The Danish Girl (Tom Hooper, 2015)
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The Danish Girl (Tom Hooper, 2015)
Voilà le type même de film qui a été vampirisé par son sujet ou plutôt les prises de position idéologiques qu'il soulève. S'il avait été estampillé film d'auteur comme "Laurence Anyways" de Xavier Dolan au sujet proche il aurait subi sans doute moins de procès en légitimité. Mais comme il s'agit d'un film mainstream calibré pour les Oscar réalisé par l'auteur de "Le discours d'un roi", j'ai entendu pis que pendre à son sujet. De toutes façons, aborder la transidentité est casse-gueule en soi. Cela suscite tantôt une levée de boucliers de la part des conservateurs lorsque ce thème est abordé au niveau de l'enfance (l'exemple de "Petite fille" de Alexandre Lifschitz l'a bien montré), tantôt celle de représentants de la communauté transgenre qui ne se reconnaissent pas dans les films censés parler d'eux et qui n'acceptent pas que ce soient des acteurs cisgenre qui interprètent leurs rôles.
Après avoir vu le film, je dirai que je l'ai trouvé intéressant, esthétiquement soigné (remarquable choix de décors très picturaux: intérieurs arts nouveau et magnifiques extérieurs baignés de lumière) et remarquablement interprété. J'ai beaucoup aimé en particulier la prestation troublante de Eddie Reymane et la sensibilité à fleur de peau qu'il exprime lorsqu'il joue Lili. Même si le film prend des libertés avec l'histoire de Lili Elbe et la présente comme la première femme transgenre a avoir été opérée dans les années 30 (alors que c'est surtout la plus célèbre), il ne tourne pas qu'autour de ce personnage. Il s'agit aussi de l'analyse d'un couple. Einar et Gerda (Alicia Vikander) fonctionnent de façon très narcissique, chacun voyant en l'autre son jumeau. La révélation de la femme en Einar est tout aussi révélatrice pour lui que pour Gerda qui s'avère être une lesbienne refoulée (qui ne l'était pas dans la réalité) et qui trouve le succès comme peintre grâce à Lili au prix de la perte de son mari. Même si le registre très académique où rien ne doit trop bousculer le spectateur dans ses repères atténue la portée du film.