Tenue de soirée (Bertrand Blier, 1986)
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Tenue de soirée (Bertrand Blier, 1986)
Douze ans après "Les Valseuses" (1974), Bertrand BLIER remettait le couvert avec "Tenue de soirée" pensé à l'origine pour le même trio c'est à dire Gérard DEPARDIEU, Patrick DEWAERE et MIOU-MIOU. Mais Patrick DEWAERE s'étant suicidé entre-temps, il lui a fallu envisager un autre acteur. Dans un premier temps il a pensé dans la continuité de Dewaere à Bernard GIRAUDEAU qui a refusé. Alors il a changé complètement de style en engageant Michel BLANC dont la composition remarquable lui a valu un prix d'interprétation mérité au festival de Cannes.
On reconnaît dans "Tenue de soirée" tout ce qui fait la patte Blier: la verve des dialogues mis dans la bouche de brillants acteurs, la cocasserie drolatique et grinçante de nombreuses situations à caractère satirique, une crudité et une vulgarité qui passent crème parce qu'enrobés de tendresse et de poésie, la transgression et la provocation mis au service d'une réflexion pertinente sur l'époque dans laquelle se situe le film. Car les temps ont bien changé depuis "Les Valseuses" (1974). Aux insolents voyous hippies solaires faisant souffler un vent de liberté sur la France corsetée des seventies succèdent les sordides années 80 sans autre horizon que le fric et le sida. Bob (Gérard DEPARDIEU) et Monique ( MIOU-MIOU) tous deux accros au fric sont capables de vendre père et mère pour avoir la belle vie. Mais n'ayant ni père ni mère, ils passent leur temps à vendre Antoine (Michel BLANC) qui pour son malheur est lui accro aux sentiments. Malgré ce sordide tableau fait de dépendance affective et de descente aux enfers dans la prostitution, ni Bob ni Monique ne sont foncièrement antipathiques. Ils apparaissent surtout paumés et Blier les dépeint avec tendresse. Quant aux situations dans lesquelles se retrouve le trio, elles sont souvent désopilantes se qui fait oublier leur côté scabreux. Par exemple leur confrontation avec les grands bourgeois blasés qu'ils viennent cambrioler (Jean-Pierre MARIELLE et Caroline SILHOL) ne manque pas de sel!
Enfin, comme dans "Les Valseuses" (1974), "Tenue de soirée" (1986) aborde des questions relatives à la sexualité, l'homosexualité occupant une place beaucoup plus importante. Mais là aussi le regard a évolué. A l'utopie soixante-huitarde a succédé un désenchantement certain sur fond de menace du sida (évoqué dans l'une des dernières scènes du film*) Les configurations entreprises par le trio y débouchent systématiquement sur des impasses. Monique ne supporte pas Antoine qui s'accroche à ses basques, le couple Bob-Antoine exploite et exclut Monique, Bob domine et manipule Antoine. Le film lui-même se termine en impasse: Antoine voulait voir la mer il se retrouve à tapiner travesti sur le bitume parisien flanqué de ses deux inséparables complices réduits au même sort.
* L'évolution est la même chez Agnès VARDA. A ses films hippies de la fin des années soixante et des années soixante-dix succèdent ses films sida des années 80 comme "Kung-Fu Master" (1987).