VII

La cage est grande, mais le dragon Ether-Nocif risque de la détruire, après avoir triplé de volume.

Quelques instants après, le chercheur déclare :

- Il n’y a plus d’accélérateurs de croissance !

- Comment est-ce possible ? demande le comte Larun.

- L’incident causé par le mage a vidé la moitié de la citerne…

- Hé hé ! rigole Archibald. C’est dommage, ça. Hé hé hé !

Le comte se retourne vers son ennemi et lui affirme en souriant :

- Pas d’inquiétude ! Le dragon Ether-Nocif est capable d’accélérer lui-même sa croissance. Ça, c’est dommage !

Tout-à-coup, des arcs électriques circulent sur les écailles du dragon Ether-Nocif. Il génère encore plus d’électricité avec tous ces accélérateurs de croissance. En se concentrant, la créature peut facilement s’agrandir pour briser la cage ! Le mage avertit le comte une dernière fois :

- C’est de la pure folie ! Larun, arrêtez ça tout de suite !

- Pas question ! lui répond-il en contemplant sa création, avec un mauvais sourire aux lèvres. Mon beau dragon… que tu es… nocif !

Archibald réfléchit de nouveau à un sort, mais ne trouve rien. Sans espoir, il se tourne vers son équipe, qui semble aussi désespérée que lui. Ensuite, il cherche Eric du regard, mais ne parvient pas à le voir…

Lorsque le dragon Ether-Nocif dépasse la hauteur du scientifique géant, tous les chercheurs quittent le laboratoire en panique. La créature arrive à en électrocuter certains, et même à en carboniser un ! Les éclairs fusent dans tout le labo et font parfois exploser certains produits chimiques. Les meubles sont renversés par le dragon Ether-Nocif et quelques gardes démons arrivent pour essayer de le contenir. La petite troupe encercle le monstre et tentent de l’effrayer avec leurs lances pointues. Cela ne fait que l’agacer et ce sont plutôt les démons qui ont peur. La créature les écarte d’un grand coup de patte avant. Un garde parvient discrètement à se glisser derrière le dragon et à lui planter sa lance dans le… derrière. La créature crie de douleur en se redressant sur ses deux pattes arrières et en battant des ailes. En plus des rafales de vent, de nouvelles décharges jaillissent ! Archibald manque de s’en prendre une. En fureur, il déclare :

- Entre le comte Larun et son monstre, c’est le coup de foudre !

Au même moment, un éclair frappe de plein fouet le comte, qui s’écroule. Ce dernier n’arrive pas à se relever… Malgré ça, le dragon Ether-Nocif continue à faire des ravages et à détruire tout ce qui est sur son passage. Le mage commande son équipe :

- Sortez vite d’ici !

La troupe s’exécute immédiatement. Dans le laboratoire EDEN, il n’y a plus que Larun, Archibald, Line (si elle n’est pas morte), Eric et le terrible dragon. Le grand chêne bleu cherche son ami arbalétrier et parvient à l’apercevoir. Il est couché sur une large table pour expériences et semble inconscient.

- Il n’y a plus que toi et moi, Nocif ! en conclut le mage.

À ce moment précis, la créature se tourne vers lui et le fixe dans les yeux. Archibald commence à stresser, mais arrive à se ressaisir et dit :

- Si tu crois que tu vas m’intimider…

Le dragon fait une tête étonnée (à croire qu’il comprend ce que dit le mage). Celui-ci sort son Grangil, puis le Grand Livre des Sortilèges. Mais cette fois, ce n’est pas pour lire dedans. D’ailleurs, c’est la même chose pour le bâton magique. « Cet objet est bien plus puissant que ce qu’on peut imaginer ! » songe le grand chêne bleu en présentant son arme comme une épée. La créature l’observe sans réagir…… quand tout-à-coup, une lueur bleue enveloppe entièrement le Grangil sacré. L’objet semble être la source même de cette lumière qui s’agrandit. Soucieux, le dragon Ether-Nocif recule lentement, tandis que le mage avance vers lui.

De son côté, Eric reprend connaissance et constate :

- La magie bleue effraie le monstre. Je comprends !

L’arbalétrier regarde dans quelle direction la créature recule et se rend compte qu’elle va se retrouver bloquée dans un coin.

- Parfait, se réjouit-il. Quand il sera coincé, j’en finirai avec lui !

En descendant de la table sur lequel il était allongé, Eric remarque Line, un peu plus loin. Elle commence à se relever, à l’écart du mage. Une fois debout, l’arbalétrière vise Archibald avec sa terrible arme. Cependant, elle n’a pas remarqué qu’un autre arbalétrier était juste derrière elle. En entendant le déclic du chargement d’une arbalète, Line se retourne et dit :

- Bien joué. Maintenant tu vas me tuer ? Une flèche ne t’a pas suffi ?

- Pas si tu m’aides à vaincre ce monstre, marchande Eric.

- Tu crois vraiment que je vais m’associer à un ennemi ? Jamais !

L’arbalétrier lui décoche une autre flèche dans la jambe droite.

- Aïe ! J’ai déjà une flèche dans le ventre, je souffre assez comme ça !

- Et tu crois qu’Archibald n’a pas souffert, quand il a découvert que tu étais une traitresse ? Il croyait en toi ! La confiance, ça se gagne ! Tu avais vraiment de la chance d’être autant appréciée de lui…

Line semble comprendre le chagrin de son ennemi, et lui accorde :

- Bon, je veux bien t’aider un peu… Mais je pourrais pas faire grand-chose avec deux flèches dans le corps !

- Vraiment ? Merci, c’est gentil.

- Je t’aide tout pendant que mon père est inconscient.

- D’accord. Viens avec moi !

Les deux arbalétriers professionnels se dirigent vers le dragon Ether-Nocif, qui vient de se retrouver bloqué dans un coin.

- Ah te voilà ! commente Archibald en voyant arriver Eric. Achève-le.

- Bon, OK. (Il vise …… et entend le fameux déclic d’une arbalète se chargeant) Qu’est-ce que…

En une fraction de seconde, il se retrouve plaqué au sol par le mage, évitant de justesse une flèche. Un peu plus loin derrière eux, Line râle :

- Comment j’ai pu le rater ? C’est pas vrai…

Elle charge à nouveau son arme, mais une seconde flèche transperce l’arbalète dans ses mains.

- Hein ?!

- Rapide, non ? se vante Eric, qui a dégainé à la vitesse de l’éclair.

En parlant de foudre, un violent éclair frappe le sol et rappelle que le dragon Ether-Nocif est toujours là. Le mage brandit son Grangil vers le monstre mais ça n’a plus d’effet ! La terrible créature génère un arc électrique si puissant sur le bâton magique que l’arme se brise en mille morceaux dans un nuage de fumée bleue.

- Non ! crie Archibald en s’agenouillant près des poussières.

- Vite, grand mage ! l’avertit Eric en le relevant. On doit s’enfuir !

Les deux alliés se mettent à courir vers la sortie, suivis par le monstre électrique. Ce dernier saisit Line, qui crie à l’aide :

- Je vous en supplie ! Aidez-moi !

Le mage et l’arbalétrier se retournent vers elle. Après un bref regard entendu, Eric lui dit :

- Tu as de la chance, Line ! Le dragon te considère comme un petit apéro. Envoie-nous une photo de son intestin ! Ha ha ha !

Pour conclure ses paroles, il vise l’arbalétrière avec son arme et lui décoche une flèche en pleine tête !

- Au moins elle ne souffrira pas, commente le grand chêne bleu.

- Mais nous, on ferait mieux de partir ! presse son allié.

Après avoir vu le dragon Ether-Nocif dévorer Line, les deux amis s’enfuient du laboratoire EDEN. Sans le savoir, ils sont suivis par Larun, qui n’a qu’une idée en tête : Offrir Valdavix à sa créature…

En retrouvant ses alliés dans l’autre laboratoire, Archibald est fou de joie. Il serre chaque équipier dans ses bras. Mais Rachid interrompt :

- Navré de gâcher votre joie, grand mage… Mais nous ne sommes pas encore sortis d’affaire. Le dragon est toujours vivant !

- Ah oui, c’est vrai ! se rappelle le mage, gêné. Mes braves amis, nous n’avons plus le temps pour les retrouvailles. Il faut éliminer cette horrible créature, le plus vite possible !

- Et comment ? demande Carl.

- Croyez-moi, j’y ai bien pensé ! On va lui préparer des pièges…