Chapitre 16 - Lente guérison
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Chapitre 16 - Lente guérison
Durant plusieurs mois, Richard est resté alité à l’infirmerie du monastère. Les blessures, trop nombreuses, ont fini par avoir raison de lui. Malgré les efforts des sœurs, il décède dans la souffrance et le chagrin. Sa disparition laisse un grand vide dans le cœur de Hildegarde et de toute la communauté du village. Il est inhumé aux côtés de son père, disparu quelques semaines plus tôt, dans le cimetière qui jouxte l’abbaye.
Pour honorer sa mémoire, Hildegarde souhaite que sa cithare préférée l’accompagne dans sa tombe, afin qu’il puisse apporter la joie et la musique dans l’au-delà. C’est là un geste peu chrétien, mais que même la Révérende Mère lui pardonne.
Oda, qui s’est finalement repentie, est devenue sa plus proche amie. Ensemble, elles se promènent dans les bois, mais leur immersion au cœur des chênes centenaires laisse désormais Hildegarde indifférente. Son herbier gît abandonné, près de la fenêtre, ouvert sur un croquis à peine esquissé. La douleur de la perte de Richard est si profonde qu’elle finit par sombrer dans la maladie. Ravagée par le chagrin, elle ne mange pratiquement plus. Bientôt, elle est si faible qu’elle ne peut plus quitter son lit. Seules les conversations nocturnes avec Nunael permettent à Hildegarde de trouver un semblant de sens à sa vie. En se plongeant dans la théologie, elle parvient à guérir les blessures qui affligent son âme.
À peine remise, elle met toute son énergie à consigner par écrit le fruit de ses réflexions. Elle aborde le cycle éternel de la vie et de la mort, explorant également la notion de renaissance et croyant en une existence au-delà de la mort physique. Avec poésie et émotion, elle décrit le voyage de l’âme à travers les différentes dimensions de l’univers. Dans sa relation avec l’environnement, elle affirme que l’humanité doit se considérer comme un élément du monde naturel, et non comme l’ultime prédateur qui ne cherche qu’à soumettre hommes et animaux à sa merci.
Les sœurs reconnaissent désormais les compétences en médecine naturelle de Hildegarde. Elles ne peuvent que constater l’efficacité des remèdes à base de plantes qu’elle prépare et de ses techniques de guérison naturelles. La Mère Supérieure lui confie la tâche de prodiguer des soins aux habitants du village voisin, en la dispensant de toutes les corvées. Face à une variété de maux, Hildegarde affine progressivement ses conseils.
Après une longue réflexion et malgré la réticence de la Révérende Mère, Hildegarde décide de révéler ses visions. Elle réunit dans un manuscrit ses conversations avec Nunael, qu’elle préfère appeler Dieu pour ses contemporains. Grâce aux nombreux habitants qu’elle sauve de maladies jugées incurables, les sœurs ne voient plus en elle une folle, mais un véritable don divin.