Episode 68 : Couvrir ses arrières
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Episode 68 : Couvrir ses arrières
36 heures. Voilà tout ce dont je disposais pour couvrir mes arrières. C’était le temps que Florigan m’avait accordé avant de le rejoindre pour une dernière danse. Et je n’avais pas perdu une seconde !
Je savais exactement ce que je devais faire avant de prendre la route. Et malgré la colère de Léila, je ne pouvais rater ce rendez-vous.
J’enfilai un tee-shirt et un vieux jean délavé et partis directement vers la cantine, retrouver mes hommes. Après plusieurs bonjours et accolades, je convoquai ma fine équipe pour un rapide débriefe de la situation dans ma piaule. Pour que tous sachent enfin la vérité sur moi, Léila, Riffl, Florigan et la situation.
J’espérais un peu que Léila serait des nôtres, mais elle avait disparu. C’était peut-être mieux ainsi… pas d’au revoir larmoyant.
– Chef, avec tout mon respect, vous faites une belle connerie. Si tout ce que vous venez de nous dire est vrai, vous allez droit dans un piège !
De tous les gars présents, seul Lucas osa prendre la parole et dire tout haut ce qu’ils pensaient tous. Ils avaient cru en mon histoire. Sans poser de question. Conscients que chaque minute était précieuse. Et malgré tout ce que je venais de leur avouer, ils étaient décidés à me suivre.
– J’en ai conscience, Lucas. Mais contrairement à la dernière fois, je serai prêt et je ne me ferai pas avoir comme un bleu…
– Et si on vous accompagnait, chef ? Pour couvrir vos arrières et foutre une balle entre les deux yeux de cet enfoiré…
– Je préfère vous savoir, ici. Pour vous occuper des autres et garder un œil sur Riffl.
– Comment ça, garder un œil sur Riffl ? Vous comptez pas la laisser sans tirer, chef ?
– Florigan ne doit se douter de rien et pour ça, j’ai besoin que Riffl reste aux commandes. Ce sera l’histoire de quelques jours. Pas plus. Et si jamais je ne reviens pas, je t’autorise à lui mettre une balle en pleine tête de ma part.
Lucas me regardait fixement, cherchant des mots qui jamais ne sortirent. J’étais déterminé et rien ni personne ne pouvait me faire changer d’avis.
Après avoir exposé mon plan, je fis sortir les gars et commençais à rassembler mes affaires. Si je ne me trompais pas, j’en avais pour plusieurs heures de marche. Je devais partir au plus vite pour ne pas manquer mon chauffeur, mais pas avant de parler avec Riffl.
– Riffl, j’ai besoin de vous.
J’entrai dans son bureau sans y être invité pour m’asseoir comme une merde dans l’antique sofa au fond de la pièce. Riffl ne bougea pas de son fauteuil. Elle me regardait avec méfiance. Sans y faire attention, je me servis un verre de gniole avant de continuer :
– Je vais devoir m’absenter. Florigan veut qu’on se rencontre pour discuter. Je devrais en avoir pour quelques jours et je compte sur vous pour tenir la boutique.
– Vraiment ? Ça m’étonne après ce que vous avez osé dire l’autre jour !
– Faut pas être rancunière, ma chère Riffl. J’ai dit ce qu’il fallait pour que les hommes me suivent à nouveau. Mais vous savez pertinemment que je ne confierai à personne d’autre les rennes !
– Pas même à Léila ?
Un sourire en coin, elle s’était levée pour me rejoindre. Elle ressemblait à une chatte ronronnant sous mes compliments. Quelle conne ! Elle avait mordu à l’hameçon.
– Léila est un soldat. Elle est douée pour suivre les ordres, mais pas pour les donner.
Heureusement qu’elle n’était pas là, sinon j’aurai eu le droit à un sacré coup derrière la tête !
– Et puis vous la connaissez, Riffl. Elle est incapable de me laisser seul. Elle va très certainement me suivre.
– Pourquoi ? Vous pensez que c’est un piège ?
– Moi, nen. Pourquoi diable Florigan voudrait me tendre un piège ? Nous sommes dans le même camp, après tout. Non, c’est Léila qui le pense. Elle ne comprend pas bien pourquoi il m’a donné rendez-vous là où je me suis fait attaquer il y a cinq ans.
– Et vous, vous ne trouvez pas ça étrange ?
– Nen. Pas vraiment. J’imagine que vous avez dû lui raconter comment je me suis fait avoir la dernière fois et qu’il a pensé que ce serait le lieu idéal pour tout recommencer à zéro entre nous. C’est un sacré personnage. Un peu bizarre, mais je vous fais confiance. Donc si pour vous, il n’y a aucun risque, c’est ok pour moi.
Riffl ne se sentait plus pisser. Elle minaudait, bien trop heureuse de l’importance que je lui accordais. Toute trace de méfiance avait disparu. Elle était totalement sous mon charme. Je la tenais dans ma toile et elle ne pouvait m’échapper. De proie, j’étais passé prédateur.
Texte de L.S. Martins (35 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par Pexels de Pixabay : Toile D'Araignée Arachnide Nature - Photo gratuite sur Pixabay