore à moitié fermés, je descends les marches en me tenant fermement à la rambarde. Il a déjà allumé les lumières de l’aquarium. Mes poissons sont côte à côte devant le moulin à suivre le léger courant.
— Ohhh ! je fais en me réveillant soudainement.
Je n’attends pas une seconde de plus et remonte chercher mon portable pour immortaliser le moment.
— Je dois envoyer ça à mes parents et Lili. Ils vont sauter de joie jusqu’au plafond en les voyant.
— Maintenant ? Il est six heures trente du matin.
— Pas grave, je décrète en leur transmettant la photo. Et voilà.
Débordante de joie, je saute au cou de Rick en répétant que mes poissons sont amoureux et que je suis heureuse pour eux.
— Ils s’entendent bien. Ce sont déjà les meilleurs amis du monde. Et bientôt ce sera un parfait petit couple. D’ailleurs je trouve que Tarama me ressemble et que Surimi a des points communs avec toi.
— Je ne suis pourtant pas réceptif aux balles de ping pong…
— Vous avez le même regard.
— Ah… si tu le dis.
— Et Tarama est comme moi. Toute mignonne.
Je passe mes bras autour de la taille de Rick et nous les regardons, tous les deux, collés l’un à l’autre. Nageoire contre nageoire. Avec leurs écailles qui ondulent au rythme du courant.
Sur le buffet, Ratus est entouré des autres cactus qu’on m’a offert la veille. Je le regarde lui aussi, en penchant la tête pour la poser sur l’épaule de Rick. Je ferme momentanément les yeux, en remerciant le destin de m’avoir fait passer devant Jardiland presque deux mois plus tôt et d’avoir vu cette offre exceptionnelle pour le 1er avril.