Chapitre 20
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Chapitre 20
Samedi 13 avril 2022
A dix heures, je suis en pyjama dans la cuisine, avec mes écouteurs et la bande originale du seigneur des anneaux dans les oreilles. Je fredonne la musique en étalant la pâte avec le rouleau, avant de la mettre dans le moule. Les myrtilles ont dégelé toute la nuit. Je les pose délicatement sur la pâte en remuant doucement la tête pour suivre le rythme de la mélodie. J’ajoute la préparation et enfourne le plat en mettant le minuteur sur trente-cinq minutes.
La veille au soir, Rick m’a envoyé son adresse. Le rendez-vous est fixé à quatorze heures trente. Je suis autant excitée et impatiente que stressée. Je me demande comment je dois m’habiller. S’il va aimer ma nouvelle coiffure. Pourvu qu’il ne me dise pas : je te préférais avant. Je risquerais de me mettre à pleurer comme une madeleine, en me répétant qu’il pense comme Mickaël. Ca gâcherait l’après-midi. La magie Disney n’aurait même pas le temps d’opérer. Une partie de moi sait que Rick n’est pas comme ça. Je suis certaine qu’il ne me dira jamais ça. Qu’il sera content du moment que je me plais et me sens bien avec mes nouvelles couleur et coupe de cheveux. En même temps Mickaël aussi était gentil au début. C’est avec le temps que ça s’est dégradé…
Un message arrive et il tombe à pic. Je regarde l’écran et Mickaël quitte instantanément mon esprit. C’est Rick !
Rick : J’allais oublier.
Le code pour entrer dans l’immeuble : B448A.
Interphone n°43.
5ème étage. A droite en sortant de l’ascenseur.
Lou : Merci !
Je récapitule : la tarte et les dvd.
Je dois amener autre chose ?
Rick : Laisse-moi réfléchir…
Sa phrase est accompagnée d’un smiley en pleine réflexion.
Lou : Pendant que tu réfléchis je vais m’habiller.
J’envoie. Et puis je pose une main sur mon front avec un air scandalisé.
Lou : Enfin je ne suis pas toute nue.
Je veux dire que je vais retirer mon pyjama.
Pour m’habiller.
Ohlala, je me dis en regardant mes derniers messages. Pour qui il va me prendre ? Quelle idiote je suis parfois. J’imagine que je fais des sous-entendus, alors que pas du tout. Rick n’a peut-être pas l’esprit mal placé. Et si vraiment il avait compris tout de suite, il va bien rire en lisant mes phrases pour me justifier.
Rick : Dans l’absolu, tu peux venir en pyjama.
Mais c’est comme tu veux.
Pour cacher mon malaise et me détendre, je décide de continuer de jouer avec l’humour.
Lou : Si je viens en pyjama, j’amène aussi mes chaussons.
Rick : Je n’ai rien contre les chaussons non plus.
Lou : Oui enfin…
Tu n’as pas vu les têtes de lamas que j’ai aux pieds…
Rick : C’est tellement mignon les lamas.
Pour aller au bout de la discussion, je photographie mes magnifiques chaussons et lui envoie.
Lou : Pas vrai qu’ils sont magnifiques.
Rick : Effectivement, je les trouve très beaux.
Lou : J’arrête pas de le dire à Aurélie !
Mais elle soutient qu’ils sont moches.
Rick : Ceux-là au moins ne risquent pas de te cracher dessus.
Et me voilà qui rigole encore. Je lui envoie un smiley qui rit et retire mes écouteurs.
— Mon p’tit chat, Rick écrit à maman. Même qu’il aime mes chaussons. C’est bon signe hein ?
Je termine ma question en venant devant l’aquarium où Surimi fait sa vie.
— Demain je fais ton changement d’eau. Je vais apprendre tout ce qu’il faut savoir cet après-midi pour te refaire un océan tout propre. Tonton Rick doit me prêter une pompe. Bon et sinon, dis-moi, comment je m’habille ?
Encore une fois j’étale tous mes vêtements sur mon lit. Après un bref échange avec Aurélie sur la question de mon look, nous sommes tombées d’accord sur un pantalon et un haut plutôt décontracté. Je n’ai plus qu’à choisir quel jean et quel corsage. J’en essaye plusieurs et me tourne dans tous les sens devant mon grand miroir pour me voir sous toute les coutures et faire mon choix. Après plus de vingt minutes à faire une sélection, le minuteur que j’avais emmené avec moi sonne. Je me dépêche de sortir ma tarte du four et la laisse refroidir sur la plaque.
— J’ai presque trouvé ma tenue, j’informe Surimi en repassant pour monter dans ma chambre.
Le presque est bien nécessaire. Il me reste deux jeans et trois corsages à départager.
Il est plus de onze heures lorsque je me change dans la salle de bain. Un peu d’eau fraiche sur mon visage et quelques gouttes de fond de teint et j’ai presque bonne mine. Aujourd’hui je suis les conseils d’Aurélie, comme souvent, et je me maquille très légèrement pour rester assez naturelle. Même le fond de teint que j’ai utilisé est relativement léger.
A midi je suis dans la cuisine à faire bouillir de l’eau pour les pâtes. La tarte aux myrtilles refroidit sur la table, recouverte d’un torchon. J’ajoute quelques émincés à mon assiette et mélange la viande avec les nouilles. Comme pour me rassurer, j’appelle Aurélie en vidéo et elle répond tout de suite.
— Ma louloute. Prête pour ton après-midi poissons ?
— Je stresse un peu, j’avoue en mâchant.
— Mais non. Vous allez regarder Némo et Dory. Franchement, il n’y a pas de quoi stresser.
— T’imagine s’il n’aime pas le monde de Dory ?
Aurélie me fait une tête dépitée.
— Mouais. T’as pas une excuse plus intelligente pour justifier ton stress ?
Je remets une bouchée de nouilles dans ma bouche et mâchouille en essayant de parler.
— Et s’il s’endort ? Y a des gens qui s’endorment devant la télé. Tu crois que je devrais le réveiller ? Le secouer ? Faire celle qui ne s’en est pas rendu compte ? Faire tomber quelque chose pour qu’il ouvre les yeux ?
— Ou tu peux essayer de lui mettre un doigt dans le nez…
— Mais ce n’est pas drôle ! je râle
— Il aura une très jolie femme à côté de lui. Il ne peut pas s’endormir. En plus vous allez regarder un film avec des poissons. Des POIS-SONS, insiste Aurélie. Il est strictement impossible qu’il s’endorme compte tenu de toutes ces circonstances.
— Et puis il y a ma tarte.
— J’avais déjà oublié le goûter. Non, vraiment il ne peut pas piquer du nez. Et si ça se trouve c’est même toi qui vas t’endormir.
— Certainement pas ! Je sais me tenir. En plus je suis toujours tellement plongée dans les films, que je ne risque pas de quitter l’écran des yeux.
— Tu vas peut-être même oublier qu’il est là. Ne prends pas trop tes aises quand même, tu n’es pas chez toi.
Je termine mon assiette et pose mon menton sur mon poing.
— Il va se faire beau tu crois ?
— Beau ?
— Bien coiffé. Bien habillé. Il a déjà mis ses poissons sur leurs trente-et-un.
— Ils vont avoir des nœuds papillons et tout ? s’excite Lili.
— Il a nettoyé les aquariums.
— Oh, les nœuds papillons ça aurait été mieux. Mais tant-pis.
— J’ai oublié de te dire. Je lui ai montré mes chaussons. Et il a dit qu’ils étaient « trop beaux ! »
Aurélie me fait des yeux étonnés et cherche ses mots.
— Heu, donc, tu lui as montré tes chaussons. Mais pourquoi ? Tu voulais qu’il annule votre ciné-salon ?
— Pfff, méchante. Je lui parlais de mon pyjama. Et puis me voilà à lui parler de mes chaussons. Je ne sais plus vraiment comment c’est venu. Mais il m’a dit qu’ils étaient beaux.
— Il voulait surtout ne pas te vexer.
— Nan ! Je t’assure qu’il les aime bien.
— Mouais… Et ton arête va bien ? Il nage toujours ?
— Super bien.
Je prends mon téléphone et vais dans le salon pour mettre l’écran devant l’aquarium.
— Dis bonjour à tata Lili. Bonjour tata Lili.
— Salut l’arête, dit ma meilleure amie en riant. Et tu dois partir à quelle heure ?
— Dans un peu plus d’une heure. Il me faudrait environ vingt minutes pour y aller, d’après le GPS. Je vais prendre le boulevard périphérique jusqu’à Montrouge, c’est assez facile.
Sur l’écran, je vois qu’Aurélie est en train de manger un sandwich. Je plisse presque les yeux pour essayer de deviner ce qu’il contient.
— Jambon ? Poulet ? Curry ?
— Rien de tout ça.
— Fromage ?
— J’ai décidé de me mettre au régime végan. Donc j’ai fait un sandwich aux crudités. Juste des rondelles de tomates, de la salade, poivron, oignon, et je me suis autorisé un petit plaisir. J’ai ajouté des cornichons !
— Ce n’est pas un peu fade ?
— Oh, un peu. C’est léger. Heureusement qu’il y a le pain. J’ai acheté du pain complet. Je n’irais pas jusqu’à dire que je me régale, mais ça se mange.
Après l’appel avec Aurélie, je m’occupe en cherchant des petits aquariums sur le site où j’avais trouvé l’offre exclusive la semaine précédente. J’en repère plusieurs et copie leurs liens directs sur mon application de notes. Encore une fois, je compte sur Rick pour me partager ses bons conseils.
Il est presque quatorze heures quand je mets une touche de rouge à lèvres et recoiffe rapidement mes cheveux. Je redescends dans le salon et prends mon manteau dans l’entrée.
— Allez, j’y vais mon p’tit chat. Tu penses à moi et tu serres bien les nageoires pour porter chance à ta maman que tu aimes fort.
Egal à lui-même, Surimi nage sans prêter attention à moi.
Les dvd dans mon sac à mains, je monte dans ma voiture et démarre le moteur.
— La tarte ! je crie en sortant comme une furie du véhicule.
Je rouvre la porte d’entrée et cours dans la cuisine.
— C’est encore moi bébé chou, j’avais oublié la tarte pour tonton Rick. A ce soir mon p’tit chat.
Je claque la porte et tourne la clé. Quand je me retourne, je soupire en me sentant déjà m’énerver.
— Mais non, je râle en voyant Mickaël devant ma voiture.
— Tu vas quelque part ?
— Rentre chez toi, je dis en haussant le ton.
— C’est une tarte à la myrtille ?
Je serre le moule dans mes mains. L’idée de lui envoyer ma tarte dans la figure me passe par la tête. Mais ce serait dommage de gâcher un si bon dessert. En plus Rick serait déçu s’il ne pouvait pas la manger au goûter.
— Je t’en pose des questions ? Allez fiche le camp d’ici, je vais être en retard.
Je le pousse et pose ma tarte à l’arrière.
— Si tu es là quand je rentre, j’appelle la police.
Est-ce qu’il va prendre ma menace au sérieux ? S’il est là quand je reviens, oserais-je appeler la police ?
Je m’assois à l’avant et claque la portière en l’ignorant. Mes mains autour du volant, je me décale lentement pour éviter de l’écraser. En même temps, un accident peut-être si vite arrivé. Et il n’a qu’à pas se tenir aussi près. Je klaxonne en lui faisant signe de s’écarter, trop soucieuse d’avoir sa mort sur la conscience. Il fini par s’écarter et je commence à rouler en mettant le GPS. Dix-huit minutes précisément me séparent de chez Rick.
En m’éloignant de mon appartement et de Mickaël, je retrouve le sourire. Ma tarte sent très bon et le parfum des myrtilles me donnent déjà envie de croquer dans une part. Je mets la radio et la bonne humeur revient illuminer mon visage et mon moral.
C’est sans mal que je trouve la rue que m’a indiqué Rick. J’ai la chance de ne pas tourner longtemps pour dégoter une place où me garer. Ma tarte dans les mains, je vais jusqu’à l’immeuble. La façade a dû être refaite récemment, elle est d’un blanc parfaitement pur. Les balcons sont joliment fleuris, la vue d’extérieur est très agréable.
J’entre grâce au code, puis face à l’interphone j’appuie sur les flèches jusqu’au numéro 43. Il y a un petit grisaillement puis j’entends sa voix.
— C’est Liloo, je dis joyeusement avant de pousser la porte.