Titane (Julia Ducournau, 2020)
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Titane (Julia Ducournau, 2020)
Ira, ira pas? Je me suis posée la question pendant quinze jours. D'un côté un film qui traite de sujets qui m'intéressent et une réalisatrice dont le discours ému à Cannes et les tremblements incontrôlables de son bras tranchaient avec le caractère convenu des autres. De l'autre mon peu d'envie de me confronter à des scènes insoutenables. Finalement, ayant appris que ces scènes étaient brèves, prévisibles, peu nombreuses et concentrées dans la première partie, j'ai pu les gérer en fermant les yeux au moment adéquat. D'ailleurs si ces scènes sont globalement nécessaires dans le parcours du personnage d'Alexia, l'une d'entre elle (la plus longue) me semble limite superflue, comme un sacrifice fait au genre.
Quel genre d'ailleurs? Les scènes de meurtre se rattachent au slasher, celle de violence sur soi et de transformations corporelles au body horror, deux sous-genres du film d'horreur aussi bien occidental que nippon (j'ai personnellement beaucoup pensé à la saga Alien, à certains films de Brian DE PALMA et à "Akira" (1988) en plus des références citées partout à David CRONENBERG et à John CARPENTER). Il faut en passer par là pour que le film comme l'héroïne mue un peu (trop) abruptement vers une seconde partie très différente dans laquelle Alexia, sorte de cyborg qui se comporte à la fois comme une machine à tuer et un animal sauvage ne devienne Adrien, jeune homme transgenre frêle, ravagé et mutique en quête d'amour et d'acceptation. Alexia et Adrien tous deux incarnés par une impressionnante Agathe Rousselle sont en effet constitués d'un alliage d'homme, de femme et de métal*. Une fusion perturbante dont les manifestations marquent le spectateur: la plaque de titane se greffe sur le crâne, l'huile de moteur coule des orifices charnels et un enfant hybride en sort, une jeune femme utilise un long dard de métal sur ses victimes, un jeune homme danse lascivement sur un véhicule de pompiers sous les regards gênés de ses collègues et de son père adoptif. Vincent LINDON qui s'oppose en tous points au père biologique de Alexia (joué par Bertrand BONELLO) occupe en effet une position clé dans le film et il s'agit d'un choix de casting particulièrement judicieux. Car ce n'est pas tant sa quête de masse musculaire voire d'éternelle jeunesse que j'ai trouvé convaincante que le fait que son humanité ressort de façon saisissante dans un univers futuriste nocturne qui en manque cruellement. "On est responsable pour toujours de ce que l'on a apprivoisé" disait le renard dans Le Petit Prince et c'est exactement la ligne de conduite de Vincent (choix du prénom à mon avis non fortuit), prêt à recevoir tous les secrets que renferme le corps d'Adrien. Vraiment tous.
* Alliage qui sert de support réflexif à la déconstruction des stéréotypes de genre. Le lien femme-automobile au coeur de tant de publicités virilistes est par exemple un fil directeur du film de Julia DUCOURNAU sauf que si le point de départ (la scène de lap-dance dans un salon de tuning automobile) est tout à fait conforme aux pires clichés sexistes, la suite leur tord le cou, offrant aux regards masculins du film (et au spectateur) de quoi déranger cette vision caricaturale du monde.