Chapitre 34 - L'eau de vie
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Chapitre 34 - L'eau de vie
Dans son bureau à Bâle, Paracelse examine un courrier étrange, scellé d’un cachet inconnu. Les caractères, mystérieux et exotiques, l’interpellent. Il montre l’enveloppe à plusieurs étudiants et professeurs. Un enseignant d’histoire reconnaît l’écriture cyrillique ainsi que le lieu indiqué sur le cachet : la lettre a été envoyée depuis Kiev, au sein de l’empire de Russie. Intrigué, il brise le sceau et découvre une invitation d’un de ses anciens étudiants devenu médecin à Kiev, Anton Dusov. Il prétend avoir trouvé quelque chose de révolutionnaire dans un vieux manuscrit. Comme cela évoque des formules d’alchimie, Paracelse est la seule personne de sa connaissance à pouvoir l’aider.
Poussé par la curiosité, Paracelse se lance dans un long voyage. Il traverse des paysages variés : les Alpes enneigées, les vastes plaines de l’Europe de l’Est et les forêts denses de Pologne, jusqu’à atteindre les terres lointaines de Russie.
À Kiev, sous un ciel de printemps, il retrouve Anton.
— Maître, s’exclame l’ancien étudiant, les yeux brillants d’excitation. Je suis ravi de vous revoir. Le père d’un ami m’a parlé d’une légende incroyable - une pierre magique dans les Monts Oural, gardée par un chaman. Elle aurait le pouvoir de guérir toutes les maladies. Au début, je n’ai pas pris cela au sérieux puis je suis tombé en fouillant dans les archives de la bibliothèque de l’université sur un vieux manuscrit qui évoque Kungur. C’est le nom de la montagne que m’a évoqué mon ami, l’un des nombreux pics qui forment la chaîne de l’Oural. Le voici.
Le manuscrit, un parchemin jauni par le temps, est enroulé soigneusement dans une boîte en bois sculpté. Anton, avec une délicatesse respectueuse, déroule le parchemin sur une table ancienne de la bibliothèque. La lumière tamisée des chandelles fait danser les ombres sur le papier. Le texte est écrit dans une langue ancienne, mélange de vieux slave et de cyrillique, avec des annotations en grec ancien sur les marges. Les lettres sont enluminées, certaines ornées de minuscules dessins de plantes et de montagnes. Le style de l’écriture suggère qu’il a au moins une centaine d’années, peut-être même plus. Au cœur du manuscrit se trouve la description d’une montagne mystérieuse, appelée Kungur. Les passages parlent d’une grotte cachée au sein de cette montagne, et d’une pierre aux pouvoirs miraculeux. Selon le texte, cette pierre, lorsqu’elle est immergée dans l’eau de la grotte, peut guérir une multitude de maladies, et même prolonger la vie. Les marges du parchemin sont remplies de récits de guérisons miraculeuses, de personnes sauvées de la mort aux portes de Kungur. Certains récits parlent d’un chaman qui vit dans la grotte, un gardien des secrets de la pierre.
Paracelse observe chaque détail du manuscrit avec minutie. Nul doute qu’il a traversé les siècles !
— Penses-tu vraiment que cette légende est encore d’actualité ?
— Wladislav, mon ami, en est certain ! Son grand-père est né dans les steppes de l’Oural. Là-bas, la tradition veut que les meilleurs combattants reçoivent une gourde remplie de l’eau de Kungur, en récompense de leurs actions passées. Cette eau à le pouvoir de guérir leurs blessures.
Anton montre une carte de la Russie.
— Nous avons presque 200 miles à parcourir pour atteindre les Monts Oural, soit trois mois à cheval, dans des zones parfois désertiques et souvent très dangereuses. Êtes-vous prêt à risquer votre vie pour cela ?
Paracelse n’hésite pas longtemps avant de répondre. Il laisse derrière lui une horde de conservateurs aigris dont le nombre ne fait qu’augmenter de jour après jour. Il a besoin de montrer des preuves que l’alchimie et la médecine sont indissociables et forment la médecine de l’avenir.
— Penses-tu vraiment pouvoir nous amener jusque-là ?
— Tu me demandes si je suis capable de traverser tout le continent pour revenir sur la terre de mes ancêtres ? Je le pense…
Pour preuve, il montre une carte de la Russie où l’itinéraire du voyage est visible d’un trait d’encre.
— Une fois sortis de Kiev, nous suivrons le cours du Dniepr vers le nord, en passant par des villes comme Tchernihiv. Ces routes sont bien connues des marchands et devraient nous offrir un voyage relativement sûr jusqu’à Moscou. Mais, poursuit-il, après Moscou, le voyage se compliquera. Nous traverserons des territoires sauvages, où les routes sont peu plus que des sentiers. Nous devrons être prudents, notamment en traversant des régions comme Perm, où les conditions peuvent être imprévisibles.
Anton détaille ensuite les principales villes qu’ils traverseront.
— Après Moscou, notre prochaine grande étape sera Kazan. C’est une ville prospère, un carrefour pour les voyageurs et les commerçants. De là, nous nous dirigerons vers l’est, vers les vastes étendues de la Sibérie, et finalement vers les Monts Oural.
Paracelse admire le travail accompli par son ancien étudiant. Pour se rassurer, il insiste cependant :
— Ce voyage exigera de la préparation. Nous devrons nous munir de provisions, de médicaments et d’équipements adaptés aux divers climats et terrains que nous rencontrerons.
Anton acquiesce :
— Je compte sur vous et votre fortune naissante pour nous équiper correctement. Dès demain, nous rendrons visite à quelques commerçants de ma connaissance.
Dès l’aube, les deux hommes se préparent pour leur long périple. Leur première halte est chez un marchand de vêtements. Ils choisissent des manteaux résistants en laine épaisse et des bottes en cuir robuste, adaptés aux climats variables qu’ils rencontreront. Paracelse insiste pour acheter des capes imperméables, sachant que les pluies imprévisibles pourraient être un défi majeur sur leur chemin. Chez un épicier, ils se procurent des provisions essentielles : des sacs de grains, des fruits secs, du fromage durci et de la viande séchée. Paracelse sélectionne des herbes et des épices, non seulement pour agrémenter leur nourriture, mais aussi pour leurs potentielles propriétés médicinales. Paracelse, avec son œil de scientifique, se dirige vers un étal vendant des instruments de navigation. Ils sélectionnent une boussole fiable et un astrolabe, indispensables pour s’orienter dans les vastes étendues de la Sibérie. Il achète également un carnet de notes en cuir et une réserve d’encre et de plumes pour documenter leurs découvertes. Enfin, conscients des températures glaciales qu’ils pourraient affronter dans les Monts Oural, ils visitent un marchand de fourrures. Ils y choisissent des gants épais, des chapeaux doublés de fourrure et des écharpes en laine, essentiels pour se protéger du froid mordant.
Après avoir acquis les fournitures et l’équipement nécessaires pour leur expédition Anton amène son compagnon vers l’une des écuries les plus réputées de Kiev, à la recherche de montures adaptées à leur aventure. Après une inspection minutieuse, Anton sélectionne deux chevaux forts et endurants, l’un d’un brun profond et l’autre d’un gris pommelé, parfaits pour les porter. Pour leur matériel, ils choisissent un troisième cheval, un solide bai, connu pour sa capacité à porter de lourdes charges sans se fatiguer facilement. L’éleveur leur assure que ce cheval a été entraîné pour suivre le rythme sans difficulté, même sur des chemins difficiles. En plus des chevaux, ils achètent des selles confortables et des brides solides, ainsi que des sacs de bât pour transporter leur équipement et leurs provisions.
Les voilà maintenant prêts à partir. Anton propose de se laisser une journée de repos avant de partir. Paracelse en profite pour visiter les environs et prendre des notes.
Au petit matin, montés sur leurs chevaux robustes, ils se mettent en route vers leur première grande étape : Moscou. Leur périple débute par la traversée des paysages verdoyants de l’Ukraine. Les vastes champs de blé se balancent sous l’effet du vent, tandis que le doux parfum des tilleuls en fleur embaume l’atmosphère. Leurs chevaux, puissants et robustes, foulent les sentiers de terre. En traversent des villages, les habitants les observent avec curiosité. Anton échange parfois quelques mots avec certains, s’informant des conditions de la route et des nouvelles locales. Après plusieurs jours, leur chevauchée les mène le long du majestueux Dniepr. La pêche, abondante, leur permet de se nourrir de poissons frais, grillés au feu de camp le soir, sous un ciel étoilé. Ils traversent ensuite des forêts denses où le chemin est à peine visible. Parfois, ils font face à des averses soudaines qui les obligent à chercher refuge sous les frondaisons ou dans des fermes accueillantes. Ils croisent des marchands itinérants, des pèlerins, et même des groupes de tziganes, dont la musique et les danses ajoutent une note de gaieté à leurs soirées. Paracelse, toujours avide de connaissances, écoute attentivement les récits de guérisseurs locaux, recueillant des informations sur les remèdes traditionnels.
Après plusieurs semaines de voyage, les tours du Kremlin de Moscou se dessinent à l’horizon. Les nouvelles cathédrales attirent des pèlerins des recoins de la Russie les plus reculés. La ville est un mélange fascinant de grandeur et de simplicité, avec ses églises aux dômes dorés et ses rues animées. Les deux compagnons, fourbus par leur voyage, entrent dans la ville. Anton trouve rapidement une auberge où ils peuvent se reposer et se préparer pour la prochaine étape de leur voyage. Il peuvent ainsi profiter d’un repos bien mérité dans la citée animée, avant de se remettre en route vers l’est.
Le chemin vers Kazan s’annonce plus sauvage et imprévisible. Ils pénètrent dans des contrées où la nature règne en maître. La route se complique, serpente à travers des forêts épaisses et des plaines balayées par le vent. Les journées sont longues et épuisantes, les deux hommes et leurs chevaux avançant prudemment sur des sentiers rocailleux et à travers des marécages. Une nuit, alors qu’ils campent dans une clairière bordée par une forêt épaisse, un frisson de danger parcourt l’air. Anton, le premier à sentir l’approche imminente, chuchote :
— Phlippus, quelque chose nous observe.
Tendant l’oreille, ils entendent le grondement lointain et terrifiant d’une horde de loups. Les yeux des bêtes brillent dans l’obscurité, les encerclent. Dos à dos, ils saisissent des torches enflammées pour les tenir à distance. Les loups, affamés, s’approchent dangereusement. Paracelse saisit un flacon d’huile et en répand autour d’eux, créant ainsi une barrière de feu. Les flammes crépitent, et les loups, intimidés par le feu et la fumée, hésitent à s’approcher davantage. Anton, muni d’un solide bâton, frappe le sol avec vigueur, envoyant des étincelles dans l’air et renforçant l’intimidation. En retrait, un loup attend patiemment que leurs proies se fatiguent. Ils semble moins effrayé que les autres par les flammes et les gesticulations des humains. Il fait le tour du cercle. Anton remarque son manège. Il fait signe à Paracelse :
— Regarde ce fauve, c’est le loup alpha ! S’ il nous tombe dessus, nous sommes morts ! Les autres le suivront.
Il fait signe à Paracelse d’occuper les loups avec une branche enflammée, pendant qu’il fouille dans un des sacs pour sortir un gros couteau.C’est ce moment que choisit le loup alpha pour bondir à travers les flammes et l’attaquer. Les autres animaux hurlent pour soutenir leur chef. La bête secoue le bras d’Anton pour qu’il lâche son arme. Paracelse se rend compte que son ami est en train de perdre le combat. Ne sachant se battre lui-même, il n’a qu’une solution : il jette la branche sur l’animal. Le loup glapit de douleur et lâche prise. Anton profite de cet instant de répit pour le taillader au cou. Grièvement blessé, l’alpha recule et rejoint la meute. Ils comprennent qu’ils devront chercher ailleurs leurs repas. En hurlant, ils retournent dans l’obscurité de la forêt non loin de là.
— Ouf, il s’en est fallu de peu, lâche Anton en grimaçant de douleur.
Paracelse examine la plaie laissée par le loup sur l’avant-bras. Il sort un flacon, imbibe un linge et nettoie la blessure.
— Tu as de la chance, ce n’est pas profond ! constate-t-il.
— J’ai rarement vu des bêtes aussi peu effrayées par des humains. Nul doute qu’ils ont déjà dû en rencontrer. Désormais, nous voyagerons jour et nuit et nous ferons des pauses chacun notre tour.
Après un périple de deux semaines à travers des paysages arides et rocailleux, les sommets enneigés qui se dressent à l’horizon annoncent que la fin de leur aventure est imminente. Au pied des montagnes, tandis qu’ils progressent difficilement à travers des chemins escarpés, une bande de cavaliers tartares apparaît soudainement et bloquent la route. Armés d’épée et de couteaux, il s’approchent d’eux et leur font signe de mettre pied à terre. Les mains ligotées, ils sont attachés à leurs chevaux et traînés sur plusieurs kilomètres, jusqu’à un campement.
Pendant plusieurs jours, ils sont quasiment laissés à l’abandon, rivés à un poteau, à l’extrémité du camp. Chaque soir, une femme leur jette un bout de viande séchée et une gourde d’eau à moitié vide. Enfin, ils sont conduits devant le chef de la tribu. Sa tente est décorée de tapisseries et de trophées de chasse. L’homme, imposant et revêtu de fourrures, les observe avec méfiance. Anton, grâce à sa maîtrise des langues slaves, comprend que leur intrusion dans ces terres sacrées est perçue comme une grave transgression. Le chef, du nom de Khariton, affirme qu’ils ont mérité la mort et qu’ils seront exécutés lors de la prochaine pleine lune. Dans un geste de désespoir, Anton essaie de s’exprimer dans leur langue. Il explique qu’ils sont des guérisseurs venus d’un pays éloigné, à la quête d’une grotte sacrée renommée pour ses pouvoirs de guérison.
— Nous ne sommes pas des envahisseurs, implore-t-il. Nous sommes des chercheurs de connaissance, de simples hommes qui veulent en guérir d’autres.
Chez les Tartares, les guérisseurs sont des hommes bénis des dieux, aussi ils ne peuvent pas être sacrifiés. Cependant, ils peuvent être mis à l’épreuve. Après avoir réfléchi un moment, Khariton annonce sa décision :
— Si vous êtes réellement des guérisseurs, déclare-t-il, alors notre chaman le découvrira.
Un cavalier détache Paracelse et Anton et leur rend leurs chevaux. Sous escorte, ils grimpent la montagne durant deux jours, jusqu’à atteindre une grotte isolée. A proximité, ils perçoivent les eaux vives d’une cascade se jeter dans le vide.
Un homme sort de l’ombre. Vêtu d’une simple peau de bête, il porte autour du cou un étrange pendentif. Paracelse reconnaît la forme d’un dragon. Ce qui est le plus surprenant, c’est qu’ils s’attendaient à découvrir un vieillard. Leu hôte semble avoir une quarante d’années tout au plus. Dans un russe un peu désuet, il se présente :
— Je suis Yaromir. Je vis dans cette grotte sacrée depuis plus d’une centaine d’étés.
Il les guide plus profondément dans la grotte, où l’air est moins froid.
— Cette grotte, poursuit-il, abrite un dragon. Peu d’hommes ont eu le privilège de fouler sa demeure et de rester vivant. Il s’appelle Kairos et c’est l’un des derniers de son espèce. Le soir, il part en chasse, vous ne pourrez donc le voir pour le moment.
Soudain, il s’arrête et se plante devant les deux hommes et les scrutant intensément :
—Mais vous n’êtes pas venu pour lui, n’est-ce pas ? Vous êtes venu pour elle …
Dans un mur, une cavité est creusée pour accueillir une pierre d’une forme parfaitement ronde. Il la saisit et la tend à Anton :
— Cette pierre, lorsqu’elle est plongée dans l’eau de la source, produit une eau miraculeuse. Ce breuvage peut guérir tous les maux et confère une longévité extraordinaire.
Anton traduit le discours du chaman. Les yeux brillants, Paracelse prend la pierre et l’observe. Elle semble émaner une chaleur intérieure. Yaromir récupère son bien et le repose dans le mur. Il ajoute :
— Tous les jours, je suis contraint de consommer cette eau. C’est le tribut à payer pour ma longue existence. Si jamais je venais à manquer ne serait-ce qu’une seule journée, mon corps retrouverait instantanément son âge réel, succombant aux années qui se sont accumulées.
Paracelse glisse un mot dans l’oreille de son ami. Anton demande alors :
— Nous aimerions étudier les pouvoirs de cette pierre. En existe-t-il d’autres dans cette grotte ?
— Non, elle est unique. Et, comme je vous l’ai dit, elle n’est rien sans l’eau qui coule à vos pieds. Je comprends cependant votre demande et je vais vous faire un cadeau, à une condition. Je dois vous soumettre à une épreuve, à la demande de Khariton.
Il les invite à le rejoindre dans une petite salle. La pièce est complètement vide. Seul un faisceau de lumière émane du plafond pour illuminer le sol en son centre. Il désigne Anton :
— Placez-vous sous le rayon et restez-là. Vous fermez les yeux quelques secondes puis vous les rouvrez.
Anton obéit. A peine a-t-il les yeux ouverts qu’une douleur fulgurante semble le dévorer de l’intérieur. Il se tord de douleur. Yaromir le prend par le bras et le porte jusque dans l’ombre.
— La lumière du Dragon a rendu son jugement : vous n’avez pas été béni par les dieux. Si votre ami subit le même sort, alors je devrai informer Khariton que vous êtes des imposteurs. Votre sacrifice sera alors requis pour avoir oser fouler nos terres !
Paracelse n’a pas le choix, il doit à son tour se mettre sous le rayon. Il tremble de tout son corps en se répétant que mourir ici est une fin qu’il ne mérite pas. La lumière l’enveloppe. Étonnamment, la chaleur qui l’envahit ne lui procure aucune douleur. Bien au contraire, il a l’impression que son esprit s’envole. Il se souvient avoir ressenti un tel bien-être durant son adolescence alors qu’il testait les effets d’un champignon réputé vénéneux. La lumière autour de lui change de couleur, du blanc au jaune, du jaune au bleu. Il pourrait rester là des heures, des jours …
Le chaman le tire brusquement vers lui.
— Je n’ai jamais vu un homme survivre aussi longtemps à la lumière du Dragon ! Je n’ose l’avouer mais votre pouvoir pourrait dépasser le mien !
Il parle aux soldats qui gardent l’entrée de la grotte. D’un ton sec, l’un d’eux fait un signe et tous quittent les lieux.
— Vous êtes libres maintenant.
Par l’entremise d’Anton, Paracelse s’interroge :
— Pourquoi nommez-vous cela la lumière du dragon ?
— Au-dessus de votre tête se trouve un rocher renfermant le feu de Kairos. De temps en temps, il souffle dessus pour l’alimenter. La lumière et la chaleur qu’elle émet sont mortelles pour la plupart des êtres humains, sauf pour ceux que la Reine des Dragons a choisis.
Yaromir les conduit jusqu’à l’extérieur et montre un objet qui pend près de la selle du cheval de Paracelse.
— Voici mon cadeau. Cette gourde contient l’eau transformée. Faites-en bon usage ! Ne cherchez pas à percer son mystère ou vous deviendrez aussi fou que moi !
Aussi soudainement que la première fois, il disparaît à l’intérieur de la grotte.
Alors qu’ils descendent la montagne, ils aperçoivent au loin les cavaliers Tartares. Anton leur fait un geste qu’ils reconnaissent immédiatement.
— Nous pourrons dormir paisiblement pendant quelques jours. Ils sont là pour nous escorter jusqu’à la limite de leur territoire. Rien ne pourra nous arriver.
Des mois se sont écoulés. Dans le calme de son laboratoire, Paracelse a scruté l’eau de la gourde et réalisé toutes les expériences imaginables. Alors qu’il est sur le point de renoncer, une ultime tentative bouleverse tout. Un sourire se dessine sur son visage :
— Enfin, j’ai réussi à percer une facette de son mystère !